Il conduit l’intrigue la plus embarrassée avec la dextérité qu’il déployait dans la pratique des affaires. […] L’acharnement de mes ennemis les a rendus peu redoutables ; leur nombre les a livrés au défaut de liaison si nécessaire en tout projet ; la haine les a conduits à l’aveuglement ; chacun de leurs efforts pour m’arrêter n’a fait qu’accélérer ma marche et hâter ma justification.
Je me souviens qu’un critique célèbre d’Allemagne, un peu sévère pour nos poëtes classiques, et conduit au paradoxe peut-être, à force de savoir et d’esprit, préférait, en propres termes, le Solliciteur au Misanthrope. […] L’histoire, la biographie, les détails de mœurs vivifient sa critique : une inflexible morale, un dévouement vrai et de cœur à tout ce qui honore, console et relève l’humanité, à la liberté, à la religion, à la vérité, semblent rendre encore son goût plus pur et plus sévère ; cet enchaînement de tableaux historiques, d’anecdotes racontées avec l’esprit le plus brillant, de réflexions morales et d’analyses judicieuses et profondes, qui se mêlent sans confusion, conduit le lecteur jusqu’au bout du livre sans qu’il ait un moment l’envie de s’arrêter.
Un capitaine français avait amené à Paris un jeune sauvage d’O-taïti : il le conduisit au Jardin des Plantes, où celui-ci se promena sans prendre grand intérêt à tourne qu’il voyait.
Boileau s’est justement moqué de l’Astrate de Quinault : Son sujet est conduit de la belle manière Et chaque acte en sa pièce est une pièce entière. […] Jeune, il se fût conduit comme Rodrigue ; tous deux mettent le devoir avant tout. […] Rouillé et de Machault, deux serviteurs habiles qui ont conduit à bien cette grande entreprise. […] Le fourbe, s’il est fort, se rit de la justice Et le faible, innocent, est conduit au supplice. […] Le général Agathon s’avance calme, et un doux sourire vient sur ses lèvres lorsque Minos le félicite de sa belle vie et le fait conduire aux Champs-Élysées.
Ainsi il y a une faute dans ce vers de Racine : Phénix même en répond, qui l’a conduit exprès Dans un fort éloigné du temple et du palais. Suivant la règle, il aurait fallu dire : Phénix même, qui l’a conduit, en répond. […] Ce régime est simple, lorsque commander signifie, en matière de guerre, conduire, faire marcher des troupes : = ce général a commandé une armée de cent mille hommes. […] Ne dites donc pas : les rois sont soumis et dépendants de Dieu : votre ami paraît digne et bien propre à remplir la place qu’il occupe : = nous devons toujours nous conduire suivant et conformément aux principes de l’honneur. Il faut dire : les rois sont soumis à Dieu, et en sont dépendants : = votre ami paraît digne de la place qu’il occupe, et bien propre à la remplir : = nous devons toujours nous conduire suivant l’honneur, et conformément à ses principes.
N’espérez point revoir vos rives fortunées, Car je vais vous conduire en un terrible lieu, Dans l’éternel enfer et de glace et de feu ! […] Il fait nuit, Il fait nuit, pour que l’ombre encore Fasse mieux éclater l’aurore Du jour où son doigt vous conduit ? […] pourquoi donc, pourquoi Les dieux, héros fatal, t’ont-ils conduit vers moi ? […] Où le conduisez-vous ? […] Un asile assuré, le plus doux des chemins Qui conduit au repos les malheureux humains.
Les sophistes du peuple rhéteur par excellence le conduisent devant l’aréopage, pour qu’il eût à s’expliquer sur sa doctrine. […] On dirait que son puissant génie se sent mal à l’aise dans ces liens ; il préfère conduire l’auditeur au but par l’enchaînement seul et la progression des idées et fondre tout son discours d’un même jet.
Un roman, sans blesser les lois ni la coutume, Peut conduire un héros au dixième volume3 De là vient que Paris voit chez lui de tout temps Les auteurs à grands flots déborder tous les ans ; Et n’a point de portail, où, jusques aux corniches, Tous les piliers ne soient enveloppés d’affiches. […] Ils atteignaient déjà le superbe portique Où Ribou le libraire, au fond de sa boutique, Sous vingt fidèles clefs3 garde et tient en dépôt L’amas toujours entier des écrits de Hainaut : 4 : Quand Boirude, qui voit que le péril approche, Les arrête, et tirant un fusil1 de sa poche, Des veines d’un caillou, qu’il frappe au même instant, Il fait jaillir un feu qui pétille en sortant ; Et bientôt, au brasier d’une mèche enflammée, Montre, à l’aide du soufre, une cire allumée2, Cet astre tremblotant3 dont le jour les conduit Est pour eux un soleil au milieu de la nuit.
C’est là son objet : tirer des lettres un enseignement pratique, songer moins à conduire l’esprit que le cœur, prendre plus de souci de la morale que de l’esthétique. […] Celle-ci se rapproche plus d’un traité ; elle a la prétention de régler les plaisirs de l’esprit, de soustraire les ouvrages à la tyrannie du chacun son goût, d’être une science exacte2, plus jalouse de conduire l’esprit que de lui plaire.
L’effet du poison ne tarde pas à se manifester : Démosthène rassemble ce qu’il lui reste de forces pour se traîner vers Archias, et il lui dit : « Traîne maintenant ce cadavre à ton maître ; pour Démosthène, jamais tu ne l’y conduiras.
Fais connaître à mon fils les héros de sa race ; Autant que tu pourras conduis-le sur leur trace ; Dis-lui par quels exploits leurs noms ont éclaté, Plutôt ce qu’ils ont fait que ce qu’ils ont été : Parle-lui tous les jours des vertus de son père, Et quelquefois aussi parle-lui de sa mère. […] Phœnix même en répond, qui1 l’a conduit exprès Dans un fort éloigné du temple et du palais.
Parle, pour consoler mon âme inquiétée ; Parle, pour la conduire à quelque amendement ; Parle, pour que ta gloire, ainsi plus exaltée, Croisse éternellement. […] Nicole, était si étendu ; qui était le centre de tant de choses ; que d’affaires, que de desseins, que de projets, que de secrets, que d’intérêts à démêler, que de guerres commencées, que d’intrigues, que de beaux coups d’échecs à faire et à conduire !
C’est donc avec raison que j’ai le plus profond mépris pour une année composée de vieillards réduits au désespoir, de paysans conduits par l’espérance du pillage, de dissipateurs, de banqueroutiers enfin, à qui, je ne dis pas seulement la lueur de nos armes, mais un simple édit du préteur, ferait prendre la fuite ». […] Opposez d’abord à ce vieux gladiateur estropié vos consuls et vos généraux ; armez et conduisez toute la fleur et la force de l’Italie contre cette misérable poignée de gens échappés au naufrage de leurs propres fortunes. […] Ce sont eux qui m’ont conduit, ce sont eux qui m’inspirent cette confiance.
Il faut ensuite qu’il présente le germe de l’événement qu’il se propose de raconter ; qu’il le suive dans ses circonstances et dans ses progrès, et le conduise jusqu’à sa fin. […] Il écrivit en effet l’Histoire de la guerre du Péloponèse, qu’il ne conduisit que jusqu’à la vingt unième année. […] Le lecteur est conduit, comme par la main, dans les sièges et les combats qu’ils décrivent.
. — Rendu à la liberté, commença pour lui, en 1526, cette vie de persécutions, d’incarcérations, de proscriptions, qui pendant dix ans le conduisit, des prisons d’où a plusieurs reprises le tira François Ier, à Pau, auprès de Marginalité, devenue reine de Navare, à Ferrare, auprès de Renée de France, enfin à Venise. — Une abjuration solennelle faite à Lyon en 1536 lui permit de reparaître à la cour. […] Ne consomme ton âge à conduire mes pas, La fleur de ta jeunesse avec moy n’use pas, Retire toy, ma fille. […] Elle te conduira par les obscurs detours Où tu chemineras desormais tous les jours. […] La clemence est pour ceux que l’aveugle ignorance Ou la juste douleur dans leur faute a poussés, Non pour ceux qui, conduits d’une impie esperance, Arment d’ingrats desseins leurs desirs insensés. […] III) que, s’il n’a pas « avancé », c’est qu’il ne savait pas flatter et parler à propos ; mais il ne savait pas non plus se taire ni se conduire, et ne tenait ni sa langue, ni sa plume, ni savie ; il se venge et se console de ses torts et de ses travers en les justifiant et en riant de ceux des autres, gens de cour et gens de ville.
C’est ce qui fait le mérite de l’allégorie suivante : Le Berger et le Troupeau Quand vous voyez quelquefois un nombreux troupeau qui, répandu sur une colline vers le déclin d’un beau jour, paît tranquillement le thym et le serpolet, ou qui broute dans une prairie une herbe menue et tendre qui a échappé à la faux du moissonneur, le berger, soigneux et attentif, est debout auprès de ses brebis ; il ne les perd pas de vue, il les suit, il les conduit, il les change de pâturages ; si elles se dispersent, il les rassemble ; si un loup avide paraît, il lâche son chien qui le met en fuite ; il les nourrit, il les défend ; l’aurore le trouve déjà en pleine campagne, d’où il ne se retire qu’avec le soleil. […] La justesse de cette allégorie ne laisse rien à désirer : elle est parfaitement soutenue jusqu’à la fin ; on croit voir une véritable bergère qui s’adresse à son troupeau : elle n’a plus ni chien, ni houlette, elle ne peut plus ni le garder ni le conduire dans de bons pâturages ; elle ne peut plus le défendre de la fureur des loups ; elle le recommande au dieu des pasteurs. […] Et qui sait, lorsqu’au trône il conduisit vos pas, Si pour sauver son peuple il ne vous gardait pas ? […] Impitoyable Dieu, loi seul as tout conduit !
L’Anglais, sage jusque dans ses écarts, se permet peu d’ornements, tend directement au bon sens, à la raison, et s’embarrasse peu d’adoucir l’aspérité des sentiers qui y conduisent.
Elle suppose nécessairement les lumières : que nous servirait d’être conduits par un homme de bien, par un ami véritable, si lui-même il ignorait la route ? […] La dernière pensée est fort belle, et conduit naturellement du premier motif au second. […] Cette affectation puérile de taire paraître les choses plus ingénieuses qu’elles ne sont, conduit nécessairement à l’obscurité. […] Enfin, les vers de Malherbe sont plus harmonieux et mieux conduits. […] C’est en effet la faiblesse et l’indigence qui conduisent l’écrivain à ce vice ; peu riche en idées principales, il appelle à son secours les accessoires.