Je trouvais en moi un vide inexplicable que rien n’aurait pu remplir, un certain élancement de cœur vers une autre sorte de jouissance, dont je n’avais pas d’idée, et dont pourtant je sentais le besoin. […] Bientôt de la surface de la terre j’élevais mes idées à tous les êtres de la nature, au système universel des choses, à l’être incompréhensible qui embrasse tout. […] La marche a quelque chose qui anime et avive mes idées : je ne puis presque penser quand je reste en place ; il faut que mon corps soit en branle pour y mettre mon esprit. […] Mes idées s’arrangent dans ma tête avec la plus incroyable difficulté. […] « Non-seulement les idées me coûtent à rendre, elles me coûtent même à recevoir.
Toutefois, si l’on voulait énoncer une idée générale, une maxime, une sentence, il serait mieux d’employer le terme abstrait, comme dans cet exemple : Studia adolescentiam alunt, senectutem oblectant. […] Si le verbe énonce une idée qui puisse ou qui doive se réaliser, on met ce verbe au présent ou au parfait du subjonctif. […] A cette idée de passer devant se rattache celle d’aller au delà, qui, désignée par præter, est si élégante dans le sens figuré. […] De là l’usage fréquent de cette conjonction en tête d’une proposition pour servir de transition et faire mieux ressortir l’idée qui va suivre. […] Toutefois il faut se servir de et non, si dans une phrase affirmative la négation ne portait que sur un mot, sur une idée.
Le poète y donne à deviner une chose, en la décrivant par ses causes, ses effets, ses propriétés, mais sous des idées et des termes équivoques. […] Si ce fait est fabuleux, l’invention n’en est pas moins une preuve, que les anciens avaient une haute idée de l’énigme. […] Les idées n’en sont alors que plus saillantes et plus poétiques. […] Ce genre de poésie doit présenter une suite d’idées naturelles et piquantes, d’images douces et gracieuses, qui tendent toutes au même sujet. […] Ce refrain doit contenir l’idée principale de la chanson ; et cette idée doit être saillante, toujours liée avec celles qui la précèdent, et toujours amenée avec art.
En condamnant les pages où il fit de son génie un emploi pernicieux, nous devons admirer cette langue si pure, si élégante, si naturelle et si facile, qui, par sa prestesse et sa justesse, prête de l’agrément à toutes les idées. […] Il me semble que vous avez peine à écarter la foule d’idées ingénieuses qui se présente toujours à vous : c’est le défaut d’un homme supérieur1 ; vous ne pouvez pas en avoir d’autres ; mais c’est un défaut très dangereux. […] Ma juste modestie, madame, et ma raison me faisaient croire d’abord que l’idée d’une statue était une bonne plaisanterie ; mais, puisque la chose est sérieuse, souffrez que je vous parle sérieusement. […] A quoi servirait l’idée d’un Dieu qui n’aurait sur vous aucun pouvoir4 ? […] Voltaire reste voltairien par la forme, même quand il ne l’est plus par le fonds des idées.
Chrétien sincère, et ambitieux de donner aux vérités de la foi la rigueur de la certitude scientifique, il conçut l’idée d’appliquer à l’apologie des dogmes révélés une méthode et des raisons qui devaient forcer l’incrédule dans ses derniers retranchements. […] Tout ce monde visible n’est qu’un trait imperceptible dans l’ample sein de la nature3 ; nulle idée n’en approche. […] Il veut dire : nous devons traiter leurs idées avec les mêmes dispositions d’esprit. […] L’orateur est occupé de son sujet, et le déclamateur de son rôle : l’un agit, l’autre feint ; le premier est un personnage exposant de grandes idées, le second un personnage débitant de grands mots. » 1. […] Ses idées ne sont point un jeu de son esprit, c’est le travail douloureux de son cœur : elles le pénètrent, elles le consument ; c’est la flèche de feu attachée à son flanc, et il soulage son mal en l’exprimant.
Car l’histoire n’est pas seulement le récit des faits qui sont les évolutions extérieures de l’humanité ; elle doit encore remonter aux causes, apprécier les résultats, et signaler l’influence réciproque des idées sur les faits, et des faits sur les idées. […] La philosophie de l’histoire n’est pas un récit chronologique et suivi des événements ; elle présente des vues générales sur l’histoire ; elle considère spécialement l’esprit des faits, examine les causes, indique les développements des idées et de la civilisation, et montre du doigt les résultats et les conséquences : c’est comme un complément nécessaire à l’histoire proprement dite ; elle s’adresse aux esprits murs et sérieux. Quand cette synthèse est faite par un homme de talent, par un philosophe aux idées larges, élevées, morales et religieuses, elle offre un des enseignements les plus utiles à l’humanité (Montesquieu, Guizot)34.
Prendre L’idée lui a pris. L’idée lui est venue. […] Conséquent signifie qui agit, qui raisonne logiquement ; il exprime aussi une idée de suite, de liaison ; mais il n’a jamais signifié important, considérable.
Son idée est indivisiblement liée avec celle d’une grande difficulté vaincue, d’une grande utilité subséquente au succès, et d’une égale augmentation de bonheur pour l’univers ou pour la patrie. […] La gloire, du moins selon les idées que je m’en suis formées, n’est pas la récompense du plus grand succès dans les sciences. […] L’historien pouvait étaler toutes les richesses du génie et de l’art dans un si beau champ ; mais un appareil d’idées brillantes aurait rendu suspecte la foi de l’écrivain. […] Plein de l’idée d’Alexandre et de César, il se proposa d’imiter tout de ces deux conquérants, hors leurs vices. […] Cette idée, exécutée avec tout l’esprit que M. de Marivaux pouvait y mettre, avait eu le plus grand succès dans les sociétés particulières où il avait lu son ouvrage.
Pour écrire clairement en français, c’est-à-dire pour arracher les idées de ce fonds obscur où nous les concevons, et les amener à la pleine lumière, que d’efforts et de travail ! […] Les littératures les plus riches en images sont les plus pauvres d’idées. […] Quant à la liaison, à cette suite et à cette jointure des idées, dont Horace a admiré la puissance en homme qui en avait senti la difficulté, que d’efforts d’attention n’y faut-il pas ! […] Ils en tirent ainsi une première idée de la justice. […] Images : elles sont mauvaises quand elles masquent l’objet, et font de l’ombre un corps, quand elles absorbent l’attention aux dépens de l’idée.
. — C’est l’art de développer un argument, c’est-à-dire de déduire d’une idée générale toutes les idées particulières qui y sont renfermées. […] Rousseau nous en donne un exemple brillant dans son discours sur l’influence des lettres et des arts : — « Aujourd’hui que des recherches plus subtiles et un goût plus fin ont réduit l’art de plaire en principes, il règne dans nos mœurs une vile et trompeuse uniformité, et tous les esprits semblent avoir été jetés dans un même moule. » — Voilà l’idée générale. […] — La comparaison. — Vous établissez des rapports entre deux idées, et de ces rapports vous concluez soit du plus au moins, soit du moins au plus, soit d’égal à égal.
L’originalité de Chateaubriand est dans l’accord de ses dissonances : procédant de maîtres opposés, il s’inspire du passé comme de l’avenir, il mêle tous les styles, et rapproche les idées et les sentiments les plus contraires. […] L’architecte bâtit, pour ainsi dire, les idées du poëte, et les fait toucher aux sens. […] Qui dira le sentiment qu’on éprouve en entrant dans ces forêts aussi vieilles que le monde, et qui seules donnent une idée de la création telle qu’elle sortit de la main de Dieu ? […] Bientôt la forêt redevient plus sombre ; l’idée de l’infini se présente à moi2. […] La grandeur, l’étonnante mélancolie de ce tableau, ne sauraient s’exprimer dans les langues humaines ; les plus belles nuits en Europe ne peuvent en donner une idée.
Suivez l’ordre des idées du Canevas. […] Suivez l’ordre naturel des idées et changez les termes. […] Un seul endroit est indiqué pour une idée accessoire. […] telles sont les idées à trouver. […] Vous pouvez ajouter beaucoup d’idées à celles du canevas.
Il faut donc nous en tenir à l’idée du philosophe grec ; et, en la renfermant dans ses bornes naturelles, nous verrons que Platon n’a rien dit de trop, et que cette diction presque poétique est le plus ordinairement celle du genre d’éloquence qui nous occupe pour le moment ; et c’est Platon lui-même qui va nous le prouver. […] Socrate conclut : « Ayez donc des idées plus justes sur la mort, et soyez bien convaincus d’une vérité : c’est que l’homme de bien n’a rien à redouter pendant sa vie, ni après sa mort ; l’œil des immortels est constamment ouvert sur lui. — Il ne me reste qu’une grâce à demander à mes accusateurs, c’est de traiter un jour mes fils comme moi, s’ils vous donnent les mêmes sujets de plainte ; c’est de ne les point épargner, si vous les voyez préférer à la vertu les richesses ou quelque chose au monde que ce soit. — C’est un trait de justice que Socrate et ses enfants ont peut-être quelque droit d’attendre de vous. […] C’est là que Socrate, élevé au-dessus de lui-même, et par l’importance de l’objet, et par la grandeur des idées quelle lui suggère, personnifie tout à coup les lois, et les introduit elles-mêmes sur la scène. […] Le sujet y est sans doute pour quelque chose ; et c’est par la même raison que les éloges d’Hélène et de Busiris, du même auteur, ne sont que de misérables jeux d’esprit où il n’y a rien, absolument rien à recueillir, que cette grande leçon, que toute la pompe du style le plus harmonieux, les périodes les plus heureusement enchaînées, les chutes les plus laborieusement étudiées, le choix même des expressions et des tournures, ne rachèteront jamais, auprès du lecteur judicieux, la sécheresse du sujet et la stérilité des idées.
Je vais donner une idée des plus essentiels, en parcourant les objets suivants. […] Tous ces différents objets bien présentés donnent au lecteur une idée aussi étendue et aussi juste qu’elle puisse l’être, du gouvernement et des mœurs d’une nation. […] Cet être souverain, dont elle nous donne une idée nette et précise, y est peint avec tous ses attributs. […] Tout est présenté sous le point de vue le plus favorable, pour faire naître ou perfectionner les idées. […] Cette histoire donne d’ailleurs une très juste idée de l’ancienne constitution du gouvernement anglais.
La clarté du style fait le principal mérite du morceau intitulé : Fléaux de 1709, Humanité de Fénelon, Toutes les expressions qui composent ce récit sont parfaitement choisies, les idées s’enchaînent naturellement, les phrases et les périodes sont d’une juste mesure. […] Pour apaiser le peuple qui aimait son prince, et donner une grande idée du fondateur de la ville, les sénateurs publièrent que les dieux l’avaient enlevé au ciel ; et lui firent dresser des autels. […] Il ne faut pas croire cependant que la Noblesse du style rejette les idées les plus simples, celles qui ne représentent que les choses les plus ordinaires. […] Le style est grave, quand il évite les saillies et les plaisanteries ; méthodique, lorsqu’il marche avec ordre, ne se permettant aucun écart ; précis, quand il rend les idées avec le moins de mots possible ; ferme et énergique quand la justesse des expressions répond à la solidité des pensées. […] Le style est doux et insinuant, quand il fait concevoir et sentir les choses sans efforts ; vif et animé, quand les idées sont pressées et se succèdent avec rapidité ; pathétique, lorsqu’il remue, agite, transporte.
C’est quelquefois la marche que suit l’orateur, lorsqu’il reconnaît la nécessité de frapper de grands coups dès l’abord, afin que ses auditeurs ou ses lecteurs, surpris à l’improviste, soient comme étonnés de la force de ses moyens, et qu’il n’ait plus ensuite qu’à achever son triomphe par le développement des idées accessoires qu’il a réservées pour les dernières. […] Le plan élaboré par l’invention n’est autre chose que l’ordre, la gradation et l’harmonie sommairement exposées ; c’est le fond du discours réduit aux idées fondamentales : ses qualités sont la justesse, la netteté, la simplicité, la fécondité, l’unité et la proportion, comme on peut s’en convaincre en relisant les premiers préceptes de l’invention, extraits de Buffon. […] 1° C’est surtout au début que l’orateur a besoin de paraître modeste, probe, confiant dans les lumières et dévoué aux intérêts de ceux qui l’écoutent : les premières impressions sont les plus vives, et s’il choque les esprits par des manières hautaines et présomptueuses, il amassera contre lui tout un orage de préventions difficiles à dissiper plus tard. 2° L’attention se commande par la haute idée que l’on donne de sa capacité et de son sujet. […] Il les présente de façon à produire une vive impression, il entre dans des détails intéressants, il sait joindre à chaque idée générale toutes les idées accessoires qu’elle fait naître, il rend par ce moyen une preuve palpable, sans recourir aux mots inutiles.
L’originalité de Chateaubriand est dans l’accord de ses dissonances : procédant de maîtres opposés, il s’inspire du passé comme de l’avenir ; il mêle tous les styles, il rapproche les idées et les sentiments les plus contraires. […] Dieu nous donna, dans ce petit tableau, une idée des grâces dont il a paré la nature2. […] Qui dira le sentiment qu’on éprouve en entrant dans ces forêts aussi vieilles que le monde, et qui seules donnent une idée de la création telle qu’elle sortit de la main de Dieu ? […] Bientôt la forêt redevient plus sombre ; l’idée de l’infini se présente à moi2 Funérailles d’Atala Vers le soir, nous transportâmes ses précieux restes à une ouverture de la grotte, qui donnait vers le nord. […] La grandeur, l’étonnante mélancolie de ce tableau, ne sauraient s’exprimer dans les langues humaines ; les plus belles nuits en Europe ne peuvent en donner une idée.
Maillet, qui, mis en déportation par le Directoire, entra dans une école de Bretagne, dont il fit la fortune, pour des souliers et un habit, sans s’apercevoir ni de l’injustice des hommes, ni de son changement de situation, parce qu’il est toujours en repos, quoique toujours agité sur le sommet de ses idées ; M. […] « Je passe ma vie à chasser aux papillons, tenant pour bonnes les idées qui se trouvent conformes aux communes, et les autres seulement pour miennes. […] « Il est des esprits méditatifs et difficiles qui sont distraits dans leurs travaux par des perspect ves immenses et les lointains du beau céleste, dont ils voudraient mettre partout quelque image ou quelque rayon, parce qu’ils l’ont toujours devant la vue, même alors qu’ils n’ont rien devant les yeux ; esprits amis de la lumière, qui, lorsqu’il leur vient une idée à mettre en œuvre, la considèrent longuement et attendent qu’elle reluise, comme le prescrivait Buffon, quand il définissait le génie l’aptitude à la patience ; esprits qui ont éprouvé que la plus aride matière et les mots même les plus ternes renferment en leur sein le principe et l’amorce de quelque éclat, comme ces noisettes des fées, où l’on trouvait des diamants, quand on en brisait l’enveloppe, et qu’on avait des mains heureuses ; esprits qui sont persuadés que ce beau dont ils sont épris, le beau élémentaire et pur, est répandu dans tous les points que peut atteindre la pensée, comme le feu dans tous les corps ; esprits attentifs et perçants qui voient ce feu dans les cailloux de toute la littérature, et ne peuvent se détacher de ceux qui tombent en leurs mains qu’après avoir cherché longtemps la veine qui le recélait, et l’en avoir fait soudainement jaillir ; esprits qui ont aussi leurs systèmes, et qui prétendent par exemple, que voir en beau et embellir, c’est voir et montrer chaque chose telle qu’elle est réellement dans les recoins de son essence, et non pas telle qu’elle existe aux regards des inattentifs, qui ne considèrent que les surfaces ; esprits qui se contentent peu, à cause d’une perspicacité qui leur fait voir trop clairement et les modèles qu’il faut suivre et ceux que l’on doit éviter ; esprits actifs, quoique songeurs, qui ne peuvent se reposer que sur des vérités solides, ni être heureux que par le beau, ou du moins par ces agréments divers qui en sont des parcelles menues et de légères étincelles ; esprits bien moins amoureux de gloire que de perfection, qui paraissent oisifs et qui sont les plus occupés, mais qui, parce que leur art est long et que la vie est toujours courte, si quelque hasard fortuné ne met à leur disposition un sujet où se trouve en surabondance l’élément dont il ont besoin et l’espace qu’il faut à leurs idées, vivent peu connus sur la terre, et y meurent sans monument, n’ayant obtenu en partage, parmi les esprits excellents, qu’une fécondité interne et qui n’eut que peu de confidents. » 1. […] Vous verrez comment les mêmes idées prennent la couleur des caractères différents, et changent de ton, suivant les écrivains.