Delille a défini avec grâce le jeu de la pantoufle et celui de la raquette : La Pantoufle. […] C’est ce qu’on appelle un Bourg dans le pays… Rien ne saurait exprimer la fraîcheur et la grâce de ces petites allées sinueuses qui s’en vont serpentant avec caprice sous leurs perpétuels berceaux de feuillage, découvrant à chaque détour une nouvelle profondeur toujours plus mystérieuse et plus verte. […] Devant un de ces autels de deuil, le roi Jacques priait avec ferveur : « Je te rends grâces, ô mon Dieu, s’écriait-il, de ce que tu m’as ôté mes trois royaumes ; tu m’as ainsi réveillé de la léthargie du péché : si ta bonté ne m’avait pas tiré de cet état de misère, j’étais à jamais perdu ; je te rends aussi mes très humbles actions de grâces de ce que, par ton infinie miséricorde, tu m’as exilé dans un pays étranger où j’ai appris mon devoir et le moyen de le pratiquer. » Et le chœur de l’église répétait, avec le son rauque du serpent, l’hymne antique : Vexilla regis prodeunt. […] C’est ainsi qu’il appelle un miroir le conseiller des grâces ; les fauteuils sont les commodités de la conversation ; une chaise à porteur est appelée un retranchement merveilleux contre les insultes de la boue et du mauvais temps, etc. […] Mais de grâce, monsieur, ne soyez pas inexorable à ce fauteuil qui vous tend les bras il y a un quart d’heure ; contentez un peu l’envie qu’il a de vous embrasser.
La Fontaine a retrouvé dans ses paysages la grâce, l’émotion, l’accent de Virgile et d’Horace. […] » Cependant Ne forçons point notre talent : Nous ne ferions rien avec grâce. […] Un centenaire qui demande grâce ! […] La propriété prête à cette terre sans grâce un charme particulier ; c’est là qu’est mon cœur ; c’est là que le repos m’est doux ; c’est là que le chagrin m’est moins amer. […] « La Fontaine n’est plus : il n’est plus, et avec lui ont disparu les jeux badins, les ris folâtres, les grâces naïves et les doctes muses.
Le style néanmoins manque de propriété, quand il pèche contre la pureté ; et c’est de la réunion précieuse de ces deux qualités, que résultent principalement ses grâces et sa clarté. […] Le style simple n’admet qu’un très petit nombre d’ornements ; il ne les rejette cependant pas tous, et s’il ne nous charme pas par les grâces et les finesses de la composition, il ne nous rebute pas du moins par la sécheresse et la dureté de sa manière. […] « Le gladiateur et l’athlète, dit-il, ne s’exercent pas seulement à parer et à frapper avec adresse, mais à se mouvoir avec grâce.
« C’est ici, dit Chamfort, La Fontaine dans tout son talent, avec sa grâce et sa variété ordinaires. […] Peut-on mieux exprimer la désolation que par ces vers pleins d’une grâce mélancolique ? […] « Fable charmante, dit Chamfort : quelle légèreté dans le début, et ensuite que de grâce et de naturel dans la peinture, faite par le poëte, de cette faiblesse, si naturelle aux hommes, d’ouvrir leur âme à la moindre espérance !
Jean-Jacques Rousseau 1712-1778 [Notice] Né à Genève, orphelin élevé presque à la grâce de Dieu, tour à tour apprenti, musicien ambulant, laquais, copiste, précepteur, secrétaire, commis de caisse, Rousseau promena d’aventures en aventures, de mécomptes en mécomptes une jeunesse vagabonde, indigente et humiliée, dont les souffrance romanesques aigrirent son cœur passionné. […] quelle grâce touchante dans ses instructions ! […] Que leurs grâces divines passent dans mes écrits, et ramènent mon siècle à vous, comme elles m’y ont ramené moi-même !
Ce qui ne serait qu’un lieu commun pour un autre écrivain, ce qui a été dit et répété cent fois, prend sous la plume de Voltaire, une tournure qui n’appartient qu’à lui ; et l’étonnante magie de son style prête aux choses même les plus usées pour le fond, les charmes et les grâces de la nouveauté. […] nous devons des actions de grâces.
Sans courir les hasards de la fantaisie, il en a toutes les grâces, et je l’appellerais volontiers l’humoriste du bon sens classique. […] Quelles charmantes matinées que celles qu’on passerait, par un beau soleil, dans une allée bien sombre, au milieu de ce bruit des champs, immense, confus, et pourtant si harmonieux et si doux, à relire tantôt une tragédie de Racine, tantôt l’histoire des origines du monde, racontées par Bossuet avec une grâce si majestueuse !
La grâce divine triomphera, mais non sans le secours de l’amour humain sanctifié par les lumières de la foi. […] Encore un mot, de grâce. […] De grâce, par pitié, ne me rebute pas. […] Contraignez-vous, de grâce ! […] N’oubliez rien, de grâce.
Son style eut toutes les qualités de son esprit : élévation, sérieux, dignité, élégance, grâce, éclat et harmonie. […] On ne saurait mettre plus de bonne grâce dans la résignation.
Cette observation n’est pas indigne de l’attention de ceux qui étudient la grâce du geste et de l’action. […] Par l’orné, comme le nom l’indique, un style fleuri, doux et coulant, plus amant de la grâce que de la force. […] Il néglige les grâces secondaires, et semble viser au sublime du sentiment. […] Massillon a plus de grâce, de sentiment, et sous tous les rapports, dans mon opinion, plus de génie. […] Outre qu’il n’est pas toujours facile de narrer avec grâce et lucidité, il y a, dans les narrations du barreau, une difficulté particulière.
Ils ont développé en eux l’entendement, le jugement et la mémoire ; mais ils n’ont point cultivé l’imagination et la sensibilité, et leur style est dépourvu de grâce et de chaleur. […] Par ornements du style, nous entendons ici certains tours moins connus, certaines expressions plus choisies qui donnent au discours plus de grâce et d’agrément. […] Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance ! […] Le vers de dix syllabes a moins de majesté que l’alexandrin ; mais il a plus de douceur, de grâce et d’abandon. […] Le vers de huit syllabes joint à la grâce et à la douceur la noblesse et l’énergie.
À l’aide de ces exercices, ils s’habitueront à raisonner avec justesse, sans toutefois négliger la vivacité, ni la grâce, qui sont si indispensables dans les sujets sérieux. […] Madame de Sévigné nous le dit elle-même : « C’est ce style juste et court qui chemine et qui plaît au souverain degré. » Cependant il faut éviter le style saccadé, qui remplacerait la grâce par la sécheresse, et qui fatiguerait par sa brièveté sautillante. […] C’est la nature de la grâce qui doit déterminer le degré du sentiment : s’il s’agit d’une grande faveur, ou d’un grand service, il faut en témoigner vivement sa gratitude ; s’il s’agit d’un service d’ami à ami, d’un petit cadeau, on peut en remercier avec esprit et gaieté. […] « Une légère discussion sur le fait, une explication propre à l’atténuer, un recours à l’intention que l’on a eue, une protestation renouvelée de respect et d’attachement, un vif regret d’avoir pu déplaire, un désir bien prononcé de renouveler les bonnes grâces perdues, voilà quels doivent être à peu près les éléments d’une lettre d’excuses. »(Philippon.) Voyez comme madame de Sévigné avoue franchement ses torts dans une lettre qu’elle écrit à son cousin, et avec quelle bonne grâce elle lui présente ses excuses.
Vous n’avez qu’une fille, et moi je n’ai qu’un fils ; Leur hymen nous peut rendre à jamais plus qu’amis : Faites-nous cette grâce, et l’acceptez pour gendre. […] De grâce, achevez. […] A quelque extrémité que votre crime passe, Vous êtes innocent si vous vous faites grâce. […] Avant l’épreuve qui va le tenter, il cherche sa force dans la prière, en Dieu, source des grâces. […] La grâce.
Après l’avoir comparé à une beauté négligée qui a des grâces d’autant plus touchantes qu’elle n’y songe pas ; à un repas sans magnificence, mais où règne le bon goût avec l’économie ; « on n’y trouve, dit-il, aucune de ces figures de rhéteur qui semblent des piéges tendus pour séduire. » Les figures de répétition, qui veulent une prononciation forte et animée, ne s’accorderaient pas non plus avec ce ton modeste et simple ; mais il n’exclut pas les autres figures de mots, pourvu que les phrases soient coupées et toujours faciles, et les expressions conformes à l’usage, que les métaphores ne soient pas trop hardies, ni les figures de pensée trop ambitieuses. […] Votre manière est-elle en général rude et concise, apprenez la grâce dans Fénelon, la période dans Massillon. […] A ceux qui la pousseraient trop loin, il faudrait rappeler le mot du fabuliste : Ne forçons point notre talent, Nous ne ferions rien avec grâce.
Dieu nous donna, dans ce petit tableau, une idée des grâces dont il a paré la nature2. […] Rien n’approche du charme de sa voix, de la grâce de son sourire. […] Il donne à son tableau les grâces d’une pastorale.
Sous ces grâces efféminées, sous cette molle élégance on sent la langueur et le dépérissement. […] Pardonnons beaucoup à celui qui a écrit tant de belles pages sur la liberté, sur la vertu et sur Dieu ; mais réservons notre admiration tout entière pour les écrivains du dix-septième siècle, parce qu’en eux la simplicité, la naïveté même est unie à la grandeur, que la grâce y est la parure de la force, et la solidité l’essence même de leur génie. […] Son style était celui des maîtres, et, en l’assouplissant au genre tempéré de l’histoire biographique, en lui donnant plus de grâce et de simplicité, il ne faisait que prouver une fois de plus que notre siècle n’avait pas produit d’écrivain supérieur à lui. » 2.
La poésie pastorale est la peinture de la vie champêtre, représentée avec tous les charmes, toutes les grâces qu’elle peut recevoir. […] Outre la grâce dont nous venons de parler, on trouve dans les descriptions pastorales des allusions fréquentes aux circonstances de la vie champêtre, comme dans ces beaux vers de Virgile, imités par Racan : Sepibus in nostris parvam te roscida mala (Dux ego vester eram) vidi cum matre legentem ; Alter ab undecimo tum me jam ceperat annus, Jam fragiles poteram & terra contingere ramos… Il me passait d’un an ; et de ses petits bras Cueillait déjà des fruits dans les branches d’en bas. […] Dans cette dernière, ce sont des bergers qui s’entretiennent de la vie champêtre ; leur ton aura les qualités que nous avons demandées pour la pastorale en général, c’est-à-dire, la simplicité, la douceur, la grâce et la naïveté.
On admire dans ses discours une éloquence naturellement proportionnée aux sujets : sublime dans les plus élevés ; communicative et intéressante dans les plus simples ; une érudition choisie, une profondeur de raisonnement, parées de toutes les grâces de l’élocution. […] C’est là qu’il pèse scrupuleusement jusques aux moindres expressions, dans la balance exacte d’une juste et savante critique : c’est là qu’il ose retrancher tout ce qui ne présente pas à l’esprit une image vive et lumineuse ; qu’il développe tout ce qui peut paraître obscur à un auditeur médiocrement attentif ; qu’il joint les grâces et les ornements â la clarté et à la pureté du dicours ; qu’en évitant la négligence, il ne fuit pas moins l’écueil également dangereux de l’affectation ; et que, prenant en main une lime savante, il ajoute autant de force à son discours, qu’il en retranche de paroles inutiles ; imitant l’adresse de ces habiles sculpteurs qui, travaillant sur les matières les plus précieuses, en augmentent le prix à mesure qu’ils les diminuent, et ne forment les chefs-d’œuvre les plus parfaits de leur art, que par le simple retranchement d’une riche superfluité ».