Ailleurs : « Nous ferons quelques marches fatigantes ; nous livrerons plusieurs combats ; nous réussirons dans toutes nos entreprises ; les destins sont pour nous ».
Rien ne marche au hasard, mon cher ami ; tout est déterminé par une puissance qui nous dit rarement son secret.
C’est par là, en effet, qu’elle montre les fautes suivies de leurs inévitables châtiments, les desseins longuement préparés et sagement accomplis, couronnés de succès infaillibles ; c’est par là qu’elle élève l’âme au récit des choses mémorables, qu’elle fait servir les grands hommes à en former d’autres, qu’elle communique aux générations vivantes l’expérience acquise aux dépens des générations éteintes, qu’elle expose dans ce qui arrive la part de la fortune et celle de l’homme, c’est-à-dire l’action des lois générales et les limites des volontés particulières ; en un mot, monsieur, c’est par là que, devenue, comme vous le désirez, une science avec une méthode exacte et un but moral, elle peut avoir la haute ambition d’expliquer la conduite des peuples et d’éclairer la marche du genre humain 1.
Les épisodes, si utiles dans l’épopée pour soutenir l’attention et l’intérêt en jetant de la variété dans la marche un peu monotone de l’action principale, doivent être soumis à certaines règles et remplir certaines conditions. […] Après avoir exposé le sujet, le poète, qui ne peut pas savoir pur lui-même les causes surnaturelles de l’événement qu’il va raconter, effrayé d’ailleurs de la grandeur de l’entreprise et de la longueur de la carrière ouverte devant lui, le poète adresse une prière à la divinité ou à quelque agent surnaturel, pour être éclairé et soutenu dans sa marche : c’est l’invocation. […] Boileau ne permet pas, en effet, que l’action soit arrêtée dans sa marche : Soyez vif et pressé dans vos narrations.
Dans le Style comme dans le reste du Cours, nous nous efforçons d’offrir un plan complet, de suivre une marche logique, de présenter des divisions claires et naturelles, des définitions exactes et nettes, et, cherchant à former le cœur en même temps que l’esprit, nous faisons ressortir avec soin le côté moral et religieux des belles-lettres, ainsi que les beautés littéraires renfermées dans les Écritures et dans les ouvrages inspirés par le christianisme.
Admis au sanctuaire, et du hameau l’exemple, Sa voix résonne encore sous les voûtes du temple ; Et souvent sa ferveur, aux marches des autels, Va se rassasier du pain des immortels. […] La nature en Damon succombe au poids de l’âge ; De deux bras vainement sa marche se soulage ; Il sent fléchir sous lui ses genoux affaiblis ; Et bientôt, étendu sur son humble châlis, Ne se déguisant point son atteinte mortelle, Des ministres sacrés fait prévenir le zèle.
L’auteur du Chemin de traverse sait, aussi bien que tous ces messieurs, et il l’a montré dans bien des pages excellentes, que la métaphore est défectueuse quand elle est forcée, quand l’analogie entre les idées comparées n’est ni assez naturelle, ni assez sensible, et cependant il a écrit : « On voyait au bout du jardin, dont il avait l’air d’être le dogue fidèle, le Rhône qui se déroulait en aboyant… le Rhône a une grande voix et de grands bras, il est limpide, il étincelle, il marche à grands pas, toujours en poste, faisant claquer son fouet comme un gentilhomme en vacances ! […] Fontanier : Personnifications : Argos vous tend les bras, et Sparte vous appelle… On sait que sur le trône une brigue insolente Veut placer Aricie et le sang de Pallante… Quel est ce glaive enfin qui marche devant eux ?
Œdipe ne monta sur le trône de Thèbes ; qu’après avoir deviné l’énigme que proposait le sphinx155, et qui présentait les trois âges de l’homme, l’enfance, la virilité et la vieillesse, sous la figure d’un animal, qui, le matin, marche à quatre pieds ; vers le milieu du jour, à deux, et le soir, à trois. […] On veut que le style de la chanson soit léger, les expressions choisies et toujours exactes, la marche libre, les vers faciles et coulants ; que les tours n’aient rien de forcé ; que tout y soit fini, sans que le travail s’y fasse sentir.
On sent que la plume de l’écrivain devait courir et suivait à grande peint la marche de la pensée. […] On sent que l’on marche sur un terrain solide ; les fleurs paraissent fanées sur un sol de diamant. […] Je voudrais retourner sur mes pas ; marche, marche. […] On voudrait arrêter ; marche, marche. […] La marche du trait n’est point une promenade.
La complaisance lui était naturelle, coulait de3 source ; elle en avait jusque pour sa cour4 Régulièrement laide, les joues pendantes, le front trop avancé, un nez qui ne disait rien, de grosses lèvres mordantes, des cheveux et des sourcils châtain-brun fort bien plantés, des yeux les plus parlants et les plus beaux du monde, peu de dents, et toutes gâtées, dont elle parlait et se moquait5 la première, le plus beau teint du monde, le cou long avec un soupçon de goître6 qui ne lui seyait point mal, un port de tête galant, gracieux, majestueux, et le regard de même, le sourire le plus expressif, une taille longue, ronde, menue, aisée, parfaitement coupée, une marche de déesse sur les nues7 ; elle plaisait au dernier point.
De là cette étude profonde que recommandaient les anciens de l’intérieur d’une cause et de ses différentes faces ; de là leur attention à choisir leurs moyens, à s’attacher aux forts, à passer sur les faibles, à rejeter tous les mauvais ; de là l’importance qu’ils attachaient à ne jamais laisser échapper un mot qui donnât prise à l’adversaire, et non-seulement à dire ce qu’il fallait, mais sur toute chose, à ne jamais dire ce qu’il ne fallait pas ; de là le soin qu’ils prenaient de connaître le caractère, le génie, le tour d’esprit, et pour ainsi dire, le jeu de l’adversaire, et de cacher le leur, en variant leur marche et en déduisant leur dessein... […] L’orateur semble se reposer comme après une marche difficile. […] Dans celle-ci la phrase marche libre de toute mesure et n’est assujétie qu’à l’ordre général du style. […] Dans le moment où une troupe marche, où un coursier impétueux arrive, le vers doit être vif et précipité, et c’est méconnaître les lois du plus simple bon sens que d’arrêter court le rhythme par la césure.
De là, ces façons de parler : Il est enflammé de colère ; il marche comme une tortue ; il va comme le vent, etc. […] Il marche enfin sur des feux cachés sous une cendre trompeuse : incedis per ignes suppositos cineri doloso. […] Quel est ce glaive enfin qui marche devant eux ?
À quoi bon couper tout à coup le fil de la narration, suspendre la marche des événements, pour nous faire entendre un long discours travaillé avec art, et qui, par cela même, est souvent en contresens avec la situation où se trouve le personnage qui parle ? […] Ce serait une carrière bien intéressante à parcourir pour le rhéteur philosophe, que de suivre la marche et les progrès de l’éloquence, depuis Hérodote jusqu’à Tacite.
Une Rhétorique française doit sans doute diriger sa marche d’après les grands maîtres de l’antiquité ; mais elle reste imparfaite si elle n’en est qu’une simple traduction, si elle n’offre pas des observations propres au temps où nous vivons. […] Une marche trop didactique serait funeste au discours, dont elle suspendrait la marche progressive. […] Cependant, comme en quelques circonstances, il peut être obligé de blâmer, d’accuser, il ne doit pas ignorer la marche qu’il doit tenir. […] Ce que nous en dirons suffira pour mettre les jeunes gens en état de classer leurs idées, de discerner la justesse ou la fausseté d’un raisonnement, d’ordonner la marche de leurs compositions, de réprimer sagement le luxe de leur imagination. […] Il est des circonstances où l’orateur est obligé de prendre une marche oblique, de dissimuler ses véritables intentions.
Il les excite à porter partout l’incendie, afin d’arrêter la marche de César. […] « Et d’ailleurs, quand tu dois être préoccupé de si graves intérêts, pourquoi te détourner dans ta marche rapide ? […] Craignez-vous que de nouvelles troupes de barbares ne s’opposent à notre marche ? […] Est-il nécessaire d’ajouter qu’après toutes ces conquêtes, aucun des ennemis qui nous insultent maintenant n’osera s’opposer à notre marche ? […] Puisse un souffle favorable me conduire vers les lieux où m’appellent une impérieuse destinée, le vœu de mes amis, et la volonté d’un Dieu puissant à qui rien ne saurait résister et qui a réglé la marche de tous ces événements !
Mais, dans sa marche rapide, il subjugue, il entraîne l’auditeur à son gré ; et ce qui le distingue de tous les orateurs, c’est que l’espèce de suffrage qu’il arrache est toujours pour l’affaire qu’il traite et jamais pour l’orateur.
Dès son exorde, dès sa première phrase, vous voyez son génie en action : il ne marche pas, il court dans un sentier nouveau que son imagination lui ouvre ; il se précipite vers son but, et vous emporte avec lui.