Ces caractères généraux du style sont indispensables à l’écrivain, quelque genre qu’il ait adopté et quelque sujet qu’il traite : il en est cependant une foule d’autres qui dépendent plus particulièrement de la nature même du sujet, et qu’il faut connaître et savoir distinguer. […] Lorsqu’au contraire les compositions d’un auteur n’offrent point de caractère particulier et distinctif, on en peut conclure que c’est un écrivain médiocre, qui ne travaille que d’imitation, et n’éprouvera jamais l’impulsion du génie. […] Denys d’Halicarnasse divise en trois espèces les caractères généraux du style, et les nomme le style austère, le fleuri et le mitoyen. […] C’est le caractère de tous les écrits d’Aristote.
Un honnête homme, qui dit oui et non, mérite d’être cru : son caractère jure pour lui, donne créance à ses paroles, et lui attire toute sorte de confiance. […] Caractères. […] Walckenaer en tête des Caractères, qu’il a éclaircis par d’excellentes notes (1845). […] Il est curieux de voir Montesquieu traçant le même caractère : « Les nouvellistes, dit-il, s’assemblent dans un jardin magnifique (les Tuileries), où leur oisiveté est toujours occupée.
Né dans les premiers rangs de la société coloniale, élevé dans les écoles publiques, au milieu de ses compatriotes, il arrivait naturellement à leur tête ; car il était à la fois leur supérieur et leur pareil, formé aux mêmes études, habile aux mêmes exercices, étranger, comme eux, à toute instruction élégante, à toute prétention savante, ne demandant rien pour lui-même, et ne déployant que pour le service public cet ascendant qu’un esprit pénétrant et sensé, un caractère énergique et calme assurent toujours dans une situation désintéressée. […] Rien n’est dit, rien n’est jugé ; il faut recommencer ; il faut aller au delà du crime comme il a fallu aller au delà de la loi ; il faut étudier l’homme lui-même, tout l’homme ; il est bien plus vaste, bien plus complexe que son action ; en lui se rencontrent je ne sais combien de dispositions, de facultés, d’idées, de sentiments dont elle ne donne pas la clef, qui n’en font pas moins partie de sa nature morale, et qu’il faut bien connaître, dont il faut bien tenir compte si on veut le juger d’après ce qu’il est réellement, et prononcer sur son caractère, sur sa personne, sur lui-même enfin avec équité. […] Comme il y avait dans sa conduite des crimes que les lois n’atteignent point, de même il y avait dans son caractère des qualités que n’atteignent point ses crimes. […] Si nous consultons les mémoires du temps, si dans ses paroles à demi figées sur le papier nous cherchons à reconnaître l’inspiration primitive, nous voyons un homme audacieux par le caractère autant que par le génie ; attaquant avec véhémence, lorsqu’il aurait eu peine à se défendre ; faisant passer les mépris qu’on lui avait d’abord montrés pour le premier des préjugés qu’il veut détruire ; y réussissant à force de hardiesse et de talent, et ressaisissant par l’éloquence l’ascendant sur les passions qu’il cesse de flatter.
Ils n’avaient ni la vivacité, ni la sensibilité des Grecs : leurs passions étaient plus difficiles à émouvoir, leurs conceptions moins vigoureuses, et leur langue portait l’empreinte de leur caractère. […] Cet affaiblissement de caractère, que l’on nomme politesse, et qui craint tant d’offenser l’amour-propre, c’est-à-dire, la faiblesse inquiète et vaine, était alors plus inconnu. […] « J’ai toujours cru, dit-il, que ce qui importait le plus n’était pas de décider une prééminence qui sera toujours un problème, attendu la valeur à peu près égale des motifs pour et contre, et la diversité des esprits ; mais de bien saisir, de bien apprécier les caractères distinctifs et les mérites particuliers de chacun.
., une force d’expression, un caractère d’énergie oratoire, dont elle n’offrait pas encore de modèle, et dont nous multiplierions volontiers les exemples, si ces matières, complètement étrangères, d’ailleurs, aux études des jeunes gens, n’avaient de plus l’inconvénient de rappeler des souvenirs auxquels il est difficile de toucher, sans réveiller des passions. […] Mirabeau, dit un écrivain qui l’a bien connu, avait un grand caractère, des talents rares, quelquefois sublimes ; un choix unique d’expressions, une connaissance profonde du cœur humain : mais il était despote par essence, et, s’il eût gouverné un empire, il eût surpassé Richelieu en orgueil, Mazarin en politique. […] Tels sont, en effet, le caractère et le sort de cette portion de l’art oratoire, qu’il lui faut de grandes passions à émouvoir, de grands intérêts à démêler, pour qu’elle brille de tout son éclat, pour qu’elle déploie toute son énergie.
Chacun doit donc s’exprimer conformément à son caractère. […] Caractère des sept Rois de Rome. […] Bossuet passe en revue avec une admirable précision le caractère et les principales actions des sept premiers rois de Rome. […] Ma chère, c’est le caractère enjoué. […] On y voit les dieux et les héros déguisés en bourgeois de Paris, mais tous avec leur propre caractère, dont Scarron a saisi le côté ridicule avec beaucoup de justesse et d’esprit.
C’est le caractère dominant des Fables de La Fontaine, que nous citerons ici de préférence, comme le plus parfait modèle de la naïveté. […] Son caractère est la douceur : il eût plus riche, plus abondant et plus élevé que le style simple. […] Il est sobre de figures et de mouvements, et ne se distingue presque du style simple que par un caractère plus soutenu de force et de noblesse. […] Le Style biblique se distingue par un double caractère de simplicité et de grandeur. La simplicité en est la qualité fondamentale, le caractère dominant, parce que la sagesse divine, pour se rendre accessible à tous, a voulu se rabaisser jusqu’à notre langage.
Les vers d’un caractère vraiment rural et villageois y sont rares. […] Le caractère du conquérant de l’Asie est sans cesse rabaissé au profit de Porus. […] Les caractères de Roxane et de Bajazet sont défectueux. […] Jamais caractères plus vrais ni mieux contrastés ne furent dessinés. […] Cette pièce ne peut être regardée comme une comédie de caractère ; la distraction ne forme pas, à proprement parler, un caractère.
Eu comptez-vous beaucoup qui aient un caractère mieux marqué d’originalité ? […] En appuyant sur la nécessité de l’érudition, je demande que vous mettiez assez de choix et d’ordre dans vos matériaux pour que votre intelligence ne soit pas perdue dans ses propres richesses et écrasée sous le faix ; qu’au contraire, elle le porte avec aisance, et maintienne son caractère individuel au milieu de toutes ces acquisitions étrangères. […] Ces thèmes de composition seront variés ; on prévient ainsi l’ennui d’un travail monotone, et l’on fournit en même temps l’occasion de modifier la pensée et le style, selon le caractère des genres divers. […] Elle développe l’imagination, sans prêter, comme la fiction, au romanesque et à l’excentrique ; elle présente la méthode la plus efficace pour connaître à fond les annales des peuples anciens et modernes, à leurs plus brillantes époques ; en s’appuyant sur des faits, des caractères, des mœurs, des passions réelles, elle éloigne du vague et du lieu commun, et le jeune homme accoutume son âme à comprendre le grand, et à penser lui-même comme les illustres personnages qu’il fait parler.
Ensemble et détails, but et moyens, actions et caractères, décors même, machines, ornements, costumes, tout lui est matière à contraste, à batteries et à cliquetis de mots. […] Cette ligure de Talma, d’ordinaire si sombre et si tragique, prenait ici un singulier caractère d’audacieuse jovialité. […] … et par dessus tout cette scène 3 de l’acte II, où Corneille a donné tout le grandiose de la tragédie à un caractère comique que la comédie elle-même semble avoir craint de toucher après lui, le railleur. […] Analysez toutes ces figures, et vous conclurez que toutes se rattachent à l’ironie, en ce sens que l’idée exprimée n’y est pas à elle-même son but, et qu’il n’en est aucune à laquelle ne puisse s’appliquer le mot fameux de Talleyrand : « La parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée. » Ne perdez pas de vue ce caractère de double entente ; c’est lui qui justifie non-seulement le rang que j’assigne à ces formes du discours, mais le nom même de figures que je leur donne.
Vit-on jamais en deux hommes les mêmes vertus, avec des caractères si divers, pour ne pas dire si contraires ? […] L’un, par de vifs et continuels efforts, emporte l’admiration du genre humain, et fait taire l’envie : l’autre jette d’abord une si vive lumière qu’elle n’ose l’attaquer. — Et afin que l’on vît toujours dans ces deux hommes de grands caractères, mais divers, l’un emporté d’un coup soudain, meurt pour son pays comme un Judas Machabée ; l’autre, élevé par les armes au comble de la gloire, comme un David, comme lui meurt dans son lit, en publiant les louanges de Dieu et instruisant sa famille, et laisse tous les cœurs remplis tant de l’éclat de sa vie que de la douleur de sa mort ». […] Celui de Bossuet dans l’éloge du grand Condé, est d’un caractère tout différent.
La légèreté et le pédantisme sont trop souvent le caractère des livres de ce genre ; ici, les notions sont précises, renseignement est grave et bienveillant, et l’on sent partout l’homme de goût. […] En traitant des divers genres de poésie, et en assignant à chacun d’eux le caractère qui lui est propre, vous n’avez pas manqué, dans l’occasion, de signaler les abus si fréquents qu’on en a fait en détournant ce bel art de son noble but qui est d’élever les âmes au bien suprême et au beau idéal, au lieu de les abaisser vers les inclinations grossières, et de leur faire respirer l’atmosphère impure du vice, comme l’ont pratiqué tant d’écrivains corrupteurs. […] On retrouve la même connaissance intime du métier jusque dans ces petits caractères que vous avez voulu employer pour l’impression de certains paragraphes moins essentiels.
La brièveté et le sel sont les deux principaux caractères de ce genre de poésie, qui ne doit jamais avoir plus de douze ou de quinze vers, qu’on peut faire de tout pied. […] Le Madrigal peut avoir le même nombre de vers que l’épigramme : il consiste également dans une seule pensée ; et ces deux petits poèmes ne diffèrent que par le caractère même de cette pensée. […] La naïveté fait le principal caractère du Rondeau. […] On appelle Inscription, des caractères gravés sur un édifice, un monument, au bas d’une statue, d’un portrait, etc. ; soit pour transmettre à la postérité la mémoire de quelque événement, soit pour faire connaître aux passants un fait, une chose, une personne. […] L’enjouement et la liberté en font le principal caractère.
Quoiqu’elles aient chacune un caractère particulier qui les distingue les unes des autres, elles peuvent cependant être toutes rapportées à trois classes principales. […] Éthopée L’Éthopée décrit les mœurs et le caractère. […] Son caractère est noble et facile, inspire le respect et la confiance, et fait que les princes nous paraissent grands et très grands, sans nous faire sentir que nous sommes petits. » Cette figure est familière au Poète, à l’Orateur, et surtout à l’Historien. Mais celui-ci obligé de présenter la vérité telle qu’elle est, développe le caractère de ses personnages, pour le faire connaître dans toute son étendue ; et sans trop s’attacher aux autres ornements de l’art, il n’emploie que des couleurs simples et naturelles. […] Voyez avec quelle force Bossuet, dans son Oraison funèbre de Henriette-Marie de France, reine d’Angleterre, trace le caractère du fameux Cromwella.
La force de son caractère, l’amour de la gloire et le dévouement à une idée l’élevèrent au-dessus des querelles de son temps ; au lieu de se dépenser au jour le jour, il économisa si bien ses facultés qu’il ne se laissa pas distraire un instant du sujet grandiose auquel il avait voué son existence. […] Moïse, Homère, Platon, Virgile ne sont au-dessus des autres écrivains que par leurs expressions et leurs images. » (Caractères, chap. […] La Bruyère disait : « Les comparaisons tirées d’un fleuve dont le cours, quoique rapide, est égal et uniforme, on d’un embrasement qui, poussé par les vents, s’épand au loin dans une forêt où il consume les chênes et les pins, ne leur fournissent aucune idée de l’éloquence : montrez-leur un feu grégeois qui les surprenne, ou un éclair qui les éblouisse, ils vous quittent du bon et du beau. » (Caractères, chap. […] Caractères, chap. […] Il n’y a rien d’exagéré dans toutes ces têtes sublimes, et le caractère humain est empreint dans celle de Buffon. » Cuvier disait : « Buffon a rendu à son pays le plus grand des services : celui d’avoir popularisé la science, d’y avoir intéressé les grands comme les humbles, et produit ainsi des effets incalculables pour l’avenir.
La première embrasse les hiéroglyphes égyptiens, les caractères des Chinois, et généralement tous les signes symboliques, tels que les dessins des anciens Mexicains, les quipos ou nœuds de laine des Péruviens, les clous plantés par les Romains dans le temple de Minerve. La seconde comprend les caractères alphabétiques dont l’usage est universel en Europe. […] Pour tracer ici brièvement les différents caractères de la phrase, nous rappellerons que la plus simple est formée d’un sujet, d’un verbe et d’un attribut, telle que celle-ci : Dieu est éternel ; que quelquefois elle est complétée par le moyen d’un complément direct, exemple : Dieu donna sa loi ; d’un complément indirect, exemple : Dieu donna sa loi à Moise, et d’un déterminatif ou complément circonstanciel, exemple : Dieu donna sa loi à Moïse, sur le mont Sinaï.
Ce sont ces qualités qui déterminent les caractères du style. […] Ce caractère de simplicité, qui paraît si aisé à trouver, échappe à la plupart de ceux qui le poursuivent. […] Quelle idée ne donnent pas du caractère inflexible de Caton les vers suivants d’Horace ! […] Comme les pensées, les sentiments ont des caractères généraux ou essentiels et des qualités particulières ou spéciales. Ces caractères déterminent également ceux du style.
Il est des innovations malheureuses, qui ne sont que le désespoir de l’impuissance ; il en est qui, dans leur singularité même, portent un caractère de grandeur. […] C’est le second caractère qui nous frappe dans le dix-septième siècle ; l’imitation y fut indépendante et créatrice. […] Vive expression des temps modernes, et reproduction originale de l’antiquité dans ses âges divers, voilà donc les deux caractères distinctifs et dominants que nous présente le génie du dix-septième siècle. […] C’est une destinée bien rare, de dangereux exemple peut-être, mais que votre talent justifie, et que votre caractère fait aimer en vous.