L’ordre est une condition essentielle de la beauté : la nature nous en offre le modèle et l’exemple ; les anciens étaient tellement frappés de cette vérité, qu’ils ont donné à l’univers le nom de Cosmos, qui signifie ordre.
Les personnes qu’ils ont commencé de connaître dans ce temps leur sont chères ; ils affectent quelques mots du premier langage qu’ils ont parlé : ils tiennent pour l’ancienne manière de chanter et pour la vieille danse ; ils vantent les modes qui régnaient alors dans les habits, les meubles et les équipages ; ils ne peuvent encore désapprouver des choses qui servaient à leurs passions, qui étaient si utiles à leurs plaisirs, et qui en rappellent la mémoire : comment pourraient-ils leur préférer de nouveaux usages, et des modes toutes récentes où ils n’ont nulle part, dont ils n’espèrent rien, que les jeunes gens ont faites, et dont ils tirent à leur tour de si grands avantages contre la vieillesse ?
Il y avait quelque courage à parler ainsi, sous l’ancien régime, devant la cour de France.
Toute la différence que j’y vois, c’est qu’il ne m’est pas permis de croire que je sois digne d’un grand Évêché, et que mon cœur me dit que je mérite un peu de part dans votre amitié par les sentiments avec lesquels, etc. » On ne me pardonnerait point de passer sous silence la lettre que le Duc de Montausier, cet homme d’une vertu si pure, si droite, si ferme et si courageuse, écrivit au grand Dauphin, son ancien élève, après la prise de Philipsbourg.
O Cicéron, Quintilien, Boileau, Racine, et vous tous grands orateurs des temps anciens et modernes !
Profitons de l’occasion pour citer cette bonne pensée d’un ancien, de Guillaume du Vair : « La main du pauvre est la bourse de Dieu.
Celui qui se soumet aux hommes s’est auparavant soumis aux choses, selon la remarque profonde d’un ancien.
Reprenons notre ancienne allure, il n’y a de bonnes gens que ceux qui rient. […] Ce fut au moins une triste et dernière consolation pour les deux amis, que ce rapprochement du dernier voyage ; ils s’entretinrent de leurs travaux, de leurs anciennes espérances.
Ils viennent, dans la division de l’Ancien Testament, après les livres de Josué et de Ruth.
Les anciens racontent aux conscrits rangés autour du feu les batailles où le régiment a donné avec tant de gloire.
Vous savez l’estime et l’amitié que j’ai pour lui ; vous savez que son père est l’un de mes plus anciens amis ; vous savez vous-même le mérite de l’un et de l’autre ; et vous avez pour eux tous les sentiments que je voudrais vous inspirer. […] On voit dans l’Arabie une petite vallée agréable, éloignée des cités et même des hameaux, à l’abri de deux hautes montagnes ; elle est couverte d’anciens sapins, de gros hêtres. […] Il se rappelle une peccadille de jeunesse ; j’ai souvenance , dit-il, et ce mot vieilli nous indique que la faute est déjà bien ancienne, et qu’elle a, sans doute, été effacée par son repentir ; qu’en un pré, ce n’était pas du grain en herbe, le foin pouvait lui être destiné quelque jour ; de moines, ce pré appartenait à une communauté riche, qui n’éprouvait aucun dommage de son larcin ; passant, il ne s’est point arrêté ; la faim, c’est un maître impérieux, l’âne n’eut point écouté un simple appétit ; l’occasion, ce n’est point par préméditation que le délit a été commis ; l’herbe, il en a si peu souvent ! […] Pour bien achever un jour si saintement commencé, les anciens du village viennent, à l’entrée de la nuit, converser avec le curé, qui prend son repas du soi sous les peupliers de la cour.
Que les jeunes gens, qu’abuse si facilement tout ce qui a l’air de la grandeur ou de la vérité, apprennent et observent de bonne heure, que trois sortes de néologisme défigurent successivement les langues : celui d’abord qui introduit sans nécessité des mots nouveaux : celui qui donne aux mots anciens une acception qu’ils n’avaient pas ; et ici commence la dépravation du jugement et le désordre dans les idées : mais celui de tous qui est le plus dangereux, celui qu’il faut fuir avec le plus de soin, c’est celui, sans doute, qui familiarise insensiblement avec l’habitude de donner tout aux mots, et rien au sentiment ; de se faire un jargon aussi ridicule que barbare, où l’âme et le cœur ne sont et ne peuvent être pour rien, puisqu’il n’offre ni idées, ni sentiments, et que la langue seule en fait les frais.
Dieu n’a pas créé le chaos, il a créé le monde, qu’un ancien définissait : l’ordre dans la grandeur.
Tels sont humains pour hommes ; forfaits pour crimes ; coursier pour cheval ; glaive pour épée ; ondes pour eaux ; antique pour ancien ; jadis pour autrefois ; soudain pour aussitôt, etc.
Bossuet revient souvent sur cette idée : « Si vous voulez voir, chrétiens, des peintures de ces gouffres éternels, n’allez pas rechercher bien loin ni ces fourneaux ardents, ni ces montagnes ensoufrées qui vomissent des tourbillons de flammes, et qu’un ancien appelle les cheminées de l’enfer.
On a dit qu’il mérite d’être traité comme les anciens.
A cet égard, Cicéron l’emporte sur tous les écrivains anciens et modernes. […] Boileau, qui est celui de tous les modernes qui a le plus approché des anciens dans l’art des transitions, a observé que La Bruyère, en les bannissant de ses ouvrages qu’il a écrits en petits articles détachés, avait su s’épargner ce qu’il y a de plus difficile dans les compositions littéraires.
Dans Xénophon (Cyropédie) Cyrus l’ancien, au lit de mort, s’adresse en ces termes à ses enfants : « Gardez-vous bien de croire, mes très chers fils, que, lorsque je vous aurai quittés, je ne serai nulle part ou que je n’existerai plus. […] On suppose que le général adresse à ses soldats le discours suivant : « Braves compagnons d’armes, c’est en vain que nous aurons rétabli Orode sur le trône de ses pères par nos efforts et notre dévouement ; c’est en vain que nous aurons rendu à notre patrie inclinant vers sa ruine son ancienne gloire et un bonheur longtemps désiré, si nous ne préservons aujourd’hui notre roi de nouveaux dangers, et si nous n’affranchissons le nom et la nation des Parthes de la servitude qui pèse sur le monde entier. […] Cincinnatus, arraché à sa charrue pour être revêtu de la dictature, et Fabricius, qui chassa Pyrrhus de l’Italie, et Curius Dentatus, le vainqueur des Sabins ; en voyant que tant d’autres généraux illustres parmi les Romains, se sont toujours imposé le double devoir de défendre et de cultiver les terres de la patrie, je comprends que cette noble et ancienne coutume, que cette vie mâle et austère ont été délaissées à cause de notre amour du luxe et de notre délicatesse.