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53. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IV. des topiques ou lieux. — lieux applicables a l’ensemble du sujet. » pp. 48-63

Ici on offre le sacrifice adorable de Jésus-Christ pour l’âme de celui qui a sacrifié sa vie et son sang pour le bien public ; là on lui dresse une pompe funèbre où on s’attendait à lui dresser un triomphe. […] Analyse : L’impie Achab détruit, et de son sang trempé Le champ que par le meurtre il avait usurpé ; Près de ce champ fatal Jézabel immolée, Sous les pieds des chevaux cette reine foulée, Dans son sang inhumain les chiens désaltérés, Et de son corps hideux les membres déchirés ; Des prophètes menteurs la troupe confondue, Et la flamme du ciel sur l’autel descendue ; Elie aux éléments parlant en souverain, Les cieux par lui fermés et devenus d’airain, Et la terre trois ans sans pluie et sans rosée ; Les morts se ranimant à la voix d’Elisée.

54. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVIII. des qualites essentielles du style. — harmonie  » pp. 240-256

Que le sang est encor plus éloquent que lui. […] Et respectant le coup par vous-même ordonné, Vous rendre tout le sang que vous m’avez donné. Rotrou : Le sang qui sortira de ce sein innocent Prouvera malgré vous sa source en se versant.

55. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre V. De la disposition. »

Desèze pour Louis XVI ; l’exorde pompeux de l’oraison funèbre de Bossuet sur la mort de la reine d’Angleterre : Celui qui règne dans les cieux…  ; l’exorde véhément du discours de Clytemnestre à Agamemnon, dans l’Iphigénie de Racine : Vous ne démentez point une race funeste ; Oui, vous êtes le sang d’Atrée et de Thyeste : Bourreau de votre fille, il ne vous reste enfin Que d’en faire à sa mère un horrible festin. […] On ne voit plus que carnage ; le sang enivre le soldat jusqu’à ce que ce grand prince, qui ne peut voir égorger ces lions comme de timides brebis, calma les courages émus, et joignit au plaisir de vaincre celui de pardonner. » 4° Confirmation. […] « Servez donc ce roi immortel et si plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom, plus que tous les autres ne feront jamais tout votre sang répandu ; et commencez à compter le temps de vos utiles services du jour que vous vous serez donnés à un maître si bienfaisant.

56. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Canevas

Bayard répond avec le respect dû à un prince issu du sang de ses rois. […] L’oracle de Thèbes avait prédit, que pour terminer la guerre entre les fils d’Œdipe, le dernier prince de la maison royale devait verser son sang. […] Les bourreaux sont émus, ils décident qu’on fera grâce au vieillard, si la jeune fille consent à boire un verre de sang humain ! […] Le fantôme répond que ce sang ne coulera que cinq règnes après celui de Charles XI. […] Ma fille, tendre objet de mes dernières peines, Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines, C’est le sang de vingt rois tous chrétiens comme moi ; C’est le sang des héros défenseurs de ma loi, C’est le sang des martyrs.

57. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre IX. Parallèle des Oraisons funèbres de Condé, par Bossuet et de Turenne, par Fléchier et Mascaron. »

quelle fatale influence te porta à répandre tant de sang, et à perdre tant de vaillants hommes, qui eussent pu te rendre maîtresse de l’Europe ! […] Mais puisqu’il est impossible de passer sur des choses que tant de sang répandu a trop vivement marquées, montrons-les du moins avec l’artifice de ce peintre, qui, pour cacher la difformité d’un visage, inventa l’art du profil.

58. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — De Laprade Né en 1812 » pp. 576-582

Ce grain d’or1, sous sa pâle écorce, C’est le germe de notre force, C’est notre sang et notre chair. […] A la jeunesse On dit qu’impatient d’abdiquer4 la jeunesse, Aux sordides calculs vous livrez vos vingt ans ; Qu’à moins d’un sang nouveau qui du vieux sol5 renaisse, La France et l’avenir ont perdu leur printemps.

59. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

J’ai le plaisir que les princes du sang y consentent, et que ceux des pairs à qui j’ai pu m’en ouvrir sont entrés dans mes sentiments et ont bien voulu même m’en prier. […] J’étais mineur, et dans l’idée du feu Roi, M. du Maine était prince du sang et habile à succéder à la couronne. Présentement je suis majeur, et non seulement M. du Maine n’est plus prince du sang, mais il est réduit à son rang de pairie. […] Celle qu’elle mérite fut obscurcie par les artifices de comédienne qu’on lui reprochait, et souillée par le sang de Marie Stuart, dont rien ne peut la laver. […] Ils sont portés par les flots contre des rochers voisins, où leur sang se mêle à l’écume qui les blanchit.

60. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Lamennais, 1782-1854 » pp. 455-468

fait tressaillir de joie une multitude ivre de sang. […] Ces pleurs, ce sang, pourquoi ont-ils coulé ? […] Dans le Saint-Genest de Rotrou, Adrien parle ainsi : J’ai contre eux éprouvé tout ce qu’eût pu l’enfer, J’ai vu bouillir leur sang sous des ongles de fer, J’ai vu couler leur corps dans la poix et les flammes, J’ai vu leur chair tomber sous de flambantes lames, Et n’ai rien obtenu de ces cœurs glorieux Que de les avoir vus pousser des chants aux cieux, Prier pour leurs bourreaux au fort de leur martyre, Pour vos prospérités et pour l’heur de l’empire.

61. (1873) Principes de rhétorique française

Élevé dans le sein d’une chaste héroïne, Je n’ai point de son sang démenti l’origine. […] Vertu digne de Rome, et sang digne d’Horace, Appui de ton pays, et gloire de ta race ! […] Le meurtrier, arrosé de ce noble sang, marche la tête haute, et comme s’il eût fait la plus belle action, tend gaîment sa main sacrilège à ses complices qui triomphent avec lui. […] L’actif et le passif peuvent également s’employer : Phèdre brûle ou est brûlée, d’un feu secret. — Au lieu de l’ardeur dont il était animé, Bossuet aurait pu dire qui ranimait. — A la place de, le sang enivre le soldat, le soldat est enivré par le sang. […] Dieu l’a dit : vous êtes des Dieux ; mais, ô dieux de chair et de sang !

62. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

La rage s’empare de tous les cœurs, les yeux roulent du sang, la main frémit sur l’épée. […] Choisissons des épouses dont le lait soit du sang, et qui remplissent de valeur le cœur de nos fils. […] Ces guerriers allaient répandre pour leurs princes les restes d’un sang dont ces princes avaient presque tari la source ! […] Mais pourquoi répandre tant de sang ? […] À Dieu ne plaise que la moindre goutte de mon sang retombe sur aucun de vous !

63. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

La passion est le sang, ou mieux encore le souffle qui fait circuler la vie dans cette matière inanimée. […] Dans le vulgaire obscur si le sort l’a placé, Qu’importe qu’au hasard un sang vil soit versé ! […] Le sang les avait joints, l’intérêt les sépare. […] tu as voulu des supplices, en voilà : soûle ta vengeance ; voilà assez de sang, assez de carnage. […] et quand je l’ai servie, Elle me redemande et son sang et sa vie !

64. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — André de Chénier 1762-1794 » pp. 480-487

Apollon, si jamais, échappé du tombeau, Il retourne au Ménale avoir soin du troupeau, Ces mains, ces vieilles mains orneront ta statue De ma coupe d’onyx à tes pieds suspendue ; Et, chaque été nouveau, d’un taureau mugissant La hache à ton autel fera couler le sang. […] Il eut les lumières et la foi en tous les progrès ; la barbarie, sous quelque forme qu’elle ose paraître, l’indigna, et fit bouillonner son sang.

65. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Molière 1622-1673. » pp. 27-43

Croyez-vous qu’il suffise d’en porter le nom et les armes, et que ce nous soit une gloire d’être sortis d’un sang noble, lorsque nous vivons en infâmes ? […] Ainsi vous descendez en vain des aïeux dont vous êtes né ; ils vous désavouent pour leur sang, et tout ce qu’ils ont fait d’illustre ne vous donne aucun avantage : au contraire, l’éclat n’en rejaillit sur vous qu’à votre déshonneur, et leur gloire est un flambeau qui éclaire aux yeux d’un chacun la honte de vos actions. […] La circulation du sang venait d’être découverte par Harvey.

66. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre II. Des qualités du style » pp. 79-118

2° Par des qualificatifs convenables ou agréables et des images frappantes : Et je n’ai plus trouvé qu’un horrible mélange D’os et de chairs meurtris et traînés dans la fange, Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux Que des chiens dévorants se disputaient entre eux. […] 4° Par une expression plus noble rapprochée du terme bas ou commun, ou par une allusion piquante : Ai-je besoin du sang des boucs et des génisses ? […] De même, il est contraire à la noblesse de parler, comme l’a fait un auteur moderne, d’ équarrisseurs de chair humaine, de manufacturiers de cadavres , de fabrique de pourriture et de sang , etc. […] Mais quelque noble orgueil qu’inspire un sang si beau, Le crime d’une mère est un pesant fardeau.

67. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Amyot, 1513-1593 » pp. -

Ce qu’entendans certains espions qui estoient dedans la ville, l’allerent rapporter à Sylla, lequel incontinent sur la minuict10 approcha son armée de ce costé là, par où il entra dedans, et peu s’en falut qu’il ne la rasast toute11 ; mais au moins l’emplit il de meurtre, et fut la rue que l’on appeloit Ceramique12 toute arrosée de sang, estant Sylla plus indigné1 contre ceux de la ville pour certaines paroles injurieuses, que pour autre offense qu’ils luy eussent faitte : car pour se mocquer de Sylla et de sa femme Metella2, ils venoient sur la muraille et disoient : « Sylla est une meure3 aspergée de farine », et un tas d’autres telles mocqueries ; et par ainsi4 pour la plus legere chose du monde, comme dit Platon5, c’est à sçavoir pour des paroles, ils payerent une très griefve6 et très cruelle amende. […] -C), connu par sa rivalité avec Marius ; vainqueur de Mithridate, il entra à Rome, proscrivit ses adversaires et rétablit l’aristocratie, après avoir fait couler des flots de sang.

68. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Pascal, 1623-1662 » pp. 56-71

Tout cela est bien pur et bien innocent ; et néanmoins l’Église abhorre tellement le sang, qu’elle juge encore incapables du ministère de ses autels ceux qui auraient assisté à un arrêt de mort, quoique accompagné de toutes ces circonstances si religieuses1 : par où il est aisé de concevoir quelle idée l’Église a de l’homicide. […] Mais, pour lui présenter un autre prodige aussi étonnant, qu’il recherche dans ce qu’il connaît les choses les plus délicates ; qu’un ciron lui offre dans la petitesse de son corps des parties incomparablement plus petites, des jambes avec des jointures, des veines dans ces jambes, du sang dans ces veines, des humeurs dans ce sang, des gouttes dans ces humeurs, des vapeurs dans ces gouttes ; que, divisant encore ces dernières choses, il épuise ses forces en ces conceptions, et que le dernier objet où il peut arriver soit maintenant celui de notre discours ; il pensera peut-être que c’est là l’extrême petitesse de la nature.

69. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

Il n’y a rien qui rafraîchisse le sang comme d’avoir su éviter de faire une sottise. […] Comme le sang est insipide, il veut des mets qui tiennent de sa nature1009. […] D’un autre côté, le chirurgien nous secondant par la quantité de sang qu’il tirait, nous réduisîmes, en moins de deux jours, le vieux chanoine à l’extrémité.... […] Les liens du sang fascinèrent les yeux aux deux gendres de M. […] bien nécessaire d’avertir souvent les hommes qu’ils doivent ménager le sang des hommes.

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