Son premier rang mit le genou en terre : il était armé de piques et de fusils ; les soldats extrêmement serrés présentaient aux chevaux des ennemis une espèce de rempart hérissé de piques et de baïonnettes ; le second rang, un peu courbé sur les épaules du premier, tirait par-dessus ; et le troisième debout faisait feu en même temps derrière les deux autres4. […] Le kan des Tartares et le bacha, qui voulaient prendre le roi en vie, honteux de perdre du monde et d’occuper une armée entière contre soixante personnes, jugèrent à propos de mettre le feu à la maison pour obliger le roi à se rendre. […] Le roi donna tranquillement ses ordres pour éteindre le feu : trouvant un petit baril plein de liqueur, il prend le baril lui-même, et, aidé de deux Suédois, il le jette à l’endroit où le feu était le plus violent ; il se trouva que ce baril était rempli d’eau-de-vie ; mais la précipitation inséparable d’un tel embarras empêcha d’y penser. L’embrasement redoubla avec plus de rage : l’appartement du roi était consumé ; la grande salle où les Suédois se tenaient était remplie d’une fumée affreuse mêlée de tourbillons de feu qui entraient par les portes des appartements voisins ; la moitié du toit était abîmée dans la maison même ; l’autre tombait en dehors en éclatant dans les flammes. […] « Voilà un étrange homme, dit le roi, qui s’imagine qu’il n’est pas plus beau d’être brûlé que d’être prisonnier. » Un autre garde, nommé Rosen, s’avisa de dire que la maison de la chancellerie, qui n’était qu’à cinquante pas, avait un toit de pierres, et était à l’épreuve du feu, qu’il fallait faire une sortie, gagner cette maison et s’y défendre. « Voilà un vrai Suédois !
Quel feu ! […] Une horrible pluie de feu tombant du ciel à grands flots, s’unit au feu allumé dans les entrailles de la terre. […] Tous les habitants de cette terre proscrite, périrent dans le feu ; tous les animaux furent exterminés. […] Ils peignent avec plus de feu et de précision : ils peignent même souvent d’un seul trait. […] Tout brûle des feux de l’été.
Quatre ou cinq gerbes de lumière, qui s’élèvent du couchant jusqu’au zénith2, bordent de franges d’or les sommets indécis de cette barrière céleste, et vont frapper des reflets de leurs feux les pyramides des montagnes aériennes qui semblent alors être d’argent et de vermillon. […] C’était vers la fin de décembre, lorsque, pendant trois semaines, le soleil échauffe l’Ile-de-France de ses feux verticaux. […] Les sommets des montagnes les rassemblaient autour d’eux, et de longs sillons de feu sortaient de temps en temps de leurs pitons embrumés. […] Tout à coup j’entends son cri, je vole à sa voix : l’infortuné, foudroyé par le vent du feu, était tombé mort sur l’arène, et son dromadaire avait disparu. […] Je m’assis à quelque distance, tenant mon cheval en main et n’espérant plus qu’en celui qui changea les feux de la fournaise d’Azarias en un vent frais et une douce rosée.
au feu ! […] Mais je vis la maison de Guitaut toute en feu ; les flammes passaient par-dessus la maison de madame de Vauvineux. […] Nous étions dans la consternation ; le feu était si allumé qu’on n’osait en approcher, et l’on n’espérait la fin de cet embrasement qu’avec la fin de la maison de ce pauvre Guitaut. […] Des capucins, pleins de charité et d’adresse, travaillèrent si bien qu’ils coupèrent le feu. […] Vous m’allez demander comment le feu s’était mis à cette maison ; on n’en sait rien ; il n’y en avait point dans l’appartement où il a pris.
Que le courroux du ciel allumé par mes vœux, Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux ! […] Les vents orageux sont vos Ministres, et le feu brûlant exécute vos ordres…. […] Les feux célestes le couronnent, Et les flammes qui l’environnent, Sont ses vêtements éternels. […] Une armée en marche est, sous ses pinceaux, un feu dévorant, qui poussé par les vents, consume la terre devant lui . […] Le feu vengeur s’allume, et le son des trompettes Va réveiller les morts dans leurs sombres retraites.
Il en est de même des expressions suivantes qui sont employées dans leur sens propre ; la colère d’Achille, le feu brûle, un rayon de soleil, la chaleur du feu ; et dans un sens figuré : la colère des flots, le feu d’un diamant, le feu des yeux, un rayon d’espérance, la chaleur du combat, le torrent bondit, une colonne de feu, le lever du soleil des flots de sang. […] Le nom des dieux du paganisme se prend pour la chose à laquelle ils présidaient : Vulcain pour le feu, Mars pour la guerre, Neptune pour la mer, les Muses pour les beaux-arts, Apollon pour la poésie, etc. […] Rien ne peut arrêter sa vigilante audace : L’été n’a point de feux, l’hiver n’a point de glace. […] Il t’aborde, et sans différer marchant aux rebelles, il essuie leur feu, les charge, les met en fuite, et les force enfin dans les villes et les bourgs qui leur servaient de retraite. […] II, nº 29. — 2° Le Coin du feu, par Delille.
Avoir parcouru l’un et l’autre hémisphère, traversé les continents et les mers, surmonté les sommets sourcilleux de ces montagnes embrasées où des glaces éternelles bravent également et les feux souterrains et les ardeurs du midi ; s’être livré à la pente précipitée de ces cataractes écumantes, dont les eaux suspendues semblent moins rouler sur la terre que descendre des nues ; avoir pénétré dans ces vastes déserts, dans ces solitudes immenses, où l’on trouve à peine quelques vestiges de l’homme, où la nature, accoutumée au plus profond silence, dut être étonnée de s’entendre interroger pour la première fois ; avoir plus fait, en un mot, par le seul motif de la gloire des lettres, que l’on ne fit jamais par la soif de l’or : voilà ce que connaît de vous l’Europe, et ce que dira la postérité. […] L’homme Tout marque dans l’homme, même à l’extérieur, sa supériorité sur tous les êtres vivants ; il se soutient droit et élevé, son attitude est celle du commandement, sa tête regarde le ciel1 et présente une face auguste2 sur laquelle est imprimé le caractère de sa dignité ; l’image de l’âme y est peinte par la physionomie ; l’excellence de sa nature perce à travers les organes matériels, et anime d’un feu divin3 les traits de son visage ; son port majestueux, sa démarche ferme et hardie, annoncent sa noblesse et son rang4 ; il ne touche à la terre que par ses extrémités les plus éloignées, il ne la voit que de loin5, et semble la dédaigner ; les bras ne lui sont pas donnés pour servir de piliers d’appui à la masse de son corps ; sa main ne doit pas fouler la terre, et perdre par des frottements réitérés la finesse du toucher dont elle est le principal organe ; le bras et la main sont faits pour servir à des usages plus nobles, pour exécuter les ordres de la volonté, pour saisir les choses éloignées, pour écarter les obstacles, pour prévenir les rencontres et le choc de ce qui pourrait nuire, pour embrasser et retenir ce qui peut plaire, pour le mettre à portée des autres sens. […] C’est surtout dans les yeux3 qu’elles se peignent et qu’on peut les reconnaître : l’œil appartient à l’âme plus qu’aucun autre organe ; il semble y toucher, et participer à tous ses mouvements ; il en exprime les passions les plus vives et les émotions les plus tumultueuses, comme les mouvements les plus doux et les sentiments les plus délicats ; il les rend dans toute leur force, dans toute leur pureté, tels qu’ils viennent de naître ; il les transmet par des traits rapides qui portent dans une autre âme le feu, l’action, l’image de celle dont ils partent : l’œil reçoit, et réfléchit en même temps la lumière de la pensée, et la chaleur du sentiment : c’est le sens de l’esprit, et la langue de l’intelligence4. […] Il serait superflu de vous raconter comme il sait ménager les éléments, après tant de sortes de miracles qu’il fait faire tous les jours aux plus intraitables, je veux dire au feu et à l’eau, ces deux grands ennemis, qui s’accordent néanmoins à nous servir dans des opérations si utiles et si nécessaires. […] La Bruyère disait : « Les comparaisons tirées d’un fleuve dont le cours, quoique rapide, est égal et uniforme, où d’un embrasement qui, poussé par les vents, s’épand au loin dans une forêt où il consume les chênes et les pins, ne leur fournissent aucune idée de l’éloquence ; montrez-leur un feu grégeois qui les surprenne, ou un éclair qui les éblouisse, ils vous quittent du bon et du beau. » (Caractères, chap.
Bientôt le travail de production se ralentit : les œuvres originales n’apparaissent plus que de loin en loin, pareilles aux plantes attardées, pâles éclosions des derniers feux de l’automne. […] Il se fait alors des silences terribles, menaçants comme le calme qui précède les grands orages, Qu’un homme alors monte sur une borne, qu’il trouve le mot de la situation, le mot qui grondait sourdement au fond de tous les cœurs, et qui tout à l’heure éclatera comme un tonnerre sur la cité en feu, aussitôt voilà les passions déchaînées. […] Je plaidais pour un paysan accusé d’avoir volontairement mis le feu à sa maison. […] D’abord jetez-moi au feu vos livres de rhétorique : vous en avez tiré au collége tout ce que vous en pouviez tirer : vous n’en avez pas plus besoin aujourd’hui que de votre première grammaire ou de votre premier dictionnaire. […] Je ne puis qu’allumer en vous le feu sacré ; c’est au temps à l’entretenir.
Cette espèce de métalepse forme image, il semble que l’on voie les domestiques près du feu. […] Si nous le considérons selon la nature, c’est un feu qu’une maladie et qu’un accident amortissent sensiblement. […] Arrias ne se trouble point, prend feu, au contraire, contre l’interrupteur. […] Du sommet de la montagne qui borne l’horizon, l’astre du jour va s’élancer brillant de tous ses feux. […] Parmi les antithèses il y en a trois fort belles contenues en ces vers : Les feux croisent les feux, le fer frappe le fer.
C’est par cette raison que ceux qui écrivent comme ils parlent, quoiqu’ils parlent très-bien, écrivent mal1 ; que ceux qui s’abandonnent au premier feu de leur imagination prennent un ton qu’ils ne peuvent soutenir ; que ceux qui craignent de perdre des pensées isolées, fugitives, et qui écrivent en différents temps des morceaux détachés, ne les réunissent jamais sans transitions forcées ; qu’en un mot il y a tant d’ouvrages faits de pièces de rapport, et si peu qui soient fondus d’un seul jet. […] Nulle route, nulle communication, nul vestige d’intelligence dans ces lieux sauvages ; l’homme, obligé de suivre les sentiers de la bête farouche, s’il veut les parcourir, contraint de veiller sans cesse pour éviter d’en devenir la proie, effrayé de ses rugissements, saisi du silence même de ces profondes solitudes1, rebrousse chemin et dit : La nature brute est hideuse et mourante ; c’est moi, moi seul qui peux la rendre agréable et vivante : desséchons1 ces marais, animons ces eaux mortes en les faisant couler ; formons-en des ruisseaux, des canaux ; employons cet élément actif et dévorant qu’on nous avait caché, et que nous ne devons qu’à nous-mêmes ; mettons le feu à cette bourre superflue, à ces vieilles forêts déjà à demi consommées ; achevons de détruire avec le fer ce que le feu n’aura pu consumer : bientôt au lieu du jonc, du nénuphar dont le crapaud composait son venin, nous verrons reparaître la renoncule, le trèfle, les herbes douces et salutaires ; des troupeaux d’animaux bondissants fouleront cette terre jadis impraticable ; ils y trouveront une subsistance abondante, une pâture toujours renaissante ; ils se multiplieront pour se multiplier encore : servons-nous de ces nouveaux aides pour achever notre ouvrage ; que le bœuf, soumis au joug, emploie ses forces et le poids de sa masse à sillonner la terre ; qu’elle rajeunisse par la culture ; une nature nouvelle va sortir de nos mains2 Qu’elle est belle, cette nature cultivée ! […] Les Indiens, frappés de l’éclat et du feu que rendent les couleurs de ces brillants oiseaux, leur avaient donné les noms de rayons ou cheveux du soleil… Les petites espèces sont au-dessous de la grande mouche asile2 pour la grandeur, et du bourdon pour la grosseur. […] Avoir parcouru l’un et l’autre hémisphère, traversé les continents et les mers, surmonté les sommets sourcilleux de ces montagnes embrasées où des glaces éternelles bravent également et les feux souterrains et les ardeurs du midi ; s’être livré à la pente précipitée de ces cataractes écumantes, dont les eaux suspendues semblent moins rouler sur la terre que descendre des nues ; avoir pénétré dans ces vastes déserts, dans ces solitudes immenses, où l’on trouve à peine quelques vestiges de l’homme, où la nature, accoutumée au plus profond silence, dut être étonnée de s’entendre interroger pour la première fois ; avoir plus fait, en un mot, par le seul motif de la gloire des lettres, que l’on ne fit jamais par la soif de l’or : voilà ce que connaît de vous l’Europe, et ce que dira la postérité. […] La Bruyère disait : « Les comparaisons tirées d’un fleuve dont le cours, quoique rapide, est égal et uniforme, on d’un embrasement qui, poussé par les vents, s’épand au loin dans une forêt où il consume les chênes et les pins, ne leur fournissent aucune idée de l’éloquence : montrez-leur un feu grégeois qui les surprenne, ou un éclair qui les éblouisse, ils vous quittent du bon et du beau. » (Caractères, chap.
Cependant le spectacle du monde le plus étrange et le moins attendu se présenter à eux : de grands corps énormes qui paraissent avoir des ailes blanches2, qui volent sur la mer, qui vomissent du feu de toutes parts, et qui viennent jeter sur le rivage des gens inconnus, tout écaillés de fer, disposant comme ils veulent des monstres qui courent sous eux, et tenant en leurs mains des foudres dont ils terrassent tout ce qui leur résiste. […] qui a mis le feu à leur disposition ? […] Aussi le feu roi1 se reposait-il entièrement de Paris sur ses soins. […] Un jour, assiégé dans une maison où une troupe nombreuse voulait mettre le feu, il en fit ouvrir la porte, se présenta, parla et apaisa tout.
Faut-il peindre avec feu ? […] Il s’appliquera surtout à corriger par un sens droit la trop grande vivacité de son imagination : jamais l’enthousiasme et le feu de la poésie ne doivent nuire à la progression méthodique des idées, et à la marche régulière de la raison. […] Mais quant au plus grand nombre des autres, on peut dire que l’excessive abondance de l’imagination, et le feu pétillant de l’esprit y refroidissent presque partout le sentiment. […] Son âme échauffée d’un feu divin, nous a embrasés de la même flamme : il faut que ce feu ne perde rien de sa force et de son activité. […] -C., que deux morceaux, où éclatent tout le feu et toute la vivacité du sentiment.
Dans sa turbulence, il eut souvent des instincts de poëte et d’orateur, du feu, de l’entrain, des accès d’enthousiasme, mais rien de soutenu, de suivi, de réglé. […] Il y en a qui ont allumé du feu sous une roche ; ils s’occupent à ranimer une femme expirante, et j’espère1 qu’ils y réussiront. […] Son premier mouvement fut d’aller bien vite à son secrétaire, de prendre les papiers, et de les jeter dans le feu. […] Si vous ne sentez plus la différence de l’homme qui se présente en compagnie, et de l’homme intéressé1 qui agit, de l’homme qui est seul, et de l’homme qu’on regarde, jetez vos pinceaux dans le feu.
Mon filz, mon filz, voyez vous ceste chorde, Ce bois, ce feu, et ce cousteau icy ? […] Par tout regne le jeu Et le gentil Amour chaufe tout de son feu. […] en vain le précipice : Gourez au feu brusler ? le feu vous gèlera ; Noyez-vous ? l’eau est feu, l’eau vous embrasera ; La peste n’aura plus de vous miséricorde ; Estranglez-vous ?
Un feu pur et doux l’anime ; une imagination réglée la colore. […] Cependant tous les gens eurent le temps de se sauver, et onze chevaux s’étant jetés dans l’eau, malgré la rapidité du fleuve, gagnèrent tous les bords, à la faveur des feux qu’on y avait fait allumer aux endroits où ils pouvaient prendre port. […] Si nous le considérons selon la nature, c’est un feu qu’une maladie et qu’un accident amortissent sensiblement ; c’est-un tempérament délicat qui se dérègle, une heureuse conformation d’organes qui s’usent, un assemblage et un certain mouvement d’esprits6 qui s’épuisent et qui se dissipent ; c’est la partie la plus vive et la plus subtile de l’âme qui s’appesantit, et qui semble vieillir avec le corps ; c’est une finesse de raison qui s’évapore, et qui est d’autant plus faible et plus sujette à s’évanouir, qu’elle est plus délicate et plus épurée.
Doué d’une sensibilité qui prenait feu sur toute question, d’une intelligence vive, rapide et capricieuse qui effleurait les sujets les plus divers, il manqua trop souvent de cette délicatesse dont le tact avertit des occasions qui comportent la plaisanterie ou le sérieux ; et il y a dans sa vie des taches qui ne s’effaceront pas, comme dans ses écrits des torts que ses séductions ne sauraient faire oublier. […] Il est semblable au feu, dont la douce chaleur Dans chaque autre élément en secret s’insinue, Descend dans les rochers, s’élève dans la nue, Va rougir le corail dans le sable des mers, Et vit dans les glaçons qu’ont durcis les hivers1. […] Le feu s’allume ; bientôt la marmite est dressée ; les arbres apportés de la forêt sont grossièrement façonnés en pieux et en poutres. […] Les anciens racontent aux conscrits rangés autour du feu les batailles où le régiment a donné avec tant de gloire. […] L’âme est un feu qu’il faut nourrir, Et qui s’éteint s’il ne s’augmente.
Plongeant de chaque roche et de chaque fourré, Le feu de nos chasseurs remontait par degré, Et l’étranger laissait des morts sur chaque étage. […] Nos braves jeunes gens L’écrasaient de leurs feux rapides et plongeants ; Et déjà les rochers, roulant par intervalles, Suffisaient, épargnant le trésor de nos balles1. […] La moisson Les blés hauts et dorés, que le vent touche à peine, Comme un jaune océan, ondulent sur la plaine2 ; D’un long ruban de pourpre, agité mollement, L’aurore en feu rougit ces vagues1 de froment, Et, dans l’air, l’alouette, en secouant sa plume, Chante, et comme un rubis dans le ciel bleu s’allume2.
Les noms terminés au singulier par au, eu, ou, prennent x au pluriel : le bateau, les bateaux ; le feu, les feux ; le caillou, les cailloux 1.