On remarque aujourd’hui les mêmes différences entre le style des Français, des Espagnols, des Allemands et des Anglais. […] Les écrivains français du dix-septième siècle sont presque tous remarquables par le naturel du style. […] Cette figure très fréquente dans les langues anciennes est moins usitée dans la prose française. […] Les poètes français sont parfois admirables dans leurs tableaux. […] L’exercice de la versification française a une véritable utilité, même pour ceux qui n’ont pas reçu de la nature le génie poétique.
Regardez si je ferai jamais de beaux discours qui me valent tant, et, s’il n’eût pas été bien mal à propos qu’en cette occasion, sous ombre que je suis à l’Académie, je me fusse piqué de parler bon français. […] Les soldais français le croient encore. […] Aux mulets rassemblés de toute la Suisse ont été ajoutés les traîneaux, les brancards, tous les moyens de transport que le génie de l’administration française ou les habitudes de la contrée ont pu fournir. […] Nous ne saurions citer un meilleur exemple pratique que le brillant Discours de Buffon sur le style, prononcé le jour de sa réception à l’Académie française. […] Buffon, Discours de réception à l’Académie française.
Fidèles aux vœux de leur institution, les premiers académiciens se firent un devoir de le respecter, et rendirent à la langue française des services aussi réels que mal appréciés depuis. […] L’influence salutaire de l’académie française ne tarda pas à se faire remarquer ; et les progrès du langage et de l’éloquence sont déjà très sensibles dans Pélisson, le premier orateur digne d’être cité que nous présentent les fastes académiques.
L’Histoire de l’Académie française, commencée par Pélisson, et continuée par l’abbé d’Olivet et quelques autres secrétaires perpétuels, montre comment ce corps littéraire s’est établi ; quels sont ses statuts, les lieux, les jours et la forme de ses assemblées ; ce qui s’y est passé de-remarquable ; ce qu’il a fait depuis son institution et quels sont ceux de ses membres qui se sont le -plus distingués. […] Entre ces éloges historiques, il faut distinguer ceux de d’Alembert, qui, secrétaire de l’Académie française de 1772 à 1783, a fait la biographie presque complète des deux générations littéraires qui l’avaient précédé, imitant avec plus de liberté et d’idées les éloges historiques de Pélisson et de d’Olivet ; et, sur les points qu’ils n’avaient pas touchés, remontant jusqu’en plein xviie siècle, à Bossuet et à Boileau, à Fénelon, Fléchier, Massillon, l’abbé Fleury, pour revenir, à travers les talents du second ordre et les esprits élégants du xviiie siècle, jusqu’au maréchal de Villars, et même à son fils et successeur académique, le duc de Villars63. […] Millot était de l’Académie française ; il écrivait très purement ; et, si son style manquait un peu d’animation, on peut dire que c’est dans le genre qui en a le moins besoin. […] Le mot commentaire, en français, prend ordinairement un autre sens. […] Villemain, secrétaire perpétuel de l’Académie française, qui annonce, dans un morceau bien intéressant communique à une de nos Revues littéraires, son projet de continuer l’histoire de l’Académie française depuis 1772, année où d’Alembert s’arrête.
De nos jours, quelle différence ne trouve-t-on pas entre le style des Français, des Allemands, des Anglais et des Espagnols ? […] Ce style convient parfaitement à l’esprit français, qui aime à revêtir une allure vive et franche, une tournure originale et piquante, une clarté lumineuse : on peut s’en convaincre en lisant nos auteurs. […] Nos vieux auteurs français sont empreints d’une naïve simplicité qui paraît avoir été le caractère propre de l’esprit gaulois. […] La langue française, quoique supportant l’inversion plus rarement que les autres langues, l’admet pourtant souvent, surtout en poésie. […] Sénèque, chez les Latins, Fléchier, Victor Hugo, chez les Français, ont fait un abus fréquent de l’antithèse.
Si, dans ses débuts, il prit un malin plaisir à scandaliser les fidèles du temple classique par des écrits qui se ressentaient du voisinage orageux des romantiques, même sous ces déguisements dont il était le premier à sourire, il se signalait déjà par la décision de son style, l’entrain dramatique de son invention, et la franchise d’un esprit dont le tempérament est français par essence. […] Tout est nécessaire, décisif, et court au but, à outrance, avec une sorte de furie française. […] Son style est aussi français que celui de Voltaire.
Ce poème, écrit avec une haute raison et le plus harmonieux langage, a valu à son auteur le titre de législateur du Parnasse français, et passe communément pour son chef-d’œuvre. […] Une courte digression renferme l’histoire de la poésie française depuis Villon jusqu’à Malherbe. — Le second chant traite du genre pastoral, de l’élégie, de l’ode, du sonnet, de l’épigramme et de quelques autres poésies fugitives, et de la satire. — Dans le troisième chant, le poète expose en détail les règles relatives à la tragédie, à l’épopée et à la comédie. — Boileau est beaucoup plus complet que ses prédécesseurs ; cependant, il n’a parlé ni de la fable, ni de l’opéra, ni de la poésie didactique ; et cette regrettable lacune n’a pu être comblée jusqu’à ce jour, malgré les tentatives de quelques auteurs.
Ce fut lui qui devint, après Richelieu, le protecteur de l’Académie française. […] Nisard a donné une traduction française. […] En somme, quelle que soit l’inégalité de ce style, il a au plus haut point le cachet de l’esprit français ; il est vif, pittoresque, lucide, ému, impétueux.
Il est l’intermédiaire qui unit la plus glorieuse époque des lettres françaises à une autre époque où leur éclat, moins pur, ne s’est pas encore obscurci. […] Le poëte français a voulu se montrer, dans ce sujet, plus régulier, plus méthodique et aussi plus moral que ses principaux devanciers, Horace (I, 35) et Pindare (XIIe Olymp.) : c’est ce qu’annonce tout aussitôt ce début plein de gravité. […] « Cette cantate de Circé, dit La Harpe, est un morceau à part ; elle a toute la richesse et l’élévation des plus belles odes de Rousseau, avec plus de variété : c’est un des chefs-d’œuvre de la poésie française. » 5.
2° Le singulier pour le pluriel et réciproquement comme : Le Français, pour les Français ; Le Breton, pour les Bretons ; Les peuples, pour le peuple ; L’oiseau, pour les oiseaux, etc. […] L’un fait l’éloge du grand Condé ; l’autre témoigne des regrets sur la défaite des Français à Hochstedt. […] Autres exemples : Français, Anglais, Lorrains, que la fureur assemble, Avançaient, combattaient, frappaient, mouraient ensemble. […] Delille, dans ses Géorgiques françaises, décrit ainsi l’incertitude du cerf, au moment où il entend retentir le cor dans les bois : ……… Du cor bruyant j’entends déjà les sons ; L’ardent coursier déjà sent tressaillir ses veines, Bat du pied, mord le frein, sollicite les rênes. […] « Français, s’écrierait-il, que sont devenus ces vaisseaux que j’ai commandés, ces flottes victorieuses qui dominaient sur l’Océan ?
C’est là que l’on trouve ce fameux morceau sur la guerre, et cette définition de la véritable valeur de l’officier français, opposée à celle du simple soldat abandonné à lui-même. […] Ce n’est pas en France, surtout, qu’elle peut rencontrer l’ombre d’une application ; et le soldat français ne ressemble pas plus à celui dont parle ici Voltaire, que les hordes les plus barbares ne ressemblent aux nations les plus civilisées.
C’est une époque bien glorieuse pour les lettres françaises, et qui justifie bien heureusement ce qu’un ancien a dit de l’étude des belles-lettres en général, qu’elles ne laissaient rien de barbare dans le cœur qui les aimait : Emollit mores, nec sinit esse feros. […] Nous n’étions pas nés dans la république de Platon, ni même sous les premières lois d’Athènes, écrites de sang, ni sous celles de Lacédémone, où l’argent et la politesse étaient un crime ; mais dans la corruption des temps, dans le luxe inséparable de la prospérité des états, dans l’indulgence française, dans la plus douce des monarchies, non seulement pleine de liberté, mais de licence.
On trouvera ces stances célèbres sur l’Amour de la retraite dans nos Morceaux choisis des Classiques français à l’usage de la classe de quatrième. […] Il devint membre de l’Académie française à la fondation de ce corps en 1635, et ce ne fut qu’à la fin de sa longue carrière qu’il s’occupa de la traduction des Psaumes, où l’on trouve un accent assez ferme, mais où manque trop souvent le sentiment de la couleur originale.
Voiture 1598-1648 [Notice] Fils d’un fermier des vins qui fut échevin d’Amiens, protégé par son condisciple le comte d’Avaux, recherché des grands qu’il amusait en les flattant, devenu la merveille de l’hôtel de Rambouillet, maître des cérémonies chez Gaston d’Orléans, favori tour à tour de Richelieu et de Mazarin, interprète des ambassadeurs près de la reine, reçu à l’Académie française qui porta officiellement son deuil, Voiture fut un bel esprit, heureux et habile, dont le souvenir est inséparable de la société polie au milieu de laquelle s’épanouirent ses agréments. […] Regardez si je ferai jamais de beaux discours qui me valent tant, et s’il n’eût pas été mal à propos qu’en cette occasion, sous ombre que je suis de l’Académie, je me fusse piqué de parler bon français.
Notre pénurie de lecteurs va si loin qu’il est tel membre de l’Académie française auquel ce talent a peut-être bien ouvert les portes de l’Institut et qu’on rappelle comme une merveille l’art de Casimir Delavigne, dont la récitation vive et spirituelle séduisait, fascinait, même les membres du comité de lecture à la Comédie française. […] Les vers français réclament quelques observations toutes particulières. […] C’est vraiment une insulte à nos classiques français que notre ânonnement traditionnel. […] Ne serais-je Français et libre que de nom ? […] Casimir Périer les sentiments des juges les plus difficiles, comme du public français et européen.
L’Académie française l’ayant élu, sans qu’il sollicitât ses suffrages, il prouva par son Discours sur le style (1753) qu’il était maître dans l’art de composer et d’écrire : ses préceptes valurent ses exemples. […] Lettre à M. de la Condamine1 lors de sa réception a l’Académie française Du génie pour les sciences, du goût pour la littérature, du talent pour écrire, de l’ardeur pour entreprendre, du courage pour exécuter, de la constance pour achever, de l’amitié pour vos rivaux, du zèle pour vos amis, de l’enthousiasme pour l’humanité : voilà ce que vous connaît un ancien ami, un confrère de trente ans, qui se félicite aujourd’hui de le devenir pour la seconde fois. […] Discours prononcé par Buffon à l’Académie française, le jour de sa réception, le 25 août 1753. […] Charles-Marie de la Condamine (1701-1774), de l’Académie française en 1761, célèbre voyageur français.
Vous êtes nés Français, et je suis votre roi, Voilà vos ennemis, marchez et suivez-moi. […] Mes enfants, les blancs vous regardent, dit le marquis de Saint-Pern, à Crevelt, aux grenadiers français, et les grenadiers restent exposés au feu du canon.
Je saisirai toutes les occasions de consacrer ou de réhabiliter, dans un ouvrage classique, la mémoire des hommes qui ont honoré les lettres françaises par leurs mœurs, leurs talents, et l’usage respectable qu’ils en ont fait. […] Il y a, en général, plus de mouvement dans ces vers, plus de cette précision énergique qui ajoute à l’effet général du tableau, que dans la traduction du poète français. […] Son dernier vers est exactement celui du poète français : Abborr’d by men, and dreadful e’en to gods.