Après l’assassinat, qui fut un malheur public, il ne se consola pas d’une telle perte, et, prévoyant les dangers qui menaçaient son parti, il acheta la place de Doignon, qu’il mit à l’abri d’un coup de main, pour protéger La Rochelle, dernier boulevard de la Réforme. […] Ils ne furent livrés au public que trente-six ans plus tard.
Ainsi, de la racine primitive re, chose, objet que l’on voit, on a formé le mot latin res, chose, qui, joint à l’adjectif public-us, a, um, public, a formé le mot composé respublica, la chose publique ou la république. — De même le mot judicium, jugement, se compose de jus, juris, droit, et dicere ; dire le droit ou juger. — L'adjectif sincer-us, a, um, comprend les deux mots sine, sans, et cera, cire ; c’est-à-dire sans cire, sans mélange, pur, sincère. — Le mot princeps est composé de l’adjectif prim-us, a, um, et du mot caput, première tête, ou le premier, le chef, le prince. — Le verbe fero, je porte, a formé plusieurs composés en se joignant à divers substantifs.
Ame chevaleresque, elle resta fidèle à l’infortune trop méritée de Fouquet, et à la vieillesse assombrie de Corneille que désertait l’ingratitude publique. […] Quelle prudence ne faut-il pas pour conduire, et réunir au seul intérêt public tant de vues et de volontés différentes ? […] Leur vie est si précieuse à l’État, que leur mort est une perte publique, et le regret universel pourrait servir de consolation particulière. […] Nous avons été dans une conversation publique où elle n’a rien dit ; c’est tout dire. […] Je monte ainsi jusqu’au château, d’une marche lente et mesurée, afin de me prêter pour un peu plus de temps à la curiosité publique.
Elles peuvent rouler sur tout, prendre tous les langages, n’être que d’une ligne, former des volumes, s’adresser à un ou à plusieurs particuliers, quelquefois au public ; et, pour tout dire en un mot, des lettres ne sont pas un ouvrage : elles sont plusieurs ouvrages. […] Les premières sont des ouvrages destinés, la plupart du temps, au public, et qui sont naturellement soumis aux règles convenables à ces ouvrages mêmes.
La science beaucoup plus répandue de nos jours, les découvertes entrées rapidement dans le domaine public ont enrichi la langue d’une foule de métaphores dont les écrivains des deux derniers siècles, les eussent-ils connues, se seraient soigneusement gardés, parce que leurs lecteurs ne les auraient point comprises, et qu’en définitive, il ne faut pas l’oublier, le premier mérite, quand on parle, est d’être entendu. […] Remarquez que l’allusion réelle doit rappeler des faits, des idées, des opinions, des mots généralement connus, et appartenant en quelque sorte au domaine public. […] demande l’un. — Rien, répond l’autre, sinon que vous montez et que je descends. » Les auteurs d’Ana attribuent à Molière un mot qu’il n’a probablement jamais prononcé, mais qui rentre parfaitement dans les allusions verbales : « Messieurs, aurait-il dit un jour à son public, nous vous avions promis Tartufe pour demain ; nous regrettons d’être forcés de vous manquer de parole ; monsieur le premier président ne veut pas qu’on le joue. » On peut placer parmi les allusions verbales la figure nommée par les rhéteurs syllepse oratoire, pour la distinguer de la syllepse grammaticale, dont il sera bientôt question.
Il a été, sous une forme enchanteresse, le plus éloquent interprète de cette mélancolie philosophique et religieuse qui flottait dans l’air, au lendemain des révolutions et des catastrophes publiques : il exprima le malaise des âmes, l’inquiétude de l’infini. […] Nous devons des remercîments publics à M. de Lamartine et à ses éditeurs, MM. […] L’encan est le cri public qui se fait par un huissier pour une vente à l’enchère.
Voici maintenant un exemple emprunté de Massillon : « Vous vous plaignez que votre ennemi vous a décrié en secret et en public. […] Nos chutes se cachent sous l’obscurité de notre destinée ; mais qu’offrirait notre vie aux yeux du public, si elle était en spectacle comme la leur ?
Les actions et les mots, les discours et les exemples, tout concourt dans les livres latins à former des hommes publics. […] Toutes les républiques de la Grèce se montrent à nous divisées en factions ennemies ; ces factions se combattent, en paroles s’entend, sur la place publique, et le parti vaincu se soumet paisiblement à la décision de la majorité.
Vous l’avez rencontré, provoqué sur la voie publique et vous étiez armé : voilà des adjoints. […] La renommée est, suivant les cas ou les besoins de la cause, une vaine rumeur, un faux bruit ou la voix du peuple, le cri de la conscience publique. […] Lorsque Théodose, aux fêtes de Pâques, fit remettre en liberté les prisonniers détenus dans les prisons publiques, et qu’il ajouta : « Je voudrais pouvoir ressusciter les morts ! […] il vient au sénat, il prend part aux délibérations publiques, marque et désigne de l’œil ceux de nous qu’il voue à la mort ! […] Ne voulez-vous jamais, dites-moi, qu’aller sur la place publique, vous questionnant les uns les autres ?
Leclerc dans sa rhétorique, quand Socrate préparait ses auditeurs au grand théâtre des luttes judiciaires et des délibérations publiques, leurs exercices oratoires n’avaient certainement ni la même étendue ni la même forme que les discours de Démosthènes : et quand Plotius vint donner à Rome les premières leçons d’éloquence latine, les déclamations de ses élèves ne ressemblaient sans doute ni à la seconde Philippique, ni aux plaidoyers pour Cluentius et pour Milon. […] Placé dans le sein même de la patrie, au-dessus de toutes les craintes, ou parce quelle peut les garantir de tous les dangers, ou parce qu’elle offre des motifs suffisants pour les braver tous ; au-dessus de tous les intérêts particuliers, parce qu’aux yeux de la raison, il se réunissent tous alors dans l’intérêt général, rien ne lui manque de ce qui peut échauffer le cœur, élever et fortifier l’âme, et donner à l’esprit des lumières nouvelles ; ni la grandeur des sujets, puisqu’ils embrassent les destinées publiques et les générations futures ; ni ce double aiguillon des difficultés et des encouragements, selon les anciens maîtres, si nécessaire à l’orateur : car il est ici en présence de toutes les passions ou connues ou cachées, généreuses ou abjectes ; il est de toutes parts assiégé, pressé, heurté par la contradiction, ou poussé, entraîné, enlevé par l’ assentiment général. […] On n’entend plus aujourd’hui par harangue que ces discours peu étendus prononcés devant une assemblée, un prince, dans une cérémonie publique. […] La connaissance des règles de l’action est nécessaire à l’orateur qui parle en public, cela est incontestable ; il est beaucoup moins reconnu qu’elle soit indispensable à tout narrateur, et même à tout lecteur. […] Sans doute on ne prend point en société le ton de la déclamation publique, parce qu’une anecdote n’a pas besoin, pour être intelligible, d’être narrée avec une certaine affectation ; de même, en lisant quelques pages à haute voix, le geste ne doit point accompagner le débit.
» La manière dont je me suis signalé au milieu de vous dans les charges publiques et dans d’autres occasions, peut exciter la jalousie de quelques citoyens ; mais elle fait admirer aux étrangers la grandeur imposante d’Athènes ; et peut-être n’est-ce pas un projet si mal conçu, que d’être utile à soi-même et de servir son pays par un semblable emploi des richesses ». […] » Jaloux de cette gloire, et distingué entre tous dans ma vie privée, voyez si je le cède à personne dans l’administration des affaires publiques. […] Pleins des mêmes sentiments, prenons les mêmes moyens, et travaillons comme eux à la prospérité publique.
Il frappait sans pitié tous ceux qui gâtaient le goût du public, et il soutenait Molière, etc… Il essayait, en un mot, de préparer le public à accepter une littérature meilleure. […] A côté de lui Voiture, Sarrazin, Chapelain, Saint-Amand et dix autres encore se disputent la faveur du public. […] La Bruyère a, en effet, rendu au public tout ce qu’il lui avait emprunté, mais il a fait plus et mieux encore. […] Il a donné aussi au public son style, et c’est là un don presque inappréciable. […] Il a rendu au public bien au delà de ce que celui-ci lui avait prêté.
Il n’appartient donc qu’aux génies inventeurs et toujours pensants d’ajouter à ce trésor public, et d’augmenter les anciennes richesses de la raison : tous les autres philosophes, peuple stérile et contentieux, ne feront jamais que secouer, pour ainsi dire, et tourmenter les vérités que les grands génies vont chercher au fond des abîmes : ils ont un art qui les fait parler éternellement, quand d’autres ont pensé pour eux, et qui les rend tout d’un coup muets, quand il s’agit de trouver une seule idée nouvelle. […] Ce fut, je crois, le cardinal Maury qui appela le premier l’attention du public sur cette estimable production.
J’en trouve la conscience distincte dans un autre passage : « Écrire comme sous les yeux du public est, je crois, une mauvaise méthode, bien qu’on la conseille. À mon avis, l’insouciance de ce public et l’interdiction à toute préoccupation d’avenir de pénétrer dans le sanctuaire du travail garantissent bien mieux la bonté de l’œuvre.
C’est un art très-sérieux, destiné à instruire les hommes, à gouverner les passions, à corriger les mœurs, à soutenir les lois, à diriger les délibérations publiques. […] Aristote recommandait l’emploi des exemples dans la discussion des affaires publiques : rien ne frappe plus vivement les hommes. […] Voulez-vous toujours, dites-moi, vous promener dans la place publique en vous demandant l’un à l’autre : Qu’y-a-t-il de nouveau ? […] Un citoyen romain, dans une province romaine, au sein d’une ville alliée, par les ordres d’un homme qui devait à Rome les faisceaux portés devant lui, un citoyen romain a été lié et battu de verges sur la place publique. […] Plaire est la première qualité des œuvres destinées au public.
Il est cité devant le préteur, qui jugeait sur la place publique devant tout le peuple. […] À cette époque, les voitures publiques n’existaient pas, et la poste n’offrait que peu de ressources. […] Hedwige est persuadée ; faisant au bien public le sacrifice complet de son inclination, elle déclare qu’elle consent à cet hymen, et qu’elle y consent avec plaisir. […] Platon parle au nom de tous ; il demande que les Athéniens consacrent leur repentir par un deuil public, et qu’ils érigent un monument en l’honneur du sage qui a péri victime de leur erreur. […] Qu’un deuil public soit ordonné ; qu’un monument soit élevé.
La guerre civile régna parfois au camp des philosophes : Diderot et Rousseau se brouillèrent, après avoir été fort amis : un mot du maréchal de Castries, conservé par Chamfort, nous montre combien cette querelle occupait le public : « Mon Dieu, disait le maréchal, partout où je vais, je n’entends parler que de ce Rousseau et de ce Diderot. […] combien de temps, de règles, d’attention et de travail pour danser avec la même liberté et la même grâce que l’on sait marcher ; pour chanter comme on parle ; parler et s’exprimer comme l’on pense ; jeter autant de force, de vivacité, de passion et de persuasion dans un discours étudié, et que l’on prononce dans le public, qu’on eu a quelquefois naturellement et sans préparation dans les entretiens les plus familiers !