Au théâtre, il tient sa place au-dessous de Corneille et de Racine dont il continue la tradition, tout en cherchant à introduire sur la scène plus d’action, plus de mouvement, des effets pathétiques, des allusions philosophiques, et le savoir-faire d’une industrie timide qui corrige Shakespeare. […] Il n’y a qu’à lire ses Remarques sur le Cid ; la jalousie du cardinal de Richelieu a produit au moins ce bon effet. […] Voici comment Voltaire raconte ce qui se passa : « L’ambassadeur Freytag et un marchand nommé Smith, condamné ci-devant à l’amende pour fausse monnaie, me signifièrent de la part de Sa Majesté le roi de Prusse que j’eusse à ne point sortir de Francfort jusqu’à ce que j’eusse rendu les effets précieux que j’emportais à Sa Majesté. […] Malheureusement cet exemplaire est à Leipsick avec mes autres effets.” […] « Le marchand Smith s’était emparé de tous mes effets, qui me furent rendus plus légers de moitié.
On fait usage de cette figure, quand on prend : 1° La cause pour l’effet. […] La synecdoche diffère de la métonymie en ce que celle-ci prend un nom pour un autre, comme la cause pour l’effet, et l’effet pour la cause, le contenant pour le contenu, le signe pour la chose signifiée, etc. ; tandis que la synecdoche prend le plus pour le moins, ou le moins pour le plus, comme la partie pour le tout, le genre pour l’espèce, etc. […] Cic. — Revereri est l’effet d’une crainte respectueuse. […] Credere, qui veut dire proprement croire, ajouter foi, comme nous le considérons ici, est l’effet de l’estime ; et confidere l’effet de la confiance. […] Fulgere est plus l’effet de l’art, et splendere l’effet de la nature. — Lucere, luire, produire de la lumière.
Aussi quelle élévation dans le génie, quelle vivacité dans l’imagination, quelle justesse dans le discernement ne lui faut-il pas pour produire les grands effets qu’il se propose ! […] Tout discours qui ne produit pas cet effet, n’est pas vraiment éloquent. […] Amour et charité, dont l’effet propre est d’adoucir tout. […] Celles qu’on fait entrer finement dans le corps du récit, de manière qu’elles paraissent essentielles au récit même, y font un meilleur effet que partout ailleurs. […] C’est ainsi qu’il instruit les Princes, non seulement par des discours et par des paroles, mais encore par des effets et par des exemples ».
Dites-vous : « Tel effet oratoire a manqué, tel autre a réussi, » et demandez-vous pourquoi. […] J’en doute, car la passion a dans ses effets spontanés quelque chose de soudain qui saisit l’âme, qui prévient la réflexion et que l’art ne peut imiter. […] Je sais bien que la plupart de ces effets sont préparés à l’avance dans le silence du cabinet. […] La plupart, en effet, semblent sacrifier au respect humain plus qu’au succès de leur cause, et on dirait, à les voir se contraindre et ménager leurs effets, qu’ils ont moins peur d’un échec que du ridicule. […] Souvent les moyens les plus simples produisent les plus grands effets.
Il faut qu’il naisse des incidens mêmes, et qu’il en résulte comme l’effet de sa cause. […] Les expressions les plus naturelles, les pensées les plus simples produiront cet effet à cause de la situation du personnage. […] Dans le premier cas, notre sensibilité n’en est que plus vive, et les effets n’en sont que plus étendus et plus durables. […] Autant que tu l’as pu, les effets l’ont suivie. […] Les descriptions font un très-bel effet dans la tragédie.
Les vaines apparences Je ne veux pas rapporter tous les effets de l’imagination ; je rapporterais presque toutes les actions des hommes, qui ne branlent1 presque que par ses secousses. […] Qu’on ne prétende pas de là néanmoins1 que les choses2 soient égales : car il y a cette extrême différence, que la violence n’a qu’un cours borné par l’ordre de Dieu, qui en conduit les effets à la gloire de la vérité qu’elle attaque ; au lieu que la vérité subsiste éternellement, et triomphe enfin de ses ennemis, parce qu’elle est éternelle et puissante comme Dieu3.
Il est clair que, s’ils ont entre eux quelque liaison, quelque rapport de cause à effet, celui-là devra passer d’abord dont la connaissance est nécessaire à la parfaite intelligence de l’autre. […] Son esprit, toujours juste, malgré son étendue, n’alla que par degrés au projet de la domination ; et, quelque éclatantes qu’aient été depuis ses victoires, elles ne doivent passer pour de grandes actions que parce qu’elles furent toujours la suite et l’effet de grands desseins. […] Il faudrait présenter non seulement les rapports des causes et des effets qui occupent la scène du monde, mais encore les germes plus ou moins développés des catastrophes réservées aux siècles suivants. […] À la lecture, on avait été plus indulgent, parce que les auditeurs, trompés sur l’effet dramatique par la manière séduisante dont l’auteur lisait, avaient oublié de se transporter en idée dans le parterre, et de sentir qu’on y serait infailliblement blessé de cette métamorphose imaginaire, grossièrement et ridiculement démentie par le spectacle lui-même.
Les sentiments intéressent le cœur ou la sensibilité d’où ils partent, et ont pour effet de toucher et de persuader. […] Le sentiment naïf acquiert quelquefois de la vivacité et de l’énergie ; il peut alors produire de grands effets, comme dans ce dialogue : Athalie. […] Toutes les images ne peuvent être transportées d’une langue dans une autre, parce que la facilité d’apercevoir une idée sous une image est souvent un effet de l’habitude, et suppose une convention. […] L’effet que l’on se propose étant d’affecter l’imagination, les traits qui l’affectent le plus doivent avoir la préférence. […] 2° Il faut placer le mot principal ou les mots principaux de la phrase à l’endroit où ils doivent produire leur effet de la manière la plus pleine et la plus complète.
… Les secrets de la nature sont cachés ; quoiqu’elle agisse toujours, on ne découvre pas toujours ses effets : le temps les révèle d’âge en âge, et quoique toujours égale en elle-même, elle n’est pas toujours également connue. […] N’est-ce pas là traiter indignement la raison de l’homme, et la mettre en parallèle avec l’instinct des animaux, puisqu’on en ôte la principale différence, qui consiste en ce que les effets du raisonnement augmentent sans cesse, au lieu que l’instinct demeure toujours dans un état égal ? […] Ce verbe, rejeté à la fin de la phrase, produit un effet grandiose.
C’est encore à cette figure que les rhéteurs rapportent l’honneur et l’effet de ce morceau célèbre de Massillon, dans son sermon sur le petit nombre des Élus, morceau si franchement loué par Voltaire lui-même, et dont M. le cardinal Maury a si bien développé toute la beauté. […] Mais l’effet de cette belle figure est peut-être plus sûr et plus frappant encore, quand l’orateur, se chargeant lui-même de la réponse, met en fait ce qu’il n’avait posé d’abord qu’en question, et porte ainsi la conviction dans les esprits altérés par la force victorieuse d’une logique qui ne laisse pas même le temps de la réflexion.
Le style vrai est cette façon de dire tellement d’accord avec la nature de la personne qui parle, la position où elle se trouve, le milieu où elle agit, les circonstances qui l’affectent, que le lecteur ne se figure pas la possibilité de penser ou de s’exprimer autrement, que rien n’indique la recherche, l’embarras, le parti pris d’adopter telle forme, de produire tel effet, de faire un sort, selon l’expression de Rivarol, il chaque mot et à chaque phrase. […] « Quand un discours naturel, dit-il, peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu’on entend, qui y était sans qu’on le sût, et on se sent porté à aimer celui qui nous le fait sentir, car il ne nous fait pas montre de son bien, mais du nôtre ; et ainsi ce bienfait nous le rend aimable : outre que cette communauté d’intelligence que nous avons avec lui incline nécessairement le cœur à l’aimer.
La religion chrétienne, m effet, a renouvelé le monde et transformé les sentiments de l’humanité. […] Il y a une autre espèce de merveilleux qui est pauvre d’invention et d’effet, c’est le merveilleux philosophique ; il consiste dans l’emploi des personnages allégoriques, tels que la Renommée, la Discorde, la Paix, la Mollesse, la Mort, le Sommeil, ou dans la personnification des vices et des vertus.
Les caractères étranges et singuliers, qu’il est de mode de mettre sur le théâtre et dans les romans, font le même effet ; ils fatiguent parce qu’ils sont uniformes, parce que leur bizarrerie est comme une sorte de ressort qui tire toujours leur pensée et leurs actions du même côté, et dont le jeu est bien connu. […] Je m’affligeais que ma langue ne pût pas suffire à mon cœur ; je voulais que mes auditeurs comprissent ce que je comprenais moi-même, et je sentais que je ne parlais pas de manière à produire cet effet.
Ne vous figurez point que de cette contrée, Par d’éternels remparts Rome soit séparée : Je sais tous les chemins par où je dois passer ; Et si la mort bientôt ne me vient traverser, Sans reculer plus loin l’effet de ma parole, Je vous rends dans trois mois au pied du Capitole. […] De tant d’objets divers le bizarre assemblage Peut-être du hasard vous paraît un ouvrage : Moi-même quelque temps, honteuse de ma peur, Je l’ai pris pour l’effet d’une sombre vapeur. […] Le rejet est donc tout-à-fait opposé à la coupe naturelle du vers français ; et ce sera toujours un défaut capital, à moins que le poète n’y trouve, dans des cas très-rares, l’occasion de produire un effet extraordinairement heureux, et, par un trait de génie, ne transforme cette licence en une beauté de premier ordre. […] 1° Le morceau suivant, outre un rejet du plus bel effet, offre encore plusieurs autres coupes à remarquer.
Mais quand je considère cette infinie multitude de peuples qui attend de leur protection son salut et sa liberté ; quand je vois que, dans un état policé, si la terre est bien cultivée, si les mers sont libres, si le commerce est riche et fidèle, si chacun vit dans sa maison doucement et avec assurance2, c’est un effet des conseils3 et de la vigilance du prince ; quand je vois que, comme un soleil, sa munificence porte sa vertu jusque dans les provinces les plus reculées, que ses sujets lui doivent, les uns leur honneur et leurs charges, les autres leur fortune et leur vie, tous la sûreté publique et la paix, de sorte qu’il n’y en a pas un seul qui ne doive le chérir comme un père : c’est ce qui me ravit, chrétiens ; c’est en quoi la majesté des rois me semble entièrement admirable ; c’est en cela que je les reconnais pour les vivantes images de Dieu, qui se plaît de remplir le ciel et la terre des marques de sa bonté, ne laissant aucun endroit de ce monde vide de ses bienfaits et de ses largesses4. […] C’est un effet de son ardeur, et son ardeur vient de sa force, mais d’une force mal réglée. […] Remarquez : elle n’est pas détruite, elle se règle ; il ne faut plus d’éperon, presque plus de bride ; car la bride ne fait plus l’effet de dompter l’animal fougueux ; par un mouvement, qui n’est que l’indication de la volonté de l’écuyer, elle l’avertit plutôt qu’elle ne le force, et le paisible animal ne fait plus, pour ainsi dire, qu’écouter : son action est tellement unie à celle de celui qui le mène, qu’il ne s’ensuit plus qu’une seule et même action.
À peine échappés, par l’effet d’une générosité peut-être condamnable, aux désastres de la troisième coalition, ils en ont ourdi une quatrième. […] L’astuce des Anglais a empêché l’effet que devait naturellement produire sur le cœur de Votre Majesté ma démarche à la fois simple et franche2. […] Si Votre Majesté veut se rendre compte des effets de la guerre, elle verra qu’ils seront de révolutionner1 l’Europe en accroissant partout la dette publique et le mécontentement des peuples.
) Mais autant il est indispensable de chercher et de saisir les grands effets de la nature, et de les rendre sensibles par une harmonie qui les peigne en les imitant, autant il serait ridicule de prétendre tout caractériser par une harmonie particulière, et de sacrifier, dans aucun cas, le fonds des choses à la recherche puérile de quelques accords. […] C’est surtout dans les morceaux d’une certaine étendue, et où plusieurs circonstances concourent à un effet général, que l’on peut remarquer avec quelle vérité, avec quelle scrupuleuse attention ces grands poètes s’attachent à tout peindre, afin qu’il n’y ait pas, dans leur tableau, un seul trait qui ne contribue à faire ressortir les autres, en ressortant lui-même à propos.
On ne saurait trop regretter, avec M. le cardinal Maury, que l’écrivain, beaucoup trop resserré dans les bornes d’une demi-heure de lecture, ne les ait pas franchies, au lieu de sacrifier son sujet à cette loi du concours, et qu’il se soit réduit à une ébauche, en appliquant uniquement les rapports de l’esprit philosophique à la religion, à l’éloquence et à la poésie, tandis qu’il aurait dû en étendre les effets à l’agriculture, aux beaux-arts, à l’administration, à la société, enfin à tous les autres objets scientifiques, moraux, politiques, littéraires, etc., sur lesquels s’exerce visiblement son influence. […] Quelle perle pour l’éloquence, que le silence d’un homme qui s’était annoncé avec un aussi grand talent, et quel effet il eût produit, de quelle réputation il eût joui dans le siècle des Pascal, des Bossuet et des Bourdaloue !