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64. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Vingt ans d’enseignement de la Rhétorique, en ramenant constamment ces questions sous nos yeux, nous ont montré combien nos élèves ont de peine à se former là-dessus des notions nettes et précises. […] L’élégie, enfin, consacrée par les anciens aux joies et aux peines de l’amour, dicta les vers que soupirèrent Tibulle, Ovide et Properce. […] (Car il est impossible que la peine et la récompense ne soient que pour les jugements humains, et qu’il n’y ait pas en Dieu une justice dont celle qui reluit en nous n’est qu’une étincelle.) […] « Où a-t-on pris que la peine et la récompense ne soient que pour les jugements humains, et qu’il n’y ait pas en Dieu une justice dont celle qui reluit en nous ne soit qu’une étincelle ? […] Quant aux passions, le goût en règle et modère les élans, les excite ou les tempère selon les convenances ; mais nous avons vu qu’il faut émouvoir ou entraîner, ou du moins plaire et séduire, sous peine d’être ennuyeux.

65. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

D’une conception abstraite elles font un objet sensible ; elles l’entourent de circonstances qui permettent à l’esprit de le saisir et de le contempler sans peine. […] Ma fille, tendre objet de mes dernières peines, Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines. […] — A peine le soleil fait ouvrir les boutiques ! […] Qu’Ajax soulève un roc et le lance avec peine, Chaque syllabe est lourde et chaque mot se traîne ; Mais vois d’un pied léger Camille effleurer l’eau, Le vers vole et la suit aussi prompt que l’oiseau. […] Le bonheur, la peine et la foi.

66. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Afin de soulager son pauvre père déjà avancé en âge et chargé de famille, un petit villageois des environs de Philipsbourg, ayant à, peine atteint sa onzième année, quitta la maison paternelle et s’engagea, en qualité de trompette, dans le régiment de Furstemberg. […] Madame de La Fayette craint toujours pour votre vie ; elle vous cède sans difficulté la première place auprès de moi, à cause de vos perfections ; et quand elle est douce, elle dit que ce n’est pas sans peine ; mais enfin cela est réglé et approuvé ; cette justice la rend digne de la seconde, elle l’a aussi : La Troche s’en meurt ; je vais toujours mon train, et mon tram aussi pour la Bretagne. […]           Plus de chant : il perdit la voix Du moment qu’il gagna ce qui cause nos peines. […] Buffon regarde comme opposée au naturel la peine qu’on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou communes. Il pense que l’écrivain perd son temps à faire des combinaisons de mots inutiles ; que ce n’est point là du style, mais l’ombre du style : Rien n’est plus opposé au beau naturel que la peine qu’on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou communes du ne manière singulière ou pompeuse : rien ne dégrade plus l’écrivain.

67. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fénelon, 1651-1715 » pp. 178-204

Je veux un sublime si familier, si doux et si simple, que chacun soit d’abord tenté de croire qu’il l’aurait trouvé sans peine, quoique peu d’hommes soient capables de le trouver. […] Je suis en peine de votre santé : elle a été mise à de longues et rudes épreuves. […] On peut être en peine pour les personnes qui ont mené une vie mondaine ; mais pour un véritable ami de Dieu, qui a été fidèle et petit, on ne peut voir que son bonheur et les grâces qu’il attire sur ce qui lui reste de cher ici-bas. […] Fénelon lui écrivait encore : « Je profite de cette occasion pour vons dire, Madame, combien je suis occupé de vous et de toutes vos peines.

68. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

Pans le premier moment, ces contrariétés me firent beaucoup de peine ; mais aujourd’hui je m’en console. […] C’était sa réponse qu’il avait préparée, et qu’il lut sans que personne l’écoutât, se hâtant de lui-même de finir un discours étranger aux sentiments de l’assemblée, et qu’il avait peine à prononcer. […] Malgré leurs supplications et leurs gémissements, on les sépara d’elle, non sans peine, car ils s’étaient jetés à ses pieds, baisaient ses mains et ne voulaient pas la quitter. […] Charlotte Corday est condamnée à la peine de mort. […] Pour les fantassins, la peine était moins grande que pour les cavaliers.

69. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

Il eut peine à trouver quelqu’un pour aller chercher des capucins pour venir prier Dieu auprès du corps. […] Voilà de l’avenir l’œuvre où la peine abonde. […] Le manieur d’argent, l’homme d’affaires, est un ours qu’on ne saurait apprivoiser ; on ne le voit dans sa loge qu’avec peine. […] Si l’on cherche quelque raison d’une destinée si cruelle, on aura, je crois, de la peine à en trouver. […] De quel prix n’ai-je pas récompensé tes peines ?

70. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Qui veut parler contre la servitude, contre la rigueur inutile de nos anciennes lois pénales, contre l’iniquité des peines infamantes ? […] Oui, j’avais peine à comprendre cela ; comment l’entendez-vous ? […] Croyez-vous qu’un tel homme ait de la peine à les trouver ? […] On a eu de la peine à revenir à la bonne voie ; et il y a encore bien des gens fort éloignés de la connaître. […] Ce n’était pas la peine de faire un livre.

71. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre V. Du Style en général, et de ses qualités. »

Il se met peu en peine de se faire entendre du premier coup, parce qu’il se propose de revenir sur son idée ; et ce qu’il perd en force, il tâche de le regagner par l’abondance et la variété. […] Tout sera décousu, ses épithètes vagues, l’expression indéterminée, la construction des phrases louche et embarrassée, et nous aurons autant de peine à le suivre qu’à le comprendre.

72. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre IV. Analyse et Extraits du plaidoyer de Cicéron pour Sextius. »

Mais on conviendra cependant que leur patriotisme en vaut bien un autre, et l’on croit sans peine à leur sincérité, quand ils s’écrient, comme Cicéron, à la fin du plaidoyer que nous analysons : 88« Amemus patriam, pareamus senatui, consulamus bonis : præsentes fructus negligamus, posteritatis gloriæ serviamus : id esse optimum putemus, quod erit rectissimum : speremus quæ voluuius, sed quod acciderit feramus : cogitemus denique, corpus virorum fortium magnorumque hominum esse mortale : animi verò motus, et virtutis gloriam sempiternam : neque hanc opinionem si in illo sanctissimo Hercule consecratam videmus, cujus corpore ambusto, vitam ejus et virtutem immortalitas excepisse dicitur, minùs existimemus, eos, qui hanc tantam reinpublicam suis consiliis aut laboribus aut auxerint, aut defenderint, aut servarint, esse immortalem gloriam consecutos ». […] Dans une si prodigieuse multitude de citoyens, il en est beaucoup, ou, qui se sentant coupables de crimes et appréhendant la peine qui les suit, ne soupirent qu’après les troubles et les révolutions ; ou qui, par un certain esprit naturellement fougueux, se repaissent de séditions et de discordes ; ou qui, dans le désastre de leur fortune, aiment mieux être ensevelis sous les ruines de l’état, que sous les leurs propres.

73. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Bruyère. (1646-1696.) » pp. 91-100

Ce fut en 1696, trois ans après avoir été reçu, non sans lutte et sans peine, à l’Académie française que mourut ce rare écrivain, qui, à côté de quelques tours laborieux et de quelques remarques subtiles, offre une abondance incroyable de justes et piquantes réflexions, de pensées solides et de formes heureuses2. […] La base de leurs conversations est une curiosité frivole et ridicule ; il n’y a point de cabinet si mystérieux qu’ils ne prétendent pénétrer ; ils ne sauraient consentir à ignorer quelque chose… A peine ont-ils épuisé le présent, qu’ils se précipitent dans l’avenir ; et, marchant au-devant de la Providence, ils la préviennent sur toutes les démarches des hommes.

74. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fénelon. (1651-1715.) » pp. 101-109

Leur bois n’est pas seulement utile pour le feu : c’est une matière douce, quoique solide et durable, à laquelle la main de l’homme donne sans peine toutes les formes qu’il lui plaît, pour les plus grands ouvrages de l’architecture et de la navigation. […] Vous êtes toujours ce modeste Virgile qui eut tant de peine à se produire à la cour d’Auguste.

75. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Montesquieu. (1689-1755.) » pp. 130-139

Je me procurerai tous mes besoins2, et pourvu que je les aie, je ne me soucie point que tous les autres Troglodites soient misérables. » On était dans le mois où l’on ensemence les terres ; chacun dit : « Je ne labourerai mon champ que pour qu’il me fournisse le blé qu’il me faut pour me nourrir ; une plus grande quantité me serait inutile : je ne prendrai point de la peine pour rien. » Les terres de ce petit royaume n’étaient pas de même nature : il y en avait d’arides et de montagneuses, et d’autres qui, dans un terrain bas, étaient arrosées de plusieurs ruisseaux. […] Le peuple Troglodite se regardait comme une seule famille : les troupeaux étaient presque toujours confondus ; la seule peine qu’on s’épargnait ordinairement, c’était de les partager.

76. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — La Fontaine (1621-1695.) » pp. 194-204

Çà, messieurs les chevaux, payez-moi de ma peine. » Ainsi certaines gens, faisant les empressés,     S’introduisent dans les affaires ;     Ils font partout les nécessaires, Et, partout importuns, devraient être chassés 4 Liv.  […] Ce qui serait partout ailleurs une faute contre la règle de l’hiatus a ici le mérite de représenter le but atteint avec beaucoup de peine.

77. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Regnard. (1655-1709.) » pp. 242-253

Je viens vous demander…Vous prenez trop de peine. […] « Moins on a de richesse, et moins on a de peine.

78. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Guizot. Né en 1787. » pp. 469-478

Là elle s’arrête, elle triomphe, elle est fière de son audace ; et parce qu’elle a su s’élever au-dessus de ce qu’elle avait écrit, parce qu’elle a considéré et jugé une action en elle-même, indépendamment des définitions de la science, elle se tient pour satisfaite et en possession de la vérité ; elle se hâte d’appliquer à l’homme tout entier le jugement qu’elle a porté sur l’action ; et déjà lasse d’un travail inattendu, elle ne veut voir en lui que l’auteur du crime qu’elle a eu tant de peine à saisir. […] Si nous consultons les mémoires du temps, si dans ses paroles à demi figées sur le papier nous cherchons à reconnaître l’inspiration primitive, nous voyons un homme audacieux par le caractère autant que par le génie ; attaquant avec véhémence, lorsqu’il aurait eu peine à se défendre ; faisant passer les mépris qu’on lui avait d’abord montrés pour le premier des préjugés qu’il veut détruire ; y réussissant à force de hardiesse et de talent, et ressaisissant par l’éloquence l’ascendant sur les passions qu’il cesse de flatter.

79. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

Il se tua par délicatesse, et aima mieux promptement périr que de se donner de la peine quelque temps. […] C’est ce que nous avons peine à comprendre. […] Ce n’est point une étude ; il n’en coûte aucune peine de lire ce qui est bon, et de ne faire que cela. […] Nos chagrins, nos soucis, nos peines, nous viennent de nous. […] Ô désirable fin de leurs peines passées !

80. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

La pensée n’est pas toujours un sentiment ; mais le sentiment est toujours précédé d’une pensée, puisqu’il n’est qu’une impression de peine ou de plaisir qu’on éprouve à la représentation d’un objet. […] L’image n’est faite que pour rendre l’idée sensible : si elle ne mérite pas d’être sentie, ce n’est pas la peine de la colorer. […] L’air de contrainte et d’effort dans un ouvrage semble faire partager au lecteur la peine que l’auteur a éprouvée. […] Associez-vous à sa peine, cherchez quelques motifs de consolation, et détournez-le peu à peu de ce qui cause son chagrin. […] Ce genre, qui était-il peine connu de l’antiquité, a pris de nos jours un développement effrayant.

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