« J’ai appris à faire les vers difficilement », disait-il : c’est le secret qu’enseigna plus tard à Racine Boileau, qui, lui aussi, avait à combattre une génération d’improvisateurs affolés. […] Je n’avois pas douze ans, qu’au profond des vallees, Dans les hautes forests des hommes reculees, Dans les antres secrets, de frayeur tout couvers218 ; Sans avoir soin de rien219, je composois des vers ; Echo me respondoit et les simples Dryades, Faunes, Satyres, Pans, Napées, Oreades, Egipans220 qui portoient des cornes sur le front Et qui ballant sautoient comme les chévres font, Et le gentil troupeau des fantastiques fees Autour de moy dansoient à cottes221 agrafees222 […] Et toutesfois, Seigneur, ils font les empeschez, Comme si tes secrets ne leur estoient cachez, Braves entrepreneurs, et discoureurs des choses Qui aux entendemens de tous hommes sont closes, Qui par longue dispute et curieux propos Ne te laissent jouir du bien de ton repos… Comment pourrions nous bien avec nos petits yeux Cognoistre clairement les mysteres des cieux, Quand nous ne sçavons pas regir nos republiques, Ny mesme gouverner nos choses domestiques ? […] Je meurs quand les enfans qui n’ont point de raison Vont disputant de Dieu qu’on ne sçauroit comprendre, Tant s’en faut qu’un enfant ses secrets puisse entendre. […] Et di, qu’ayant encor sans cotton le visage, Je mis au jour les vers de mon apprentissage, Au lieu de demesler les épineuses lois, Les Nimphès, les Sylvains nous suivions par les bois392… Di, que je fus sujet393 à la haine, à l’envie De plusieurs qui depres épluchèrent ma vie : Et ne m’ayant haineux par inédits pardonné394, Secret sur leurs medits mes mœurs je façonné395.
De plus, il y a dans un art, quel qu’il soit, des termes de convention, une nomenclature adoptée, une langue particulière qu’il faut apprendre pour s’initier aux secrets de cet art.
Elle a renversé les idoles, établi la croix de Jésus, persuadé à un million d’hommes de mourir pour en défendre la gloire ; enfin, dans ses admirables Epîtres, elle a expliqué de si grands secrets, qu’on a vu les plus sublimes esprits, après s’être exercés longtemps dans les plus hautes spéculations où pouvait aller la philosophie, descendre de cette vaine hauteur, où ils se croyaient élevés, pour apprendre à bégayer humblement dans l’école de Jésus-Christ, sous la discipline de Paul. […] On sait, messieurs, que la reine a souvent exposé sa personne dans ces conférences secrètes ; mais j’ai à vous faire voir de plus grands hasards.
Pour découvrir les secrets de l’art, il faut étudier de préférence Homère el Démosthène, Virgile et Cicéron, Thucydide el Salluste, Xénophon et César, Tite-Live et Tacite. […] Bossuet, qui fut original comme les génies primitifs, étudia pourtant le secret de leur éloquence. […] La lecture, c’est trop souvent un regard furtif et rapide jeté sur un ouvrage ; la traduction, c’est la contemplation laborieuse et prolongée des pensées et des secrets du génie. […] Dans le choix des constructions et des tours, il a aussi besoin de beaucoup de réflexion, de discernement et de goût, et il découvre ainsi la finesse de l’art et les secrets d’un bon style. […] Ainsi, dans l’épopée, ce n’est plus l’homme qui parle et qui raconte ce qu’il a vu ; c’est un esprit supérieur qui l’inspire et lui révèle les secrets qu’il va dévoiler.
Il donne un sens aux faits, il en cherche les lois, il les explique par leurs causes ; il en surprend le secret dans les intentions des acteurs, dans les passions, les intérêts et les caractères.
Il les admire avec l’accent d’une amitié respectueuse qui trahit des sympathies secrètes de croyances, de sentiments ou même de talent ; car il nous parle de ses maîtres favoris avec leur tour d’esprit et presque dans leur langue.
Un bon sens aiguisé, fin et souriant, une modération courageuse et indépendante, une ironie très-malicieuse, mais que tempère la bienveillance et la gaieté, une franchise qui a du tact, l’art du badinage sérieux, la nouveauté des aperçus, le secret d’instruire en amusant, et d’élever une causerie jusqu’au ton de l’éloquence : tels sont les traits principaux de sa physionomie.
Beaumarchais 1732-1799 [Notice] Horloger, musicien, chansonnier, dramaturge, acteur comique, homme de plaisir, homme de cour, homme d’affaires, financier, manufacturier, éditeur, armateur, fournisseur, agent secret, négociateur, publiciste, tribun par occasion, plaideur éternel, Pierre Caron de Beaumarchais eut une existence aussi compliquée que l’intrigue de son Figaro.
Mon cœur, cependant, vous envoie ses vœux ; il demande pour vous, sinon le bonheur qui n’est point d’ici-bas, du moins ces secrètes consolations que la Providence fait couler d’en haut sur les âmes malades, ces joies intimes qui n’ont point de nom, parce qu’elles passent sur la terre comme quelque chose d’un autre monde, comme le souffle lointain de la patrie.
L’hypocrisie Quand je parle de l’hypocrisie, ne pensez pas que je la borne à cette espèce particulière qui consiste dans l’abus de la piété, et qui fait les faux dévots ; je la prends dans un sens plus étendu, et d’autant plus utile à votre instruction que peut-être, malgré vous-mêmes, serez-vous obligés de convenir que c’est un vice qui ne vous est que trop commun ; car j’appelle hypocrite quiconque, sous de spécieuses apparences, a le secret de cacher les désordres d’une vie criminelle.
Il y en a qui disent que Brutus était né d’un mariage secret de César avec Servilie, sœur de Caton d’Utique. […] Après la mort de son mari, elle obtint avec peine une pension de Louis XIV ; devint ensuite gouvernante des enfants de ce monarque et de madame de Montespan ; fut quelque temps après, dame d’atours de la dauphine, et gagna enfin toute la confiance et toute l’estime de Louis XIV, avec lequel elle fut unie par les liens d’un mariage secret, mais revêtu de toutes les formalités de l’église. […] Quant à l’homme, il aurait voulu qu’on lui fît une petite fenêtre au cœur, pour qu’on vit ses pensées les plus secrètes.
Mille principes se dérobent à nos recherches, parce que tous les secrets du Créateur ne sont pas faits pour nous. […] Il eut plus d’une fois des accents émus comme celui qui inspire ce cri généreux : « Quelle horreur qu’un jugement secret, une condamnation sans motifs ! […] Voltaire a dit de l’Académie : « Elle est l’objet secret des vœux de tous les gens de lettres ; ils font contre elle des chansons et des épigrammes jusqu’à ce qu’ils aient obtenu ses faveurs, et ils la négligent dès qu’ils en ont la possession. » Ailleurs il écrit : « Les académies sont aux universités ce que l’âge mûr est à l’enfance, ce que l’art de bien parler est à la grammaire, ce que la politesse est aux premières leçons de la civilité. » 1.
Il favorise les passions, et Il impose pourtant des bienséances qui les gênent : il fait des leçons publiques du vice et de la volupté, et il exige pourtant le secret et une sorte de ménagement de ceux qui s’y livrent. […] Les hommages publics qu’on leur rend les rassurent sur le mépris secret qu’on a pour eux.
Tel, en un secret vallon, Sur le bord d’une onde pure, Croît, à l’abri de l’aquilon4, Un jeune lis, l’amour de la nature. […] Renfermez votre amour dans le fond de votre âme : Vous n’aurez point pour moi de langages secrets ; J’entendrai des regards que vous croirez muets ; Et sa perte sera l’infaillible salaire D’un geste ou d’un soupir échappé pour lui plaire.
A les entendre exalter sans cesse en termes magnifiques la majesté du sénat et du peuple, nous éprouvons à la longue comme un secret dépit, celui que ressentiraient des vaincus humiliés par la jactance de leurs vainqueurs. […] D’ailleurs le maître nous a révélé les secrets de son art.
Par ma foi, monsieur l’intendant, vous nous obligerez de nous faire voir ce secret et de prendre mon office de cuisinier : aussi bien vous mêlez-vous céans3 d’être le factotum.
Il leur dérobe leur secret par mille aveux involontaires qui ressemblent à une confidence, et parfois à une confession.