L’eau nous gagne, ma barque crève. […] Là Malc priait, jeûnait, soupirait à toute heure, Conservait avec soin le trésor précieux Que nous tenons de l’eau dont la source est aux cieux. […] Malc choisit les deux plus grands boucs de son troupeau, les tue, et avec leurs peaux fait deux outres qui les aident à passer un fleuve en les soutenant sur les eaux. […] De degrés en degrés l’eau tombant sur des marbres Mêlait son bruit aux vents engouffrés dans les arbres. […] Comme l’a très bien dit un critique, « les plus simples choses, l’herbe, les fleurs, les eaux, n’ont de prix à leurs yeux que si on peut les comparer à des produits de l’art, à des colifichets du luxe.
La grandeur de l’horizon romain se mariant aux grandes lignes de l’architecture romaine ; ces aqueducs qui, comme des rayons aboutissant à un même centre, amènent les eaux au peuple-roi sur des arcs de triomphe ; le bruit sans fin des fontaines ; ces innombrables statues qui ressemblent à un peuple immobile au milieu d’un peuple agité ; ces monuments de tous les âges et de tous les pays ; ces travaux des rois, des consuls, des Césars ; ces obélisques ravis à l’Égypte, ces tombeaux enlevés à la Grèce ; je ne sais quelle beauté dans la lumière, les vapeurs et le dessin des montagnes ; la rudesse même du cours du Tibre ; les troupeaux de cavales demi-sauvages qui viennent s’abreuver dans ses eaux ; cettecampagne que le citoyen de Rome dédaigne maintenant de cultiver, se réservant à déclarer chaque année aux nations esclaves quelle partie de la terre aura l’honneur de te nourrir : que vous dirai-je enfin ? […] Ou s’était servi du mot dans pour exprimer la relation physique de l’homme avec un lieu : on s’en servit plus tard pour exprimer l’existence morale de l’homme en rapport avec une situation quelconque de fortune ou d’esprit ; et, après avoir dit : l’enfant tomba dans l’eau, on dit : l’homme est dans le bonheur, dans le malheur, dans la joie, dans la tristesse. […] « Il faut, dit La Harpe, que la métaphore exprime un rapport unique et fondé sur la nature des choses : rien n’est plus choquant qu’une figure incohérente ; on s’est moqué avec raison de ces vers de Rousseau ; Et les jeunes zéphyrs, de leurs chaudes haleines, Ont fondu l’écorce des eaux. […] On se console pourtant, parce que de temps en temps on rencontre des objets qui vous divertissent, des eaux courantes, des fleurs qui passent : on voudrait s’arrêter… marche, marche. […] que c’est assurément à cause des Juifs qui sont ici que nous avons souffert cet incendie ; ce sont eux qui nous portent malheur, et, si vous les mettez en liberté, toute l’eau de la mer n’éteindra pas les flammes. » Et elles suppliaient Oswald de laisser brûler les juifs, avec autant d’éloquence et de douceur que si elles avaient demandé un acte de clémence.
« Pendant une belle soirée, Mirtile était allé visiter l’étang voisin, dont les eaux réfléchissaient l’éclat de la lune. […] De peur de l’écouter, Pan207 fuit dans les roseaux, Et les Nymphes208 d’effroi se cachent sous les eaux. […] En un autre endroit, c’est un riche fastueux, qui voulant étendre ses domaines jusques sur la mer, fait border le rivage de nombreux matériaux, combler les abîmes de masses énormes, et resserre dans leur vaste élément les habitants des eaux. […] N’entretiens jamais ma pensée Que du murmure de ton eau… Ah ! […] Il le compare pour la plénitude, l’abondance et l’impétuosité, à un fleuve qui grossi par les eaux du ciel, se précipite en bouillonnant, du haut des montagnes.
Ainsi, l’on dit en français : le sifflement des vents. le mugissement des flots, le bourdonnement de l’abeille, le craquement du bois qui se fend et éclate, le bouillonnement de l’eau, le pétillement de la flamme, la douce haleine du zéphyr, le doux murmure d’un ruisseau, etc. […] Une montagne d’eau qui s’élève dans les airs : …. […] Cette circonstance du calme de la mer est choisie avec goût ; elle fait mieux ressortir les mouvements des deux serpents à la surface des eaux. […] Le premier, angues, est un serpent qui nage dans l’eau ; le second, serpens, est un reptile qui rampe sur la terre ; et le troisième, draco, est un serpent monstrueux qui se retire dans les temples déserts et dans les masures. […] La première surtout, pectora quorum inter fluctus arrecta, figure très-bien le cou allongé des reptiles qui domine sur les eaux et se redresse dans l’air.
La Fontaine 1622-1695 [Notice] Né en Champagne, à Château-Thierry, élevé un peu à l’aventure, maître des eaux et forêts, charge dont il fit une sinécure poétique, pensionné par Fouquet, à la cour duquel il risqua de s’assoupir parmi les délices, sauvé du péril par cette mémorable disgrâce qui révéla tout ensemble le génie et le cœur du favori reconnaissant, ami de Molière, de Racine et de Boileau qui furent plus ou moins ses mentors, Jean de La Fontaine ne cessa jamais de vivre au jour le jour, sans souci du lendemain, en rêveur épris de ses beaux songes. […] Ce sont enfants tous d’un lignage4 Le chêne et le roseau Le chêne1 un jour dit au roseau : « Vous avez bien sujet d’accuser la nature ; Un roitelet pour vous est un pesant fardeau ; Le moindre vent qui d’aventure Fait rider la face de l’eau, Vous oblige à baisser la tête ; Cependant que mon front, au Caucase pareil, Non content d’arrêter les rayons du soleil, Brave l’effort de la tempête. […] Bientôt l’écuyer dit : — Monseigneur, l’eau que nous allons maintenant passer à gué ne serait-elle pas celle… — Non, pas encore. — En tout cas, monseigneur, ce renard dont je vous parlais n’était pas, je m’en souviens maintenant, plus gros qu’un mouton. […] Je ne dis pas la Tortue indienne : l’eau de son étang est tarie ; il faut bien qu’elle émigre. […] C’est en vain que vous me vantez les belles montagnes de la Suisse ou des Pyrénées, les lacs de l’Italie septentrionale, la mer Méditerranée vue des hauteurs de Sorrente, les grands bois, les eaux limpides, la neige sur la montagne, le soleil dans la vallée : tout cela charme un instant mes regards.
Tout son temps lui échappe, il ne sait ce qu’il en fait ; il le laisse couler comme l’eau sous les ponts1. […] Ce remède, pour guérir les cœurs, est préférable aux eaux qui ne guérissent que le corps. […] Le monastère recherche le silence et l’ombre des bois, le calme des eaux tranquilles. […] La comtesse était allée prendre les eaux de Bourbon.
Mais j’aimerais mieux boire de l’eau de votre fontaine que du lait de vos vaches ; et, quant aux arbres de votre verger, je crains bien de n’y en trouver d’autres que le lotos, qui n’est pas la pâture des bêtes, et le moly3, qui empêche les hommes de le devenir4. […] Oui, dans cette vallée de nos maux, que David appelle éloquemment une vallée de larmes, dans ce torrent de Cédron où le Sauveur du monde a passé comme nous, et où nous buvons chaque jour l’eau triste et troublée de notre vie, le bonheur n’est pas un inconnu, ni même un absent. […] Il avait fait très-chaud ce jour-là ; la soirée était charmante ; la rosée humectait l’herbe flétrie ; point de vent, une nuit tranquille ; l’air était frais sans être froid ; le soleil, après son coucher, avait laissé dans le ciel des vapeurs rouges dont la réflexion rendait l’eau couleur de rose ; les arbres des terrasses étaient chargés de rossignols, qui se répondaient de l’un à l’autre. […] Il était grand jour ; mes yeux en s’ouvrant virent le soleil, l’eau, la verdure, un paysage admirable.
iv. v. 522) La nuit avait rempli la moitié de son cours ; Sur le monde assoupi régnait un calme immense ; Les étoiles roulaient dans un profond silence ; L’aquilon se taisait dans les bois, sur les mers ; Les habitants des eaux, les monstres des déserts, Des oiseaux émaillés les troupes vagabondes, Ceux qui peuplent les bois, ceux qui fendent les ondes ; Livrés nonchalamment aux langueurs du repos, Endormaient leurs douleurs et suspendaient leurs maux : Didon seule veillait. […] Mais vois d’un pied léger Camille effleurer l’eau ; Le vers vole et la suit, aussi prompt que l’oiseau.
Ce sont les ailes dont les écrits des hommes volent au ciel. » Et, pour passer du xvie siècle au xixe , car j’aime à montrer les préceptes réellement utiles et solides maintenus à travers les âges, en dépit des changements d’idées et des caprices de la mode : « Je voudrais, dit le héros d’un roman moderne, m’exprimer de prime abord, sans fatigue, sans effort, comme l’eau murmure et comme le rossignol chante. » Et le raisonneur du livre lui répond avec un grand sens : « Le murmure de l’eau est produit par un travail, et le chant du rossignol est un art.
« Tous les bruits de la nature : les vents, ces haleines formidables qui mettent en jeu les innombrables instruments disposés dans les plaines, sur les montagnes, dans le creux des vallées, ou réunis en masse dans les forêts ; les eaux, qui possèdent une échelle de voix d’une étendue si démesurée, à partir du bruissement d’une fontaine dans la mousse jusqu’aux immenses harmonies de l’Océan ; le tonnerre, voix de cette mer qui flotte sur nos têtes ; le frôlement des feuilles sèches, s’il vient à passer un homme ou un vent follet ; enfin, car il faut bien s’arrêter dans cette énumération qui serait infinie, cette émission continuelle de bruits, cette rumeur des éléments toujours flottante, dilatent ma pensée en d’étranges rêveries et me jettent en des étonnements dont je ne puis revenir. […] La brume nous voilait le lointain des eaux, mais donnait assez d’espace à la vue pour laisser soupçonner l’infini.
Il y a quatre éléments : le feu, l’eau, l’air et la terre. […] Il y a des eaux stagnantes et des eaux courantes. […] L’eau et le feu furent interdits à Cicéron, sauveur de sa patrie. […] L’eau qui contient du nitre est bonne à boire. — 12. […] Nous donnons prudemment de l’eau à boire aux enfants. — 13.
Euxin (le Pont), aujourd’hui la mer Noire ; nom que les modernes lui ont donné, parce que les épaisses forêts dont ses côtes sont couvertes en font paroître les eaux noires.
La nature, qui partout ailleurs brille par sa jeunesse, paraît ici dans la décrépitude ; la terre, surchargée par le poids, surmontée par les débris de ses productions, n’offre, au lieu d’une verdure florissante, qu’un espace encombré, traversé de vieux arbres chargés de plantes parasites, de lichens, d’agarics, fruits impurs de la corruption : dans toutes les parties basses, des eaux mortes et croupissantes, faute d’être conduites et dirigées ; des terrains fangeux, qui, n’étant ni solides ni liquides, sont inabordables, et demeurent également inutiles aux habitants de la terre et des eaux ; des marécages qui, couverts de plantes aquatiques et fétides, ne nourrissent que des insectes vénéneux et servent de repaires aux animaux immondes. […] Il entre dans l’eau jusqu’au-dessus du genou, la tête entre les jambes, pour guetter au passage une grenouille, un poisson ; mais, réduit à attendre que sa proie vienne s’offrir à lui, et n’ayant qu’un instant pour la saisir, il doit subir de longs jeûnes, et quelquefois périr d’inanition ; car il n’a pas l’instinct, lorsque l’eau est couverte de glace, d’aller chercher à vivre dans des climats plus tempérés. […] Les rives du lac de Bienne sont plus sauvages et romantiques que celles du lac de Genève, parce que les rochers et les bois y bordent l’eau de plus près ; mais elles ne sont pas moins riantes. […] On y trouve des champs, des vignes, des bois, des vergers, de gras pâturages ombragés de bosquets et bordés d’arbrisseaux de toute espèce, dont le bord des eaux entretient la fraîcheur. […] D’autres fois, au lieu de m’écarter en pleine eau, je me plaisais à côtoyer les verdoyantes rives de l’île, dont les limpides eaux et les ombrages frais m’ont souvent engagé à m’y baigner.
L’Arabie Qu’on se figure un pays sans verdure et sans eau, un soleil brûlant, un ciel toujours sec, des plaines sablonneuses, des montagnes encore plus arides, sur lesquelles l’œil s’étend et le regard se perd, sans pouvoir s’arrêter sur aucun objet vivant ; une terre morte, et pour ainsi dire écorchée par les vents, laquelle ne présente que des ossements, des cailloux jonchés, des rochers debout ou renversés, ou le voyageur n’a jamais respiré sous l’ombrage, où rien ne l’accompagne, rien ne lui rappelle la nature vivante. […] Ce qui fait du bruit se remue ; Ce qui se remue n’est pas gelé ; Ce qui n’est pas gelé est liquide ; Ce qui est liquide plie sous le faix ; Donc, cette eau qui fait du bruit plie sous le faix. […] Sachez, monsieur, que tant va la cruche à l’eau qu’enfin elle se brise ; et, comme dit fort bien cet auteur que je ne connais pas, l’homme est, en ce monde, ainsi que l’oiseau sur la branche ; la branche est attachée à l’arbre ; qui s’attache à l’arbre suit de bons préceptes ; les bons préceptes valent mieux que les belles paroles ; les belles paroles se trouvent à la cour ; à la cour sont les courtisans : les courtisans suivent la mode ; la mode vient de la fantaisie ; la fantaisie est une faculté de l’Âme : l’âme est ce qui nous donne la vie ; la vie finit par la mort ; la mort nous fait passer au ciel ; le ciel est au-dessus de la terre ; la terre n’est point la mer ; sa mer est sujette aux orages ; les orages tourmentent les vaisseaux ; les vaisseaux ont besoin d’un bon pilote ; un bon pilote a île la prudence ; la prudence n’est pas dans les jeunes gens ; les jeunes gens doivent obéissance aux vieux ; les vieux aiment les richesses ; les richesses font les riches ; les riches ne sont pas pauvres ; les pauvres ont de la nécessité ; la nécessité n’a point de loi ; qui n’a pas de loi vil en bête brute ; et, par conséquent, vous serez damné à tous les diables. […] « Qu’elle prenne donc son cours, dit-il, non par des sentiers étroits, mais, s’il faut ainsi dire, à travers les champs, non point comme ces eaux souterraines que l’on emprisonne dans des canaux, mais comme un grand fleuve dont le cours est toujours rapide.
Les eaux autour de lui demeurent suspendues, Il foule aux pieds les nues, Il marche sur les vents. […] Les eaux couvraient au loin les rochers et les monts, Mais au bruit de sa voix les ondes se troublèrent, Et soudain s’écoulèrent Dans des gouffres profonds.
Ce palais, ces meubles, ces jardins, ces belles eaux, vous enchantent, et vous font récrier d’une première vue sur une maison si délicieuse, et sur l’extrême bonheur du maître qui la possède : il n’est plus, il n’en a pas joui si agréablement ni si tranquillement que vous ; il n’y a jamais eu un jour serein ni une nuit tranquille ; il s’est noyé de dettes pour la porter à ce degré de beauté où elle vous ravit : ses créanciers l’en ont chassé ; il a tourné la tête, et il l’a regardée de loin une dernière fois ; et il est mort de saisissement1. […] l’oracle répond qu’elle doit se lever avant midi, et quelquefois se servir de ses jambes pour marcher : elle lui déclare que le vin lui est nuisible ; l’oracle lui dit de boire de l’eau : qu’elle a des indigestions, et il ajoute qu’elle fasse diète2.
C’est le genre de certains auteurs précieux et maniérés et auxquels nous ne pouvons adresser d’autre conseil que celui de Maynard ou celui de Boileau, c’est-à-dire un sage silence ou une mûre réflexion, voici un exemple de ce défaut ; un de nos écrivains s’efforce d’exprimer ce que c’est que la Naïveté : « On est naïvement héros, naïvement scélérat, naïvement dévot, naïvement beau, naïvement orateur, naïvement philosophe ; sans naïveté, point de beauté : on est un arbre, une fleur, une plante, un animal naïvement ; je dirai presque que de l’eau est naïvement de l’eau, sans quoi elle visera à de l’acier poli et au cristal. La naïveté est une grande ressemblance de l’imitation avec la chose ; c’est de l’eau prise dans le ruisseau et jetée sur la toile. » Diderot.
Enfin, à ces deux grands caractères généraux, éthique et pathétique, encore une fois qu’on me passe ces mots, viendra se joindre la prodigieuse diversité des climats et des produits, qui donnera à chaque coin de terre, à chaque subdivision des eaux, aux animaux, aux plantes, selon les lieux et les saisons différentes, aux métaux même et aux minéraux façonnés par la main de la nature ou de l’homme, une physionomie sui generis, une couleur locale, féconde en idées neuves pour celui qui observe longtemps avant de prendre la plume. […] Oui, messieurs, donnez-moi la carte d’un pays, sa configuration, son climat, ses eaux, ses vents, et toute sa géographie physique ; donnez-moi ses productions naturelles, sa flore, sa zoologie, etc., et je me charge de vous dire a priori quel sera l’homme de ce pays, non pas accidentellement, mais nécessairement, non pas à telle époque, mais dans toutes. » Tout en approuvant les idées de M.