Il n’est pas défendu de semer les réflexions dans un récit, mais il faut en user sobrement : toute réflexion qui n’est pas amenée naturellement, qui ne fait pas corps avec le reste de la narration, qui se prolonge outre mesuré, ne sert qu’à jeter du froid dans l’action et à en entraver la marche. […] La tête du guerrier se partage, sa cervelle se répand des deux côtés, ses yeux roulent à terre ; son corps reste encore un moment debout, étendant des mains convulsives, objet d’épouvanté et de pitié. […] À la vue de cette clarté si vive et si pure, il sentit tout son corps frissonner, et, s’élançant vers la fenêtre par un mouvement involontaire, il s’écria avec l’accent de l’enthousiasme : Oh ! […] « Donnez du corps aux pensées trop subtiles ; adoucissez, par le sentiment, la rudesse de la vérité ; abaissez tout cela jusqu’à nos sens. […] Par quels nœuds étonnants, par quels secrets rapports Le corps tient-il à toi comme tu tiens au corps ?
Charitable envers le prochain : rendant lui-même justice à tout le monde, se familiarisant avec les pauvres, portant en terre les corps de ses soldats tués dans une sanglante bataille, fondant des hôpitaux sans nombre. […] Celles qu’on fait entrer finement dans le corps du récit, de manière qu’elles paraissent essentielles au récit même, y font un meilleur effet que partout ailleurs. […] Ce fut aux funérailles de Lucius Junius Brutus, consul, tué dans une bataille contre les Étrusques qui voulaient rétablir les Tarquins sur le trône de Rome : son corps fut exposé dans la place publique par ordre de Valérius Publicola, son collègue, qui étant monté à la tribune aux harangues, fit un récit touchant des belles actions de sa vie. […] Les Harangues, ou compliments de félicitation, de remerciement, de condoléance, etc., que les corps littéraires font aux princes, sont dans le genre brillant et fleuri. […] Souvenez-vous que ma retraite hors de cette ville, sans l’avoir assurée au parti, sera la retraite de ma vie hors de ce corps.
Ces hommes sentent vivement, s’affectent de même, le marquent fortement au dehors, et par une impression purement mécanique, ils transmettent aux autres leur enthousiasme et leurs affections ; c’est le corps qui parle au corps ; tous ses mouvements, tous ses signes concourent et servent généralement.
La suivante est du nombre des premières : Ci-gît le vieux corps usé Du lieutenant civil rusé, etc. […] Le mot total du logogriphe est appelé le corps, et les parties que l’on sépare pour former d’autres mots se nomment les membres. […] Sans user de pouvoir magique, Mon corps, entier en France, a deux tiers en Afrique.
A mon âge, on commence à sentir les infirmités, et les infirmités du corps altèrent l’esprit. […] On les demande depuis cent années au seul corps dont ils puissent émaner avec fruit et bienséance. […] Décrété de prise de corps pour ce dernier ouvrage, J. […] Sa mère le tient embrassé par le corps ; le brutal cherche à s’en débarrasser, et la repousse du pied. […] Admis dans un corps nouvellement formé de jeunes ingénieurs, il fait campagne en 1760.
L’action des corps qui s’agitent et qui se rencontrent, frappe son oreille d’une harmonie composée de mille lotis différents. […] Tout son corps délicat, doué d’un tact fin et léger, sent délicieusement la mollesse des langes qui l’entourent, de la plume qui le porte, qui le réchauffe ; et les caresses d’une tendre mère font éprouver à tout son être la plus pure des voluptés. […] Le toucher corrige l’erreur de sa vue et lui révèle les formes des corps ; il distingue leur mollesse, leur dureté ; tous ses jeux sont d’actives et de profondes études. […] On peut aussi observer que vaincu et défait ne s’appliquent qu’à des armées ou à de grands corps ; aussi on ne dit point d’un détachement qu’il a été défait ou vaincu, on dit qu’il a été battu.
Il appuie surtout, et avec raison, sur la nécessité de ne point énerver l’âme des jeunes gens, en traitant leur corps avec trop de mollesse. Ce sont des hommes que nous devons à la société ; élevons-les donc comme des hommes, et sachons que jamais une âme forte et généreuse ne se rencontrera dans un corps amolli et efféminé.
Écoutons l’historien de sa vie : « Sa manière de travailler était extrêmement fatigante ; l’agitation de son esprit se communiquent à tous les muscles de son corps ; il se levait brusquement et se promenait à grands pas ». […] Rien de plus aisé à comprendre : « Il étudiait l’art qui enseigne les propriétés du mouvement, qui mesure les temps et les espaces, qui calcule les vitesses et commande aux éléments dont il s’assujétit les forces ; l’art de faire mouvoir tous ces vastes corps, d’établir un concert et une harmonie de mouvement entre cent mille bras, de combiner tous les efforts qui doivent concourir ensemble, de calculer l’activité des forces et le temps de l’exécution. — Maurice écartait les barrières du préjugé pour reculer les limites de son art : après avoir trouvé le bien, il cherchait le mieux. — Il s’élançait au-delà du cercle étroit des événements, et créait des combinaisons nouvelles ; imaginait des dangers pour trouver des ressources ; étudiait surtout la science de fixer la valeur variable et incertaine du soldat, et lui donner le plus grand degré d’activité possible ».
Cependant ces grands corps insensibles font entendre des bruits profonds et mélancoliques. […] Je m’inquiétais de ne tenir ni à aucun grand ni à aucun corps ; et j’ai été protégé par vous dans mille dangers où ils ne peuvent rien.
C’est la forme extérieure de l’art, et, comme disaient les anciens, l’éloquence du corps. […] On couvre le corps d’un manteau, on le porte dans une haie, on le garde à petit bruit. […] 8° On se sert, pour exprimer un sentiment, de l’organe ou de la partie du corps qui en est considérée comme le siége. […] Le geste comprend le jeu de la physionomie, l’expression du regard, les attitudes du corps, et les mouvements de la tête, des bras et des mains. […] — Le valeureux comte de Fontaines, qu’on voyait porter dans sa chaise, et malgré ses infirmités, montrer qu’une âme guerrière est maîtresse du corps qu’elle anime.
Le cœur Je ne croirai jamais que le cœur s’use, et je sens tous les jours qu’il devient plus fort, plus tendre, plus séparé des liens du corps, à mesure que la vie et la réflexion détruisent l’enveloppe où il est étouffé. Le cœur peut mourir en tuant le corps ; mais je ne connais pour lui que cette fin : c’est celle du combat par la victoire1.
Frère7 ailé, sur ton corps je versai quelques larmes. […] La simple croix de buis, un vieux drap mortuaire, Furent les seuls apprêts de son lit funéraire ; Et quand le fossoyeur soulevant son beau corps, Du village natal l’emporta chez les morts, A peine si la cloche avertit la contrée Que sa plus douce vierge en était retirée.
qui vit oncques En petit corps un esprit autant fort ? […] Jamyn portèrent son corps sur leurs épaules à l’église des Grands-Augustins, où il fut enterré. […] De quoy sert plus339 mon ame en ce coupable corps ? […] Je ne fay qu’allonger le trame de mes maux : Je ne vy pas, je sens les funebres travaux D’un qui tombe au cercueil ; mon aine prisonniere Est close de ce corps comme un corps de sa biere. […] Il avait été témoin oculaire de l’assassinat de son premier bienfaiteur royal, il mena à Saint-Denis le corps du second, auquel il ne survécut qu’un an.
Chez lui, tout est forme et couleur ; le monde moral et le monde physique se confondent ; les sentiments sont des sensations, les idées ont des contours, l’abstrait prend un corps, et l’invisible même veut qu’on le voie. […] D’une main elle en abaissa les rameaux inférieurs, de l’autre elle y plaça le corps de son enfant ; laissant alors échapper la branche, la branche retourna à sa position naturelle, en emportant la dépouille de l’innocence, cachée dans un feuillage odorant. » 1. […] Je lis dans Pascal : Les disproportions qu’il y a entre les hommes sont bien minces pour être si vains : les uns ont la goutte, d’autres la pierre ; les uns meurent, d’autres vont mourir : ils ont une même âme dans l’éternité, et elles ne sont différentes que pendant un quart d’heure, et c’est pendant qu’elles sont jointes au corps.
L’impression dominante qu’il nous laisse est pénible et triste : c’est une âme fébrile dans un corps malade. […] Mais, entre les hommes, quelques-uns ont plus de force ou de corps, ou d’esprit, ou de volonté, et ce sont ceux-là qui cherchent à assujettir les autres, lorsque l’orgueil ou la convoitise étouffe en eux l’amour de leurs frères. […] Dans le Saint-Genest de Rotrou, Adrien parle ainsi : J’ai contre eux éprouvé tout ce qu’eût pu l’enfer, J’ai vu bouillir leur sang sous des ongles de fer, J’ai vu couler leur corps dans la poix et les flammes, J’ai vu leur chair tomber sous de flambantes lames, Et n’ai rien obtenu de ces cœurs glorieux Que de les avoir vus pousser des chants aux cieux, Prier pour leurs bourreaux au fort de leur martyre, Pour vos prospérités et pour l’heur de l’empire.
Nous ne croyons pas, par exemple, que quand Fléchier nous représente Turenne étendu sur ses propres trophées ; quand il nous peint ce corps pâle et sanglant, auprès duquel fume encore la foudre qui l’a frappé , il se soit arrêté à dessein à ce choix de syllabes longues et tristement sonores, pour terminer tout à coup par ces quatre brèves : quĭ l’ă frâppĕ. […] Sa démarche ferme et hardie annonce sa noblesse et son rang ; il ne touche à la terre que par ses extrémités les plus éloignées ; les bras ne lui sont pas donnés pour servir d’appui à la masse de son corps ; sa main ne doit pas fouler la terre : elle est réservée à des usages plus nobles, pour exécuter les ordres de la volonté, saisir les objets éloignés, écarter les obstacles et tout ce qui pourrait nuire, retenir ce qui peut plaire, et le mettre à la portée des autres sens ».
Le mot aile est pris dans le sens propre, quand il désigne cette partie du corps dont les oiseaux font usage pour voler. […] Exiguo intervallo utraque acies stetit, les deux armées s’arrêtèrent à une petite distance. — Exercitus (de exercere, exercer) désigne un corps de troupes formées par l’exercice.