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65. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — L. Racine. (1692-1763.) » pp. 267-276

D’innombrables filets, ciel ! […] Je trouve donc qu’en moi, par d’admirables nœuds, Deux êtres opposés sont réunis entre eux : De la chair et du sang, le corps, vil assemblage ; L’âme, rayon de Dieu, son souffle, son image… Le corps, né de la poudre, à la poudre est rendu, L’esprit retourne au ciel dont il est descendu. […] Platon, combien de fois jusqu’au ciel tu t’élances !

66. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 185-195

Si quelques mariages, plus bénis du ciel que ceux des villes, se faisaient à mon voisinage, on saurait que j’aime la joie, et j’y serais invité. […] Il avait fait très-chaud ce jour-là, la soirée était charmante, la rosée humectait l’herbe flétrie ; point de vent, une nuit tranquille ; l’air était frais sans être froid ; le soleil, après son coucher, avait laissé dans le ciel des vapeurs rouges dont la réflexion4 rendait l’eau couleur de rose ; les arbres des terrasses étaient chargés de rossignols qui se répondaient l’un à l’autre. […] Je me couchai voluptueusement sur la tablette d’une espèce de niche ou d’arcade enfoncée dans un mur de terrasse ; le ciel de mon lit était formé par les têtes des arbres ; un rossignol était précisément au-dessus de moi ; je m’endormis à son chant.

67. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Descartes, 1596-1650 » pp. 11-20

Je savais que les langues que l’on y apprend sont nécessaires pour l’intelligence des livres anciens ; que la gentillesse des fables réveille l’esprit ; que les actions mémorables des histoires le relèvent, et qu’étant lues avec discrétion elles aident à former le jugement ; que la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés, qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée en laquelle ils ne nous découvrent que les meilleures de leurs pensées ; que l’éloquence a des forces et des beautés incomparables ; que la poésie a des délicatesses et des douceurs très-ravissantes ; que les mathématiques ont des inventions très-subtiles, et qui peuvent beaucoup servir tant à contenter les curieux qu’à faciliter tous les arts et diminuer le travail des hommes ; que les écrits qui traitent des mœurs contiennent plusieurs enseignements et plusieurs exhortations à la vertu qui sont fort utiles ; que la théologie enseigne à gagner le ciel ; que la philosophie donne moyen de parler vraisemblablement1 de toutes choses et de se faire admirer des moins savants ; que la jurisprudence, la médecine et les autres sciences apportent des honneurs et des richesses à ceux qui les cultivent ; et enfin, qu’il est bon de les avoir toutes examinées, même les plus superstitieuses et les plus fausses2, afin de connaître leur juste valeur et se garder d’en être trompé. […] Je révérais notre théologie, et prétendais autant qu’aucun autre à gagner le ciel ; mais ayant appris, comme chose très-assurée, que le chemin n’en est pas moins ouvert aux plus ignorants qu’aux plus doctes, et que les vérités révélées qui y conduisent sont au-dessus de notre intelligence, je n’eusse osé les soumettre à la faiblesse de mes raisonnements, et je pensais que pour entreprendre de les examiner et y réussir il était besoin d’avoir quelque extraordinaire assistance du ciel et d’être plus qu’homme.

68. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

En vain ai-je fait entendre les cris de l’hirondelle, les gémissements de la colombe, et mes yeux se sont fatigués, constamment élevés vers le ciel. […] Ici, j’entends crier les murs, le sanctuaire, Les caveaux dépeuplés, la prophétique chaire D’où le grand Bossuet, aigle de l’Éternel167, Élevait, dans son vol, la terre jusqu’au ciel. […] Ce dernier trait est charmant : celui de l’original est cependant encore au-dessus : « Voilà ce que je demande au ciel, dit Ruth ; et puisse-t-il y ajouter le bienfait de ne point séparer l’instant de notre mort ! […] C’est sans doute une fort belle figure ; qu’elle est faible, cependant, auprès de celle qui, en l’appelant l’aigle de l’Éternel, place sa chaire dans le ciel, et n’entend plus, dans son éloquence, que la foudre même de Dieu éclatant sur les mortels !

69. (1862) Cours complet et gradué de versions latines adaptées à la méthode de M. Burnouf… à l’usage des classes de grammaire (sixième, cinquième, quatrième) pp. -368

Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.

70. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

C’est avec André Chénier que la poésie française retrouvera un ciel lumineux. […] Mon esprit, grâce au ciel, n’a rien encore perdu de sa vigueur. […] les beaux ciels ! […] L’horizon offrait tous les signes d’une longue tempête ; la mer y paraissait confondue avec le ciel. […] Necker les meilleurs possibles ; mais le ciel me préserve, dans une situation si critique, d’opposer les miens aux siens !

71. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Lamennais 1782-1854 » pp. 243-246

Soyons fidèles aujourd’hui, demain, et le ciel nous est assuré. […] On dirait un ciel encore voilé qui se souvient de l’orage.

72. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Cousin 1792-1867 » pp. 257-260

Je contemple avec ravissement cette nature inconnue, ce ciel du Nord avec ses étoiles éclatantes, mille fois plus belles que le jour pâle et sombre qui leur succède2. […] L’homme n’est point un orphelin : il a un père dans le ciel.

73. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Bruyère 1646-1696 » pp. 100-117

Je me récrie, et je dis : Quel plaisir de vivre sous un si beau ciel et dans ce séjour si délicieux2 ! […] Il y a une chose qu’on n’a point vue sous le ciel, et que, selon toutes les apparences, on ne verra jamais : c’est une petite ville qui n’est divisée en aucuns partis3, où les familles sont unies, et où les cousins se voient avec confiance ; où un mariage n’engendre point une guerre civile ; où la querelle des rangs ne se réveille pas à tous moments par l’offrande, l’encens et le pain bénit, par les processions et par les obsèques ; d’où l’on a banni les caquets, le mensonge et la médisance4. […] Nous lisons dans Voltaire : L’âne passait auprès, et se mirant dans l’eau, Il rendait grâce au ciel en se trouvant si beau : « Pour les ânes, dit-il, le ciel a fait la terre ; « L’homme est né mon esclave, il me panse, il me ferre, « Il m’étrille, il me lave, il prévient mes désirs. » La Bruyère dit encore : « Le faste et le luxe dans un souverain, c’est le berger habillé d’or et de pierreries, la houlette d’or en ses mains ; son chien a un collier d’or, il est attaché avec une laisse d’or et de soie.

74. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XI. du corps de l’ouvrage. — narration, description  » pp. 146-160

Pour l’une comme pour l’autre, il faut faire un choix dans l’ensemble des objets, déterminer les points les plus saillants, les plus utiles ; à moins qu’il n’y ait quelque circonstance dominante et qui appelle tout d’abord les regards, distribuer le tout par groupes, le ciel, le terrain, les eaux, puis le feuillage et les fabriques, ou encore d’après les impressions des sens, les formes, les couleurs, les bruits, les odeurs ; si le sujet est vaste, préférer en général l’opposition des contrastes aux rapprochements des harmonies, les masses aux détails, et là même où les détails sont de mise, se restreindre à ceux qui ont un caractère assez tranché pour frapper l’esprit. […] Le vert et le bleu, ce revêtement de la terre et du ciel, se modifient continuellement suivant les climats, les saisons, les jours, les heures même du jour, sans cesser pourtant d’être du bleu et du vert. […] Sans ce feu, ravi au ciel comme celui de Prométhée , l’art se matérialise, et la poésie descriptive, quelque étincelante qu’elle soit, devient une œuvre purement plastique.

75. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Chateaubriand 1768-1848 » pp. 222-233

Le rossignol Lorsque les premiers silences de la nuit1 et les derniers murmures du jour luttent sur les coteaux, au bord des fleuves, dans les bois et dans les vallées, lorsque les forêts se taisent par degrés, que pas une feuille, pas une mousse ne soupire, que la lune est dans le ciel, que l’oreille de l’homme est attentive, le premier chantre de la création entonne ses hymnes à l’Éternel. […] L’astre solitaire monta peu à peu dans le ciel : tantôt il suivait paisiblement sa course azurée ; tantôt il reposait sur des groupes de nues qui ressemblaient à la cime des hautes montagnes couronnées de neige. […] L’espérance Il est dans le ciel une puissance divine, compagne assidue de la religion et de la vertu.

76. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — Chapitre II. Du genre pastoral » pp. 96-112

Le ciel sous lequel il vit n’est pas toujours serein ; ses champs ne sont pas à l’abri des vents pernicieux, de la grêle, des orages ; un souffle mortel peut dessécher ses fruits, et des maladies contagieuses frapper ses troupeaux. […] Les légendes elles-mêmes et l’histoire de l’Église pourraient devenir une source inépuisable d’inspirations : Marie, la divine bergère, conduisant parmi les lis les blanches brebis de son Fils ; sainte Agnès, au nom si doux, qui fait entre ses bras un lit pour le céleste Agneau ; sainte Madeleine, visitée dans la Sainte-Baume par les anges, et chantant avec eux les louanges de Dieu sept fois le jour ; saint François d’Assise parlant aux oiseaux et les faisant taire lorsqu’il récitait son bréviaire ; sainte Germaine marchant sur les flots, quand le torrent voisin de Pibrac, grossi par l’orage, l’empêchait de se rendre à l’église, et commandant à ses brebis de rester paisible autour de sa houlette pendant son absence, — ou bien obtenant du ciel, pour apaiser sa marâtre, le changement en fleurs admirables, au milieu de l’hiver, de quelques morceaux de pain qu’elle destinait aux pauvres. […] Tel est, outre le tableau déjà cité : Fortunate senex, le passage suivant de Segrais : Qu’en ses plus beaux habits, l’aurore au teint vermeil Annonce à l’univers le retour du soleil, Et que, devant son char, ses légères suivantes Ouvrent de l’Orient les portes éclatantes ; Depuis que ma bergère a quitté ces beaux lieux, Le ciel n’a plus ni jour ni clarté pour mes yeux.

77. (1854) Éléments de rhétorique française

Oui, je te loue, ô ciel, de ta persévérance ! […] Le ciel impitoyable A placé sur le trône un prince infatigable. […] Si je monte au ciel, vous y êtes. […] O ciel ! […] Le ciel ne l’imposa-t-il point, avec ta vie, une tâche pour la remplir ?

78. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre IV. Du Beau et des Plaisirs du Goût. »

. ; le blanc nous retrace l’innocence ; le bleu la sérénité d’un beau ciel Indépendamment de cette association d’idées, tout ce que nous pouvons remarquer de plus, à l’égard des couleurs, c’est que ce sont les plus délicates et non les plus éclatantes, qui passent généralement pour les plus belles. Tels sont les plumages de certains oiseaux, les feuilles des fleurs, et l’admirable variété que nous déploie le ciel au lever et au coucher du soleil.

79. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre II. »

Il passe du ciel à la terre, il parcourt la nature entière ; dans la fougue de ses pensées, il ne saisit que les plus remarquables ; il peut se passer de transitions, et laisser dans sa marche un désordre apparent qui produit plus d’effet que l’ordre lui-même. […] Boileau la définit ainsi : L’ode avec plus d’éclat, mais non moins d’énergie, Élevant jusqu’au ciel son vol ambitieux, Entretient dans ses vers commerce avec les dieux.

80. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

Craignez, Romains, craignez que le ciel quelque jour Ne transporte chez vous les pleurs et la misère, En mettant en nos mains, par un juste retour, Les armes dont se sert sa vengeance sévère,         Il ne vous fasse en sa colère         Nos esclaves à votre tour. […] Dans quel repos, ô ciel ! […] « Le ciel dans tous leurs pleurs ne m’entend point nommer ; « Leur sombre inimitié ne fuit point mon visage : « Je vois voler partout les cœurs à mon passage ».

81. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Silvestre de Sacy. Né en 1801. » pp. 522-533

La Rochefoucauld Que de fois par un beau jour de printemps ou d’automne, lorsque tout me souriait, la jeunesse, la santé, le présent et l’avenir, ai-je relu dans mes promenades ce Traité des devoirs de Cicéron2, le code le plus parfait de l’honnêteté, écrit dans un style aussi clair et aussi brillant que le ciel le plus pur ! […] Rendez-moi le soleil de la Grèce, les jeux, les combats des héros, ces temples où l’homme vouait un culte à son image divinisée par le ciseau d’un Phidias ; rendez-moi les sages se complaisant dans leur sagesse, et s’étudiant à se mettre par la force de leur âme au-dessus des accidents de la fortune et de la colère du ciel ; un Platon pénétrant jusque dans le sanctuaire des idées éternelles ; un Aristote embrassant dans sa vaste science la morale, la politique, tous les secrets de l’art et de la nature ; un Caton disposant de sa vie pour échapper à l’oppression ; un Socrate buvant la ciguë d’une âme calme et sereine, bien sûr que s’il y a des dieux, ce sont des dieux bons ; rendez-moi toutes les illusions, toutes les chimères du monde antique, si vous n’avez rien à mettre à la place qu’une sèche et désespérante anatomie des petitesses du cœur ! […] En Grèce, tous les genres de littérature se développèrent naturellement, sans effort studieux, comme de belles plantes qui pousseraient d’elles-mêmes en pleine terre, sous l’influence d’un ciel clément.

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