Un homme, dont la belle âme avait plus d’un rapport avec celle de Massillon, et à qui la religion, les mœurs et les lettres doivent tant, Fénelon, a parlé aussi de la prière, et en a donné la définition la plus juste, la plus conforme au génie du christianisme et à l’esprit de son divin auteur. […] Il commence par gémir de la nécessité que lui impose la corruption des mœurs, de venir prouver à des hommes, à des chrétiens, la certitude d’une vérité qui n’excitait pas même de doutes chez les philosophes païens, et qui était l’âme de tout ce qui se faisait alors de grand ou d’estimable. […] » À mesure que ses mœurs se sont déréglées, les règles lui ont paru suspectes ; à mesure qu’il s’est abruti, il a tâché de se persuader que l’homme était semblable à la brute. […] Ce n’est pas un préjugé de l’éducation ; car les mœurs, les usages, le culte, qui d’ordinaire sont la suite des préjugés, ne sont pas les mêmes parmi tous les peuples : le sentiment de l’immortalité leur est commun à tous. […] Craignez cet avenir que vous vous efforcez de ne pas croire : ne nous demandez plus ce qui se passe dans cette autre vie dont on vous parle ; mais demandez-vous sans cesse à vous-même ce que vous faites dans celle-ci : calmez votre conscience par l’innocence de vos mœurs, et non par l’impiété de vos sentiments : mettez votre cœur en repos, en y appelant Dieu, et non pas en doutant s’il vous regarde.
Mais il n’en est point ainsi : le ton sentimental en impose à l’ignorance et subjugue l’innocente crédulité : ce détestable verbiage est inintelligible : c’est pour cela même qu’il réussit ; et les mœurs gémissent tous les jours sur plus d’un naufrage, qui n’a souvent eu d’autre cause, que le prestige des grands mots prodigués par la sottise ou la fausseté, et accueillis sans méfiance par l’ingénuité et la candeur. […] Voilà pourquoi ces sortes de beautés sont plus fréquentes dans les poètes sacrés, qui, peignant des mœurs plus vraies et écrivant sous la dictée de l’auteur même de la nature, n’ont cédé qu’à l’impression de leur âme, sans chercher jamais à affaiblir par des beautés étudiées ce qui était essentiellement beau. […] ……………………………………………… C’était les soirs encore, que des hameaux rustiques Le vieillard rappelait souvent les mœurs antiques : Quel luxe, disait-il, étonne ici mes yeux ! […] Vous, mes filles, gardez les mœurs de votre mère ; C’est non par des atours qu’elle avait su me plaire. […] » De nos toits indigents gardez les simples mœurs ; » Aimez-vous, servez Dieu, vos souverains… Je meurs »175.
Les auteurs aussi ignorants que les spectateurs, la plupart des sujets extravagants et dénués de vraisemblance, point de mœurs, point de caractères4 ; la diction encore plus vicieuse que l’action, et dont les pointes et de misérables jeux de mots faisaient le principal ornement ; en un mot, toutes les règles de l’art, celles mêmes de l’honnêteté et de la bienséance, partout violées. […] C’est-à-dire point de convenance dans les mœurs, point de vérité dans la peinture des caractères. — Sur les mœurs, qui, dans l’art dramatique, embrassent, comme dit Marmontel, le naturel, l’habitude et les accidents passagers qui se combinent avec l’un et l’autre, on peut voir un morceau intéressant de cet auteur dans les Eléments de littérature (article Mœurs).
Il donne à ses emprunts une couleur chrétienne, et accommode ses réminiscences mythologiques aux mœurs d’un âge raffiné. […] C’est oublier que tout poëte dramatique reproduit plus ou moins, à son insu, les mœurs de son temps. […] Nul goût, nulle connaissance des véritables beautés du théâtre ; les auteurs aussi ignorants que les spectateurs ; la plupart des sujets extravagants et dénués de vraisemblance ; point de mœurs, point de caractères ; la diction encore plus vicieuse que l’action, et dont les pointes et de misérables jeux de mots faisaient le principal ornement ; en un mot, toutes les règles de l’art, celles même de l’honnêteté et de la bienséance, partout violées.
Des mœurs. — 6. […] Des mœurs réelles et des mœurs oratoires. — 12. […] Des mœurs. […] De l’emploi des mœurs. […] O siécle, ô mœurs !
Combien ces témoignages de l’admiration publique l’emportaient sur ceux que les mœurs des temps modernes permettent d’accorder au génie ! […] Ce sont des parodies ingénieuses de ce genre de pastorales, où les mœurs de nos modernes paysans sont peintes dans toute leur rusticité. […] Les caractères y sont bien tracés, les incidents pleins d’intérêt, la scène et les mœurs peintes d’une manière aussi riche que vraie. […] Ce qui est fort remarquable, c’est que cet ouvrage n’a aucun rapport avec les affaires ni les mœurs des Juifs ou des Hébreux. […] C’est ce qu’Aristote appelle les mœurs dans un poème.
La Morale en général est la science qui traite des mœurs, c’est-à-dire, des actions de l’homme, considérées par rapport à leur fin. […] Mais il indique en même temps les moyens de le rectifier et de l’éclairer, parce que la justesse et les lumières de l’esprit influent nécessairement sur les mœurs. […] Vous trouverez d’ailleurs, mon cher ancien élève, dans une foule de bons ouvrages de littérature et d’histoire, d’excellentes maximes touchant les mœurs ; les portraits les mieux frappés des divers caractères ; les peintures les plus ressemblantes des vices, des travers, des ridicules de tous les états ; et ces diverses choses ne feront qu’augmenter et perfectionner vos connoissances sur la morale de l’homme dans la vie civile. […] Quelle douceur, quelle pureté dans ses mœurs ! […] Elle veut que nous conformions toujours nos mœurs et notre conduite aux maximes et aux préceptes de notre religion ; religion qui a été révélée aux hommes ; que le fils de Dieu même est venu établir sur la terre ; qu’il a prêchée autant par ses exemples que par ses discours ; dont il a prouvé la sainteté par la pureté de sa vie, confirmé la vérité par ses miracles et par sa mort ; qu’enfin ses disciples ont répandue eux-mêmes miraculeusement chez toutes les nations de l’univers.
« Ce n’est point, dit-il, la disette de talents qui augmente chaque jour l’intervalle qui nous sépare des anciens ; c’est l’indolence de la jeunesse actuelle ; c’est l’insouciance des parents ; c’est enfin l’oubli complet des mœurs antiques ». Suit un parallèle énergiquement tracé des mœurs et de l’éducation anciennes, rapprochées de l’éducation et des exemples que les Romains donnaient alors à leurs enfants. […] Il en conclut donc que, pour ramener les esprits aux vrais principes et pour faire renaître les beaux jours de l’éloquence, il faut en revenir à la simplicité des mœurs antiques, à l’étude des grands maîtres, et faire enfin ce qu’ils avaient fait eux-mêmes, si l’on veut parvenir à s’illustrer comme eux.
L’histoire détaillée est plus instructive, plus attachante ; elle offre plus de prise à l’imagination, parce qu’elle peint les événements et les caractères, et qu’elle met en relief les mœurs, les lois et les institutions. […] On aime à y trouver un ton de liberté vif et animé, des portraits pittoresques, des anecdotes piquantes, des détails intimes de mœurs ; l’auteur peut s’y mettre en scène, et cette communication familière avec le lecteur donne un charme de plus au récit ; mais les mémoires ne doivent pas dégénérer en bavardage inutile. […] Analyser avec goût les auteurs, soumettre les ouvrages à une critique judicieuse et impartiale, étudier le caractère des écrivains, l’influence qu’ils ont reçue de leur siècle, celle qu’ils ont exercée sur lui à leur tour ; constater les progrès de la pensée et de la langue mêler à cette étude des observations justes et profondes sur les mœurs, le goût et l’art d’écrire : tel est l’objet multiple de l’histoire littéraire.
Il rentra ensuite dans le monde, et par une excellente comédie, l’une des pièces dont la réputation s’est maintenue au premier rang après celles de Molière2, il montra combien il avait étudié avec fruit la société de son temps, combien il en savait reproduire les mœurs et parler le langage. […] Qui l’aurait dit, en ces jours pleins de charmes, Qu’en pure perte on cultivait ses mœurs ; Qu’un temps viendrait, temps de crime et d’alarmes, Où ce Ver-Vert, tendre idole des cœurs, Ne serait plus qu’un triste objet d’horreurs ? […] Sur cet exemple on peut ici m’en croire : Trop de talents, trop de succès flatteurs, Traînent souvent la ruine des mœurs.
Tu me presses en vain ; je veux rester fidèle, Par mon aïeule instruite2, aux mœurs que je tiens d’elle. […] substituer, pour le commun bonheur, Les lois de la morale aux lois d’un faux honneur, La raison éclairée au sombre fanatisme, Le devoir au calcul, l’amour à l’égoïsme, Développer l’essor des instincts généreux, Ne pas souffrir qu’en France il soit un malheureux, Fonder l’égalité, ce beau rêve du juste, En faisant respecter ce qui doit être auguste, Ce n’est pas là, Danton, l’effet d’un coup de main : C’est un travail immense et le chef-d’œuvre humain, Et la probité seule, alliée au génie, Peut des mœurs et des lois créer cette harmonie1. […] Il faut être un peu archéologue pour devenir peintre de mœurs. […] Montesquieu dit : « La mort de Lucrèce ne fut que l’occasion de la révolution qui arriva ; car un peuple fier, entreprenant, hardi, et renfermé dans ses murailles, doit nécessairement secouer le joug, ou adoucir ses mœurs. […] La République est de tous les régimes celui qui a le plus besoin de mœurs privées et publiques, de discipline, de dévouement et de vertus.
Rousseau nous en donne un exemple brillant dans son discours sur l’influence des lettres et des arts : — « Aujourd’hui que des recherches plus subtiles et un goût plus fin ont réduit l’art de plaire en principes, il règne dans nos mœurs une vile et trompeuse uniformité, et tous les esprits semblent avoir été jetés dans un même moule. » — Voilà l’idée générale. […] Voyez dans Rousseau (Discours sur l’influence des lettres et des arts) le passage qui commence par ces mots : — Opposons à ce tableau celui des mœurs du petit nombre de peuples, etc. […] Les anciens en comptaient d’autres, qui ne sont plus dans nos mœurs : les oracles, les augures, les prodiges, les livres sibyllins, les réponses des prêtres, des aruspices, des devins, etc.
L’assassin emprunte au tigre son nom comme ses mœurs, Fénelon et Bossuet ne sont plus des orateurs harmonieux ou sublimes, ce sont des cygnes ou des aigles : Ces tigres à ces mots tombent à ses genoux… Le cygne de Cambrai, l’aigle brillant de Meaux… Tantôt le même échange a lieu entre les objet inanimés, physiques ou moraux : Je ne sens plus le poils ni les glaces de l’âge. […] Il en est de leurs plaisanteries comme des romans allégoriques et de certains livres sur les mœurs et caractères ; pour les pénétrer, il faut avoir la clef. […] Prendre pour type des mœurs antiques Martial, Juvénal, ou les historiens de Tibère à Caprée, ce serait apprécier les nôtres d’après Parny, Piron, ou les débordements des romanciers de la Régence et de notre siècle. […] La chasteté naturelle dans le langage annonce l’homme bien élevé et de bon goût, comme la chasteté volontaire dans les mœurs indique la puissance et l’énergie du talent. […] Je ne sais si l’habitude de personnification et d’allégorie, qui est la nature même de la fable, n’a pas entraîné parfois la Fontaine à donner la vie, le sentiment, jusqu’aux mœurs de la civilisation à des êtres si essentiellement matériels et passifs, que nous faisons de vains efforts pour nous prêter à l’illusion.
à avoir des mœurs, où le vice a même perdu la honte ? Les dieux protecteurs de votre empire dérobèrent Marc-Aurèle à ce danger : son père le transporta, à trois ans, dans une retraite où il fut mis en dépôt sous la garde des mœurs. […] Thomas était le plus honnête, le plus vertueux des hommes ; et ce même écrivain, dont la morgue et l’emphase sont, en général, les caractères distinctifs, avait dans sa conduite et dans ses mœurs la simplicité d’un enfant. […] Il ne chercha point à s’égarer dans des connaissances inutiles à l’homme : il vit bientôt que l’étude de nature était un abîme, et rapporta la philosophie tout entière aux mœurs.
La peinture qu’il fait des mœurs, est si sensible et si vraie, que chacun s’y voit lui-même et s’y reconnaît. […] Ses Sermons étincelants d’esprit, pleins de pensées justes et profondes, de raisonnements solides, et de portraits finis de nos mœurs, abondent en images et en sentiments. […] Dans la péroraison, l’Orateur pourra faire connaître les bonnes mœurs de son client. […] Il nous reste de lui trente-quatre harangues, dans lesquelles on admire une simplicité noble, un beau naturel, un style net et facile, une peinture exacte des mœurs et des caractères. […] Il faut y rappeler les principales circonstances de la vie des grands hommes qu’on loue, et les faire connaître par la peinture de leur caractère, de leurs sentiments, de leurs mœurs, de leur goût, de leurs talents.
Des mœurs considérées dans l’orateur. […] Des mœurs considérées dans le discours. […] Mœurs et bienséances oratoires. […] Mœurs des différents âges. […] Telles sont les mœurs des jeunes gens.
Les enfants y reconnaissent les mœurs du chien qu’ils caressent, du chat dont ils abusent, de la souris dont ils ont peur ; toute la basse-cour, où ils se plaisent mieux qu’à l’école. Ils y retrouvent ce que leur mère leur a dit des bêtes féroces : le loup dont on menace les méchants enfants, le renard qui rôde autour du poulailler, le lion dont on leur a vanté les mœurs clémentes1. […] Tout nous y plaît : la morale qui se confond avec notre propre expérience, en sorte que lire le fabuliste, c’est ruminer ; l’art, dont nous sommes touchés jusqu’à la fin de notre vie, comme d’une vérité supérieure et immortelle ; les mœurs et les caractères des animaux, auxquels nous prenons le même plaisir qu’étant enfants, soit ressouvenir des imperfections des hommes, soit effet de cette ressemblance justement remarquée entre les goûts de la vieillesse et ceux de l’enfance. […] Et comme, par la définition du point, de la ligne, de la surface, et par d’autres principes très-familiers, nous parvenons à des connaissances qui mesurent enfin le ciel et la terre ; de même aussi, par les raisonnements et les conséquences que l’on peut tirer de ces fables, on se forme le jugement et les mœurs, ou se rend capable de grandes choses. » (La Fontaine, Préface de ses fables.)
Il en est d’autres mille fois plus précieux sans doute ; tels que l’élévation, la noblesse et la sensibilité de l’âme, l’énergie et l’aménité du caractère, des mœurs douces et polies, des inclinations bienfaisantes et généreuses, l’amour de la justice et de l’humanité. […] On sait que les siècles d’ignorance ont été des siècles de barbarie, où la grossièreté des mœurs a enfanté les crimes les plus atroces, et les vices les plus monstrueux.