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23. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre VI. — Différents genres d’exercices »

Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable : alors il faut lui donner les couleurs de la vraisemblance. […] Couleur locale Nous empruntons à M. de Calonne les lignes suivantes, qui nous expliquent ce que l’on entend par la Couleur locale dans une narration : « Le plus grand mérite de la narration, mais aussi le plus difficile à acquérir, c’est cette teinte particulière et originale donnée à un sujet, et qu’on nomme Couleur locale. […] La couleur locale consiste donc à emprunter les descriptions et les formes des discours qui entrent dans le récit, de la nature du climat et des habitudes du peuple chez lequel s’est passé le fait que l’on raconte. » Comme la couleur locale est un des cachets les plus précieux d’une bonne narration, nous présentons les deux sujets suivants aux jeunes gens ou aux jeunes personnes pour qu’ils s’exercent on ce genre ; et lorsque leur travail sera terminé, ils pourront lire avec fruit et comparer avec leurs compositions ces deux narrations qu’ils trouveront développées dans le deuxième volume.

24. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE IV. De la composition des vers. » pp. 295-331

Les épithètes (de ἐπιτίθημι, ajouter) sont des adjectifs que l’on ajoute aux substantifs pour leur donner plus de force, plus d’élévation et de noblesse ; quelque chose de plus gracieux, de plus délicat, de plus touchant ; quelque singularité piquante, une couleur plus riante et plus vive, des traits plus sensibles aux yeux de l’intelligence et de l’imagination. […] Les épithètes tirées de la nature des choses, sont celles qui expriment quelques propriétés naturelles, comme la matière, la forme, la couleur, etc. […] Souvent il arrive que l’on se sert de périphrases plus étendues pour donner plus de grâce, plus de couleur à la pensée. […] La périphrase ne doit être employée que pour exprimer une idée par des traits plus distincts et plus sensibles, ou la présenter sous des couleurs plus vives et plus gracieuses. […] La description consiste à peindre sous les plus vives couleurs les attributs ou qualités principales d’une chose, à en reproduire les traits les plus saillants, les circonstances qui ajoutent le plus d’intérêt à l’objet que l’on décrit.

25. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) «  Chapitre XXIV. des figures. — figures par rapprochement d’idées opposées  » pp. 339-352

« Les couleurs vives d’une draperie, dit Condillac, donnent de l’éclat à un beau teint, les couleurs sombres lui en donnent encore. […] Deux vérités opposées s’éclairent en se rapprochant, comme deux couleurs opposées se font ressortir l’une l’autre ; exemples : La jeunesse vit d’espérance, la vieillesse de souvenir ; — ce ne sont pas les places qui honorent les hommes, mais les hommes qui honorent les places. — Pourquoi la forme de la phrase ne chercherait-elle pas à exprimer un contraste que comporte si bien le fond de l’idée ?

26. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Chateaubriand 1768-1848 » pp. 222-233

Sa langue musicale et pittoresque produit, par l’arrangement des sons et le choix des mots, des effets d’harmonie et de couleurs qui enchantent l’oreille et les yeux. […] La masse du fleuve, qui se précipite au midi, s’arrondit en un vaste cylindre, puis se déroule en nappe de neige ; et brille au soleil de toutes les couleurs : celle qui tombe au levant, descend dans une ombre effrayante ; on dirait une colonne d’eau du déluge1. […] Carminées est un mot inventé par Chateaubriand ; il veut dire couleur de carmin, rougeâtres.

27. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — Chapitre II. Du genre pastoral » pp. 96-112

Il faut des images et des couleurs nouvelles, sous peine de devenir insipide et ennuyeux. […] Selon que le sujet est triste ou gai, il convient de donner à la nature des formes et des couleurs qui correspondent aux sentiments que le poète veut inspirer ou décrire. […] Le naturel dans les couleurs est surtout de l’essence du style bucolique, et le poète ne doit être lui-même que le mieux instruit et le plus ingénieux des bergers.

28. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Ainsi, la définition oratoire accumule les traits, les circonstances qui caractérisent la chose, et anime le tableau qu'elle en fait des couleurs les plus vives et les plus brillantes qu'offre le sujet ; et la définition poétique est plus brillante et plus variée encore ; elle jette ses couleurs dans le discours de manière que le mélange des ombres et de la lumière ajoute à leur éclat. […] Le style est pittoresque quand il peint un site ou une attitude avec des couleurs variées et qui produisent un grand effet. […] Un poëte a dit : Des couleurs du sujet je teindrai mon langage. […] Une lettre reproduira les accidents et les couleurs de la conversation ; le style en sera triste, grave, ou gai, naïf selon le sujet. […] Dans nos jardins que tes couleurs Pour nous charmer osent paraître : Tu vis au loin ; près de nos fleurs Tu crains de t'éclipser, peut-être ?

29. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Thiers Né en 1797 » pp. 265-270

Il a, dit-il, le fanatisme de la simplicité, et compare lui-même son style à ces glaces sans tain à travers lesquelles apparaissent tous les objets sans la moindre altération de couleur ou de contour. […] Un jour sa bannière à trois couleurs éclate sur les montagnes du mont Thabor, un jour sur le Tigre, un dernier jour sur le Borysthène.

30. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Balzac. (1594-1655.) » pp. 2-6

Ne se soutenant que d’apparence3 et n’étant animée que de couleur, elle agit principalement sur l’esprit du peuple, parce que le peuple a tout son esprit dans les yeux et dans les oreilles. […] On peut rapprocher ce passage de quelques idées de Bossuet (dans sa lettre sur l’éducation du grand Dauphin) : ce grand homme voulait aussi que l’éloquence « ne fût pas une discoureuse, dont les paroles n’ont que du son ; qu’elle ne fût pas enflée et vide de choses, mais saine et vigoureuse ; qu’elle ne fût pas fardée, mais qu’elle eût un teint naturel et une vive couleur, et, pour tout éclat, celui qui sort de la vérité même ».

31. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gresset. (1709-1777.) » pp. 291-296

Sœur Mélanie, en guimpe toujours fine, Portait l’oiseau : d’abord aux spectacteurs Elle en faisait admirer les couleurs, Les agréments, la douceur enfantine ; Son air heureux ne manquait point les cœurs. […] C’est ce que recommande Fénelon : « Il ne faut prendre, si je ne me trompe, que la fleur de chaque objet, et ne toucher jamais que ce qu’on peut embellir. » Ce précepte est surtout applicable à la poésie, qui, remarque un critique moderne, « est l’essence des choses : or, il faut bien se garder d’étendre la goutte d’essence dans une masse d’eau ou dans des flots de couleur.

32. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre III. du choix du sujet. » pp. 38-47

« Nous ne reconnaissons pas à la critique, disent-ils11, le droit de questionner l’écrivain sur sa fantaisie, et de lui demander pourquoi il a choisi tel sujet, broyé telle couleur, cueilli à tel arbre, puisé à telle source. […] Du reste, ni louanges, ni reproches pour les couleurs employées, mais seulement pour la façon dont elles sont employées.

33. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Ils ont heureusement apprivoisé la dédaigneuse noblesse de la langue, ils l’ont familiarisée avec les détails auxquels, pendant si longtemps, elle n’a pas été assez accoutumée ; ils ont jeté dans le style une variété piquante, ils lui ont donné de la couleur, du pittoresque, de la chaleur. […] Car la force et la profondeur de la pensée les recommandent encore plus que les délicatesses de l’art et l’habileté à ménager, à varier, à nuancer les couleurs. […] Cette nouvelle tragédie, coup d’essai et coup de maître dans le genre historique, força ennemis comme amis de reconnaître que l’auteur de Britannicus avait d’autres couleurs sur sa palette que celles de l’île du Tendre. […] Toujours favorisé par le jeu, il ne le connaissait que sous ses couleurs riantes, ou, s’il avait l’idée de ses côtés les plus sombres, ce n’était que pour avoir vu le désespoir d’autrui. […] Le style de Regnard a de la couleur malgré ses négligences.

34. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

Il nous dirait de quelle couleur était la main qui a pris sa chevelure. » — Chacun de ces souvenirs lugubres arrache aux assistants des cris de douleur et de rage. […] Leurs descendants aimaient mieux le bien-être que la patrie et le repos que la liberté… Mais pourquoi m’étendre sur le tableau de la décadence de cette grande cité, quand Démosthène va vous le tracer lui-même avec d’incomparables couleurs ? […] (J’efface, en les analysant, les couleurs de cette éloquence, mais mon dessein est moins de traduire Démosthène que de vous engager à le lire.) […] Les formules abstraites n’ont ni couleur ni harmonie propres. […] De là ces expressions si justement appliquées au travail oratoire : la couleur et le mouvement, c’est-à-dire l’art de noter les sons des idées et de représenter leurs attitudes.

35. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

quelles couleurs pourraient nous le dépeindre ? […] Ses regards étaient perçants, ses couleurs brillantes ; elle était jeune, quoiqu’à son air on s’aperçût bien que sa naissance avait précédé celle des hommes du siècle. […] S’il les eût obscurcies par des couleurs plus sombres, qui aurait pu faire ses délices d’une vue si triste et si lugubre ? […] Mais ce que je croyais d’abord n’être qu’une couleur est une diversité de teintures qui m’étonne. […] Le tyran de l’année, vêtu d’un manteau où s’imprime la morne couleur dont il flétrit la végétation ; ce manteau lui sert d’ornement et lui couvre à peine les épaules.

36. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Buffon. (1707-1788.) » pp. 146-152

De tous les êtres animés, voici le plus élégant pour la forme et le plus brillant pour les couleurs. […] Les Indiens, frappés de l’éclat et du feu que rendent les couleurs de ces brillants oiseaux, leur avaient donné les noms de rayons ou cheveux du soleil.

37. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Montluc, 1503-1577 » pp. -

Or avois-je encore deux petits flascons de vin grec, de ceux que monsier le cardinal d’Armaignac m’avoict envoyés ; et m’en froetiz12 ung peu les mains, puis m’en lavay fort le vizaige, jusques à qu’il eust prins un peu de couleur roge13, et en beuz, avec un petit morceau de pain, trois doigtz, puis me regarday au miroir. […] C’est la couleur de ses vêtements.

38. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre IV. »

Quand on raconte une action, il faut observer avec soin toutes les circonstances qui l’accompagnent : c’est là le point important du sujet ; c’est là qu’il faut faire briller la vérité, la fidélité, la couleur locale. […] Mais qu’ils se gardent surtout de ces lectures dangereuses où les passions, peintes sous des couleurs attrayantes, peuvent pervertir leur esprit et leur cœur.

39. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Notions préliminaires » pp. 2-15

L’imagination est une faculté de l’âme par laquelle on se représente, avec les circonstances les plus frappantes et les couleurs les plus vives, les objets vers lesquels se porte la pensée. […] Lorsque l’imagination ne fait que retracer les objets qui ont frappé les sens, elle ne diffère de la mémoire que par la vivacité des couleurs.

40. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Mais elle les peint avec de fortes couleurs, sous des traits énergiques, qui inspirent la crainte, l’éloignement, l’horreur. […] Elle cherche les images, les comparaisons, la couleur, l’éclat. […] C’est une prose lâche, embarrassée d’épithètes, où le sentiment poétique, évoqué péniblement, tourne à la fausse couleur et à la fausse chaleur. […] Il faut que la pensée prenne un corps ; il faut que le souffle pénètre ces éléments inanimés, et leur donne la couleur, le mouvement et la vie. […] L’effet de l’image est de rendre les objets sensibles à l’esprit, et de donner la couleur et le mouvement même aux abstractions.

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