Dans cette enfance, ou, pour mieux dire, dans ce chaos du poëme dramatique parmi nous, votre illustre frère, après avoir quelque temps cherché le bon chemin, et lutté, si je l’ose ainsi dire, contre le mauvais goût de son siècle, enfin inspiré d’un génie extraordinaire, et aidé de la lecture des anciens, fit voir sur la scène la raison, mais la raison accompagnée de toute la pompe, de tous les ornements dont notre langue est capable ; accorda heureusement la vraisemblance et le merveilleux, et laissa bien loin derrière lui tout ce qu’il avait de rivaux, dont la plupart, désespérant de l’atteindre, et n’osant plus entreprendre de lui disputer le prix, se bornèrent à combattre la voix publique déclarée pour lui, et essayèrent en vain, par leurs discours et leurs frivoles critiques, de rabaisser un mérite qu’ils ne pouvaient égaler. […] (Discours à l’Académie.) […] Racine répond au discours de Thomas Corneille qui succède à son frère (1685) dans son fauteuil académique.
Tel est l’avantage particulier des discours éloquents ou des compositions achevées : le champ qu’ils parcourent est aussi vaste que fécond ; ils présentent dans tout leur jour tous les objets capables de flatter le goût ou l’imagination, soit que son plaisir naisse du sublime ou d’un genre de beauté quelconque. Les critiques ont regardé constamment le discours comme le premier ou le principal des arts d’imitation, et c’est avec raison qu’ils lui donnent, à certains égards, la préférence, lorsqu’ils le comparent à la peinture et à la sculpture. […] Cependant quand le poète ou l’historien introduisent dans leurs ouvrages un personnage qui parle réellement ; quand, par les discours qu’ils lui prêtent, ils lui font dire ce qu’il est supposé avoir dit en effet, l’art de l’écrivain peut être plus strictement regardé comme imitation, et c’est le cas où se trouve l’art dramatique ; mais cette dénomination rigoureuse ne peut convenir ni aux narrations, ni aux descriptions10.
De tels peuples ne pouvaient donc avoir aucun de ces grands motifs d’utilité politique ou d’amélioration sociale, qui donnent tant de poids et d’importance aux discours publics. […] Eschine, que nous verrons bientôt le rival et l’ennemi de Démosthène, eut le même talent et déployait, dans ces sortes de discours, tant de génie et tant de talent, qu’il semblait inspiré comme le prêtre qui rendait les oracles. […] Ces beaux discours doivent, sans doute, une partie de leur mérite à l’importance du sujet et à l’intégrité de l’esprit public qui y respire d’un bout à l’autre.
Voyez avec quelle audace l’orateur aborde la première partie de son discours. […] Voici comme il débute dans un discours consacré à justifier aux yeux de l’homme la conduite de la providence. […] Maury, celui qui aurait même composé toutes les poétiques, serait beaucoup moins avancé dans la carrière de l’éloquence, que l’orateur qui aurait profondément senti une seule page de ces discours.
C’est là qu’il publia son Discours de la Méthode (1637), ses Méditations (1641), et les Principes de la philosophie (1644). […] Son principal titre à la reconnaissance de l’avenir est le Discours de la Méthode, où il fonde les doctrines spiritualistes sur d’irréfutables arguments, et restitue ses droits à la raison, tout en lui marquant ses limites. […] Mais je serai bien aise de faire voir en ce discours quels sont les chemins que j’ai suivis, et d’y représenter ma vie comme en un tableau, afin que chacun en puisse juger, et qu’apprenant du bruit commun les opinions qu’on en aura, ce soit un nouveau moyen de m’instruire que j’ajouterai à ceux dont j’ai coutume de me servir. […] Descartes emploie le même mot au chapitre iv de la VIe partie du Discours : « Si j’ai ci-devant trouvé quelques vérités dans les sciences… je puis dire que ce ne sont que des suites et des dépendances de cinq ou six principales difficultés que j’ai surmontées et que je compte pour autant de batailles où j’ai eu l’heur de mon côté. » Le mot heur s’employait autrefois assez fréquemment.
Même Discours. […] Les grâces dans la figure, dans le maintien, dans l’action, dans les discours, dépendent de ce mérite qui attire. […] Cicéron se sert en cent endroits de ce mot pour exprimer un homme, un discours poli. […] Un discours peut être élégant sans être un bon discours, l’élégance n’étant en effet que le mérite des paroles ; mais un discours ne peut être absolument bon sans être élégant. […] quelle profonde sagesse dans ses discours !
C’est là qu’il publia son Discours de la Méthode (1637), ses Méditations (1641), et les Principes de la philosophie (1644). […] Sa vie tout entière fut dévouée à la vérité ; mais son principal titre à la reconnaissance de l’avenir est le Discours de la Méthode, où il porta la prose française à sa perfection : c’est un modèle de netteté, de justesse et d’exactitude. […] Le Discours sur la Méthode ne parut qu’en 1637 ; les Méditations en 1641 et les Principes de philosophie en 1644.
Mais son talent coquet et compassé vise trop aux applaudissements : il fait montre de son art, et l’on retrouve dans tous ses discours l’abbé disert qui avait enseigné la rhétorique. […] Peu s’en faut que je n’interrompe ici mon discours. […] Il a de la droiture dans le sens, de l’ordre dans le discours et dans les choses, de l’arrangement dans les paroles, et une heureuse facilité, qui est le fruit d’une longue étude.
Oui, messieurs, à la porte, On ne prend point d’argent : je fais tout pour l’honneur. » A ces mots, chaque spectateur Va se placer, et l’on apporte La lanterne magique : on ferme les volets, Et, par un discours fait exprès. […] — Moi, disait un dindon, je vois bien quelque chose, Mais je ne sais pour quelle cause Je ne distingue pas très-bien3. » Pendant tous ces discours, le Cicéron moderne Parlait éloquemment, et ne se lassait point. […] Ces époux, partageant les doux soins du ménage, Cultivaient leur jardin, recueillaient leurs moissons ; Et le soir, dans l’été, soupant sous le feuillage, Dans l’hiver, devant leurs tisons, Ils prêchaient à leurs fils la vertu, la sagesse6, Leur parlaient du bonheur qu’elles donnent toujours : Le père par un conte égayait ses discours, La mère par une caresse7.
Il faut que les acteurs aient un caractère établi, soutenu, prouvé par leurs discours et conforme à nos idées. […] Fontenelle, né en 1657, publia en 1688 des poésies pastorales, avec un Discours sur l’églogue et une Digression sur les anciens et les modernes. […] On a distingué l’épître philosophique, à laquelle se rattache le discours philosophique ; l’épître familière et l’héroïde. […] Quelquefois elle porte le nom de discours, quelquefois celui d’épître, quand elle est adressée à quelqu’un. […] Et les tristes discours Que te met en l’esprit l’amitié paternelle L’augmenteront toujours ?
Et quelque ridicule que l’on ait attaché à ce nom, les discours des Royer-Collard et des Guizot auront, par la supériorité de leurs généralisations, une place à part dans l’éloquence parlementaire. […] « Comme vous ne pouvez, dit Cicéron, réfuter les objections de la partie adverse, sans confirmer vos arguments, ni confirmer ceux-ci, sans réfuter celles-là, ces deux parties du discours s’unissent par leur nature, leur but, et la manière dont on les traite. » La réfutation est sérieuse ou ironique : sérieuse, elle repousse les principes de l’adversaire ou les conséquences qu’il en a tirées, elle lui démontre qu’il a manqué de raison ou de logique ; ironique, elle tourne en ridicule ses idées ou sa personne. […] Qu’enfin il ne manque jamais d’assaisonner ses railleries de ce sel fin et délicat, qui est une des propriétés de l’atticisme. » On voit, par tout ce qui précède, que la confirmation et la réfutation forment le corps réel du discours dans presque toutes les subdivisions de l’éloquence. […] On leur objecte que cette division est toute matérielle ; qu’elle se rattache à des signes extérieurs, et non au sens intime du discours ; on leur demande d’où ils font ressortir l’éloquence des livres qui présente souvent les différents genres.
La liaison des scènes se fait ou par la présence des acteurs, ou par leurs discours, ou par la vue, ou par quelque bruit : par la présence, quand plusieurs acteurs, entrant ou sortant, restent quelques moments sur le théâtre ; par le discours, quand ils se parlent ; par la vue, quand l’entrant a vu le sortant, ou le sortant l’entrant, ou qu’ils se sont vus tous deux ; par le bruit, quand le théâtre demeurant vide, on entend le bruit de quelqu’un qui arrive. […] Laissons de côté cette discussion métaphysique ; les faits ont depuis longtemps décidé la question, et ils ont répondu précisément comme l’avait fait Voltaire, qui dit, dans son Discours sur la tragédie : « Vouloir de l’amour dans toutes les tragédies, est un goût efféminé ; l’en proscrire toujours, est une mauvaise humeur bien déraisonnable. […] Thespis y introduisit le premier un acteur qui récitait quelque discours, pour donner le temps aux musiciens et aux danseurs de se reposer. […] On blâmait aussi chez lui des mots vieillis et surannés, des discours embarrassés, un style souvent déclamatoire, des inégalités et même des chutes après les morceaux les plus sublimes. […] La parodie, en général, est une sorte d’allusion maligne aux expressions, aux phrases, aux discours d’un auteur168.
Mais, pour lui présenter un autre prodige aussi étonnant, qu’il recherche dans ce qu’il connaît les choses les plus délicates ; qu’un ciron lui offre dans la petitesse de son corps des parties incomparablement plus petites, des jambes avec des jointures, des veines dans ces jambes, du sang dans ces veines, des humeurs dans ce sang, des gouttes dans ces humeurs, des vapeurs dans ces gouttes ; que, divisant encore ces dernières choses, il épuise ses forces en ces conceptions, et que le dernier objet où il peut arriver soit maintenant celui de notre discours ; il pensera peut-être que c’est là l’extrême petitesse de la nature. […] Elle consiste donc dans une correspondance qu’on tâche d’établir entre l’esprit et le cœur de ceux à qui l’on parle d’un côté, et de l’autre les pensées et les expressions dont on se sert ; ce qui suppose qu’on aura bien étudié le cœur de l’homme pour en savoir tous les ressorts, et pour trouver ensuite les justes proportions du discours qu’on veut y assortir. Il faut se mettre à la place de ceux qui veulent nous entendre, et faire essai sur son propre cœur du tour qu’on donne à son discours, afin de voir si l’un est fait pour l’autre, et si l’on peut s’assurer que l’auditeur sera comme forcé de se rendre1. […] Je n’importunerai pas non plus Votre Majesté du particulier2 de ce qui compose cette machine ; si elle en a quelque curiosité, elle pourra se contenter dans un discours que j’ai adressé à M. […] Joubert disait : « Pour faire aisément de beaux discours, il faut opérer sur soi-même, comme ou veut opérer sur son auditeur. » Et ailleurs : « Toute éloquence doit venir d’émotion, et toute émotion donne naturellement l’éloquence.
On voit dans le drame la chose qui se fait, et de quelle manière elle se fait, on entend les discours des personnages qui imitent, comme si la chose se faisait réellement et par des personnages qui n’imiteraient pas. […] Le monologue est le discours d’un personnage resté seul sur le théâtre où il se parle à lui-même. […] Mais comme la passion a ses moments de calme, ses repos et ses intervalles, le poète distingue dans le discours de ses personnages le moment tranquille du moment passionné. […] Le discours passionné, c’est-à-dire le moment où les passions se montrent dans leur force, dans leur variété, dans leur désordre, est rendu par un chant qui porte le nom d’air ou d’ariette. […] Quelquefois la danse est mêlée à l’action ; il arrive même qu’elle la compose seule à l’exclusion de tout discours.
Jean-Jacques Rousseau s’est servi bien avantageusement de cette figure dans son Discours sur les Lettres. […] Elle est très propre au pathétique, et donne une grande énergie au discours, comme il est aisé de le voir dans cet endroit de l’Oraison funèbre de Henriette Anne d’Angleterrea, duchesse d’Orléans, par Bossuet. […] Tel est dans la tragédie de la mort de César par Voltaire, ce discours de Brutusaà Césarb Sais-tu que le Sénat n’a point de vrai Romain, Qui n’aspire en secret à te percer le sein ? […] La Réticence est une figure, par laquelle on interrompt son discours pour passer à un autre objet ; en sorte néanmoins que ce qu’on a dit, laisse suffisamment entendre ce qu’on affecte de supprimer. […] Est-il possible de dire sur l’idolâtrie quelque chose de plus fort et de plus frappant, que ce qu’en dit Bossuet dans son Discours sur l’Histoire Universelle : Tout était Dieu, excepté Dieu lui-même.
Ces choses n’étant point des parties nécessaires ou vraisemblables, Homère s’est borné au détail d’une seule action telle que la présente l’Odyssée » Quant au précepte général qui fait le sujet de ce chapitre, on peut voir dans le Tasse (Discours IIe sur l’Art poétique, et Lettres poétiques, 2 juin, 15 juillet et 15 octobre 1575) combien ce grand génie se préoccupe de l’unité épique et de l’autorité d’Aristote sur cette question. C’est quelque chose de fort semblable aux scrupuleuses discussions de notre Corneille dans ses Discours sur la Tragédie et dans les Examens de ses pièces.
Fait rapporté aussi par Dion Chrysostome, Discours iv, t. […] Ἀστέρας est peut-être une faute de copiste car Julien (Discours ii, p. 81 C) et d’autres auteurs attestent que le signe naturel qui distinguait les.
On n’a pas besoin d’être éloquent pour comprendre ce qu’il y a de beau dans les meilleurs discours de Bossuet. […] Une métaphore recherchée et tirée d’un objet peu connu jette de l’obscurité dans le discours. […] Elles sont, dit Cicéron, comme les yeux du discours, et les yeux ne doivent pas être répandus dans tout le corps. […] Il est permis au poète épique d’enrichir son ouvrage de discours, de descriptions et de portraits. […] Le monologue est le discours d’un acteur resté seul sur la scène et qui s’entretient avec lui-même.