La nuit étant arrivée, le duc, loin de goûter le plaisir de la vengeance, est en proie aux plus cruels remords. […] « Ce n’est presque jamais que le malheur qu’on évalue : il n’est que le plaisir qui ne se calcule pas. […] Ne laissez jamais entrevoir, à moins que vous ne correspondiez avec un ami, qu’à la première occasion vous userez de retour ; vous manqueriez de délicatesse, vous auriez l’air de regarder le bienfait comme un emprunt que vous promettez d’être exact à rembourser ; vantez plutôt avec finesse le crédit, la générosité, l’obligeance de celui qui vous a fait un plaisir ; assurez-le de votre reconnaissance. […] Je n’ai pu résister au plaisir de me vanter de vos bontés, et un passant a dit : « J’en aurai ma part. » « S’il arrivait en effet que ce jeune homme fût sage, serviable, instruit, et qu’allant en ambassade, vous eussiez par hasard besoin de lui, informez-vous-en au noviciat des jésuites. […] Dans quelques circonstances, le devoir seul nous fera rendre la plume ; dans d’autres le plaisir, le sentiment le mettront de la partie, et se confondront inévitablement avec le devoir.
Critique supérieur, raffiné jusqu’à l’excès, il n’écrivit que pour son plaisir, et serait mort inconnu de la postérité, si ses reliques n’avaient été sauvées de l’oubli par la piété de ses admirateurs. […] Que notre ami nous raccoutume à regarder avec quelque faveur le christianisme ; à respirer, avec quelque plaisir, l’encens qu’il offre au ciel ; à entendre ses cantiques avec quelque approbation : il aura fait ce qu’on peut faire de meilleur, et sa tâche sera remplie. […] Je voudrais qu’ils pussent penser à moi au sein de leurs plus vives joies, sans qu’elles en fussent troublées, et qu’à table même, au milieu de leurs festins, et en se réjouissant avec des étrangers, ils fissent quelque mention de moi, en comptant parmi leurs plaisirs le plaisir de m’avoir aimé et d’avoir été aimés de moi.
C’est le règne des plaisirs innocents, de la paix, de ces biens pour lesquels les hommes se sentent nés, quand leurs passions leur laissent quelques moments de silence pour se reconnaître. […] Ils ne songèrent point à prendre pour sujet spécial de leurs compositions la tranquillité et les plaisirs de la campagne, tant que ces biens furent pour eux des objets familiers et d’une jouissance journalière ; ce fut lorsque les hommes, réunis dans les grandes villes, commencèrent à se plaindre de toutes les misères que la corruption y avait entassées, cl à regretter la vie douce et innocente dont avaient joui leurs ancêtres au milieu des scènes champêtres et des occupations pastorales, qu’ils conçurent l’idée de célébrer ce bonheur dans leurs vers, et que la poésie pastorale revêtit sa forme actuelle. […] C’est ainsi que, dans les vers suivants, Virgile a su rassembler, conformément au véritable esprit de la poésie pastorale, autant d’images qu’il était possible d’en offrir des plaisirs de la vie champêtre. […] Le poète y fait quelquefois une comparaison de nos travaux, de nos vices, de nos prétendues richesses avec les plaisirs, le repos et l’innocence des bergers.
Plaisirs des dieux ! […] ô plaisirs ! […] J’ai reconnu cet air si vif des bois, Qu’avec tant de plaisir j’aspirais autrefois ; Le long frémissement qui court sous les ombrages, Semblable au bruit sans fin qui montait des rivages, Et cette odeur de mousse et de feuilles dans l’air, Et les pommiers penchés par le vent de la mer.
Il a de différentes inclinations, selon la diversité des tempéraments qui le tourmentent et le dévouent tantôt à la gloire, tantôt aux richesses, tantôt aux plaisirs. […] Il est bizarre, et met souvent toute son application dans les emplois les plus frivoles ; il trouve tout son plaisir dans les plus fades, et conserve toute sa fierté dans les plus méprisables. […] Quand on pense qu’il quitte son plaisir, il ne fait que le suspendre ou le changer ; et, lors même qu’il est vaincu et qu’on croit en être défait, on le retrouve qui triomphe dans sa propre défaite.
Ce n’est pas tout : on a fait du langage un instrument de luxe et de plaisir ; on ne s’est plus contenté de la clarté, on a exigé des ornements ; et ce qui n’était qu’un instinct, un besoin, est devenu un art et une jouissance. […] retranche-t-elle quelque chose de vos plaisirs ? […] L’obscurité de la nuit nous rend plus sensible le bienfait de la lumière, et la vie humaine n’est qu’une longue alternative de peines et de plaisirs. […] Si nous ne naissons que pour les plaisirs des sens, pourquoi ne peuvent-ils nous satisfaire, et laissent-ils toujours un fonds d’ennui et de tristesse dans notre cœur ? […] Celui-ci prend plaisir à montrer ses bras nus ; Celui-là fait semblant de compter ses écus.
Mais ce sont les amusements d’un esprit qui se contente de peu, et non pas les occupations d’un homme qui prend plaisir de naviguer dans l’orage1, et qui n’est pas venu au monde pour le laisser en oisiveté. Quand vous aurez vu le Tibre, au bord duquel les Romains ont fait l’apprentissage de leurs victoires, et commencé ce long dessein qu’ils n’achevèrent qu’aux extrémités de la terre ; quand vous serez monté au Capitole, où ils croient que Dieu était aussi présent que dans le ciel, et qu’il avait enfermé le destin de la monarchie universelle ; après que vous aurez passé au travers de ce grand espace qui était dédié aux plaisirs du peuple2, et où le sang des martyrs a été souvent mêlé avec celui des criminels et des bêtes, je ne doute point qu’après avoir encore regardé beaucoup d’autres choses, vous ne vous lassiez à la fin du repos et de la tranquillité de Rome, qui sont deux choses beaucoup plus propres à la nuit et aux cimetières qu’à la cour et à la lumière du monde3. […] C’était donc dans les joies et dans les plaisirs qu’ils disaient à Dieu : C’est assez, et qu’ils lui demandaient des trêves et du relâche, et non pas dans les supplices et dans les tourments.
Un homme bien portant et bien constitué trouve plaisir aux mets simples et salubres. […] Un homme d’un goût pur est celui qui ne se laisse jamais tromper par des beautés fausses ; il estime avec justesse, il compare avec équité les beautés des divers genres, il se rend compte du plaisir qu’il éprouve, et ce plaisir est toujours proportionné au mérite de l’ouvrage. […] Le plaisir et l’agrément sont comme une voie plus sûre et plus aimable dont le poète se sert pour conduire à la vérité et à la vertu. […] Pour arriver à cette tristesse profonde qui fait le plaisir de la tragédie, le poète doit effrayer et attendrir, exciter la terreur et la pitié. […] Depuis, on a jeté des couplets dans toute la pièce sans aucune nécessité, mais seulement parce que le chant fait plaisir aux spectateurs.
La Bruyère semble l’avoir pensé, puisqu’il a dit : « Le plaisir de la critique nous ôte celui d’être vivement touchés de très belles choses. » Quoi ! […] Et ne semble-t-il pas condamner le plaisir de la critique, plutôt que la critique elle-même ? Dans ce cas, son arrêt deviendrait acceptable ; car, si le plaisir qu’on éprouve à motiver ses impressions est légitime en soi, c’est un plaisir d’orgueil, et comme tel c’est un plaisir dangereux. La critique n’est qu’un moyen ; elle ne doit servir qu’à rechercher les causes de nos impressions ; or, si l’on s’abandonne avec trop de complaisance au plaisir d’une telle recherche, la critique n’est bientôt plus un moyen, elle devient un but ; le plaisir de critiquer finit par l’emporter sur le plaisir d’admirer, on raffine et on subtilise sur toutes ses impressions, et la préoccupation qu’on a de faire briller son esprit dans cette analyse ôte à l’âme le loisir de se laisser toucher. […] Au contraire, s’il condamne, non pas la critique, mais le plaisir qu’on éprouve à philosopher ainsi sur ses impressions, nous conviendrons volontiers avec lui que ce plaisir à ses dangers, qu’il risque d’engendrer dans l’âme la subtilité et la prévention, et l’empêche de s’oublier elle-même dans la contemplation des belles choses.
Iamais homme ne me feit plaisir sans recompense, ou recognoissance pour le moins. […] La ville bien reglée et reformée est plus heureuse que celles qui ont abondance de tous biens et plaisirs. […] Lorsqu’elle vous le permettra, vous me ferés un singulier plaisir de me venir trouver. […] vous ne m’auriés rien sceu mander qui me fust plus agréable que la nouvelle du plaisir de lecture qui vous a prins. […] Vous voyez comme l’amour est impérieux ; je prends un certain plaisir à en user de la sorte avec vous, et je sens bien que j’en aurois encore un plus grand, si vous en usiez ainsi avec moi.
Au lieu de nous imposer ses préférences sous la forme d’une doctrine, il nous les propose comme un plaisir qu’il savoure. […] Le lieu commun sur la vanité du bonheur et des plaisirs de ce monde, de l’ambition, de la gloire, ne tentera plus que les sots après Bossuet. […] Sont-ils si regrettables les siècles où la littérature n’était qu’un plaisir délicat, et les gens de lettres que les amuseurs du grand monde ? […] quel plaisir de ne se sentir pas tiraillé, au milieu de ces enivrantes études, par l’affaire qui vous rappelle à la maison, de ne pas porter au fond de l’âme l’idée importune de l’ennui qui vous a donné rendez-vous pour ce soir ou pour demain, et qui ne sera, hélas !
Les plaisirs du goût protègent l’homme contre des habitudes ou inclinations vicieuses. […] Le sublime excite un sentiment trop violent pour être durable ; mais le plaisir que produit le beau peut être prolongé. […] De là le plaisir que procure le nombre poétique ou la simple cadence, quoique plus cachée, mais régulière, de la prose. L’esprit, l’agréable humeur, le ridicule ouvrent également un nouveau champ aux plaisirs du goût. […] Chaque auditeur voit avec plaisir ces marques de respect et de considération qu’on lui adresse.
Je l’ai lu et relu, et le relira encore avec bien du plaisir et bien de l’attention. […] Il passe rapidement du plaisir à la peine, et de la peine au plaisir ; le même bonheur le fatigue. […] Tous nos plaisirs sont faux, notre joie indécente. […] Ces paroles du pauvre qui s’afflige de ce qu’on lui marchande son chien, sont nobles et font plaisir au cœur. […] et les plus doux plaisirs de ma jeunesse étaient de me sentir sur ton sein, errant à l’aventure comme tes flots.
Quels sont donc vos plaisirs ? […] Les plaisirs près de moi vous chercheront en foule. […] Quelque ennui qui le presse, Il ne voit, dans son sort, que moi qui s’intéresse, Et n’a pour tout plaisir, seigneur, que quelques pleurs Qui lui font quelquefois oublier ses malheurs3. […] Et ce sont ces plaisirs et ces pleurs que j’envie, Que tout autre que lui me paierait de sa vie4. […] Mais que les grands, que les heureux du monde, à qui tout rit, et que les joies et les plaisirs accompagnent partout, prétendent tirer de leur félicité même un privilége qui excuse leurs chagrins bizarres et leurs caprices ; qu’il leur soit plus permis d’être fâcheux, inquiets, inabordables, parce qu’ils sont plus heureux ; qu’ils regardent comme un droit acquis à la prospérité d’accabler encore du poids de leur humeur des malheureux qui gémissent déjà sous le joug de leur autorité et de leur puissance ; grand Dieu !
s’elle m’estoit donnee, Que j’en aurois un merveilleux plaisir. […] N’a point d’amy, qui par trop s’aime ; Qui sert autruy, se sert soy-mesme ; Plaisir reçoit qui plaisir fait. […] Que la mort (direz-vous) estoit un doux plaisir ! […] — On recognoist les dieux, ainsi que dit Homere, Au mouvement des pieds, qu’ils tournent en arriere : Mon procés prend plaisir à tousjours reculer. […] C’est un de ses frères en plaisir, en paresse et en poésie qui a dit : Esprit mâle et hautain, De l’immortel Molière immortel devancier.
« Le bal continuait avec beaucoup de plaisir, etc. » Dans le troisième, Malherbe peint d’une manière flatteuse les temps heureux que promet le règne de Louis XIII. […] Leur âme, incapable de sentir les plaisirs, semble n’avoir de délicatesse que pour les peines ; un citoyen fut fatigué toute la nuit d’une feuille de rose qui s’était repliée dans son lit. […] Portrait de Malachon Il y avait à Tyr un jeune Lydien, nomme Malachon, d’une merveilleuse beauté, mais mou, efféminé, noyé dans les plaisirs. […] Nous voyons la fille de Pharaon dire à ses compagnes, qui sont venues partager les plaisirs du bain avec elle : ………… Mais parmi les brouillards du matin Que vois-je ? […] Cette idée laisserait dans l’esprit un souvenir inquiétant et douloureux, répandrait dans l’âme une tristesse importune, empoisonnerait les douceurs des plaisirs.
Combien de fois n’ai-je pas retrouvé, dans la vie, d’anciens élèves, devenus hommes, qui se rappelaient et me rappelaient avec délices non pas les récréations et les plaisirs, mais les leçons et les travaux de la rhétorique ? […] Mais je l’ai voulu d’autant mieux que, dans ma pensée, ce livre n’est pas exclusivement destiné aux rhétoriciens et que je ne vois pas pourquoi les étudiants des universités, les jeunes avocats, les hommes du monde n’y pourraient pas trouver plaisir et profit. […] Je sais bien qu’il manque encore beaucoup à ce livre, qu’il répond mal au travail que j’y ai dépensé, qu’en un mot, comme bien d’autres choses humaines, institutions, révolutions et plaisirs, il ne vaut pas ce qu’il a coûté.