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66. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Vauvenargues, 1715-1747 » pp. 336-343

Il avait l’esprit sûr et judicieux dans sa sphère, mais sans finesse et sans profondeur ; le goût des détails, une assez longue expérience des choses du monde, la mémoire prompte, fidèle, et un coup d’œil assez vif, mais au delà duquel il ne voyait plus. […] Sa pénétration et son goût, joints au bonheur de sa mémoire, se portaient avec une indifférente facilité sur toutes choses ; mais il n’avait point cette véritable étendue de génie qui, saisissant les objets avec leurs rapports, les embrasse tout entiers et réunis ; et c’est ainsi qu’il avait des connaissances presque universelles, sans qu’on pût dire qu’il eût l’esprit vaste, contrariété assez ordinaire. […] « Je vais lire vos Portraits, lui écrivait Voltaire ; si jamais je veux faire celui du génie le plus naturel, de l’homme du plus grand goût, de l’âme la plus haute et la plus simple, je mettrai votre nom au bas. » Vauvenargues disait ailleurs : « On doit se consoler de n’avoir pas les grands talents, comme on se console de n’avoir pas les grandes places : on peut être au-dessus de l’un et de l’autre par le cœur. » Citons encore de lui quelques pensées détachées : « Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire. » « Les orages de la jeunesse sont environnés de jours brillants. » « Les premiers jours du printemps ont moins de grâce que la vertu naissante d’un jeune homme. » « La servitude abaisse l’homme jusqu’à s’en faire aimer. » « La liberté est incompatible avec la faiblesse. » « Le fruit du travail est le plus doux plaisir. » « C’est un grand signe de médiocrité que de louer toujours modérément. » « Si vous avez quelque passion qui élève vos sentiments, qui vous rend plus généreux, plus compatissant, plus humain, qu’elle vous soit chère. » « Les conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer, comme le soleil d’hiver. » « Les longues prospérités s’écoulent quelquefois en un moment, comme les chaleurs de l’été sont emportées par un jour d’orage. » 1.

67. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Prosper Mérimée. Né en 1803. » pp. 558-565

[Notice] Dans un temps où règne le goût de la littérature facile, M. […] Cette flexibilité de plume et ce goût de vérité précise est un des mérites de la Chronique de Charles IX, le meilleur des romans écrits sous l’inspiration de Walter Scott. […] Le goût et le talent de l’éloquence étaient innés chez ce peuple privilégié.

68. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Vauvenargues 1715-1747 » pp. 196-198

2, méchant même par principes ; un esprit léger et frivole, qui n’a point de goût décidé ; qui n’éclaire les choses et ne les recherche jamais pour elles-mêmes, mais uniquement selon la considération qu’il y croit attachée, et fait tout par ostentation ; un homme souverainement confiant en lui et dédaigneux, qui méprise les affaires3 et ceux qui les traitent, le gouvernement et les ministres, les ouvrages et les auteurs ; qui se persuade que toutes ces choses ne méritent pas qu’il s’y applique, et n’estime rien de solide que le don de dire des riens ; qui prétend néan-moins à tout, et parle de tout sans pudeur ; en un mot, un fat sans vertus, sans talents, sans goût de la gloire, qui ne prend jamais dans les choses que ce qu’elles ont de plaisant, et met son principal mérite à tourner continuellement en ridicule tout ce qu’il connaît sur la terre de sérieux et de respectable.

69. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre premier. De l’invention. »

. — Le discernement est la qualité qui aperçoit les différences des objets entre eux, — Le goût est la connaissance des meilleurs objets. — Le cœur est la source de nos affections, de nos sentiments. — Le sentiment est le mouvement du cœur qui décide de la convenance des objets, — L’esprit est la source de nos idées. — Le génie est le don exceptionnel qui produit les plus belles idées ; c’est la perfection de l’esprit […] Pour résumer en quelques lignes tous les phénomènes intellectuels au moyen desquels on parvient à bien penser, je dirai qu’ils se présentent dans l’ordre suivant : Le génie et l’esprit créent les objets, L’imagination les présente, L’idée les aperçoit, La mémoire les retient, La pensée les considère, Le goût les épure, Le cœur les éprouve, Le sentiment les approuve, Le jugement les adopte, Le discernement les classe. […] Un tel cynisme révolta les hommes de goût, et le scandale fut tel que les journaux qui en général ne se piquent pas de bonne littérature, et qui étaient d’ailleurs presque tous aussi coupables eux-mêmes, s’écrièrent qu’il fallait faire cesser par la force cette dégoûtante manière de penser et d’écrire ; que, sans cette précaution, la littérature française serait marquée aux yeux du monde entier d’un éternel déshonneur. […] Coupables auteurs, qui avez inventé ces productions monstrueuses, qui les avez disposées sans remords, et qui les avez revêtues d’une élocution plus livide et plus horrible que la face des Euménides, je livre vos écrits au mépris des hommes de goût mes contemporains ; quant à vos noms, dont je ne souillerai pas ma plume, le tribunal redoutable de la postérité les attend !

70. (1881) Rhétorique et genres littéraires

Toutefois, elle doit être réglée par un goût sage et éclairé. […] Corneille a le génie, mais le goût lui manque quelquefois. Boileau a du talent, de l’esprit, beaucoup de goût, peu d’imagination. […] Il exige chez celui qui le compose, le goût, la science et un peu de l’âme du poète. […] Indiquons en passant quelques règles générales dictées par le bon sens et le goût.

71. (1886) Recueil des sujets de composition française donnés à la Sorbonne aux examens du baccalauréat ès lettres (première partie), de 1881 à 1885

Les Grecs ont fait ainsi eux-mêmes leur éducation littéraire, avec le goût le plus sûr et le plus fin qui fut jamais. […] Le véritable orateur s’adresse seulement à « ceux dont la tête est ferme, le goût délicat, le sens exquis ». […] Cette opinion part d’un excellent goût. […] Le roi en témoigna quelque surprise, ce qui peut s’expliquer par son goût pour les beautés sublimes de M.  […] Partout d’ailleurs, dans votre ouvrage, on remarque un goût sûr, une critique fine et profonde, une science que votre modestie cherche vainement à dissimuler.

72. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre Ier. Des éléments du style. » pp. 22-78

Bien écrire, dit Buffon dans son discours de réception à l’Académie, c’est tout à la fois bien penser, bien sentir et bien rendre ; c’est avoir en même temps de l’esprit, de l’âme et du goût. […] Ces qualités, qui sont assignées par le goût et qu’on peut appeler littéraires, varient suivant la nature des choses, et sont par conséquent très nombreuses. […] C’est au goût formé par l’étude et par l’usage à distinguer ces nuances. […] La Fontaine et Racine sont des modèles en ce genre ; leur style est riche et n’est point chargé : c’est l’abondance du génie, que le goût ménage et dirige. […] Mais, pour bien rendre sa pensée, s’il est bon de la peindre au moyen des images, il est surtout nécessaire de se servir des mots, des termes les plus propres et les plus convenables pour l’exprimer d’une manière conforme au goût.

73. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre II. Des différentes espèces de Discours Oratoires. »

Mais leurs styles sont différents, suivant leur génie particulier et le goût de leur siècle… Les ouvrages des Pères grecs sont également solides et agréables. […] Nous avons beaucoup d’autres Orateurs, dans les ouvrages desquels ils pourront puiser le goût de la bonne et vraie éloquence. […] « Le vrai goût de l’éloquence chrétienne, dit-il dans la préface de ses Sermons, s’est toujours conservé à la cour. […] Si l’on exige que l’imagination de l’Orateur soit vive, brillante et fleurie, on exige aussi qu’elle soit sage, bien réglée, et toujours dirigée par le goût. […] Les autres sont faibles, et pèchent contre le goût.

74. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Racan. (1589-1670.) » pp. 165-168

Un vieillard reproche à sa fille le goût frivole qu’elle éprouve pour un jeune désœuvré, au lieu de consentir à prendre un époux sensé et laborieux. […] Les temps d’agitation et de guerre ramènent toujours les imaginations vers les ouvrages qui peignent la félicité champêtre : de là, au terme du seizième siècle et au commencement du dix-septième, le goût général de ces productions en France.

75. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Voltaire 1694-1778 » pp. 445-463

» Le véritable esprit sait se plier à tout ; On ne vit qu’à demi quand on n’a qu’un seul goût. […] Helvétius5 Tout vouloir est d’un fou ; l’excès est son partage : La modération est le trésor du sage ; Il sait régler ses goûts, ses travaux, ses plaisirs, Mettre un but à sa course, un terme à ses désirs. […] D’autres oiseaux de différent plumage, Divers de goût, d’instinct et de ramage, En sautillant, font entendre à la fois Le gazouillis de leurs confuses voix ; Et dans les cris de la folle cohue, La médisance est à peine entendue. […] Viens ranimer leur langueur désœuvrée ; Grand roi David, c’est toi dont les sixains2 Fixent l’esprit et le goût des humains !

76. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Buffon, 1707-1788 » pp. 282-302

À cette première règle, dictée par le génie, si l’on joint de la délicatesse et du goût, du scrupule sur le choix des expressions, de l’attention à ne nommer les choses que par les termes les plus généraux2, le style aura de la noblesse. […] Lettre à M. de la Condamine1 lors de sa réception a l’Académie française Du génie pour les sciences, du goût pour la littérature, du talent pour écrire, de l’ardeur pour entreprendre, du courage pour exécuter, de la constance pour achever, de l’amitié pour vos rivaux, du zèle pour vos amis, de l’enthousiasme pour l’humanité : voilà ce que vous connaît un ancien ami, un confrère de trente ans, qui se félicite aujourd’hui de le devenir pour la seconde fois. […] Je suis fâché de n’avoir pas de goût pour les beaux embarras ; à tout moment il s’en trouve qui ne finissent point. […] Avec un peu de temps et quelques grains d’indifférence philosophique, vous reprendrez votre tranquillité et vous sentirez renaître tous vos goûts ; je l’éprouve moi-même. […] « Tout auteur qui ne donne point cet ordre à son discours ne possède pas assez sa matière ; il n’a qu’un goût imparfait et un demi-génie.

77. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

En même temps, ils sacrifient le naturel au goût conventionnel, raffiné, dédaigneux et exclusif d’une société fastueuse. […] Cependant alors encore le goût du public français demeure vacillant et partagé entre le bon et le mauvais. […] Mais en dépit de ces partages et de ces indécisions le triomphe du pur classique et du goût antique devait être complet. […] Tout peuple peut avoir du goût et du bon sens. […] C’est d’abord la fermeté de son goût qui ne fait jamais fausse route ni dans la louange ni dans le blâme.

78. (1870) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices par Gustave Merlet,... à l'usage de tous les établissements d'instruction. Cours moyens, grammaire et enseignement spécial. Première partie : prose

Mais, dans la nourriture du corps, l’on distingue d’ordinaire par le goût même ce qui nuit à la santé. […] Nous n’avons point naturellement de goût spirituel, qui distingue les bons aliments des mauvais. […] Mais ce n’est pas assez que l’esprit soit vaincu, il faut que le cœur soit séduit par le goût de la piété. […] Soyez en garde contre le goût que vous avez pour l’esprit. […] Sa langue est souple, élégante, unie, riche de demi-teintes : elle allie la force à la grâce, mais ses hardiesses n’effrayent point le goût.

79. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

La moindre de ses fables a une tournure qui fera toujours le désespoir de ceux qui ne sont pas nés, comme lui, avec cette simplicité ingénue, ce goût exquis, cette facilité qu’on voit dans ses ouvrages. […] Il sait régler ses goûts, ses travaux, ses plaisirs, Mettre un but à sa course, un terme à ses désirs. […] C’est elle qui, dans le même âge, Renouvelle cent fois nos goûts. […] Son sentiment éclate, part comme un torrent qui rompt la digue ; tout, alors, est imprévu, et dans ce cas il n’est guère possible que l’ode monte plus haut que son début : mais aussi le poète, s’il a du goût, doit s’arrêter précisément à l’endroit où il commence à descendre. […] La forme de l’ode est différente suivant le goût des peuples où elle est en usage.

80. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVI. des qualités essentielles du style. — clarté, pureté  » pp. 217-229

Mais les esprits sains dédaigneront toujours ce goût des doctrines ésotériques, comme parlaient les anciens, qui fait des vérités les plus essentielles à tous le privilége exclusif de quelques initiés, et une lettre close pour la majorité de ceux même qui veulent les étudier. […] Mais là, comme ailleurs, je demande le goût et la circonspection. S’il est des pertes à regretter, à réparer même, autant que possible, il me semble ridicule de galvaniser, en quelque sorte, des mots que la raison, le goût ou le sentiment de l’harmonie ont tués depuis longtemps.

81. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Guizot. Né en 1787. » pp. 469-478

C’est de lui que date l’ère de la science proprement dite. » Le goût des spéculations générales, la profondeur et la gravité des maximes, des vues supérieures, des leçons éloquentes sur la part qui revient à chacun dans la bonne ou la mauvaise fortune des sociétés, l’art magistral de classer les idées, de les faire manœuvrer avec puissance et précision, l’autorité qui domine un sujet et juge de haut toutes les questions : tels sont les mérites éminents de ce grand esprit qui aborda l’histoire en homme d’État, prédestiné aux luttes et aux triomphes de la parole. […] Il était planteur de famille et de goût, et voué à ces intérêts, à ces habitudes, à cette vie agricole qui faisaient la vigueur de la société américaine. […] Conseils à la jeunesse 2 Jeunes élèves, Au milieu des agitations publiques, vous avez vécu tranquilles et studieux, renfermant dans l’enceinte de nos écoles vos pensées comme vos travaux, uniquement occupés de vous former à l’intelligence et au goût du beau et du vrai.

82. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre IX. » pp. 98-101

Nous eûmes beaucoup de ces ouvrages du temps du cardinal de Richelieu  c’était son goût, ainsi que celui des Espagnols  il aimait qu’on cherchât d’abord à peindre les mœurs et à arranger une intrigue, et qu’ensuite on donnât des noms aux personnages, comme on en use dans la comédie : c’est ainsi qu’il travaillait lui-même, quand il voulait se délasser du poids du ministère. Le Venceslas de Rotrou est entièrement dans ce goût, et toute cette histoire est fabuleuse… Un sujet de pure invention, et un sujet vrai, mais ignoré, sont absolument la même chose pour les spectateurs  et comme notre scène embrasse des sujets de tous les temps et de tous les pays, il faudrait qu’un spectateur allât consulter tous les livres avant qu’il sût si ce qu’on lui représente est fabuleux ou historique.

83. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXII. des figures. — figures par rapprochement d’idées semblables  » pp. 301-322

… » Le Chemin de traverse est en partie dans ce goût. […] Ainsi les jolis vers de madame Deshoulières à ses enfants, Dans ces près fleuris Qu’arrose la Seine…, ce qu’elle a fait de mieux, à mon goût. […] Bien des métaphores tirées de l’ouïe, de l’odorat, du goût, des êtres inanimés et abstraits, ne peuvent se peindre, et n’en sont pas moins des métaphores. […] Elle rapproche souvent à l’aide d’un mot des idées complétement disparates, et court risque de tomber alors dans des allusions verbales qu’un goût difficile n’approuve pas toujours.

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