Heureusement l’orateur lui-même me tira de cet embarras, en me demandant ce qu’on disait de lui dans le monde, et si l’on était satisfait de son dernier discours. […] Néanmoins, puisque vous m’avez récommandé d’être franc et sincère, je prendrai la liberté de vous dire que votre dernier discours ne me paraît pas tout à fait de la force des précédents.
— Voulez-vous la pousser jusques aux derniers actes, Ouvrir aux passions toutes leurs cataractes, Et tout bouleverser, au point que le soleil N’aura pas encor vu cataclysme pareil ? […] Danton, éclatant enfin, après avoir arpenté le théâtre à grands pas, pendant les dernières paroles de Marat. […] Et son glaive au fourreau ne sera pas remis, Qu’il n’ait exterminé ses derniers ennemis1.
Il suffira d’en citer un seul fourni par un grand maître, et qui peut bien servir de modèle : il est tiré d’une oraison de Cicéron contre Verrès 36, Préteur de Sicile, qui avait condamné au dernier supplice Gavius, citoyen romain. […] L’orateur n’en reste pas là : il j’apporte une dernière circonstance du supplice de Gavius, pour accabler Verrès de tout l’odieux qu’il mérite, en peignant aux yeux de ses juges son industrieuse cruauté. « Tu ne peux point nier, puisque tu n’as pas craint de le dire publiquement, que tu n’aies fait planter l’instrument de son supplice dans cet endroit de la ville, qui est près du détroit, afin que celui qui se disait citoyen romain, pût du haut de cette croix jeter ses derniers regards sur l’Italie et sur sa propre maison. […] Ses derniers soupirs souillent la douleur et la mort, dans le cœur de son royal époux66 : les cendres du jeune prince se hâtent de s’unir à celles de son épouse : il ne lui survit que les moments rapides qu’il faut, pour sentir qu’il l’a perdue ; et nous perdons avec lui les espérances de sagesse et de piété, qui devaient faire revivre le règne des meilleurs rois, et les anciens jours de paix et d’innocence. […] On recommande assez communément aux orateurs d’imiter, dans l’arrangement des preuves, les généraux d’armée, qui placent, aux premiers rangs, les soldats robustes et braves ; dans le milieu, ceux dont on suspecte le courage, et aux derniers rangs, des troupes d’élite, pour assurer la victoire.
D’Alembert disait de Racine, qu’il avait la monotonie de la perfection ; et l’on a dit que les orateurs et les poètes du siècle dernier avaient la perfection de la monotonie. […] Toi, mon dernier enfant, souffre ma plainte amère ; Le ciel n’enferme pas tout l’amour de ta mère : A vivre loin d’Edgard je puis m’accoutumer. […] Les morceaux suivants sont des modèles de style sublime : la description du Tartare, par Virgile : Respicit Æneas subitò… ; le portrait du juste : Justum et tenacem…, et le départ de Régulus : Fertur pudicæ conjugis…, par Horace ; le discours du paysan du Danube, par La Fontaine ; l’exorde de l’Oraison funèbre de la reine d’Angleterre, la péroraison de celle de Condé, et celle de Madame, duchesse d’Orléans : Mais en priant pour son âme… ; la première scène d’Athalie : Oui, je viens dans son temple…, et la prophétie de Joad : Cieux, écoutez ma voix… ; la description du jugement dernier : Déjà, je crois le voir…, par Louis Racine ; le sermon de Massillon sur le petit nombre des élus, et surtout ce passage : Je suppose que ce soit ici notre dernière heure… un seul ; la peinture des enchantements de Circé : Sur un autel sanglant… ; l’éruption d’un volcan, par Lacépède ; la rentrée de Satan aux enfers : L’archange rebelle…, par Chateaubriand ; la démonstration de l’accord des sciences naturelles avec la révélation : Dans la houille d’abord les antiques terrains…, par Bignan, etc.
Les six dernières strophes de l’Hymne de l’enfant à son réveil sont remplies de sentiments gracieux. […] Super flumina Babylonis, illic sedimus et flevimus… Nous mentionnerons encore les dernières paroles de Gilbert : Au banquet de la vie… ; le Jour des morts de Fontanes ; la Chute des feuilles, de Millevoye ; le Cimetière de campagne, de Thomas Gray ; beaucoup de passages de Chateaubriand, et plusieurs élégies des poètes allemands. […] Un poète, voulant peindre la chute de l’empereur Napoléon, emploie des mots qui font image : Aux livides lueurs de son dernier canon Il tombe ; mais sa chute a fait un vide immense. […] Post equitem sedet atra cura, il n’en est pas de même des exemples suivants, surtout du dernier : Poser l’éteignoir sur la chandelle de la vie. […] Voici l’image sublime qui termine l’ode sur le Jugement dernier, de Gilbert : L’Éternel a brisé son tonnerre inutile, Et d’ailes et de faux dépouillé désormais, Sur les mondes détruits le Temps dort immobile.
Sa pauvre âme du moins s’en ira plus en paix, Si vous l’accompagnez de vos derniers souhaits. Il a parlé de vous jusqu’à sa dernière heure : « Marthe, me disait-il, si Dieu veut que je meure, « Dis-lui que son ami lui laisse tout son bien, « Pour avoir soin de toi, des oiseaux et du chien. » Son bien ! […] Viens, viens, dernier ami que mon pas réjouisse, Ne crains pas que de toi devant Dieu je rougisse ; Lèche mes yeux mouillés, mets ton cœur près du mien, Et, seuls à nous aimer, aimons-nous, pauvre chien !
« Je suppose que c’est ici votre dernière heure et la fin de l’univers ; que les cieux vont s’ouvrir sur vos têtes ; Jésus-Christ paraître dans sa gloire au milieu de ce temple… je vous le demande donc : si Jésus-Christ paraissait dans ce temple, au milieu de cette assemblée pour nous juger, pour faire le terrible discernement des boucs et des brebis ; croyez-vous que le plus grand nombre de tout ce que nous sommes ici fût placé à la droite ? […] Quelque glorieuse que fût la source dont il sortoit, l’hérésie des derniers temps l’avait infectée ; il recevait avec ce beau sang des principes d’erreur et de mensonge et parmi ses exemples domestiques, il trouvait celui d’ignorer et de combattre la vérité ».
Seul et dernier anneau de deux chaînes brisées, Je reste. […] … Mais leur dernier tonnerre Vient de s’éteindre sous les flots !
Les dernières paroles de sa sœur retentissaient sans cesse à ses oreilles, et il lui semblait entendre un oracle fatal, inévitable, qui lui demandait du sang, et du sang innocent. […] Léonidas J’ai eu le bonheur, il y a quelques années, de passer trois jours aux Thermopyles, et j’ai grimpé, non sans émotion, tout prosaïque que je sois, le petit tertre où expirèrent les derniers des trois cents.
Aussi nous sommes nous bornés, pour nos développements ou nos plans, aux devoirs donnés par la Sorbonne pendant les deux dernières années, en 1884 et en 1885. […] Une des dernières confréries qui eut le privilège de représenter des mystères, fut la confrérie de la Passion, qui est restée la plus célèbre. […] Puis il rend à Patrocle les derniers devoirs, et dans les jeux qu’il célèbre autour de son bûcher, il immole un grand nombre de prisonniers troyens. […] Le grand règne n’avait laissé, à cause de ses dernières années, que de tristes souvenirs dans la nation ; l’œuvre de Voltaire a été une réhabilitation. […] Après la mort du comte il se rend courageusement chez sa maîtresse pour lui parler une dernière fois.
Mes discours accusateurs l’ont poursuivi jusqu’au dernier moment. […] Oui sans doute, il y a longtemps que Catilina aurait dû périr du dernier supplice : l’exemple de nos ancêtres, l’inflexible sévérité de ma charge, le salut de la république, tout m’en faisait un devoir. […] Quoique nos ennemis par le fait, ils sont cependant nés citoyens, et c’est ce qui m’engage à leur donner un nouvel et dernier avis. […] Je suis bien intimement convaincu que tous les supplices sont au-dessous de ce qu’ont mérité les conjurés ; mais les dernières impressions sont les plus durables.
Quelquefois de beaux nuages, comme des chars légers, portés sur le vent du soir avec une grâce inimitable, font comprendre l’apparition des habitants de l’Olympe sous le ciel mythologique ; quelquefois l’antique Rome semble avoir étendu dans l’Occident toute la pourpre de ses consuls et de ses Césars, sous les derniers pas du dieu du jour3. […] Dans une belle soirée du mois de juillet dernier, j’étais allé m’asseoir au Colysée, sur la marche d’un des autels consacrés aux douleurs de la Passion. […] Cette correspondance établie par des sons religieux entre les deux plus grands monuments de Rome païenne et de Rome chrétienne me causa une vive émotion : je songeai que l’édifice moderne tomberait comme l’édifice antique ; je songeai que les monuments se succèdent comme les hommes qui les ont élevés ; je rappelai dans ma mémoire que ces mêmes Juifs, qui, dans leur première captivité, travaillaient aux pyramides de l’Égypte et aux murailles de Babylone, avaient, dans leur dernière dispersion, bâti cet énorme amphithéâtre.
Le meilleur moyen d’obvier à un semblable inconvénient, c’est de subordonner l’exorde au plan général du discours, et de ne s’en occuper qu’en dernier lieu. […] C’est là que l’orateur, rassemblant toutes ses forces, frappait les derniers coups avec une énergie à laquelle rien ne résistait ; c’était le triomphe de l’éloquence judiciaire, chez des peuples dont les tribunaux, entourés d’une foule innombrable de peuple, offraient un vaste théâtre à l’action oratoire.
Les orateurs et les poëtes ont précédé, il est vrai, les poétiques et les rhétoriques ; mais ce fait ne prouve pas contre l’utilité de ces dernières. […] Pour se faire une idée de la puissance de la parole à Rome, qu’on lise ce que disent Aper et Maternus dans cet excellent Dialogue des orateurs, chef-d’œuvre de raison et de style, qu’il soit de Tacite, de Quintilien, ou de tout autre, préface naturelle de tout ouvrage où il est question d’éloquence, et dont plusieurs pages semblent écrites d’hier, tant il y a de rapprochements entre notre état social et politique actuel et celui de Rome aux derniers temps de la République et aux premiers de l’Empire.
On croira même ajouter quelque chose à la gloire de notre auguste monarque, lorsqu’on dira qu’il a estimé, qu’il a honoré de ses bienfaits cet excellent génie ; que même deux jours avant sa mort, et lorsqu’il ne lui restait plus qu’un rayon de connaissance, il lui envoya encore des marques de sa libéralité3, et qu’enfin les dernières paroles de Corneille ont été des remercîments pour Louis le Grand. […] Bien plus, il finit par connaître la détresse, et l’argent lui manqua tout à fait dans sa dernière maladie.
. — Il en est de même de la poésie : née pour plaire, destinée à charmer les cœurs, si elle ne s’élève au premier rang, elle tombe au dernier. […] Malheur au dernier ! […] 719Une syllabe longue, 720mise-après une brève, 721est appelée iambe, 722pied rapide : 723d’où même et à cause de sa rapidité même) 724l’iambe a fait que le nom de trimètres 725s’ajoutât aux vers iambiques, 726 dans ces vers trimètres, 727l’iambe rendìt (fìt entendre) 728six coups (fût répété six fois), 729 étant semblable à lui-même 730(toujours composé d’iambes) 731 depuis le premier pied jusqu’au dernier. […] 1076De même-que, 1077au milieu d’un festin agréable, 1078une symphonie discordante, 1079et un parfum rance, 1080et le pavot 1081 servi avec du miel de-Sardaigne, 1082blessent les convives, 1083parce que le repas pouvait être terminé 1084sans ces hors-d’œuvre : 1085ainsi, la poésie, 1086née et inventée 1087pour charmer les esprits, 1088si peu qu’elle ait dévié 1089du premier rang, 1090elle tombe au dernier. […] 1199Et il ne suffit pas, pour être poëte, 1200d’avoir dit (de dire) : 1201« Moi, je compose des vers admirables : 1202que la gale s’empare 1203du dernier (malheur au dernier) !
Ce palais, ces meubles, ces jardins, ces belles eaux, vous enchantent, et vous font récrier d’une première vue sur une maison si délicieuse, et sur l’extrême bonheur du maître qui la possède : il n’est plus, il n’en a pas joui si agréablement ni si tranquillement que vous ; il n’y a jamais eu un jour serein ni une nuit tranquille ; il s’est noyé de dettes pour la porter à ce degré de beauté où elle vous ravit : ses créanciers l’en ont chassé ; il a tourné la tête, et il l’a regardée de loin une dernière fois ; et il est mort de saisissement1. […] Nous l’avons fixée d’après les dernières recherches de M.