L’esprit s’éclaire et s’enrichit ; le jugement se forme et se rectifie ; l’imagination s’embellit et s’enflamme ; le génie s’étend, s’élève, et prend déjà son essor, pour déployer bientôt toute sa grandeur et toutes ses forces. Mais plus on se livre à cette étude, plus on sent la nécessité d’asservir toujours l’esprit, le jugement, l’imagination, le génie, aux règles du bon sens, et aux lois de la saine raison.
O mon imagination, que de délices et de douceurs ! […] L’imagination dispose de tout ; elle fait la beauté, la justice et le bonheur, qui est le tout du monde. […] Un feu pur et doux l’anime ; une imagination réglée la colore. […] Est-ce un pamphlet, ou le jeu d’une imagination tendre et subtile, qu’inspire la passion du beau et du bien ? […] Une vapeur maligne et farouche trouble et noircit son imagination, comme l’encre de son écritoire barbouille ses doigts.
Les facultés innées indispensables à la rhétorique et qui constituent l’intelligence, sont la mémoire, le jugement et l’imagination. La mémoire conserve et retrouve les idées ; Le jugement les compare, les choisit, les coordonne ; L’imagination les manifeste, les embellit, les vivifie. […] Les préceptes de l’invention viennent eu aide à la mémoire pour retrouver le fond des idées ; Ceux de la disposition au jugement pour établir l’ordre dans les idées ; Ceux de l’élocution à l’imagination pour donner la forme aux idées. […] Le style figuré est dans la nature de l’homme, car il prend sa source dans des qualités et des besoins communs à tous, penchant à l’imitation, association d’idées, imagination, passion, etc.
Son caractère est, en effet, plus précis, plus facile à saisir que celui des autres plaisirs de l’imagination, et il a, avec notre objet, une liaison plus directe. […] Rarement les choses régulières et méthodiques nous paraissent sublimes : d’un coup d’œil, nous en apercevons les limites ; nous nous y trouvons renfermés, et l’essor de l’imagination est captivé.
Il faut que la philosophie, quand elle veut nous plaire dans un ouvrage de goût, emprunte le coloris de l’imagination, la voix de l’harmonie, la vivacité de la passion : les beaux-arts, enfants et pères du plaisir, ne demandent que la fleur, et la plus douce substance de votre sagesse. […] Vous n’apportez que des vérités tranquilles, un tissu de réflexions inanimées : cela peut éclairer l’esprit ; mais le cœur qui veut être remué, l’imagination qui veut être échauffée, demeurent dans une triste et fatigante inaction : une poésie morte et des discours glacés, voilà tout ce que l’esprit philosophique pourra tirer de lui-même : il enfante, et ne peut donner la vie. […] « La sagesse incarnée n’est pas venue défendre à l’homme de penser, et elle n’ordonne point à ses disciples de s’aveugler eux-mêmes : aussi réprouvons-nous ce zèle amer et ignorant qui crie d’abord à l’impiété, et qui se hâte toujours d’appeler la foudre et l’anathème, quand un esprit éclairé, séparant les opinions humaines des vérités sacrées de la religion, refuse de se prosterner devant les fantômes sortis d’une imagination faible et timide à l’excès, qui veut tout adorer, et, comme dit un ancien, mettre Dieu dans les moindres bagatelles.
Son imagination prompte revêt les maximes d’une forme poétique, comme faisait son compatriote Montaigne. […] Montesquieu aime à débuter par des traits saisissants, à frapper l’imagination, à revêtir sa pensée de vives couleurs. […] Montesquieu aime ces expressions fortes qui parlent à l’imagination.
Intelligence passionnée, expansive, sympathique aux grandes idées et aux nobles instincts, imagination ardente, romanesque et vivement éprise de la gloire, madame de Staël a des qualités viriles par le choix de ses sujets et l’étendue de ses vues. […] L’enthousiasme et les arts 3 Les hommes sans enthousiasme croient goûter des jouissances par les arts ; ils aiment l’élégance du luxe, ils veulent se connaître en musique et en peinture, afin d’en parler avec grâce, avec goût, et même avec ce ton de supériorité qui convient à l’homme du monde, lorsqu’il s’agit de l’imagination ou de la nature ; mais tous ces arides plaisirs, que sont-ils à côté du véritable enthousiasme ? […] Le goût des spectacles est universel ; car la plupart des hommes ont plus d’imagination qu’ils ne croient, et ce qu’ils considèrent comme l’attrait du plaisir, comme une sorte de faiblesse qui tient encore à l’enfance, est souvent ce qu’ils ont de meilleur en eux : ils sont, en présence des fictions, vrais, naturels, émus, tandis que, dans le monde, la dissimulation, le calcul et la vanité disposent de leurs paroles, de leurs sentiments et de leurs actions.
est-ce l’esprit, l’imagination, la critique, l’art de composer, le talent de peindre ? […] Résumé de la mémorable campagne de 17961 Fragments Quand on considère l’ensemble de cette mémorable campagne, l’imagination est saisie par la multitude des batailles, la fécondité des conceptions et l’immensité des résultats. […] Thiers se fait un idéal des propres qualités de son esprit. — Sa théorie sacrifie trop la passion et l’imagination ; mais ce qu’il refuse à l’historien, son histoire nous l’a plus d’une fois donné. — Comparez à ce morceau le chapitre de Fénelon qui traite le même sujet, dans sa lettre à l’Académie.
à tout cela ajoutez enfin les rêves de l’imagination, et vous serez loin encore d’avoir atteint la mesure de toutes ces félicités intimes2. […] Et l’imagination de l’oiseau qui couve sa nitée sous un buisson, bien à couvert, a-t-elle regret aux caprices de sa liberté et aux molles ondulations de son vol dans le haut des airs ? […] Mais on ne l’accomplit qu’au prix d’un assez long attachement au même ouvrage et de lois sévères imposées à l’imagination.
Qu’on ne dise point que la grammaire nuit aux élans du génie, aux grâces de l’imagination, à la chaleur du sentiment. […] Tous les sujets qu’on traite, appartiennent ou à la mémoire, ou à la raison, ou au sentiment, ou à l’imagination. […] Dans les sujets qui appartiennent à l’imagination, l’écrivain cherche à plaire : il faut que son style soit fin, gracieux, élégant, varié. […] Ainsi, d’un côté, l’imagination du lecteur n’aurait pas été moins flattée par l’harmonie du vers ; et de l’autre, sa raison aurait été pleinement satisfaite par l’entier développement du sens de l’auteur. […] Elle naît ordinairement du trop grand désir de briller, ou de l’excès d’une imagination déréglée.
Pour bien sentir, il faut avoir non seulement de l’imagination, mais encore et surtout de la sensibilité, c’est-à-dire du cœur et de l’âme. […] L’effet que l’on se propose étant d’affecter l’imagination, les traits qui l’affectent le plus doivent avoir la préférence. […] La vue étant par excellence le sens de l’imagination, est celui de tous les sens qui enrichit le plus le langage poétique. […] Mais si l’objet, quoique sensible par lui-même, ne se présente à l’imagination que faiblement, confusément ou avec peine, l’image qui le peint avec force, avec éclat, et ramassé comme en un seul point, soulage l’esprit autant qu’elle embellit le style. […] C’est par ce moyen qu’on peut mettre en jeu les principales facultés de l’esprit, c’est-à-dire parler en même temps à l’intelligence, au cœur et à l’imagination.
Son imagination, ardente comme le ciel sous lequel il était né, et l’excessive austérité de son caractère, l’ont jeté dans des écarts qui pourraient égarer l’inexpérience des jeunes orateurs. […] Il prodigue les saillies et les jeux de mots ; il s’abandonne trop souvent à l’impétuosité de son imagination ; mais quand il sait s’en rendre maître, et la captiver dans les limites convenables, personne ne raisonne avec plus de force, ne connaît mieux le cœur humain, n’observe plus scrupuleusement les bienséances.
Non moins habile à nouer une intrigue, à exciter la surprise, à combiner des situations qu’à représenter toutes les variétés de la vie, il possède, dans une proportion parfaite, l’imagination, la sensibilité et la raison. […] Lorsque vous peignez des héros, vous faites ce que vous voulez ; ce sont des portraits à plaisir, où l’on ne cherche pas la ressemblance, et vous n’avez qu’à suivre les traits d’une imagination qui se donne l’essor, et qui souvent laisse le vrai pour attraper le merveilleux. […] Il n’a jamais eu l’imagination bien vive, ni ce feu d’esprit qu’on remarque dans quelques-uns ; mais c’est par là que j’ai toujours bien auguré de sa judiciaire3, qualité requise pour l’exercice de notre art4. […] On grave sur le marbre bien plus malaisément que sur le sable ; mais les choses y sont conservées bien plus longtemps, et cette lenteur à comprendre, cette pesanteur d’imagination est la marque d’un bon jugement à venir.
Cette méditation, en échauffant l’imagination, mettra en mouvement les idées, fera revivre les souvenirs, et fournira les ressources nécessaires pour préparer l’ensemble du travail. […] Quand on a travaillé son sujet par la réflexion et qu’on en a disposé les parties avec ordre, le moment est venu de se livrer à l’élan de l’esprit et de l’imagination.
L’incomparable beauté de son théâtre avait si fortement saisi les imaginations, que tous les poètes y voyaient le type de la perfection. […] Elle fait usage de l’imagination, mais sans s’y livrer, et en demeure toujours maîtresse. […] Malebranche dont l’imagination brillante écrivait contre l’imagination. […] La pensée rapide caractérise d’un trait ; or, plus l’expression des arts est vague, plus l’imagination est à l’aise. […] Ses nuits sont aussi touchantes que ses jours sont beaux ; ses ports sont aussi beaux que ses morceaux d’imagination sont piquants.
D’ailleurs, le génie assez vaste pour composer un poème épique ne pourra manquer de trouver dans son imagination assez de richesse et de vivacité pour créer les situations les plus diverses et les scènes les plus variées. […] L’action épique doit être intéressante, c’est-à-dire de nature à attacher l’âme et l’imagination. […] Mais à cet égard, personne n’a poussé plus loin le dérèglement de l’imagination que le Camoëns dans sa Lusiade. […] Il comprend tous les êtres fantastiques nés de nos rêveries spéculatives, et créés par notre imagination. […] En effet, on peut assurer que celui qui traiterait l’épopée en prose avec imagination et intérêt, laisserait à désirer une partie qui n’est pas à dédaigner, surtout dans notre langue, la beauté de la versification, et aurait par conséquent un mérite de moins.
Alors une foule de dangers menaçants se présentent à son imagination effrayée : ce sont des fossés escarpés, des précipices affreux, des abîmes sans fond, des gouffres sans issue ; ne distinguant plus la terre solide de l’eau non encore glacée, il redoute également et le marais fangeux et le lac paisible d’où sort une source qui arrose ses prairies. […] Les premiers ont réuni au plus haut degré l’imagination, c’est-à-dire, le génie qui crée, et le goût, c’est-à-dire, la faculté qui fait discerner le bon et le beau du mauvais et de la laideur. […] Puis, d’autres fois, les adeptes de cette école se voyaient en imagination assis autour de l’immense foyer du château où venaient les sur prendre l’arrivée soudaine d’un chevalier ou d’un pèlerin puis assistaient aux récits merveilleux de leurs aventures. […] Certes un tel spectacle peut causer de l’émotion, mais il effraye au lieu de plaire ; et les romantiques se permirent des hardiesses poussées jusqu’à l’extravagance, inspirèrent le dégoût par l’horreur de leurs tableaux, et ébranlèrent fortement les imaginations au lieu de les charmer agréablement. […] Le tour en est grand, les pensées nobles, le style sublime et magnifique, les expressions fortes, les figures hardies ; tout y est plein de choses et d’idées qui frappent l’esprit et saisissent l’imagination.
Outre ce livre pénétré de l’esprit antique et des inspirations supérieures de la sagesse chrétienne, Fénelon a laissé d’excellents traités philosophiques et religieux, d’éloquents sermons et plusieurs autres ouvrages, produit spontané de l’imagination la plus riche et la plus facile. […] N’est-il pas vrai que, quand il ramasse toutes les circonstances de ce désespoir, qu’il vous montre Didon furieuse, avec un visage où la mort est déjà peinte, qu’il la fait parler à la vue de ce portrait et de cette épée, votre imagination vous transporte à Carthage ? […] De là vient qu’un peintre et un poëte ont tant de rapport2 : l’un peint pour les yeux, l’autre pour les oreilles ; l’un et l’autre doivent porter les objets dans l’imagination des hommes.