Seconde espèce de mots.
Chaque espèce en effet ne contiendrait guère qu’un individu, elles se multiplieraient done à l’infini, et l’avenir en couverait autant que le passé en aurait fait éclore. […] Denys est si loin de prétendre donner par là des préceptes à suivre aux écrivains, que, tout en proclamant Thucydide la limite et la règle, ὄρος ϰαὶ ϰανών, de cette diction en dehors du vulgaire, ἰξϰλλαγμίνη ϰαὶ περιττύ, il ajoute qu’il est le seul de son espèce, et que personne ne l’a jamais, non-seulement surpassé, mais même imité.
On a distingué diverses espèces d’antithèses. […] Celte espèce d’antithèse se nomme dérivation, quand les mots, différents entre eux, ont une origine commune, Ton bras est invaincu mais non pas invincible… Et le combat cessa faute de combattants ; et polypiote, quand ce sont diverses formes du même mot : Il plaît à tout le monde, et ne saurait se plaire.
Il y a quatre espèces d’exorde. […] De là deux espèces de péroraison.
Une espèce de sauvage, presque nu, pâle et miné par la fièvre, garde ces tristes chaumières : on dirait qu’aucune nation n’a osé succéder aux maîtres du monde dans leur terre natale, et que les champs sont tels que les a laissés le soc de Cincinnatus, ou la dernière charrue romaine. […] Espèce de cerf.
Valets et femmes de chambre criaient déjà indiscrètement, et leur douleur prouva bien tout ce que cette espèce de gens allait perdre. […] Plus avant commençait la foule des courtisans de toute espèce.
(Boileau) La synecdoche ou synecdoque prend le genre pour l’espèce : les mortels pour les hommes : Ou l’espèce pour le genre : — En son Louvre il les invita ; Quel Louvre !
Neuvième espèce de mots.
Des quatre espèces de reconnaissance.
C’est le genre le plus vaste de tous, et celui par conséquent auquel on peut le moins imposer de règles, car celles qui s’appliqueraient à une espèce d’ouvrages ne conviendraient pas à d’autres.
J’ai dit que ce discernement était une espèce de raison naturelle perfectionnée par l’étude. […] Les mathématiques seront toujours pour la nation en général une espèce de mystère, et par conséquent quelque chose de respectable. […] Nous conviendrons que l’espèce humaine ne diffère pas essentiellement des autres espèces par ses facultés corporelles, et qu’à cet égard son sort eût été le même à peu près que celui des autres espèces ; mais pouvons-nous douter que nous ne différions prodigieusement des animaux que par le rayon divin qu’il a plu au Souverain Être de nous départir ? […] Et n’est-ce pas sortir l’homme de sa constitution, que de vouloir l’exempter également de tous les maux de son espèce ? […] Sur d’autres espèces de plantes, ces poils et ces canaux se présentent avec des formes, des couleurs et des fluides différents.
. — Mais, comme dans tout genre de littérature on doit chercher non seulement à être utile, mais encore à plaire, à intéresser et à attacher, il faut s’efforcer de donner aux pensées l’espèce de beauté propre aux objets qu’elles représentent, et au genre dans lequel on écrit. […] Si c’est le cœur qui rend éloquent, comme dit Quintilien, pectus est quod disertos facit , c’est aussi du sentiment que provient l’intérêt dans toute espèce de composition. […] Dans ce cas, ils les regardent comme étant une espèce particulière de pensées. […] Cependant, si le sens roule principalement sur des mots de cette espèce, comme dans la phrase suivante, ces mots méritent une place importante : Dans leur prospérité, mes amis n’entendront jamais parler de moi ; dans leur adversité, toujours.
Μἐρος signifie quelquefois les parties du genre ou l’espèce : Métaphysique, IV, 25 : τὰ εἴδη τοῦ γένους φασὶν ἐἶναι μόρια. » Batteux, dans cette note, suit Vettori. p. 176, qui rappelle aussi le sens qu’a le mot μέρος un peu plus bas dans ce même chapitre.
Ce sont de grandes familles qui se touchent par beaucoup de points, comme se touchent les espèces et les variétés dans les classifications des sciences naturelles. […] 4° Le Genre et l’Espèce. […] C’est un lieu commun propre au genre judiciaire, où l’on cherche à prouver que les textes généraux de la loi sont applicables dans l’ espèce au sujet particulier. […] De là deux espèces d’exorde : l’exorde par préparation ou insinuation, et l’exorde brusque, que les rhéteurs appelaient ex abrupto. […] Elle prend : Le genre pour l’espèce (et plus rarement l’espèce pour le genre) : O dieux hospitaliers !
De pareils chefs-d’œuvre sont rares, il en faut convenir ; et ceux qui, après les jours de la décadence et le triomphe du faux goût, ont le mérite du moins de sentir celui des autres, et de s’apercevoir que ce sont là les modèles qu’il faut se proposer, forment une nouvelle classe, une espèce de second ordre en littérature, qu’on n’étudie pas sans fruit, après avoir admiré le premier. […] — Est-il une espèce de guerre où la fortune de la république n’ait exercé ses talents et son courage ?
Il y a autant d’espèces de chansons qu’il y a de sentiments divers qui peuvent inspirer les poètes : chansons patriotiques, guerrières, historiques, champêtres, etc. ; mais, en général, on les rattache aux trois espèces les plus nombreuses, savoir : les chansons érotiques, les bachiques, et les satiriques, autrement nommées vaudevilles.
La médiocrité, non plus, n’est guère propre à faire naître en nous un sentiment d’espèce si délicate ; l’impression qu’elle cause n’a rien que de stérile, et ressemble à de la fatigue ou à de la pitié. […] Il faut, en toute espèce d’art, une éducation préalable et une première docilité de l’esprit.