Il faut y chercher son portrait en même temps que le tableau de la société qu’il éblouit sans la rendre meilleure. […] Le Tasse et l’Arioste1 vous rendront plus de services que moi, et la lecture de nos meilleurs poëtes vaut mieux que toutes les leçons ; mais puisque vous daignez de si loin me consulter, je vous invite à ne lire que les ouvrages qui sont depuis longtemps en possession des suffrages du public, et dont la réputation n’est point équivoque2 : il y en a peu, mais on profite bien davantage en les lisant3, qu’avec tous les mauvais petits livres dont nous sommes inondés. […] Nous sommes deux malades qui nous exhortons mutuellement à la patience ; mais la différence entre vous et moi, c’est que vous êtes jeune et aimable ; vous n’avez pas le petit doigt du pied dans l’eau du Styx, et j’y suis jusqu’au menton. » Ce mourant, qui s’obstinait à vivre, écrivait encore à un prince d’Allemagne : « La Providence maltraite fort votre petit vieillard suisse, et m’a fait l’individu le plus rétatiné et le plus souffrant de ce meilleur des mondes. […] L’athée, fourbe, ingrat, calomniateur, brigand, sanguinaire, raisonne et agit conséquemment, s’il est sûr de l’impunité de la part des hommes ; car, s’il n’y a pas de Dieu, ce monstre est son Dieu à lui-même : il s’immole tout ce qu’il désire, et tout ce qui lui fait obstacle ; les prières les plus tendres, les meilleurs raisonnements ne peuvent pas plus sur lui que sur un loup affamé.
Le meilleur moyen de se faire écouter des juges, c’est d’intéresser à sa cause la raison et l’humanité. […] Le meilleur et le plus sûr moyen d’avoir des mœurs oratoires, c’est d’avoir des mœurs réelles. […] Les épithètes de circonstance sont les meilleures et les plus dignes d’être recherchées. […] C’est dans le choix de ces épithètes que se signalent les meilleures qualités de l’esprit et de l’imagination : sagacité, profondeur, fécondité. […] j’ai contristé les pauvres, les meilleurs amis de mon Dieu.
Tant que cela est, on peut demeurer sans se déterminer ; mais dès que l’on se fixe l’esprit à quelque chose, et qu’on croit voir le meilleur parti, il le faut prendre. […] L’incertitude désespère quelquefois ; or, quand on a passé un temps raisonnable à examiner une affaire, il faut se déterminer et prendre le parti qu’on croit le meilleur.
Il ne faut pas qu’il y ait trop d’imagination dans nos conversations ni dans nos écrits ; elle ne produit souvent que des idées vaines et puériles, qui ne servent point à perfectionner le goût et à nous rendre meilleurs : nos pensées doivent être prises dans le bon sens et la droite raison, et doivent être un effet de notre jugement. […] Vous me trouverez sur les livres de Platon qui traitent de la spiritualité de l’âme et de sa distinction avec les corps, ou la plume à la main pour calculer les distances de Saturne et de Jupiter ; j’admire Dieu dans ses ouvrages, et je cherche, par la connaissance de la vérité, à régler mon esprit et à devenir meilleur. […] Il ne manque cependant à l’oisiveté du sage qu’un meilleur nom, et que méditer, parler, lire et être tranquille s’appelât travailler. […] Une naissance auguste, un air d’empire et d’autorité, un visage qui remplisse la curiosité des peuples empressés de voir le prince6, et qui conserve le respect dans le courtisan ; une parfaite égalité d’humeur ; un grand éloignement pour la raillerie piquante, ou assez de raison pour ne se la permettre point1 : ne faire jamais ni menaces ni repròches ; ne point céder à la colère, et être toujours obéi ; l’esprit facile, insinuant ; le cœur ouvert, sincère, et dont on croit voir le fond, et ainsi très-propre à se faire des amis, des créatures et des alliés ; être secret toutefois, profond et impénétrable dans ses motifs et dans ses projets ; du sérieux et de la gravité dans le public ; de la brièveté, jointe à beaucoup de justesse et de dignité, soit dans les réponses aux ambassadeurs des princes, soit dans les conseils ; une manière de faire des grâces2 qui est comme un second bienfait ; le choix des personnes que l’on gratifie ; le discernement des esprits, des talents et des complexions3, pour la distribution des postes et des emplois ; le choix des généraux et des ministres ; un jugement ferme, solide, décisif dans les affaires, qui fait que l’on connaît le meilleur parti et le plus juste ; un esprit de droiture et d’équité qui fait qu’on le suit jusqu’à prononcer quelquefois contre soi-même en faveur du peuple, des alliés, des ennemis ; une mémoire heureuse et très-présente qui rappelle les besoins des sujets, leurs visages, leurs noms, leurs requêtes ; une vaste capacité qui s’étende non-seulement aux affaires de dehors, au commerce, aux maximes d’État, aux vues de la politique, au reculement des frontières par la conquête de nouvelles provinces, et à leur sûreté par un grand nombre de forteresses inaccessibles ; mais qui sache aussi se renfermer au dedans, et comme dans les détails4 de tout un royaume ; qui en bannisse un culte faux, suspect et ennemi de la souveraineté, s’il s’y rencontre ; qui abolisse des usages cruels et impies5, s’ils y règnent ; qui réforme les lois et les coutumes6, si elles étaient remplies d’abus ; qui donne aux villes plus de sûreté et plus de commodités par le renouvellement d’une exacte police, plus d’éclat et plus de majesté par des édifices somptueux ; punir sévèrement les vices scandaleux ; donner, par son autorité et par son exemple, du crédit à la piété et à la vertu ; protéger l’Église, ses ministres, ses droits, ses libertés1 ; ménager ses peuples comme ses enfants2 ; être toujours occupé de la pensée de les soulager, de rendre les subsides légers, et tels qu’ils se lèvent sur les provinces sans les appauvrir ; de grands talents pour la guerre ; être vigilant, appliqué, laborieux ; avoir des armées nombreuses, les commander en personne ; être froid dans le péril3, ne ménager sa vie que pour le bien de son État, aimer le bien de son État et sa gloire plus que sa vie ; une puissance très-absolue, qui ne laisse point d’occasion aux brigues, à l’intrigue et à la cabale ; qui ôte cette distance infinie4 qui est quelquefois entre les grands et les petits, qui les rapproche, et sous laquelle tous plient également ; une étendue de connaissances qui fait que le prince voit tout par ses yeux, qu’il agit immédiatement par lui-même, que ses généraux ne sont, quoique éloignés de lui, que ses lieutenants, et les ministres que ses ministres ; une profonde sagesse qui sait déclarer la guerre, qui sait vaincre et user de la victoire, qui sait faire la paix, qui sait la rompre, qui sait quelquefois, et selon les divers intérêts, contraindre les ennemis à la recevoir ; qui donne des règles à une vaste ambition, et sait jusqu’où l’on doit conquérir ; au milieu d’ennemis couverts ou déclarés, se procurer le loisir des jeux, des fêtes, des spectacles ; cultiver les arts et les sciences, former et exécuter des projets d’édifices surprenants ; un génie enfin supérieur et puissant qui se fait aimer et révérer des siens, craindre des étrangers ; qui fait d’une cour, et même de tout un royaume, comme une seule famille unie parfaitement sous un même chef, dont l’union et la bonne intelligence est redoutable au reste du monde. […] où aller, où me jeter, je ne dis pas pour trouver rien de meilleur, mais quelque chose qui en approche ?
C’est en ce sens que Cicéron appelle le style le meilleur artisan, le meilleur maître d’éloquence. […] Villemain : « Il ne faut pas croire que le style soit une chose à part, qu’on puisse en quelque sorte enlever et remettre, et qui ne tienne pas à toute la pensée. » D’où je conclus qu’il ne faut rien faire pour l’amour des mots, puisque les mots ne sont faits que pour les choses ; que la meilleure méthode pour avoir un style, c’est de songer beaucoup plus à ce qu’on dira qu’à la façon dont on le dira ; la pensée, comme parlait Zénon, teindra l’expression, verba sensu tincta esse oportet.
Celui de madame la duchesse de Berry ne fut guère meilleur, mais qui ne l’empêcha pas de prendre de lui tous les soins possibles. […] Ses manières y répondaient dans la même proportion, avec une aisance qui en donnait aux autres, et cet air et ce bon goût qu’on ne tient que de l’usage de la meilleure compagnie et du grand monde, qui se trouvait répandu de soi-même dans toutes ses conversations : avec cela une éloquence naturelle, douce, fleurie ; une politesse insinuante, mais noble et proportionnée ; une élocution facile, nette, agréable ; un air de clarté et de netteté pour se faire entendre dans les matières les plus embarrassées et les plus dures ; avec cela un homme qui ne voulait jamais avoir plus d’esprit que ceux à qui il parlait, qui se mettait à la portée de chacun sans le faire jamais sentir, qui les mettait à l’aise et qui semblait enchanté ; de façon qu’on ne pouvait le quitter, ni s’en défendre, ni ne pas chercher à le retrouver. […] « Fénelon avait cet heureux genre d’esprit, de talent et de caractère, qui donne infailliblement de soi, à tout le monde, l’idée de quelque chose de meilleur que ce qu’on est.
Il semble qu’on n’a jamais parlé une meilleure langue, plus pure, plus limpide, plus naturelle, convenant mieux à la prompte communication des sentiments et des idées, pourvu que ces idées ne soient pas trop hautes, ni ces sentiments trop profonds ; car ils briseraient de toutes parts cette légère enveloppe, tandis qu’elle va merveilleusement à la taille de la société nouvelle, qui succède à la grande société du dix-septième siècle. […] L’imagination est un enfant dont il faut faire l’éducation, en la mettant sous la discipline et sous le gouvernement de facultés meilleures ; il faut l’accoutumer à venir au secours de l’intelligence au lieu de la troubler par ses fantômes. […] Mais qu’importe la gloire et ce bruit misérable que l’on fait en ce monde, si quelque chose de lui subsiste dans un monde meilleur, si l’âme que nous avons aimée respire encore avec ses sentiments et ses pensées sublimes sous l’œil de celui qui le créa ?
On donnera des exemples empruntés à nos meilleurs poètes. […] Les trouvez-vous dans le meilleur des poèmes didactiques du XVIIe siècle ? […] Pascal est ici d’accord avec les meilleurs d’entre les anciens. […] On ne saurait donner aux poètes de meilleurs conseils et dans un meilleur langage. […] Il est égal aux meilleurs dans l’épître et dans la satire.
A dire la vérité, monseigneur, je ne sais à quoi vous avez pensé : et ç’a été, sans mentir, trop de hardiesse, et une extrême violence à vous d’avoir, à votre âge, choqué deux ou trois vieux capitaines que vous deviez respecter, quand ce n’eût été que pour leur ancienneté ; fait tuer le pauvre comte de Fontaine, qui était un des meilleurs hommes de Flandre, et à qui le prince d’Orange n’avait jamais osé toucher ; pris seize pièces de canon qui appartenaient à un prince qui est oncle du roi et frère de la reine4, avec qui vous n’aviez jamais eu de différend ; et mis en désordre les meilleures troupes des Espagnols, qui vous avaient laissé passer avec tant de bonté.
Celles qu’on fait entrer finement dans le corps du récit, de manière qu’elles paraissent essentielles au récit même, y font un meilleur effet que partout ailleurs. […] Bourdaloue et Massillon nous ont donné les meilleurs Panégyriques que nous ayons. […] Ce discours est un des meilleurs qui aient été prononcés en présence de l’Académie française. […] Il n’y a point de meilleures preuves que celles qui sont appuyées de l’autorité des lois. […] On doit y recueillir les raisons de l’une et de l’autre partie, les comparer, les balancer, et se déterminer sa faveur des meilleures.
Si cette vérité pouvait être contestée, il serait, assurément, bien facile de citer en preuves une infinité d’exemples tirés de nos meilleurs écrivains. […] C’est ce que font les meilleurs écrivains, plutôt que de rien laisser dans le discours, qui présente un sens entortillé. […] Ne nous lassons pas, lorsqu’il s’agit d’instruire, de citer les observations de nos plus grands génies et de nos meilleurs écrivains. […] Nous ne saurions être trop en garde contre ce défaut du style, puisque nos meilleurs poètes mêmes, ceux dont l’esprit était frappé sur le grand, y sont quelquefois tombés. […] On avait promis mille écus à celui qui ferait le meilleur quatrain sur les victoires du Grand Condé.
Voilà toute sa vie : c’est le meilleur éloge qu’on en puisse faire. […] Son succès fut prodigieux, et jamais prédicateur plus grave ne passionna plus vivement de meilleurs juges, dans une société brillante et voluptueuse qu’il exhortait à la foi et à la pénitence.
S’il est de ces écrivains privilégiés qu’on ne lit point sans être plus content de soi, et sans se trouver meilleur, Massillon est du nombre, plus rare encore, de ceux qu’on n’a jamais quittés sans se sentir plus heureux. […] » C’est cette prière sans interruption que demande saint Paul : prière que beaucoup de gens de piété s’imaginent être impraticable, mais dont la pratique sera très facile à quiconque saura que la meilleure de toutes les prières est d’agir avec une intention pure, en se renouvelant souvent dans le désir de faire tout selon Dieu et pour Dieu ». […] rend-elle votre condition meilleure ?
Dans les compositions historiques, le meilleur moment pour produire le portrait est généralement celui où les personnages quittent la scène. […] Les dramatistes de tous les peuples, les meilleurs même, tombent parfois dans ce défaut, Corneille et Racine aussi bien que Casimir Delavigne et Victor Hugo. […] Cette forme cependant est la meilleure ; c’est le portrait mixte, c’est-à-dire celui qui présente à la fois le physique et le moral de l’individu.
C’est le meilleur moyen de fie former à la fois la pensée, le jugement et le style ; on se pénètre peu à peu des tours, des images, de l’harmonie des bons auteurs ; on s’enrichit la mémoire ; le goût se forme ; on acquiert le sentiment du beau, qui est l’idéal auquel doivent aspirer tous les arts. […] La traduction est aussi l’un des meilleurs exercices pour former le style, parce qu’elle met à la fois en mouvement l’intelligence, pour comprendre le sens d’une langue étrangère ; le goût, pour saisir les beautés de l’auteur ; le style, pour chercher à le bien rendre. […] En passant en revue les meilleures œuvres littéraires d’une nation, le jugement et la sensibilité s’exercent, se perfectionnent par un travail de choix et d’exclusion ; le goût acquiert un degré remarquable de finesse et de pureté.
L’épigramme suivante peut être mise au nombre des meilleures : Un certain sot de qualité, Lisait à Saumaise un ouvrage, Et répétait à chaque page : Ami, dis-moi la vérité. […] Un des meilleurs est celui de Pradon à un ami qui lui avait écrit d’une manière très spirituelle : Vous n’écrivez que pour écrire ; C’est pour vous un amusement. […] Le suivant, qui est un des plus anciens de notre langue, passe pour un des meilleurs.
La meilleure traduction que nous en ayons, est celle de le. […] C’est un de ses meilleurs ouvrages. […] Ils le sont toujours dans nos meilleures pièces de théâtre. […] On la place immédiatement après les meilleures pièces de Molière. […] Ses meilleures pièces sont l’Homme du Jour, le Français à Londres, et ld.
Mais on ne peut pas refuser non plus à l’exercice du goût une tendance à nous rendre meilleurs. […] De même l’œil ne saisit pas tout d’un coup les beautés de la peinture ; il s’y forme peu à peu en voyant souvent des tableaux, et en étudiant les compositions des meilleurs maîtres. […] Un gazetier vulgaire, ne fût-il dénué ni de vérité ni de jugement, peut-il être mis en parallèle avec Tacite, le meilleur des historiens ? […] Cette règle n’est pas toujours observée, même par les meilleurs écrivains, aussi strictement qu’elle devrait l’être. […] Parmi les anciens, ce défaut est particulièrement sensible dans Isocrate ; aussi les meilleurs critiques, Denys d’Halicarnasse surtout, le lui ont reproché sévèrement.