Si l’on a pu reprocher à son Histoire de la Révolution (1823-1827) trop d’indulgence pour les partis qui triomphent, et des jugements sous lesquels se révèlent des tendances fatalistes, il faut admirer dans les récits consacrés au Consulat et à l’Empire (1845-1862) l’amour du vrai, la clairvoyance d’une raison supérieure, la liberté d’un esprit impartial, et une modération aussi équitable, aussi désintéressée que les arrêts de la postérité. […] « Abondante, aisée, simple et lumineuse, son éloquence sait prêter un intérêt qui captive aux arides détails des affaires les plus compliquées, parcourir sans s’égarer tous les détours des questions les plus vastes, répandre sur les plus obscures le jour éclatant de l’évidence, semer comme en se jouant sur sa route les vérités brillantes et les mouvements heureux, et, cachant une méthode réfléchie sous les dehors d’une improvisation facile, déployer un art d’autant plus savant qu’il conserve tout le charme de l’abandon et tout l’entraînement du naturel ; reproduire enfin cette grandeur négligée qu’on admirait dans M.
Il est vrai, et j’admire les raffinements de certaines gens sur des choses que nous devons sentir nous-mêmes. […] Un autre avantage des lettres de madame de Sévigné, c’est qu’elles nous font bien connaître et fort admirer le siècle qu’elle a honoré par ses talents. […] C’est après trois mois d’une conduite toute miraculeuse, et que les gens du métier ne se lassent point d’admirer, qu’arrive le dernier jour de sa gloire et de sa vie. […] Par là, cet orateur mérita d’être admiré de Louis XIV, vieillissant, et qui avait entendu de si grands hommes. […] Alexandre aimait naturellement les actions courageuses : il admira ma résolution, et ce moment fut celui du retour de sa grande âme.
Les maîtres de l’art admirent la hardiesse et l’entente de cet ouvrage.
J’ai souvent admiré un cheval arabe ainsi enchaîné dans le sable brûlant, les crins descendant épars, la tête baissée entre ses jambes pour trouver un peu d’ombre, et laissant tomber de son œil sauvage un regard oblique sur son maître. […] Chacun choisit ce qui lui paraît le plus éclatant dans une si belle vie : tous entreprennent son éloge ; et chacun s’interrompant soi-même par ses soupirs et par ses larmes, admire le passé, regrette le présent et tremble pour l’avenir. […] Mon bras, qu’avec respect toute l’Espagne admire, Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire. […] Va faire chez tes Grecs admirer ta fureur, Va, je la désavoue, et tu me fais horreur.
Le héros de l’entreprise, qui doit l’emporter sur tous les autres, moins il est vrai par le rang que par le génie et l’influence sur l’action, doit sans aucun doute être vertueux, puisque l’action qu’il entreprend doit être bonne, louable et digne d’être admirée. […] C’est cette grande vertu dont il est constamment animé, qui nous le fait admirer dans les obstacles qu’il rencontre, dans les revers qu’il essuie, dans ses malheurs, ses périls, ses combats ; et notre admiration est portée à son comble, à l’aspect de cette vertu couronnée par le succès de l’entreprise. […] Dans l’épopée, son inspiration est tranquille ; c’est l’esprit qui est dans l’extase de l’admiration ; le poète, instruit par le dieu qu’il a invoqué, y raconte avec autant de chaleur que de dignité, la grande action qu’il admire pour nous porter à l’admirer à notre tour.
Un vaste royaume ne lui paraît alors qu’un petit coin de la terre ; la terre elle-même n’est à ses yeux qu’un point dans la masse de l’univers : et il admire de s’y voir placé, sans savoir comment il y a été mis. […] Admirez les plantes qui naissent de la terre : elles fournissent des aliments aux sains et des remèdes aux malades.
Et ne t’afflige pas si les leurs sont si courts : Toute plante en naissant déjà renferme en elle D’enfants qui la suivront une race immortelle2 ; Chacun de ces enfants, dans ma fécondité, Trouve un gage nouveau de sa postérité. » Ainsi parle la terre ; et, charmé de l’entendre, Quand je vois par ces nœuds que je ne puis comprendre Tant d’êtres différents l’un à l’autre enchaînés, Vers une même fin constamment entraînés, A l’ordre général conspirer tous ensemble, Je reconnais partout la main qui les rassemble, Et d’un dessein si grand j’admire l’unité Non moins que la sagesse et la simplicité. […] Hâtons-nous d’admirer : le cruel aquilon Va rassembler sur nous son terrible cortége, Et la foudre et la pluie, et la grêle et la neige.
Je savais que les langues que l’on y apprend sont nécessaires pour l’intelligence des livres anciens ; que la gentillesse des fables réveille l’esprit ; que les actions mémorables des histoires le relèvent, et qu’étant lues avec discrétion elles aident à former le jugement ; que la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés, qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée en laquelle ils ne nous découvrent que les meilleures de leurs pensées ; que l’éloquence a des forces et des beautés incomparables ; que la poésie a des délicatesses et des douceurs très-ravissantes ; que les mathématiques ont des inventions très-subtiles, et qui peuvent beaucoup servir tant à contenter les curieux qu’à faciliter tous les arts et diminuer le travail des hommes ; que les écrits qui traitent des mœurs contiennent plusieurs enseignements et plusieurs exhortations à la vertu qui sont fort utiles ; que la théologie enseigne à gagner le ciel ; que la philosophie donne moyen de parler vraisemblablement1 de toutes choses et de se faire admirer des moins savants ; que la jurisprudence, la médecine et les autres sciences apportent des honneurs et des richesses à ceux qui les cultivent ; et enfin, qu’il est bon de les avoir toutes examinées, même les plus superstitieuses et les plus fausses2, afin de connaître leur juste valeur et se garder d’en être trompé. […] Admirez la hardiesse et la prudence de ce libre esprit.
Mais à peine fut-il sur le trône impérial, qu’il fit admirer en lui les plus grandes vertus sans aucun mélange de vices.
Autrement, ce n’est plus qu’un effet ambitieux, qui fait plus admirer le poëte qu’il ne touche le lecteur. […] Le bonhomme, qui admirait les pièces de Corneille, répondit qu’il ne faisait aucune difficulté158, pourvu que ce fût à la campagne, et qu’il y eût peu de monde ; l’on convient qu’il n’y aurait que Madame et Mademoiselle de Vendôme, Madame de Choisi et M. de Turenne, M. de Brion. […] Applaudi à l’hôtel de Rambouillet, admiré en Sorbonne par le grand Condé, il n’eut aucune impatience de se produire, et se déroba volontairement aux tentations de la faveur mondaine. […] Nous admirons en lui un accent convaincu, la beauté des plans, une exposition sévère, le tissu serré des développements, une logique inflexible qui va droit au but, l’ardente ferveur d’un apôtre, et une austérité chrétienne que tempère l’onction d’une âme évangélique. […] homme qu’on ne peut jamais assez louer et admirer !
Et, se couvrant des fruits d’une race étrangère, Admire ces enfants dont il n’est pas le père. […] C’est un précepte que la nature nous trace, et qu’elle observe elle-même scrupuleusement : elle ménage les grands effets ; et, soit dans le spectacle, soit dans le mouvement de ses ouvrages, elle laisse aux yeux le temps d’admirer, à l’âme celui de sentir, avant de les ébranler par de nouvelles secousses. […] Mais, quand nous trouverons dans Fléchier des soupirs contagieux qui sortent du sein d’un mourant, pour faire mourir ceux qui vivent ; quand il nous dira d’une grande princesse, qu’elle fut admirée dans un âge où les autres ne sont pas encore connues ; qu’elle eut de la sagesse, dans un temps où l’on n’a presque pas encore de la raison ; qu’on lui confia les secrets les plus importants, dès qu’elle fut en âge de les entendre ; que son naturel heureux lui tint lieu d’expérience, et qu’elle fut capable de donner des conseils, dans un temps où les autres le sont à peine d’en recevoir, etc. ; qui ne voit dans tous ces exemples la vérité sacrifiée à la démangeaison de faire contraster les mots ? […] C’est ce qu’a fait Voltaire à l’égard de Shakespeare, lorsque, lassé de l’avoir admiré pendant soixante ans comme un génie, il jugea à propos de ne plus voir en lui qu’un Gille de foire, et de lui en prêter le langage.
En les condamnant, nous devons admirer cette langue si pure, si élégante, si naturelle et si facile, qui par sa prestesse et sa justesse prête de l’agrément à toutes les idées. […] Voir d’un même œil la couronne et les fers, la santé et la maladie, la vie et la mort ; faire des choses admirables et craindre d’être admiré ; n’avoir dans le cœur que Dieu et son devoir ; n’être touché que des maux de ses frères ; être toujours en présence de son Dieu ; n’entreprendre, ne réussir, ne souffrir, ne mourir que pour lui : voilà Saint Louis, voilà le héros chrétien ; toujours grand et toujours simple, toujours s’oubliant lui-même1. […] Il est vrai que les défauts de son caractère percent parfois dans ce qu’il prise, dans ce qu’il admire et rejette. […] Ceux qui le louent de son goût confondent perpétuellement le goût et l’agrément : on ne le goûte point, mais on l’admire.
« Qui ne sait qu’elle fut admirée dans un âge où les autres ne sont pas encore connues ; qu’elle eut de la sagesse dans un temps où l’on n’a presque pas encore de la raison ; qu’on lui confia les secrets les plus importants , dès qu’elle fut en âge de les entendre ; que son naturel heureux lui tint lieu d’expérience dès ses plus tendres années, et qu’elle fut capable de donner des conseils en un temps où les autres sont à peine capables de les recevoir ? […] Assurément, l’incendie de Rome et de l’Italie me font mépriser Sylla, et puisque j’abhorre Attila, je n’admirerai pas Alexandre.
Mon bras qu’avec respect toute l’Espagne admire, Mon bras qui tant de fois a sauvé cet empire, Tant de fois affermi le trône de son roi, Trahit donc ma querelle et ne fait rien pour moi ? […] Mais je sens que pour toi ma pitié s’intéresse : J’admire ton courage et je plains ta jeunesse. […] J’en montre plus de flamme, et j’en fais mieux ma cour… Tout le secret1 ne gît qu’en un peu de grimace ; A mentir à propos, jurer de bonne grâce, Etaler force mots qu’elles n’entendent pas ; Faire sonner Lamboy, Jean de Vert et Galas2 Nommer quelques châteaux de qui les noms barbares Plus ils blessent l’oreille, et plus leur semblent rares ; Avoir toujours en bouche angles, lignes, fossés, Vedette, contrescarpe, et travaux avancés3 : Sans ordre et sans raison, n’importe, on les étonne ; On leur fait admirer les baies4 qu’on leur donne ; Et tel, à la faveur d’un semblable débit, Passe pour homme illustre et se met en crédit.
Loin de l’admirer, on le plaint d’avoir passé tant de temps à faire de nouvelles combinaisons de syllabes, pour ne dire que ce que tout le monde dit. […] Les grâces de la figure, la beauté de la forme, répondent dans le cygne à la douceur du naturel ; il plaît à tous les yeux ; il décore, embellit tous les lieux qu’il fréquente ; on l’aime, on l’applaudit, on l’admire. […] Fier de sa noblesse, jaloux de sa beauté, le cygne semble faire parade de tous ses avantages ; il a l’air de chercher à recueillir des suffrages, à captiver les regards ; et il les captive en effet, soit que, voguant en troupe, on voie de loin, au milieu des grandes eaux, cingler la flotte ailée ; soit que, s’en détachant et s’approchant du rivage aux signaux qui l’appellent, il vienne se faire admirer de plus près en étalant ses beautés, et développant ses grâces par mille mouvements doux, ondulants et suaves.
Sans être peintre, musicien, sculpteur ou antiquaire, on peut apprendre à connaître ce qui constitue le mérite et la beauté d’une peinture ou d’une statue, à se laisser émouvoir par les accords de l’harmonie musicale, à admirer les monuments de l’architecture chez les différents peuples et dans les divers styles qui ont produit des chefs-d’œuvre. […] La France n’admire pas tout ce qui est applaudi en Angleterre.
S’il a parfois forcé ses principes jusqu’à l’absurde, si le raisonnement n’est pas toujours chez lui la raison, on admire l’écrivain, même quand on résiste au penseur. […] Qu’on me pardonne cette faiblesse, j’admire mon pays et j’aime mon temps.