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34. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XV. de l’élocution  » pp. 203-216

Après l’avoir comparé à une beauté négligée qui a des grâces d’autant plus touchantes qu’elle n’y songe pas ; à un repas sans magnificence, mais où règne le bon goût avec l’économie ; « on n’y trouve, dit-il, aucune de ces figures de rhéteur qui semblent des piéges tendus pour séduire. » Les figures de répétition, qui veulent une prononciation forte et animée, ne s’accorderaient pas non plus avec ce ton modeste et simple ; mais il n’exclut pas les autres figures de mots, pourvu que les phrases soient coupées et toujours faciles, et les expressions conformes à l’usage, que les métaphores ne soient pas trop hardies, ni les figures de pensée trop ambitieuses. […] pour le même motif qui lui a fait proscrire tout à l’heure les figures de répétition. […] Mais le ton de l’orateur et du poëte, dès que le sujet est grand, doit toujours être sublime, parce qu’ils sont les maîtres de joindre à la grandeur de leur sujet autant de couleur, autant de mouvement, autant d’illusion qu’il leur plaît, et que devant toujours peindre et toujours agrandir les objets, ils doivent aussi partout employer toute la force et déployer toute l’étendue de leur génie. » Maintenant, il nous reste à étudier les qualités essentielles de l’élocution, c’est-à-dire celles qui conviennent à tous les tons ; les qualités accidentelles, c’est-à-dire celles qui ne conviennent que dans tel ou tel ton ; et enfin les ornements dont l’élocution est susceptible, et que l’on comprend sous le nom général de figures.

35. (1854) Éléments de rhétorique française

Des figures de pensées. […] Figures descriptives. […] Figures passionnées. […] Des figures de mots. […] Des figures de mots appelées tropes.

36. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre Ier. Des exercices préparatoires à la composition » pp. 209-224

C’est dans les bons orateurs, dit Quintilien, qu’il faut prendre l’abondance et la richesse des termes, la variété des figures et la manière de composer. […] Par là on acquiert la justesse et la beauté de l’expression, la richesse des figures, la facilité d’élocution ; et, dans cette imitation des auteurs les plus recommandables, on prend insensiblement des tours et des pensées semblables aux leurs. […] Nous avons traité de la comparaison et de la gradation à l’article des figures. Quant à l’expolition, elle consiste à insister de plusieurs manières sur la même idée, pour la travailler, l’éclaircir, la développer et la rendre plus intéressante. — A ces différentes sortes d’amplification par les pensées, nous ajouterons celle qui se fait par le moyen des figures de pensées en général, comme on peut le voir dans le monologue bien connu où Marmontel a trouvé moyen de réunir presque toutes les figures.

37. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

Je vous avertirai que le monde est une figure trompeuse qui passe, et que vos richesses, vos plaisirs, vos honneurs passent avec lui. […] Voyez le Petit traité des figures, § 40, p. 80. […] Petit traité des figures, lieu cité. […] Petit traité des figures, § 33, p. 114. […] Petit traité des figures et des formes de style, § 61, p. 148.

38. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Introduction »

Ce premier volume traite de la formation de la langue, des qualités et des défauts de la phrase, du style, de la liaison des idées entre elles, des figures de rhétorique qui embellissent le discours, des différentes espèces de styles, et de l’application du style à la narration, à la dissertation et aux lettres. […] Ces éléments de rhétorique concernent : 1° les trois genres de causes: le Délibératif, le Démonstratif et le Judiciaire ; 2° les trois grandes parties de la rhétorique : Invention, Disposition et Élocution ; 3° les divisions de chacune d’elles, à savoir : les faits, le raisonnement, les passions ; 4° la disposition oratoire ; 5° l’emploi des figures ; 6° quelques conseils sur l’action, le geste, la prononciation et la mémoire. […] C’est de lui que nous vient cet art ingénieux De peindre la parole et de parler aux yeux ; Et par les traits divers de figures tracées Donner de la couleur et du corps aux pensées. […] Sujets à des altérations continuelles, les mots perdaient souvent leur figure, et une science nouvelle, la Grammaire, fut inventée afin de leur conserver une physionomie immuable autant que possible.

39. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Parmi les figures, il choisit toujours les plus simples et les plus naturelles. […] Il est sobre de figures et de mouvements, et ne se distingue presque du style simple que par un caractère plus soutenu de force et de noblesse. […] Ses pensées sont tour à tour vives, frappantes, profondes, ingénieuses, il ne rejette pas les figures de symétrie ; il évite celles de mouvement et de suspension. […] Pensées ingénieuses, expressions frappantes, tours et figures agréables, arrangement nombreux et périodique. […] Le tour en est grand, les pensées nobles, le style sublime et magnifique, les expressions fortes, les figures hardies ; tout y est plein de choses et d’idées qui frappent l’esprit et saisissent l’imagination.

40. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XI. du corps de l’ouvrage. — narration, description  » pp. 146-160

L’allégorie, la comparaison, la métaphore même et la plupart des figures ne sont que des descriptions plus ou moins prolongées. […] Comme l’invention des figures en pareille matière est naturelle et facile, la servilité de l’imitateur s’y fait pardonner malaisément. […] Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée, Ces aigles, ces faisceaux, ce peuple, cette armée, Cette foule de rois, ces consuls, ce sénat, Qui tous de mon amant empruntaient leur éclat ; Cette pourpre, cet or, que rehaussait sa gloire, Et ces lauriers encor témoins de sa victoire : Tous ces yeux qu’on voyait venir de toutes parts Confondre sur lui seul leurs avides regards… Dans le sac de Troie, Andromaque ne voit que Pyrrhus, le suit partout des yeux, et à mesure qu’elle le suit, les objets se lèvent en quelque sorte, mais vagues et confus, autour du meurtrier d’Hector, dont les traits seuls sont fermes et bien accusés : Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle ; Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants, Entrant à la lueur de nos palais brûlants, Sur tous mes frères morts se faisant un passage, Et de sang tout couvert, échauffant le carnage. […] Los rhéteurs, toujours disposés à multiplier les subdivisions, ont assigné à chaque espèce de description un nom spécial, en les rangeant mal à propos, ce me semble, parmi les figures de pensée. […] Vous verrez, quand il sera question des figures, pourquoi de toutes ces formes la prosopopée qui substitue des êtres fantastiques aux êtres réels est la seule qui me paraîtrait pouvoir se rattacher au style figuré, en se plaçant auprès de l’allégorie.

41. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre III. De la forme extérieure de la poésie » pp. 22-70

C’est pour cette raison que les pensées, les mots, les tours, les figures ont, dans la poésie, un degré de hardiesse, de liberté, qui paraîtrait excessif dans la prose. […] Quelles sont les figures dont l’usage est le plus fréquent en poésie ? Les figures que l’on retrouve le plus souvent dans la poésie, à cause de l’éclat qu’elles lui donnent, sont l’hyperbole, la métaphore, la prosopopée, la similitude, la comparaison. […] On trouve des vers qui ont la rime, l’hémistiche, le nombre des syllabes ou des pieds ; qui ont même certaines figures et certains tours poétiques, et qui cependant n’ont point ce goût, cette saveur que l’on remarque dans ce qui est réellement vers ; on dit : ce vers est prosaïque. […] La rime masculine est celle qui se termine par un son plein et sonore, où ne figure pas l’e muet suivi ou non de s, nt.

42. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre premier. De la lettre. »

Ne quittez jamais le naturel ; quand le tour s’y est formé, cela compose un style parfait. » Quelque simple que soit ce précepte, quelque facile qu’il soit à suivre, les jeunes gens se tourmentent l’imagination pour faire de belles phrases et parsemer leurs lettres de fleurs et de figures. […] Qu’on se figure qu’on est au milieu d’un salon, et qu’on expose un fait devant une société choisie. […] Les figures sont clairsemées dans une correspondance. […] Il s’agit de peines qu’il faut mutuellement s’épargner, et la figure fait ressortir habilement le désagrément de cette position.

43. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre VI. » pp. 89-94

Le simple trait d’une figure.] […] En effet, ni le mètre, ni les figures, ni la pompe du style, ni la justesse des métaphores, ni l’harmonie, ni le nombre ne sauraient avoir autant de douceur et de grâce qu’une fable bien conduite. Aussi, comme, dans la peinture, le coloris fait plus que le dessin, par sa ressemblance avec la figure humaine et par l’illusion qu’il produit, de même, en poésie, une fiction probable nous frappe et nous plaît beaucoup plus qu’un arrangement pompeux de vers et de mots sans action et sans fable.

44. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XIX. »

Les figures.] Voy. la Rhétorique, II, 24  III, 8 et 10, et remarquez que l’auteur n’entend pas ici σχήματα τῆς λέξεως précisément dans le sens que les rhéteurs ont consacré plus tard pour les figures de pensée, mais dans un sens plus général, à peu près comme Denys d’Halicarnasse (Sur Thucydide, chap. 

45. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre IV. — De l’Élocution »

Cette dernière partie comprend : 1° Les qualités générales et les défauts de la phrase ; 2° L’harmonie et ses quatre espèces, qui sont : l’harmonie des mots, des phrases, imitative et des périodes ; 3° Le choix des pensées ; 4° Les rapports des pensées entre elles, qui sont : l’Unité, la Transition et la Gradation ; 5° Les figures de grammaire ou Tropes ; 6° Les figures en général ; 7° Les qualités particulières du style, qui caractérisent le style simple, le tempéré et le sublime.

46. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Le style est la physionomie de la pensée, comme la figure est l’expression du caractère. […] Elle distingue deux sortes de figures : les figures de mots, qu’elle appelle tropes, du mot grec τρίπω, tourner, parce qu’elles changent la signification des mots, et les figures de pensées, qui sont les gestes et les attitudes du discours. […] Il n’y a pas de langues plus riches en figures que celles des peuples primitifs et ignorants. […] Un autre, qui n’a de l’orateur ni la taille, ni le port, ni le geste, ni la figure, est cependant un orateur, et le plus puissant peut-être de nos orateurs. […] Voir le Tableau des figures.

47. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Canevas

Sur quelle figure est fondée cette simplicité ? […] Quelle est la figure le plus facile à apercevoir ? […] De l’emploi tic quelle figure ce morceau tire-t-il sa vivacité ? […] Point de figures ni de tournures étudiées : soyez grave. […] [Vous y verrez peu de figures de mots ; il faudra vous attacher à faire sentir les figures oratoires.

48. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Rabelais, 1483-1553 » pp. -

Fixé à Lyon, où il figure en 1536 comme médecin du grand hôpital2, il fut bientôt compromis dans un procès d’hérésie, mais s’abrita sous la pourpre d’un prélat qui le sauva de ce mauvais pas. […] Créateur et peintre, il a, comme dit Montaigne, fureté tout le magasin des termes et des figures. […] En mode et en figure. On entendait par mode du syllogisme l’ordre dans lequel sont disposées les propositions, et par figure l’ordre dans lequel sont disposés les termes.

49. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. Nous distinguerons d’abord, dans les écrivains sacrés, l’emploi judicieux des figures qui contribuent le plus à rendre la diction vraiment poétique ; et nous nous arrêterons spécialement à celles que nous avons fait connaître dans le cours de notre ouvrage, et que nous avons appuyées des exemples les plus célèbres dans les poètes anciens. […] Comme il n’y a point de figure qui caractérise mieux que la prosopopée cet état d’exaltation de l’âme, où tout ce qui lui échappe est nécessairement sublime, il n’en est point qui soit plus familière aux poètes inspirés, qui se place plus naturellement sous leur plume, et dont ils tirent un parti plus brillant. […] Mais si l’on veut avoir une idée complète de tout l’effet que peut produire la plus belle des figures, employée par le plus sublime poète, il faut la chercher dans le chant triomphal d’Isaïe, sur la chute et la mort du tyran de Babylone.

50. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

La figure produit son effet et nous voilà tout entier à ce grand spectacle. […] Dans l’action comme dans l’élocution et les figures, c’est le premier maître à suivre, l’art ne vient que le second. […] Le geste sera indiqué par les petites figures. […] La rime masculine est celle qui se termine par un son plein où ne figure point l’e muet. […] Or, cet emploi des figures concerne aussi bien les narrations et les petits genres de composition que l’art oratoire.

51. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VIII. De l’Oraison funèbre. »

Quelle pompe dans cette figure, et quelle vérité en même temps ! […] » Voilà ce qu’on trouve partout, ce que l’on cite, ce que l’on fait admirer aux jeunes gens comme un modèle de figure : mais ce qui suit, mais ce tableau où le désordre de la douleur est si bien exprimé, était-il donc moins digne d’être cité, et moins fait pour exciter l’admiration ? […] « Tant que nous sommes détenus dans cette demeure mortelle, nous vivons assujétis aux changements, parce que, si vous me permettez de parler ainsi, c’est la loi du pays que nous habitons. — Mais aussitôt qu’on cesse pour nous de compter les heures, et de mesurer notre vie par les jours et par les années, sortis des figures qui passent et des ombres qui disparaissent, nous arrivons au règne de la vérité, où nous sommes affranchis de la loi des changements ».

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