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26. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre Ier. Considérations générales. »

Quelle sorte d’utilité pourrait-on jamais tirer d’une classification où l’on met ensemble les architectes, les poètes et les musiciens, comme le fait l’Encyclopédie ? […] La Calprenède, en copiant, dans ses romans, toutes les formes usitées par les poètes épiques, n’osa pourtant pas croire qu’il pût trouver place dans un ordre aussi élevé. […] Un véritable poète sait le porter avec grâce. C’est la réunion du génie poétique et de la versification qui fait le poète. […] Ainsi nous distinguons parmi les auteurs : 1º les prosateurs, comprenant les orateurs et les écrivains ; 2º les poètes.

27. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre VII. Vers, stances, classification des poèmes. »

Le grand nombre de ces rimes accuse une négligence ou une ignorance des règles, impardonnables chez un poète. […] On ne doit ni les rechercher ni les fuir ; mais c’est dans la catégorie des rimes riches et des rimes suffisantes que les poètes doivent constamment chercher leurs fins de vers. […] Mais le poète doit joindre au talent de faire des vers, celui d’en composer des ouvrages ; il faut pour cela inventer et peindre. […] Ce n’est pas tout ; le poète doit même, dans ses compositions, embellir la nature. — L’embellir ? […] Il est donc bien entendu que le poète ne doit pas tout imiter ; et que ce qu’il imite, il l’imite en beau.

28. (1845) Les auteurs latins expliqués... Horace. Art poétique pp. -72

Connaissances nécessaires au poëte. — 323. […] Pour former le poëte, il faut le concours de l’art et de la nature. — 419. […] Suivez la tradition, poëte ; ou bien, que dans vos fictions il règne un ensemble judicieux. […] … » Puis, je ranconterai la mort du poëte Sicilien. […] C’est de Caton l’Ancien qu’il est question ici, celui-là même qui conduisit de Tarente à Rome le vieux poëte Ennius.

29. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre II. »

Ce qui le caractérise, c’est l’élan spontané, l’émotion vive du poète, la marche impétueuse de sa pensée. […] On continua pourtant d’imiter les formes et les expressions de l’antique poésie ; on laissa à cette imitation dégénérée le nom de poésie lyrique ; les poètes répétèrent souvent : Je chante, et parlèrent toujours des accords de la lyre, en travaillant péniblement leurs vers dans le silence du cabinet. […] Quand le poète a épuisé tous les côtés saillants de son sujet, il l’abandonne pour ne pas affaiblir l’impression qu’il a produite : l’inspiration dure peu, surtout quand elle est forte ; elle s’épuise par elle-même. […] Chez les modernes, le chant lyrique est- souvent libre, mais l’ode a une forme déterminée, le poète arrange à son gré la strophe, mais toutes les strophes doivent se ressembler par le nombre et la disposition des vers. […] Principaux poètes lyriques : Grèce ancienne.

30. (1865) De la Versification française, préceptes et exercices à l’usage des élèves de rhétorique. Première partie. Préceptes. Conseils aux élèves.

— Deviendrez-vous ainsi des poètes ? […] — Malheureusement, même dans nos meilleurs poètes, on trouve un certain nombre de vers qui, évidemment, n’ont été faits que pour la rime. […] En réalité, il y a une lacune dans la vie de nos deux poètes. […] Quels trésors ne pouvait-on pas encore espérer d’une pareille âme de poète ? […] J’ai pris pour sujet la prise de Namur, comme la plus grande action de guerre qui se soit faite de nos jours, et comme la matière la plus propre à échauffer l’imagination d’un poète.

31. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

Rien de tout cela dans les poètes sacrés. […] Voici maintenant comment Moïse, plus grand poète encore qu’Homère, va rendre cette même pensée, et faire une beauté de sentiment de ce qui n’est, dans l’écrivain profane, qu’une simple beauté de diction. […] On va voir si Eschyle lui-même, le sombre, le tragique Eschyle a des conceptions plus fortes ; et si jamais le génie de la terreur a rien inspiré aux poètes d’aucun temps, qui puisse approcher, même de loin, du tableau que nous allons mettre sous les yeux du lecteur. Dieu transporte le poète de Babylone à Jérusalem. […] On serait tenté de croire que l’essor lyrique ne peut plus s’élever au-dessus de ces dernières images : le poète sacré va prouver le contraire, et de nouveaux personnages vont figurer encore dans son poème.

32. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre I. » pp. 73-74

Il y a eu un poëte de la moyenne comédie qui portait ce nom et qu’il ne faut sans doute pas confondre avec Xénarque, fils de Sophron  ce dernier semble indiqué par Suidas, à l’article Σωτάδη:, comme ayant écrit des ’Іωνɩϰοì λόγοɩ. […] Ce qui est certain, c’est que Sopatros, poëte comique syracusain, que l’on place après Rhinton, nous est connu par un assez long fragment en dialecte attique […] On ne l’appellera pas pour cela un poëte.] […] La leçon οὐχ ἤττον est encore moins autorisée : Batteux, qui l’admet, traduit : « Mériterait-il moins le nom de poëte ?   […] Si, selon notre philosophe, on n’est pas poëte parce qu’on emploie le vers héroïque ou le distique élégiaque, comment peut-il dire qu’on sera poëte pour avoir amalgamé plusieurs espèces de mètres ?

33. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Précis des quatre âges de la Littérature. »

Sénèque, moraliste et poète, cultiva l’art des Sophocle et des Euripide, Lucain peignit, en vers dignes de l’épopée, les fureurs des discordes civiles dans les champs de Pharsale. […] Au milieu de ces ténèbres, les Troubadours, ou poètes Provençaux, firent entendre dans nos Provinces méridionales leurs naïves chansons. Mais le Dante et Pétrarque furent les premiers poètes, qui, en illustrant l’Italie, annoncèrent la renaissance des arts. […] Une foule de poètes, d’orateurs, et d’historiens, firent revivre dans leurs belles productions la langue des anciens Romains. […] Tandis que Milton publiait en Angleterre son poète épique, on vit éclore parmi nous des prodiges, des chefs-d’œuvre en tous les genres.

34. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce premier volume. » pp. 365-408

Le principal, que les poètes appellent aussi Borée, souffle entre le nord et le levant. […] Les poètes y plaçaient, après la mort, les âmes des héros et des gens de bien. […] Les poètes ont feint qu’elle était sortie, armée de pied en cap, du cerveau de Jupiter. […] Les poètes lui donnent cinquante fils ou filles, dont il en eut dix-neuf d’Hécube. […] Les poètes en ont fait un fleuve des enfers, parce que les eaux en étaient, dit-on, mortelles.

35. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre III. De la forme extérieure de la poésie » pp. 22-70

Le poète doit-il choisir les expressions ? Le poète n’est pas moins occupé de choisir ses expressions que ses pensées. […] Par conséquent, les mots ignobles et bas doivent être rejetés, à moins que le génie du poète ne les rende dignes de la haute poésie. […] D’après quelques auteurs, la rime remonterait aux vieux bardes ou poètes gaulois. […] Cette combinaison, qui est très belle et très harmonieuse, a été souvent employée par nos poètes, surtout par Malherbe et par Rousseau.

36. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

Les pédants crièrent à l’insulte, à la profanation : mais les gens du monde applaudirent, et s’empressèrent d’ouvrir leurs cercles au poète distingué qui leur rappelait déjà la touche brillante, et, jusqu’à un certain point, le coloris de Voltaire. […] Qu’il s’élève des poètes descriptifs, didactiques, philosophiques, comme on voudra les appeler, qui parcourent, avec la grâce et la facilité de M.  […] Jamais poète ne s’était élevé si haut pour retomber si bas l’instant d’après ; et peu de lecteurs français s’étaient senti le courage de chercher quelques beautés dans cet amas de folies dégoûtantes ou d’horreurs absurdes. […] C’est, l’anglais sous les yeux, qu’il faudrait la parcourir, si l’on veut apprécier à la fois et le talent du poète traducteur, et l’étendue des services qu’il rend à son original. […] La prodigieuse facilité du poète offrit encore des armes, ou plutôt des prétextes à la critique.

37. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre I. Des Poésies fugitives. »

Le poète y donne à deviner une chose, en la décrivant par ses causes, ses effets, ses propriétés, mais sous des idées et des termes équivoques. […] Il est de Dufresny, poète comique estimé. […] Catulle est le premier poète latin, qui ait exercé son talent en ce genre, Son épithalame de Manlius et de Junie est charmant. […] Nos bons poètes offrent aussi dans leurs recueils de jolis épithalames ou des pièces, de vers, qui en portent le nom, sans en avoir précisément la forme. […] Les images et les traits de la fable ; que le poète a soin d’y répandre avec goût et avec justesse, en font un des plus beaux agréments.

38. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Aussi est-il juste d’appeler le premier un poète et le second un physicien, plutôt qu’un poète. […] Parmi les anciens, il y eut des poètes héroïques et des poètes ïambiques. […] Au surplus, c’est ce qui est arrivé à presque tous les premiers poètes. […] De plus, par le style et par la pensée, il a surpassé tous les poètes. […] Homère mérite des louanges à bien d’autres titres, mais surtout en ce que, seul de tous les poètes, il n’ignore point ce que le poète doit faire par lui-même.

39. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

On nous permettra cependant de ne pas séparer ici les poètes des prosateurs, qui, d’ailleurs, se ressemblent souvent, à la rime près. […] Comme les poètes, il n’avait point d’heures de travail, quoiqu’il travaillât beaucoup tous les jours. […] La plume du poète, le crayon du dessinateur habile, ont l’air de courir et de se jouer. […] Réflexions critiques sur quelques Poètes. […] Les métaphores des poètes étrangers ont toujours un degré de plus que les nôtres, et leur poésie est plus haute en couleur.

40. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Racine, 1639-1699 » pp. 150-154

C’est oublier que tout poëte dramatique reproduit plus ou moins, à son insu, les mœurs de son temps. […] À dire le vrai, où trouvera-t-on un poëte qui ait possédé à la fois tant de grands talents, tant d’excellentes parties : l’art, la force, le jugement, l’esprit ? […] Il ne s’agit pas ici de Louis Racine, qui fut un poëte estimable, dont le plus grand tort était de porter un si grand nom. […] Hippolyte Rigault, si justement regretté : « Il fut un temps où l’on s’imaginait en France qu’un homme de génie, un grand poëte était un homme comme un autre, et ne se distinguait du commun des mortels que par l’excellence de son esprit. […] Ni Corneille, dans son petit ménage de Rouen, écrivant Polyeucte au bruit des fuseaux de sa femme, ni Racine faisant la procession dans sa chambre, un cierge à la main, ne passaient pour des prodiges ; on aurait presque défini le grand poëte : un bon père de famille qui fait de beaux vers. » (Études littéraires et morales, t. 

41. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VIII. de la disposition. — unité, enchainement des idées  » pp. 98-117

C’est que Buffon, sans avoir jamais écrit un vers, fut, dans son immense ouvrage, un poëte sublime et varié ; c’est qu’Horace, en se laissant emporter au vol de Pindare, fut en même temps le génie le plus sensé de l’antiquité ; c’est qu’enfin tous deux se rencontraient ici sur leur terrain commun, la vérité et la raison. […] — Mais, dites-vous, ce n’est là qu’une réponse ironique à l’écrivain froid et indolent qui se croirait poëte pour avoir rimé quelques vers faciles. […] Et qu’est donc devenu le Pindare de tout à l’heure, le poëte qui, prenant sa mission au sérieux, luttait contre le Dieu, et ne cédait enfin que pour laisser Apollon lui-même parler par sa voix ? […] Quant à ce dernier, je ne veux pas chicaner le poëte à son endroit. […] Malheureusement mon courage et mon talent ne vont pas si loin, et c’est ce que je regrette et comme poëte et comme ami dévoué de mon héros.

42. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Bossuet se fût irrité du nom de poëte ; Fénelon en eût été surpris. […] Mais, comme tous les instruments, la versification ne vaut que par le génie du poëte. […] Les innovations même et les hardiesses de facture se transportent et s’imitent ; et, pour emprunter un mot célèbre de Buffon, ces choses sont hors du poëte ; le poëte, c’est l’homme même. […] Le poëte, qui déjà dans l’épopée s’effaçait derrière ses héros, se cache ici et disparaît complètement. […] La narration de l’historien n’est donc pas la même que celle du poëte et de l’orateur.

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