En ce sens, les classiques par excellence seraient les écrivains d’un ordre moyen, justes, sensés, élégants, toujours nets, d’une passion noble encore, et d’une force légèrement voilée. […] Et malgré tout, ces demi-dieux une fois honorés, ne voyez-vous point là-bas une foule nombreuse et familière d’esprits excellents qui va suivre de préférence les Cervantes, les Molière, les peintres pratiques de la vie, ces amis indulgents et qui sont encore les premiers des bienfaiteurs, qui prennent l’homme entier avec le rire, lui versent l’expérience dans la gaieté, et savent les moyens puissants d’une joie sentie, cordiale et légitime ? […] Plus tard la place est occupée ; les affaires, les soucis, les soins de chaque jour la remplissent, et il n’y a plus guère moyen qu’avec un trop grand effort de repousser la vie présente qui nous envahit de tous côtés et qui nous déborde, pour aller se reporter en idée à trois mille ans en arrière1.
Il y a plusieurs moyens de bien peindre les ridicules et les vices. […] Le troisième moyen, c’est d’outrer un peu la peinture. […] C’est un des moyens, comme je l’ai dit plus haut, de bien peindre un vice ou un ridicule. […] Mais, pour le mettre à bout, j’ai des moyens tout prêts. […] C’est au poëte à fournir au musicien le moyen de diversifier le sien.
Il est venu arrêter les pensées vagues de l’esprit humain : par son moyen, nous savons ce qu’Aristote, ce que le maître d’Aristote5, ce que les disciples d’Aristote ont ignoré. […] Quand la Providence a quelque dessein, il ne lui importe guère de quels instruments et de quels moyens elle se serve.
Le présent n’est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. […] Ce n’est pas là le moyen de vous guérir de vos injustices, que ces sages n’ont point connues… Dieu a voulu racheter les hommes, et ouvrir le salut à ceux qui le chercheraient.
Voici le moyen extraordinaire que sa généreuse tendresse lui inspira pour le corriger. […] Voici le moyen ingénieux qu’inventa l’homme qui leur devait la vie, pour rétablir leurs affaires et leur faire accepter de l’argent sans blesser leur délicatesse. […] N’est-il pas sage d’encourager l’industrie du miel par tous les moyens possibles et de lui accorder une protection spéciale ? […] Voilà le premier moyen. […] Voilà le second moyen.
L’exposition et l’invocation, puisées dans la nature, deviennent donc, à l’aide de l’art, des moyens d’assurer une bienveillance attentive au poëte si modeste, au sujet si intéressant. […] 43. » Pourquoi user à satiété de pareils moyens ? […] Elle n’a pas seulement pour effet de rendre les choses plus claires en les tirant de la foule, et en les mettant en présence du juge ; elle délasse encore son attention au moyen des limites qu’elle assigne à chaque partie à peu près comme ces pierres qui servant à masquer nos lieues encouragent le voyageur fatigué.
Dès qu’on travaille sérieusement, c’est de la pensée qu’on doit s’occuper et des moyens de la rendre avec le plus de force, de clarté, de précision qu’il est possible79. » Indispensables au poëte, ces exercices préparatoires ne le sont guère moins au prosateur. […] Le choix ou l’arrangement des sons plus ou moins doux, le mélange des syllabes longues ou brèves, la position des accents, celle des repos, la gradation ou une sorte de symétrie dans la longueur, soit des mots, soit des membres dont la période est composée, sont les moyens dont l’orateur se sert pour flatter l’oreille. » Vous voyez que, selon Turgot, la composition de la période dans les genres qui l’admettent est un des points auxquels l’écrivain doit s’attacher davantage. […] Etudiez ces modèles, cherchez à substituer aux termes employés par l’orateur des synonymes qui n’aient pas la même cadence, à déranger l’ordre des mots, à multiplier, à retrancher ou à déplacer les repos, et ce travail pour ainsi dire anatomique vous fera pénétrer le secret, et vous donnera le moyen de produire à votre tour des effets semblables.
Ce que l’on peut dire seulement pour donner l’universalité au précepte de Boileau, c’est que, s’il est des genres où la noblesse contrarie trop manifestement le naturel pour pouvoir être admise, où la bassesse et la trivialité absolues soient le seul moyen de rester dans le vrai, ces genres ne sont pas du ressort de la critique, et les honnêtes gens s’en abstiennent. […] Condenser le sentiment ou la pensée est assurément un moyen de lui donner cette force et ce ressort ; mais il arrive souvent aussi qu’il reçoit la même efficacité d’un mouvement prolongé ou d’une suite de mouvements dépendant d’un principe unique d’action. […] Là, il faut étudier, pour ainsi dire, son impétuosité, la régler de manière à produire l’effet voulu, sans cependant laisser apercevoir les moyens employés ; là s’applique autant qu’à l’ode le vers de Boileau : Chez elle un beau désordre est un effet de l’art.
Il n’y a pas de règles à donner là-dessus ; Cicéron et Quintilien recommandent seulement de commencer et de finir par les moyens les plus convaincants. […] « Quel sera le crime de l’homme du roi, qui, trompé dès le début de son expédition, frustré de la moitié des forces qu’on s’était engagé à lui fournir, enchaîné bientôt par une puissance absolue, dépourvu de tous moyens, sans vivres, sans argent, sans vaisseaux, sans soldats, traversé par mille obstacles, oublié de sa cour, tandis que les ennemis recevaient des renforts multipliés de la leur ; malgré l’excessive infériorité de ses forces, malgré l’esprit de sédition et de vertige répandu dans une armée qui n’a ni solde, ni nourriture ; malgré la désertion journalière et la défection totale de cette armée sans cesse quittant ses drapeaux pour aller joindre l’ennemi, trouve moyen de faire la guerre pendant trois ans sans interruption ; prend dix places, en manque une, et la manque parce que son escadre l’abandonne et laisse la mer libre à l’escadre ennemie ; gagne dix batailles, en perd une, et la perd, parce qu’une partie de ses troupes disparaît au commencement de l’action, et le laisse sur le champ de bataille, au moment où il fond sur l’ennemi ; dispute le terrain pied à pied ; lorsqu’il ne peut plus se défendre, tient pendant cinq mois en échec des forces vingt fois supérieures aux siennes ; et après avoir épuisé toutes les ressources que son zèle et son imagination pouvaient lui suggérer, après avoir payé et nourri de son argent le peu de troupes qui lui restait, est enfin obligé de rendre une ville2 bloquée par terre et par mer, une ville prise par la famine, où il ne restait pas un grain de riz, où l’on avait mangé les arbres et le cuir, sans autre défense, en un mot, que quelques canonniers, et une poignée de soldats, qui n’avaient plus la force de remuer un canon, même pas celle de se trainer jusqu’aux remparts.
C’est pour en offrir à tous le moyen et la facilité que nous publions ce livre. […] Que pensez-vous du duel considéré comme moyen de réparer les outrages faits à l’honneur ? […] Il n’y a pas de meilleur moyen de relever l’homme abattu par la passion que de faire naître dans son cœur une autre passion. […] Les proscriptions, l’assassinat, le pillage, la guerre civile, si l’on en croit ses ennemis, voilà par quels moyens il s’est élevé. […] C’est par de tels moyens que je compte relever nos finances.
Vous maltraitez les huguenots, vous en cherchez les moyens, vous en faites naître les occasions : cela n’est pas d’un homme de qualité. […] Cette haute fortune de Mme de Maintenon eut son principe dans sa vertu, ce moyen de parvenir trop peu mis en usage ; car, comme elle l’a dit elle-même : « Rien n’est plus habile qu’une conduite irréprochable. » — J’oserai donc réclamer contre le jugement sévère d’un célèbre écrivain de nos jours qui, en peignant « les femmes illustres du dix-septième siècle », a représenté celle-ci comme « ne consultant ni le devoir ni son cœur, mais l’opinion ; ne poursuivant qu’un seul et bien misérable objet, la considération, sans vertu et sans amour… »
Il faut bien dire qu’il y a quelque chose de divin en la saincte Union, puisque par son moyen, de Commissaire d’Artillerie assez malotru1, je suis devenu Gentilhomme, et Gouverneur d’une belle Forteresse : voire que je me puis esgaler aux plus grands, et suis un jour pour monter2 bien haut, à reculon, ou autrement3. […] Je sçay des inventions pour les faire venir à raison : je leur donne le frontal de corde liee en cordeliere1 : je les pends par les aisselles, je leur chauffe les pieds d’une pelle rouge, je les mets aux fers et aux ceps2 : je les enferme en un four, en un coffre percé plein d’eau : je les pends en chapon rosty : je les fouette d’estrivieres3 : je les sale : je les fais jeusner : je les attache estenduz dedans un ban : bref j’ay mille gentils moyens pour tirer la quinte-essence de leurs bourses et avoir leur substance pour les rendre belistres4 à jamais, eux et toute leur race.
Cette lettre injurieuse est écrite de la main du roi des Parthes, et il n’y a pas moyen de la supprimer. […] Sans parler de ce qui se doit faire en l’autre monde, Dieu a divers moyens de se venger de ses ennemis en celui-ci ; mais il ne saurait mieux les punir qu’en laissant leur peine à leur discrétion. […] À ces maux inouïs, qu’elle avait déchaînés, il fallait de grands remèdes ; l’assemblée eut recours à des moyens violents pour combler le gouffre qu’elle avait creusé. […] Il faut, de plus, que chaque navire aperçoive le signal d’assez loin pour qu’il puisse trouver, dans des évolutions souvent fort difficiles, les moyens de se maintenir à quelque distance du rivage jusqu’au moment où le jour paraîtra. […] Connais mieux mes projets : jusqu’ici l’entretien Roula sur la vengeance et le choix du moyen.
Bien dire, suivant Aristote, c’est la faculté de découvrir tous les moyens possibles de persuader sur quelque point que ce soit. […] L’ambitieux a plus de désirs que de moyens pour les satisfaire ; Celui qui a plus de désirs que de moyens pour les satisfaire est malheureux ; Celui qui est malheureux est digne de pitié ; Donc, l’ambitieux est digne de pitié. […] Nous la donnons plutôt comme un moyen mnémonique que comme un modèle d’exactitude scientifique. […] Le geste est l’expression des idées au moyen des mouvements du corps. […] Son but est de toucher l’âme par tous les moyens qu’il plaît au poète d’employer.
Mais, avant de chercher l’ordre dans lequel on présentera ses pensées, il faut s’en être fait un autre plus général et plus fixe, où ne doivent entrer que les premières vues et les principales idées : c’est en marquant leur place sur ce premier plan, qu’un sujet sera circonscrit, et que l’on en connaîtra l’étendue ; c’est en se rappelant sans cesse ces premiers linéaments, qu’on déterminera les justes intervalles qui séparent les idées principales, et qu’il naîtra des idées accessoires et moyennes qui serviront à les remplir1. […] On ne peut donc trop s’en occuper ; c’est même le seul moyen d’affermir, d’étendre et d’élever ses pensées : plus on leur donnera de substance et de force par la méditation, plus il sera facile ensuite de les réaliser par l’expression3. […] C’est le seul moyen de fixer quelques points dans l’immensité de l’espace, et de placer un certain nombre de pierres numéraires sur la route éternelle du temps. […] Le moyen de se lever avant huit heures du matin ?
Il y a plusieurs moyens de parvenir à l’invention. […] Dès que l’élève a ajouté par ces moyens aux facultés inventives que lui a données la nature, il peut traiter un sujet. […] Un des premiers moyens de développement ou d’amplification est la périphrase par laquelle on substitue au mot propre une courte définition ou description, en la modifiant d’après l’analogie des idées, la nature des sentiments et le caractère de l’ouvrage.
Mêlez même l’enjouement à vos plaintes : en blâmant les procédés de la personne, justifiez ses intentions ; c’est le moyen de ramener les esprits. […] Mais qu’il y ait toujours de la chaleur et de la rapidité dans le récit : c’est le moyen de flatter l’esprit et l’imagination, en même temps qu’on enchaîne la curiosité. […] Cependant, comme il serait peu raisonnable d’aller sur ce point jusqu’au précepte, je ferais en sorte de n’avoir dans mes goûts que des objets respectables : c’est le seul moyen de restituer par un côté ce que l’amour fait toujours perdre de l’autre à l’exacte vertu.
Un auteur n’écrit que pour être lu ; par là même il contracte une dette envers celui qui prend la peine de le lire, et il n’a qu’un moyen de s’acquitter, c’est de lui offrir un sujet qui puisse l’amuser, l’instruire ou le toucher, qui parle à son imagination, à son intelligence ou à son cœur. […] par quels moyens s’en tireront-ils ?