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59. (1839) Manuel pratique de rhétorique

Ne craignez pas que notre impunité corrompe les autres villes. […] Il faut penser mûrement avant d’agir, considérer les faits et prévoir les conséquences, car si nous cédons à un premier mouvement, combien n’est-il pas à craindre que nous ayons bientôt à nous repentir de trop de précipitation ? […] nous savions tout ce que nous pouvions espérer, et nous ne pensions pas à ce que nous devions craindre. […] Pour accomplir vos volontés et faire craindre vos jugements, votre puissance renverse ceux que votre puissance avait élevés. […] Comment se faire craindre, sans se mettre en danger d’être haï, et bien souvent abandonné ?

60. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

Votre politesse ne doit pas craindre, Monsieur, de renouveler ma douleur, en me parlant de la douloureuse perte que j’ai faite : c’est un objet que mon esprit ne perd pas de vue, et qu’il trouve si vivement gravé dans mon cœur, que rien ne peut ni l’augmenter, ni la diminuer. […] Esclave romain, ne crains-tu pas ma framée ? « — Je ne crains qu’une chose, répartit le Gaulois frémissant de courroux, c’est que le ciel tombe sur ma tête. […] On voit aisément qu’il craint moins de mourir que de mal faire, et qu’il redoute le crime et non le péril. […] La grâce décorait son front et ses discours ; Et, comme elle, craindront de voir finir leurs jours            Ceux qui les passeront près d’elle.

61. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre Ier. Des éléments du style. » pp. 22-78

 — Ce proverbe : Chat échaudé craint l’eau froide, renferme une pensée on ne peut plus triviale. […] — Ne crains-tu pas que l’oiseleur     Ne te fasse mourir comme elle ? […] Joad lui répond : Celui qui met un frein à la fureur des flots, Sait aussi des méchants arrêter les complots ; Soumis avec respect à sa volonté sainte, Je crains Dieu, cher Abner, et n’ai point d’autre crainte. Zénobie dit à Rhadamiste, dans la tragédie de ce nom : Je connais la fureur de tes soupçons jaloux ; Mais j’ai trop de vertu pour craindre mon époux. […] Si le dies per silentium vastus de Tacite ne présente qu’une image confuse, il n’en est pas de même de celle qui se trouve dans ce vers de La Fontaine : Craignez le fond des bois et leur vaste silence.

62. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE II. Du choix et de la délicatesse des expressions. » pp. 9-77

La vieillesse n’a rien tant à craindre que de se laisser aller à la langueur et à l’oisiveté. […] Dans l’amplification, dans les ornements, dans la réfutation, il y a plus lieu de craindre la critique que d’admirer l’orateur. […] En vivant sagement, vous n’aurez à craindre ni la douleur ni la mort. […] Et en lisant les épitaphes je ne crains pas de perdre la mémoire. […] Si vous ne craignez pas les hommes, au moins craignez Dieu.

63. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

On parvient, avec beaucoup de peine, à se placer, c’est-à-dire à s’entasser en pyramide, les uns sur les autres, de manière à faire craindre aux habitants du parterre l’éboulement des spectateurs du cintre. […] Je crains Dieu, dites-vous ; sa vérité me touche ! […] Que craignez-vous ? […] Ne craignez rien, nos yeux n’ont point de mauvais desseins, et votre cœur peut dormir en assurance sur leur prud’homie. […] 5° Trivialité et Bassesse Il faut craindre quelquefois, en voulant éviter l’affectation et la recherche, que la simplicité que l’on veut répandre sur ses écrits ne dégénère en trivialité et bassesse, Ces défauts consistent à employer des expressions de mauvais goût, que l’on doit bannir du style simple, même le plus familier.

64. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Madame de La Fayette craint toujours pour votre vie ; elle vous cède sans difficulté la première place auprès de moi, à cause de vos perfections ; et quand elle est douce, elle dit que ce n’est pas sans peine ; mais enfin cela est réglé et approuvé ; cette justice la rend digne de la seconde, elle l’a aussi : La Troche s’en meurt ; je vais toujours mon train, et mon tram aussi pour la Bretagne. […] Nous en étions ravis l’autre jour chez M. de La Rochefoucauld ; nous apprîmes par cœur celle du Singe et du Chat :                     D’animaux malfaisants c’était un très bon plat ;                     Ils n’y craignaient tous deux aucun, quel qu’il put être. […] Craindriez-vous de devenir trop nombreux ? […] Celui qui met un frein à la fureur des flots, Sait aussi des méchants arrêter les complots, Soumis avec respect à sa volonté sainte, Je crains Dieu, cher Abner, et n’ai point d’autre crainte. […] : J’ai toujours craint la colère de Dieu, comme des flots suspendus sur ma tête, et je n’en ai pu supporter le poids.

65. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — La Fontaine 1622-1695 » pp. 339-378

Craignez, Romains, craignez que le ciel quelque jour Ne transporte chez vous les pleurs et la misère ; Et mettant en nos mains, par un juste retour, Les armes dont se sert sa vengeance sévère, Il ne vous fasse, en sa colère, Nos esclaves5 à votre tour. […] J’en vois deux, dont l’une est qu’entre nos ennemis Les plus à craindre sont souvent les plus petits ; L’autre, qu’aux grands périls tel a pu se soustraire, Qui périt pour la moindre affaire4. […] Voir mes champs non ingrats, fertiles chaque année ; Avoir toujours bon feu dedans ma cheminée ; Haranguer rarement, n’avoir aucun procès, L’esprit bien en repos ; ne faire point d’excès ; Être en bonne santé, le corps net et agile ; Sage simplicité ; tenir table facile, Sans art de cuisinier ; et encore je voudroi Des amis, ni plus grands ni plus petits que moi ; ……………… Le sommeil gracieux, rendant courtes les nuits ; Vouloir tant seulement être ce que je suis ; Ne souhaiter la mort, et moins encor la craindre : Je ne te saurois mieux tous mes souhaits dépeindre, Que si jouir de tout n’est pas en mon pouvoir, J’en prends ce que je puis, ne pouvant tout avoir. […] Il y a lieu de craindre pour son éloquence et sa vertu.

66. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 313-335

L’ignorant qui ne prévoit rien sent peu le prix de la vie, et craint peu de la perdre ; l’homme éclairé voit des biens d’un plus grand prix qu’il préfère à celui-là. […] C’est dans leur sein que je me console de tous mes maux ; c’est parmi ceux qui les cultivent que je goûte les douceurs de l’amitié, et que j’apprends à jouir de la vie sans craindre la mort. […] Mais j’aimerais mieux boire de l’eau de votre fontaine que du lait de vos vaches ; et, quant aux arbres de votre verger, je crains bien de n’y en trouver d’autres que le lotos, qui n’est pas la pâture des bêtes, et le moly3, qui empêche les hommes de le devenir4. […] À charge et à décharge, je ne crains point d’être vu tel que je suis.

67. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Montesquieu, 1689-1755 » pp. 235-252

Je suis un bon citoyen, parce que j’aime le gouvernement où je suis né, sans le craindre, et que je n’en attends d’autre faveur que ce bien inestimable que je partage avec tous mes compatriotes ; et je rends grâce au ciel de ce qu’ayant mis en moi de la médiocrité en tout, il a bien voulu mettre un peu de modération dans mon âme. […] Chose admirable, je trouvais de mes portraits partout ; je me voyais multiplier dans toutes les boutiques, sur toutes les cheminées, tant on craignait de ne m’avoir pas assez vu. […] On peut voir dans Démosthène quelle peine il fallut pour la réveiller : on y craignait Philippe, non pas comme l’ennemi de la liberté, mais des plaisirs.

68. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Napoléon Ier , 1769-1821 » pp. 428-446

Si j’étais à mon début dans la carrière militaire, et si je pouvais craindre les hasards des combats, ce langage serait tout à fait déplacé. […] Sa présence réjouit l’armée qui commençait à murmurer et à craindre qu’il ne fût pas à la tête de l’expédition. — C’était l’ancienne armée d’Italie. […]    Je ne crains que celles du Temps. » Ceci s’adresse à vous, esprits du dernier ordre, Qui, n’étant bons à rien, cherchez surtout à mordre.

69. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre premier. De la lettre. »

Mais s’il s’agit de pertes peu importantes, et que nous sachions sûrement que le correspondant supporte avec grandeur d’âme les affections, ne craignons pas de chercher des consolations dans des motifs purement temporels. […] Levasseur commence à craindre de recevoir des invectives au lieu d’aimables reproches, puisque Racine a toute prête contre sa négligence une sentence justificative.

70. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Delille 1738-1813 » pp. 464-472

Même absent, on le craint : il voit, il entend tout ; Un invisible oiseau lui dit tout à l’oreille ; Il sait celui qui rit, qui cause, qui sommeille, Qui néglige sa tâche, et quel doigt polisson D’une adroite boulette a visé son menton. […] Elle craint le travail, et redoute la gêne ; L’air d’effort lui déplaît ; et lorsque dans sa main Vénus tient en riant les marteaux de Vulcain, Un air d’aisance encore embellit la déesse.

71. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-10

Mais un homme possédera-t-il sans trouble la gloire d’être plus craint que les dieux ? […] Et là-dedans il y a une solitude affreuse et terrible, qui est plus à craindre que les spectateurs et que l’échafaud, parce qu’elle n’a ni qui la console, ni qui la plaigne.

72. (1870) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices par Gustave Merlet,... à l'usage de tous les établissements d'instruction. Cours moyens, grammaire et enseignement spécial. Première partie : prose

Vous n’avez jamais vu Paris comme il est ; tout le monde pleure, ou craint de pleurer ! […] Comment se faire craindre, sans se mettre en danger d’être haï, et bien souvent abandonné ? […] Le petit de Vilette viendra, et je commence à craindre d’avoir à marier mesdemoiselles de la Vrillière. […] Je vous verrai tous avec plus de plaisir, n’ayant plus à craindre vos propositions ; je les saurai par le roi : je lui dirai ce que je pourrai pour vous servir, et je le ferai plus hardiment et peut-être plus utilement quand il ne me croira pas prévenue. […] Vous craignez d’ouvrir les yeux ; vous craignez qu’on ne vous les ouvre ; vous craignez d’être réduit à rabattre quelque chose de votre gloire.

73. (1858) Exercices latins adaptés à la Grammaire latine d’après Lhomond. Deuxième partie : Cours gradué de versions latines sur la syntaxe, à l’usage des classes de sixième, cinquième et quatrième. Livre du maître pp. -370

Les hommes craignent, désirent, s’affligent, se réjouissent. — 5. […] Il y a de la différence entre la colère et l’habitude de la colère, entre un homme ivre et un ivrogne, entre un homme qui craint et un homme craintif : un homme en colère peut n’être pas colère ; un homme colère peut quelquefois n’être pas en colère. […] Ils rapportent leurs blessures à leurs mères, à leurs épouses, et celles-ci ne craignent pas de compter les plaies ou d’en mesurer la grandeur ; elles portent aux combattants des vivres et des encouragements. […] Le sage, durant les temps de prospérité, craint les retours de la fortune. — 7.

74. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre V. Du Style en général, et de ses qualités. »

La précision a deux écueils à craindre : la prolixité, qui dégénère en une abondance stérile de paroles vagues et insignifiantes ; et l’extrême concision, qui conduit souvent dans l’obscurité : J’évite d’être long, et je deviens obscur. […] L’imbécille Ibrahim, sans craindre sa naissance, Traîne, exempt de péril, une éternelle enfance.

75. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Descartes, 1596-1650 » pp. 11-20

Mais je ne craindrai pas de dire que je pense avoir eu beaucoup d’heur1 de m’être rencontré dès ma jeunesse en certains chemins qui m’ont conduit à des considérations et des maximes dont j’ai formé une méthode par laquelle il me semble que j’ai moyen d’augmenter par degrés ma connaissance, et de l’élever peu à peu au plus haut point auquel la médiocrité de mon esprit et la courte durée2 de ma vie lui pourront permettre d’atteindre. […] Si c’est pour votre propre intérêt, il est certain que vous la pouvez mieux réparer que l’autre, en ce que l’acquisition d’un fidèle ami peut autant valoir que l’amitié d’un bon frère2 ; et si c’est pour l’intérêt de celui que vous regrettez, comme sans doute votre générosité ne vous permet pas d’être touché d’autre chose, vous savez qu’il n’y a aucune raison ni religion qui fasse craindre du mal après cette vie à ceux qui ont vécu en gens d’honneur, mais qu’au contraire l’une et l’autre leur promettent des joies et des récompenses.

76. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bernardin de Saint-Pierre, 737-1814 » pp. 357-367

Quelquefois les vents alizés du nord-est ou du sud-est, qui y soufflent constamment, cardent les nuages comme si c’étaient des flocons de soie, puis les chassent à l’occident, en les croisant les uns sur les autres comme les mailles d’un panier à jour ; ils jettent sur les côtés de ce réseau les nuages qu’ils n’ont pas employés et qui ne sont pas en petit nombre ; ils les roulent en énormes masses blanches comme la neige, les contournent sur leurs bords en forme de croupes, et les entassent les uns sur les autres comme les Cordillères du Pérou, en leur donnant des formes de montagnes, de cavernes et de rochers ; ensuite, vers le soir, ils calmissent un peu, comme s’ils craignaient de déranger leur ouvrage. […] Je vis le guide regarder le ciel et pâtir ; je lui demandai la cause de son trouble : “Je crains, dit-il, le vent du midi ; sauvons-nous.”

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