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80. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

Les circonstances racontées sont dans le premier genre, et les circonstances représentées sont dans le second. […] Une action peut en même temps être vraie dans le fond, et feinte dans plusieurs de ses circonstances. […] Ainsi dans ces circonstances mêmes le dialogue tend à son but. […] Ce sont les circonstances qui les rendent tels. […] Les circonstances qui accompagnent une action, sont celles des personnes qui agissent ou contre lesquelles on agit.

81. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section I. De l’Art d’écrire correctement. — Chapitre I. De la nature des mots. » pp. 11-86

Modifier, qui signifie, en général, donner une manière d’être, signifie ici, déterminer la signification d’un mot, en exprimant quelque circonstance ou particularité qui accompagne ce mot. Si l’on dit, il faut s’occuper, la signification du mot s’occuper, sera simple et sans aucune circonstance. […] Je comprends dans ceux-là les adverbes de distance, près, loin ; 4°. les adverbes de temps, qui expriment quelques circonstances, ou rapports de temps ; comme, hier, autrefois, aujourd’hui, demain, désormais, tard, matin, souvent, quelquefois, ordinairement, incessamment, toujours, jamais, etc. ; 5°. les adverbes de quantité, qui servent à marquer une quantité, ou un nombre ; comme, assez, suffisamment, trop, peu, beaucoup, guère, plus, moins, davantage, infiniment, autant, pas, point, etc. […] De est appelé particule en bien des circonstances, comme on aura occasion de le voir. […] L’adverbe modifie la signification d’un autre mot, en exprimant quelque circonstance ou particularité qui accompagne ce mot.

82. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

L’orateur grec doit inspirer le respect aux multitudes par l’ascendant de son caractère plus encore que par la supériorité de son courage ; il doit se posséder au point de paraître étranger aux passions qu’il excite ; il doit, sachant qu’il parle au peuple le plus subtil et le plus délié de la terre, atténuer plutôt que forcer l’expression de ses sentiments ; enfin il doit étudier les caractères, ménager les amours-propres et les prétentions rivales, varier selon les hommes, les lieux et les circonstances ses moyens de persuasion. […] Ulysse s’inspire de la circonstance : le festin terminé, il lève sa coupe et boit à son hôte. […] Après cette invocation, qui n’est pas un lieu commun oratoire, mais le seul exorde en rapport avec ses propres sentiments, avec la piété du peuple et la gravité des circonstances, il expose son sujet et déduit ses raisons. […] Philippe est prévoyant, il est habile à profiter des circonstances et, au besoin, à les faire naître ; il est actif, infatigable, et dans ce monde l’empire est à celui qui agit. […] Comme les laquais de bonnes maisons qui changent de livrée en changeant de maître, ils ont des théories pour toutes les circonstances et une morale différente pour tous les auditoires.

83. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Notes. Pour l’intelligence des exemples cités dans ce troisième volume. — M — article » p. 417

C’étoit un homme d’un caractère doux, sage et circonspect ; ayant beaucoup de finesse et de mesure dans l’esprit, avec un courage toujours conforme aux circonstances ; n’employant jamais la force qu’au défaut des autres moyens ; possédant sur-tout à un degré supérieur l’art de connoître les hommes, et de les employer à propos.

84. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Avertissement de l’auteur sur la seconde édition. » pp. -

Les circonstances qui m’avaient obligé de hâter l’impression de cet Ouvrage, lorsque je le publiai, ne m’avaient point laissé le loisir de le soigner autant que je l’aurais désiré.

85. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre II. division de la rhétorique. — de l’invention  » pp. 24-37

Quand l’élève a bien remarqué dans vingt circonstances que le mot qui exprime la qualité se met au même genre et au même nombre que les noms qu’il qualifie, quand il a parfaitement compris tous les éléments de ce fait grammatical, qu’alors la règle : l’adjectif s’accorde avec le substantif en genre et en nombre, ou les deux mots, Deus sanctus , viennent résumer ces observations multipliées, et leur donner un corps ; que l’élève apprenne cette règle littéralement, comme une formule algébrique, comme le texte d’un article de loi ; alors seulement il ne l’oubliera plus. […] Quand l’esprit se l’est ainsi assimilé, pour ainsi dire, qu’il en a fait comme une partie de sa substance, alors il s’éprend pour lui d’un amour presque fanatique ; et ce qu’on appelle vaguement l’inspiration, n’est rien que cet amour, et cet amour, secondé par les circonstances, crée des prodiges.

86. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VI. des mœurs  » pp. 75-88

Les observations à cet égard ayant pour objet la nature et l’homme dans un temps, un lieu et des circonstances données, il est évident qu’elles peuvent féconder ces deux principaux éléments du travail de l’écrivain, l’aider ainsi à inventer. […] Ce parfait accord de l’âge, du sexe, de la position de l’auteur avec le sujet qu’il traite, les circonstances où il se trouve, l’auditoire ou la classe de lecteurs à qui il s’adresse, constitue le quid deceat des anciens, ce que nous appelons les bienséances, et se rattache évidemment au chapitre des mœurs.

87. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

Choix d’un état Le choix d’un état est, de toutes les circonstances de la vie, celle où la méprise est plus ordinaire. […] Car connaissant tout seul les plus secrets penchants de nos cœurs ; développant déjà dans les premières ébauches de nos passions tout ce que nous devons être ; jugeant de nous-mêmes par les rapports divers de vice ou de vertu que les situations infinies où il pourrait nous placer ont avec les qualités naturelles de notre âme ; découvrant en nous mille dispositions cachées que nous ne connaissons pas, et qui n’attendent que l’occasion pour paraître ; seul, lorsqu’il tira tout du néant, et qu’il donna à tous les êtres cet arrangement admirable et ce cours harmonieux que la durée des temps n’a jamais pu altérer, il put prévoir quelles étaient dans cet assemblage si bien assorti les circonstances du siècle, de la nation, du pays, de la naissance, des talents, de l’état, les plus favorables à notre salut, et en les rassemblant par un pur effet de sa miséricorde, en former comme le fil et toute la suite de notre destinée.

88. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — Chapitre II. Du genre pastoral » pp. 96-112

Outre la grâce dont nous venons de parler, on trouve dans les descriptions pastorales des allusions fréquentes aux circonstances de la vie champêtre, comme dans ces beaux vers de Virgile, imités par Racan : Sepibus in nostris parvam te roscida mala (Dux ego vester eram) vidi cum matre legentem ; Alter ab undecimo tum me jam ceperat annus, Jam fragiles poteram & terra contingere ramos… Il me passait d’un an ; et de ses petits bras Cueillait déjà des fruits dans les branches d’en bas. […] Ce n’est que dans des cas assez rares que, s’inspirant d’une circonstance plus intéressante, il s’élève et Rend digne d’un consul la campagne et les bois Si canimus silvas, silvæ sint consule dignæ.

89. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

On ne doit, dans la définition, ni omettre les principaux arguments qui appartiennent au sujet, ni insister sur des circonstances peu intéressantes. […] Ainsi, la définition oratoire accumule les traits, les circonstances qui caractérisent la chose, et anime le tableau qu'elle en fait des couleurs les plus vives et les plus brillantes qu'offre le sujet ; et la définition poétique est plus brillante et plus variée encore ; elle jette ses couleurs dans le discours de manière que le mélange des ombres et de la lumière ajoute à leur éclat. […] 7° Les circonstances sont les arguments que l'on tire de ce qui accompagne un fait ; du lieu, des motifs, etc. […] Qu'est-ce que les circonstances ? […] Il ne lui faut, pour briller, ni les cabales d'un parti ni de grandes circonstances : dans la paix la plus profonde, sur le cercueil du citoyen le plus obscur, elle trouve des moyens sublimes ; elle sait intéresser pour la vertu ignorée, et faire couler des larmes pour un homme de bien que l'on n'avait point connu.

90. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

D’une conception abstraite elles font un objet sensible ; elles l’entourent de circonstances qui permettent à l’esprit de le saisir et de le contempler sans peine. […] Si on s’arrête longtemps sur la ressemblance qui sert de fondement à la figure, si on la suit jusque dans les moindres circonstances, ce n’est plus une métaphore, mais une allégorie. […] L’hypothèse ou supposition est une figure par laquelle on imagine, on suppose comme vraies ou comme possibles des circonstances, des situations dont on tire des inductions favorables. […] Les épithètes ont leurs racines dans le caractère de la personne, dans la nature des choses et surtout dans les circonstances. […] Les poètes grecs et latins admettaient quelquefois des épithètes qui n’avaient d’autre objet que de peindre la personne ou la chose d’une manière générale, sans rapport spécial avec la circonstance présente.

91. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXIII. des figures. — tropes d’invention et tropes d’usage  » pp. 323-338

Il est des circonstances si grandes, des faits si merveilleux, qu’il semble qu’alors on ne puisse atteindre la réalité qu’en la dépassant. […] De telles circonstances sont heureusement fort rares ; aussi, et quel que soit l’entraînement de l’imagination ou de la passion, en général, si vous passez la croyance, ne passez pas la mesure, et ne pouvant être dans la vérité, restez du moins dans la vraisemblance : quamvis est omnis hyperbole ultra fidem, non tamen debet esse ultra modum.

92. (1863) Discours choisis ; traduction française par W. Rinn et B. Villefore. Première partie.

Le temps de l’indulgence est passé ; la sévérité, voilà ce que réclament les circonstances. […] Toutes les circonstances se présentent à la fois ; je vois d’un même coup d’œil ce temple, ce lieu et ce culte. […] S’il en a eu l’occasion dans cette circonstance, il l’a négligée. […] La fortune vous offrait à la vérité dans ces circonstances la plus belle occasion, si vous aviez eu le moindre courage et quelques talents ; mais votre caractère ne s’est point alors démenti. […] Direz-vous que j’ai recours au mensonge, que j’invente des circonstances, que j’exagère l’accusation ?

93. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre II. Des qualités du style » pp. 79-118

C’est lorsque la clarté lui enlèverait la finesse, la délicatesse, la réserve que demandent certaines circonstances. […] On admire avec raison ce verbe κεῖται, qui doit tout son prix à la circonstance. […] La convenance est une qualité par laquelle on assortit le style aux pensées, aux sentiments que l’on exprime, ainsi qu’aux circonstances actuelles du lieu, du temps et des personnes, en un mot, au sujet que l’on traite.

94. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVIII. des qualites essentielles du style. — harmonie  » pp. 240-256

La nature des divers peuples est modifiée par une foule de circonstances. L’idiome contracte des habitudes, résultat de ces circonstances et de la nature, et l’ensemble de ces habitudes forme ce qu’on appelle le génie de la langue.

95. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Lettre. A un ancien Elève de l’Ecole Militaire de Paris. » pp. 375-399

Il sait distinguer alors l’action en elle-même, des circonstances et des causes qui l’ont produite. […] En un mot cet ouvrage ne peut qu’être de la plus grande utilité dans presque toutes les circonstances de la vie.

96. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XII. Poésie dramatique. »

Une action peut en même temps être vraie dans le fond, et feinte dans plusieurs de ses circonstances : elle peut aussi être feinte au fond, et vraie seulement dans les noms : c’est lorsqu’on attribue à des personnages qui ont existé une action qu’ils n’ont pas faite. […] Il n’est pas possible que l’histoire ou la société actuelle fournisse au poète une action propre à être mise sur la scène avec toutes ses circonstances. […] Il suffit que l’action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s’y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie. » La tragédie, sans exiger absolument une action terminée par la mort de quelque grand personnage, en veut donc une qui, par ses diverses circonstances, par la situation des principaux intéressés, remue fortement le cœur et l’agite avec véhémence.

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