/ 214
2. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VI. Analyse du discours sur l’esprit philosophique, par le P. Guénard. »

Voilà le génie qui créa les sciences ; et lui seul pourra les enrichir, et lui seul pourra les élever à la perfection. Que sont en effet toutes les sciences humaines ? […] Ce furent donc le courage et la fierté d’esprit d’un seul homme qui causèrent dans les sciences cette heureuse et mémorable révolution, dont nous goûtons aujourd’hui les avantages avec une superbe ingratitude. Il fallait aux sciences un homme de caractère, un homme qui osât conjurer tout seul, avec son génie, contre les anciens tyrans de la raison ; qui osât fouler aux pieds ces idoles que tant de siècles avaient adorées. […] Il n’appartient qu’à ces génies rapides qui s’élancent tout d’un coup aux premières causes, de traiter les sciences, les arts et la morale, d’une manière également noble et lumineuse.

3. (1892) La composition française aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne, d’après les programmes de 1891, aux examens de l’enseignement secondaire des jeunes filles et aux concours d’admission aux écoles spéciales pp. -503

Les arguments de la science contre la liberté : leur valeur. […] Leur rôle respectif dans le développement des sciences. […] De l’hypothèse, son rôle dans les sciences. […] Est-il vrai, comme on le dit souvent, que la science soit l’ennemie de la poésie, et que les progrès des sciences doivent amener la ruine de la littérature et des beaux-arts ? […] L’histoire qui était surtout un art devient une science.

4. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Mignet Né en 1796 » pp. 261-264

On sait que, nommé à l’Académie française en 1836, il devint secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales en 1839 ; c’est à ce titre qu’il a prononcé de nombreux éloges, qui sont autant de pages accomplies. L’histoire est chez lui une science et un art. […] L’histoire est un enseignement L’histoire est faite pour prouver et pour enseigner, et vous avez raison, monsieur, de la croire une science. […] C’est par là, en effet, qu’elle montre les fautes suivies de leurs inévitables châtiments, les desseins longuement préparés et sagement accomplis, couronnés de succès infaillibles ; c’est par là qu’elle élève l’âme au récit des choses mémorables, qu’elle fait servir les grands hommes à en former d’autres, qu’elle communique aux générations vivantes l’expérience acquise aux dépens des générations éteintes, qu’elle expose dans ce qui arrive la part de la fortune et celle de l’homme, c’est-à-dire l’action des lois générales et les limites des volontés particulières ; en un mot, monsieur, c’est par là que, devenue, comme vous le désirez, une science avec une méthode exacte et un but moral, elle peut avoir la haute ambition d’expliquer la conduite des peuples et d’éclairer la marche du genre humain 1. […] Les anciennes sciences s’étendent et s’appliquent ; des sciences nouvelles s’élèvent ; on pénètre dans les plus profondes obscurités de la terre, et l’on va y découvrir les premières ébauches de la création et les plus anciennes œuvres de Dieu.

5. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre II. division de la rhétorique. — de l’invention  » pp. 24-37

Dans les sciences de faits, on n’apprend bien que par l’analyse, on ne retient bien que par la synthèse. […] Second moyen : la science, c’est-à-dire l’observation dans le passé, l’étude de ce qui nous a précédés, ajoutée à celle de ce qui nous entoure. […] Ensuite, chaque science est une collection d’idées laborieusement accumulées et coordonnées par les générations successives. Plus on aura acquis de sciences diverses, plus on aura ouvert de sources à l’invention. […] Cette science des mots a fait une grande partie de la renommée de deux de nos contemporains, MM.

6. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Pascal, 1623-1662 » pp. 56-71

La nature les instruit à mesure que la nécessité les presse ; mais cette science fragile se perd avec les besoins qu’ils en ont : comme ils la reçoivent sans étude, ils n’ont pas le bonheur de la conserver ; et toutes les fois qu’elle leur est donnée, elle leur est nouvelle, puisque la nature n’ayant pour objet que de maintenir les animaux dans un ordre de perfection bornée, elle leur inspire cette science nécessaire, toujours égale, de peur qu’ils ne tombent dans le dépérissement, et ne permet pas qu’ils y ajoutent, de peur qu’ils ne passent les limites qu’elle leur a prescrites3. […] De là vient que, par une prérogative particulière, non-seulement chacun des hommes s’avance de jour en jour dans les sciences, mais que tous les hommes ensemble y font un continuel progrès à mesure que l’univers vieillit, parce que la même chose arrive dans la succession des hommes que dans les âges différents d’un particulier. […] Ce qui m’y a véritablement porté est l’union que je trouve en sa personne sacrée de deux choses qui me comblent également d’admiration et de respect, à savoir l’autorité souveraine et la science solide ; car j’ai une vénération toute particulière pour ceux qui sont élevés au suprême degré ou de puissance ou de connoissances. […] Et afin que cette grande merveille parût accompagnée de tous les sujets possibles d’étonnement, le degré où les hommes n’avoient pu atteindre est rempli par une jeune reine, dans laquelle se rencontrent ensemble l’avantage de l’expérience avec la tendresse de l’âge, le loisir de l’étude avec l’occupation d’une royale naissance, et l’éminence de la science avec la foiblesse du sexe. […] C’est elle en qui la puissance est dispensée par les lumières de la science, et la science relevée par l’éclat de l’autorité.

7. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Descartes, 1596-1650 » pp. 11-20

Diverses considérations touchant les sciences Le bon sens est la chose du monde la mieux1 partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. […] J’y avais appris tout ce que les autres y apprenaient ; et même, ne m’étant pas contenté des sciences qu’on nous enseignait, j’avais parcouru tous les livres traitant de celles qu’on estime les plus curieuses et les plus rares qui avaient pu tomber entre mes mains. […] Puis, pour les autres sciences, d’autant qu’elles empruntent leurs principes de la philosophie, je jugeais qu’on ne pouvait avoir rien bâti qui fût solide sur des fondements si peu fermes ; et ni l’honneur ni le gain qu’elles promettent n’étaient suffisants pour me convier à les apprendre : car je ne me sentais point, grâce à Dieu, de condition1 qui m’obligeât à faire un métier de la science pour le soulagement de ma fortune ; et, quoique je ne fisse pas profession de mépriser la gloire en cynique, je faisais néanmoins fort peu d’état de celle que je n’espérais point pouvoir acquérir qu’à faux titres. […] Descartes emploie le même mot au chapitre iv de la VIe partie du Discours : « Si j’ai ci-devant trouvé quelques vérités dans les sciences… je puis dire que ce ne sont que des suites et des dépendances de cinq ou six principales difficultés que j’ai surmontées et que je compte pour autant de batailles où j’ai eu l’heur de mon côté. » Le mot heur s’employait autrefois assez fréquemment. […] N’est-ce pas la lâcheté d’esprit qu’il faut accuser d’avoir prolongé l’enfance du monde et des sciences ?

8. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

La science des vers, l’art d’en varier la structure et le rhythme, s’appelle versification. […] Science et littérature. […] Il ne s’agit pas ici des démonstrations de la logique ou de la science. […] Elle montre dans la logique les procédés du raisonnement et les méthodes de la science. […] Toute science a sa langue technique et sa nomenclature spéciale.

9. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Préface. »

Le plan d’études arrêté par le ministre de l’Instruction publique, le 30 août 1852, met au nombre des matières qui doivent entrer dans l’enseignement commun à la section des lettres et à la section des sciences, pour la classe de rhétorique, les Notions élémentaires de rhétorique et de littérature. […] On pense, avec raison selon nous, que, sans négliger des exercices extrêmement utiles, il est bon de les lier entre eux par une théorie générale ; en d’autres termes, que faire sa rhétorique, ce n’est pas seulement faire avec succès les devoirs donnés dans cette classe, c’est aussi apprendre la science qui porte ce nom, et qui fait connaître et distinguer les diverses sortes de discours, leurs parties, les lieux oratoires qu’on y emploie, etc. […] Ajoutons que l’homme qui écrit pour l’enseignement ne doit pas, en général, exposer ses propres idées, ni les idées contestées ; mais bien celles qui sont communément reçues, et dont l’ensemble constitue véritablement la science, selon l’opinion du monde ; qu’ainsi un ouvrage classique pour la littérature doit toujours s’appuyer ou d’autorités incontestables, ou d’ouvrages antérieurs reconnus bons et acceptés partout comme tels. […] Cette science est, avec raison, exclue de l’enseignement des collèges. […] Mais, sans l’étudier à fond et comme une science à part, n’y a-t-il pas des notions qu’il serait fâcheux de ne pas avoir, et qu’un professeur serait coupable de ne pas donner ?

10. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fontenelle. (1657-1757). » pp. 110-119

La réputation qu’il chercha dans presque tous les genres, il la trouva enfin, solide et véritable, dans l’alliance de la littérature avec la science, qu’il sut mettre à la portée du vulgaire des lecteurs. […] Admis jeune à l’Académie des sciences, il devint à quarante ans secrétaire perpétuel de cette compagnie ; et ce fut en cette qualité qu’il prononça ses Éloges des savants, qui forment son principal titre littéraire. […] Loin de connaître les sciences, ils ne connaissaient pas les arts les plus simples et les plus nécessaires ; ils n’avaient point d’autres armes que l’arc ; ils n’avaient jamais conçu que les hommes pussent être portés par des animaux ; ils regardaient la mer comme un grand espace défendu aux hommes, qui se joignait au ciel, et au delà duquel il n’y avait rien. […] Histoire de l’Académie des sciences 2 (Éloges des académiciens). […] Flourens, membre de l’Académie française et secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, a jugé avec tant de compétence celui qui a tout abordé, depuis la pastorale jusqu’aux mathématiques transcendantes : Fontenelle, ou de la Philosophie moderne, relativement aux sciences physiques ; voy. particulièrement les chap. 6, 7 et 8.

11. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Buffon. (1707-1788.) » pp. 146-152

Auparavant, Buffon s’était livré à l’étude des sciences : son puissant génie s’attacha dès lors à pénétrer dans tous les secrets de l’art d’écrire, dont il nous a si parfaitement tracé les lois. […] Néanmoins, après la perte des sciences, les arts utiles auxquels elles avaient donné naissance se sont conservés : la culture de la terre devenue plus nécessaire à mesure que les hommes se trouvaient plus nombreux, plus serrés ; toutes les pratiques qu’exige cette même culture, tous les arts que supposent la construction des édifices, la fabrication des idoles et des armes, la texture2 des étoffes, etc., ont survécu à la science ; ils se sont répandus de proche en proche, perfectionnés de loin en loin ; ils ont suivi le cours des grandes populations : l’ancien empire de la Chine s’est élevé le premier, et presque en même temps celui des Atlantes en Afrique ; ceux du continent de l’Asie, celui de l’Egypte, d’Ethiopie, se sont successivement établis, et enfin celui de Rome, auquel notre Europe doit son existence civile. […] Par son intelligence, les animaux ont été apprivoisés, subjugués, domptés, réduits à lui obéir à jamais ; par ses travaux, les marais ont été desséchés, les fleuves contenus, leurs cataractes effacées, les forêts éclaircies, les landes cultivées ; par sa réflexion, les temps ont été comptés, les espaces mesurés, les mouvements célestes reconnus, combinés, représentés, le ciel et la terre comparés, l’univers agrandi et le Créateur dignement adoré ; par son sort émané de la science, les mers ont été traversées, les montagnes franchies, les peuples rapprochés, un nouveau monde découvert, mille autres terres isolées sont devenues son domaine ; enfin la face entière de la terre porte aujourd’hui l’empreinte de la puissance de l’homme, laquelle, quoique subordonnée à celle de la nature, souvent a fait plus qu’elle1, ou du moins l’a si merveilleusement secondée, que c’est à l’aide de nos mains qu’elle s’est développée dans toute son étendue, et qu’elle est arrivée par degrés au point de perfection et de magnificence où nous la voyons aujourd’hui. […] Dans l’instabilité progressive de la science, les hypothèses que contient ce livre ont pour la plupart été délaissées ; mais on n’en répétera pas moins, après M. […] On sait quelle impulsion l’étude des sciences naturelles a reçue de cet ouvrage ; à Buffon l’on a dû peut-être Cuvier.

12. (1881) Rhétorique et genres littéraires

 » La Rhétorique peut prévenir les erreurs de la justice ; elle est aussi plus capable que la science pure de faire pénétrer la vérité parmi les hommes. […] (La Fontaine, L’Avantage de la science, VIII, 19.) […] C’était pour eux une véritable science de pantomime, et les rhéteurs notaient même la pose de la main, le mouvement des doigts et la direction du regard. […] Il exige chez celui qui le compose, le goût, la science et un peu de l’âme du poète. […] Que dirait-il de nos jours, où la précision sévère de la science historique et de la critique ont remplacé les légendes, les traditions, et où l’on ne peut idéaliser des personnages dont elles ont fixé tous les traits.

13. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Principes généraux des Belles-Lettres. » pp. 1-5

Dans les divers empires, où les lumières ont fait quelques progrès, les Belles-Lettres ont toujours devancé les sciences. […] Il est également certain que les Belles-Lettres servent à répandre et à faire goûter les sciences, par l’éclat, les agréments et l’intérêt qu’elles prêtent aux matières les plus abstraites, les plus arides et les plus rebutantes. […] Les anciens reconnaissaient Apollon pour être tout à la fois le dieu des arts et le dieu des sciences : les neuf muses qui composaient sa cour, étaient des sœurs inséparables, formant un seul chœur, quoique chacune d’elles présidât à un art ou à une science particulière.

14. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre II. Des différentes espèces de Discours Oratoires. »

Une longue et sérieuse étude de la théologie, qui n’est autre chose que la science de la religion, lui est d’une nécessité indispensable, pour qu’il distingue exactement ce qui est de foi, d’avec ce qui n’est que d’opinion. […] Voilà proprement la science qui lui est indispensable, et qu’il doit regarder comme le fondement nécessaire de l’édifice. […] Vous les avez conquis aux sciences ; et cette espèce de conquête, aussi utile pour eux, que glorieuse pour vous, vous était réservée. […] Les éloges qu’on prononce dans l’Académie des sciences, et dans celle des belles-lettres, sont historiques. […] Les Éloges des membres de l’Académie des sciences par Fontenelle, étincellent de beautés, tantôt fines, tantôt frappantes.

15. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Notions préliminaires » pp. 2-15

La Littérature est la science des règles, des lois, des principes, qui doivent régir la composition ou l’appréciation des œuvres de l’esprit ; c’est l’art d’exprimer, de rendre sensible aux autres, ou de saisir et de juger la pensée humaine, lorsque cette pensée se manifeste dans le langage ou lorsqu’elle se fixe par l’écriture. […] Les hommes de génie devancent les autres esprits dans la carrière des lettres ou des sciences, parce qu’ils conçoivent plus vivement et plus parfaitement les choses. […] Cette faculté merveilleuse de conserver et de réveiller les sensations et les idées, est le trésor de toutes les connaissances, puisque sans elle il serait impossible d’avoir aucune science ni aucun art. […] Les principes des sciences elles-mêmes seraient rebutants, si les belles-lettres ne leur prêtaient des charmes. […] Éclairer les intelligences, redire les grandes actions et marquer les mauvaises au coin de la honte ; perpétuer les belles traditions nationales, rendre moins arides les sentiers de la science ; produire les suaves compositions qui font le charme des heures de loisir ; ramener sans cesse l’admiration vers le beau ; considérer comme le principe vital de la littérature le sentiment religieux, où l’on trouve le premier type de la beauté, le souffle divin qui seul fait naître l’enthousiasme et l’admiration ; entourer d’un respect inaltérable l’autel, le foyer domestique, la vieillesse, la paternité ; faire vibrer toutes les nobles cordes du cœur humain, et mépriser les succès qu’obtiennent les dramaturges du vice et les peintres de monstruosités ; en un mot, prendre pour éléments des belles-lettres le sentiment religieux, le patriotisme et le goût, voilà dit, M.

16. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

Mes gens à la science aspirent pour vous plaire, Et tous ne font rien moins que ce qu’ils ont à faire, Raisonner est l’emploi de toute ma maison, Et le raisonnement en bannit la raison. […] Il ne combat ici que le ridicule de la science prétentieuse et stérile. […] En voici un fragment : « La science est une chose très-dangereuse pour les femmes. On ne connaît presque pas de femmes savantes qui n’aient été ou malheureuses, ou ridicules par la science. […] La science, de sa nature, aime à paraître ; car nous sommes tous orgueilleux.

17. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre IV. Thomas. »

C’est bien moins encore à lui à donner des leçons à ceux qui gouvernent : il y a un peu trop loin de la science qui étudie les hommes, du talent même qui les connaît, au grand art qui les gouverne ; et Thomas lui-même l’avait dit : «  Le philosophe, par sa vie obscure, doit mieux juger les choses que les hommes ». […] Mais Thomas se croyait appelé à faire une révolution dans l’éloquence ; et cette révolution consistait à substituer le jargon philosophique à la belle et noble simplicité dont Voltaire et Buffon viennent de nous donner des exemples ; aux mouvements de l’âme, de froides et ridicules exclamations ; et le langage technique des sciences exactes à ces figures hardies ou touchantes qui donnent tant de force ou de chaleur au style. […] Rien de plus aisé à comprendre : « Il étudiait l’art qui enseigne les propriétés du mouvement, qui mesure les temps et les espaces, qui calcule les vitesses et commande aux éléments dont il s’assujétit les forces ; l’art de faire mouvoir tous ces vastes corps, d’établir un concert et une harmonie de mouvement entre cent mille bras, de combiner tous les efforts qui doivent concourir ensemble, de calculer l’activité des forces et le temps de l’exécution. — Maurice écartait les barrières du préjugé pour reculer les limites de son art : après avoir trouvé le bien, il cherchait le mieux. — Il s’élançait au-delà du cercle étroit des événements, et créait des combinaisons nouvelles ; imaginait des dangers pour trouver des ressources ; étudiait surtout la science de fixer la valeur variable et incertaine du soldat, et lui donner le plus grand degré d’activité possible ». […] Thomas procède peut-être d’une manière un peu trop uniforme : il emploie trop souvent l’analyse et l’épuise trop souvent : il se sert quelquefois de termes de science et d’art qui présentent à l’esprit des idées trop vagues, comme les mots de calcul, de choc, de résistance, de frottement, expressions qui semblent d’ailleurs un peu sèches, lorsqu’il s’agit de morale et de littérature.

18. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Définition et division. »

La Rhétorique est la science de bien dire. […] Gerusez, est comme toutes les sciences, utile aux bons esprits, nuisible aux esprits faux ; c’est la liqueur que le vase améliore ou corrompt selon sa nature. […] Ce passage seul peut faire comprendre combien la science de bien dire est importante, noble, sublime, et combien l’on doit craindre de la dégrader, en l’éloignant de la vérité et de la vertu qui sont les sources du beau, pour la faire servir au triomphe du vice et du mensonge, qui avilissent l’homme, et des passions immorales qui le rapprochent de la brute, dont la parole doit par sa nature le distinguer plus que toute autre chose.

/ 214