Frappe aussi par contre-coup l’auditeur lui-même.
« L’apostrophe, dit Marmontel, consiste à détourner tout à coup la parole et à l’adresser, non plus à l’auditoire ou à l’interlocuteur, mais aux absents, aux morts, aux êtres invisibles ou inanimés, et le plus souvent à quelqu’un ou à quelques-uns des assistants. » Il fait remarquer que, dans ce dernier cas, l’apostrophe est une des armes les plus puissantes de l’éloquence ; c’est l’adversaire, le juge, l’une ou l’autre classe d’auditeurs, que l’orateur interpelle tout à coup, qu’il prend à partie, qu’il atteste, qu’il terrasse ou qu’il implore.
En résumé, Molière a suffi aux plaisirs et à l’enseignement des auditeurs les plus simples et les plus raffinés.
Mais vous, sortant de faire un présent, ou des offres de services ; gardez-vous, pour lire vos vers, de profiter d’une ivresse intéressée ; car j’entends d’ici votre auditeur s’écrier : « Ah les beaux vers ! […] 278Ce n’est pas assez 279que les poëmes soient beaux ; 280 il faut qu’ils soient touchants, 281et qu’ils entraînent 282l’âme de l’auditeur 283partout-où ils voudront. […] 418Il se hâte toujours 419vers l’événement, 420et il entraîne son auditeur 421au milieu des faits, 422non autrement que s’ils lui étaient connus ; 423et il abandonne (il sacrifie) 424les choses lesquelles il n’espère-pas 425pouvoir jeter-de-l’éclat, 426 si elles étaient traitées.
. ; et il est probable que ce que lui avait inspiré la muse de l’éloquence, ne fut pas ce qui charma le moins ses auditeurs.
Pour la parfaite symétrie du diseours, il eût fallu, sans doute, que l’opposition entre la condition des grands et celle des autres hommes eût été nettement dessinée des deux parts ; mais on peut dire, pour justifier l’écrivain, d’abord qu’il est aisé de conclure l’une de l’autre, et qu’en laissant ee soin à l’auditeur, l’orateur a acquis le mérite de la précision ; ensuite que l’antithèse prêtant à des développements plus brillants et plus complets dans les deux articles qui suivent, il pouvait se dispenser de la formuler ici, et que, en la supprimant ainsi d’un côté pour la conserver de l’autre, il a obtenu la variété.
Inspirés par le culte de la courtoisie, de la vaillance et de l’amour, ces contes sont un divertissement aristocratique destiné aux raffinés de la vie féodale bien plus qu’à des auditeurs populaires.
Le nombre des membres d’une période peut s’élever jusqu’à cinq ; mais il faudrait éviter d’aller au-delà, à cause de l’impatience qu’éprouve le lecteur ou l’auditeur de voir le sens terminé.
La communication est une figure par laquelle, plein de confiance dans son bon droit, on expose familièrement ses raisons à ses auditeurs ou à ses adversaires, les consultant, les prenant pour juges, s’en rapportant à leur décision, afin de les amener de leur plein gré à un sentiment dont ils étaient d’abord éloignés. […] Pour satisfaire l’oreille et soutenir l’attention du lecteur ou de l’auditeur, pour qu’une composition conserve sa chaleur et sa force, il faut avoir soin d’en varier la coupe et le nombre : et ceci n’est pas seulement relatif à la cadence finale de la période, mais encore à la distribution de ses membres.
L’exposition est dramatique ou piquante lorsqu’on jette brusquement le lecteur ou l’auditeur au milieu des faits comme s’ils étaient déjà connus : In medias res Non secùs ac notas auditorem rapit. […] Cependant, dans ce dernier genre de discours, l’orateur ayant pour but d’émouvoir ses auditeurs et de leur donner une haute idée de son héros, s’efforce le plus souvent de faire de chacun de ses récits autant de tableaux animés, brillants et pathétiques.
La Communication est une figure, par laquelle l’Orateur communique familièrement ses raisons à ses auditeurs, quelquefois à ses adversaires mêmes, s’en rapportant à leur propre décision.
Mais il faut qu’elle soit amenée avec art, et que l’esprit de l’auditeur y ait ôté insensiblement disposé.
À la lecture, on avait été plus indulgent, parce que les auditeurs, trompés sur l’effet dramatique par la manière séduisante dont l’auteur lisait, avaient oublié de se transporter en idée dans le parterre, et de sentir qu’on y serait infailliblement blessé de cette métamorphose imaginaire, grossièrement et ridiculement démentie par le spectacle lui-même.
Ce court exorde suffit pour donner une idée de la manière de Démosthène : on ne voit rien là qui sente l’orateur, rien qui annonce la moindre recherche ; tout va directement au but : on voit un homme rempli de l’importance de son sujet, et l’on sent qu’il va s’emparer invinciblement de l’attention des auditeurs.
La suspension consiste à tenir le lecteur ou l’auditeur dans l’incertitude, pour mieux exciter son attention ou pour lui ménager une surprise en lui montrant autre chose que ce qu’il attendait. […] La communication est une figure par laquelle un orateur, plein de confiance en ses raisons, consulte ses auditeurs ou son adversaire, et semble s’en rapporter à leur décision. […] Je le déclare donc : Quinault est un Virgile ; Pradon comme un soleil en nos ans a paru ; Pelletier écrit mieux qu’Ablancourt et Patru ; Cottin, à ses sermons traînant toute la terre, Fend les flots d’auditeurs pour se rendre à sa chaire. […] On cite comme modèles les portraits de Catilina par Salluste et Cicéron, celui de Cromwell par Bossuet, ceux de Démosthène et de Bossuet par le cardinal Maury : Démosthène est l’athlète de la raison, il la défend de toutes les forces de son génie, et la tribune où il parle devient une arène : il subjugue à la fois ses auditeurs, ses adversaires, ses juges ; il ne paraît point chercher à vous attendrir : écoutez-le cependant, et il vous fera pleurer par réflexion ; il accable ses concitoyens de reproches, mais alors il n’est que l’interprète de leurs propres remords.
Il veut que, outre la propriété et la justesse, qui sont plutôt un défaut évité qu’une beauté acquise, il y ait dans ses œuvres un certain nombre de mots qui frappent et qui piquent l’attention de l’auditeur.
Rien ne limite le nombre des uns ni des autres, sinon la crainte de fatiguer l’auditeur ; ce qui arrive bien promptement dans les pièces musicales.
Le Style fin ou spirituel « Le style fin ou spirituel montre la pensée à travers un voile, ou n’en présente qu’un côté, pour laisser au lecteur ou à l’auditeur le plaisir de deviner ce qu’on lui cache ; il emploie surtout l’allusion, la comparaison, l’antithèse, la suspension, etc. » (Filon.)