Ces vers de Barthélemy sont singulièrement heureux d’élégance et d’harmonie ; le dernier seul est laible auprès du cri admirable de Virgile : At non infelix animi Phœnissa ! […] Par exemple, on cite parmi les anacoluthes ces vers de Virgile : Saxa vocant Itali mediis quæ in fluetibus aræ… Urbem quam statuo vestra est… pour urbs quam statuo.
Ces cas exceptés, les monosyllabes doivent être proscrits à la fin du vers30, à moins que l’on ne veuille produire un effet d’harmonie, comme dans ce vers de Virgile : Stērnĭtŭr, ēϰănĭmīsqυĕ trĕmēns prōcūmbĭt hŭmī bōs .
Vida est un des poètes modernes qui ont le plus approché de la versification de Virgile.
Moi, d’un pas inégal je suivais mes grands frères10, Et les astres sereins s’allumaient dans les cieux, Et les mouches volaient dans l’air silencieux, Et le doux rossignol, chantant dans l’ombre obscure, Enseignait la musique à toute la nature, Tandis qu’enfant jaseur, aux gestes étourdis, Jetant partout mes yeux ingénus et hardis1, D’où jaillissait la joie en vives étincelles, Je portais sous mon bras, noués par trois ficelles, Horace et les festins, Virgile et les forêts, Tout l’Olympe, Thésée, Hercule, et toi, Cérès, La cruelle Junon, Lerne et l’hydre enflammée, Et le vaste lion de la Roche Némée2. […] (Virgile.)
I, v. 113 ) Voici un conseil à l’adresse toute particulière de ceux de nos jeunes versificateurs qui abordent les traces de Boileau et de Racine, après avoir déjà marché, non sans succès, sur celles d’Horace et de Virgile. […] Boileau, en parlant de Théocrite et de Virgile, Art p., II, v. 27 : Que leurs tendres écrits, par les Grâces dictés, Ne quittent point vos mains, jour et nuit feuilletés. […] (Virgile, Enéide, I, v. 132.)
Le Tasse Le Tasse, errant de ville en ville, Un jour, accablé de ses maux, S’assit près du laurier fertile Qui, sur la tombe de Virgile, Étend toujours ses verts rameaux. […] « Le bruit confus de la cabale À tes pieds va bientôt mourir ; Bientôt à moi-même on t’égale, Et pour ta pompe triomphale Le Capitole va s’ouvrir. » Virgile a dit. […] Ainsi, quand du Vésuve explorant le domaine, De Naples à Portici l’étranger se promène, Lorsqu’il trouble, rêveur, de ses pas importuns, Ischia, de ses fleurs embaumant l’onde heureuse, Dont le bruit, comme un chant de sultane amoureuse, Semble une voix qui vole au milieu des parfums ; Qu’il hante de Pæstum l’auguste colonnade, Qu’il écoute à Pouzzol la vive sérénade Chantant la tarentelle au pied d’un mur toscan, Qu’il éveille en passant cette cité momie, Pompéi, corps gisant d’une ville endormie, Saisie un jour par le volcan ; Qu’il erre au Pausilippe avec la barque agile D’où le brun marinier chante Tasse et Virgile ; Toujours, sous l’arbre vert, sur les lits de gazon, Toujours il voit, du sein des mers ou des prairies, Du haut des caps, du bord des presqu’îles fleuries, Toujours le noir géant qui fume à l’horizon !
Voilà d’abord tous ces chers confidents, De son mérite admirateurs ardents, Qui, par cantons répandus dans la ville, Pour l’élever dégraderont Virgile : Car il n’est point d’auteur si désolé5 Qui dans Paris n’ait un parti zélé ; Rien n’est moins rare.
: Il boit la coupe empoisonnée ; la terre se tait ; Toute la ville le sait ; Rome entière admirait les Fabiens, 5° Le nom de l’auteur pour la chose qu’il a produite : Un Homère, un Virgile, pour une édition d’Homère, de Virgile ; Un Raphaël, pour un tableau de Raphaël ; Un barème, pour un livre d’arithmétique ; Une carcel, pour une lampe, etc. […] Et plus loin : Je le déclare donc : Quinault est un Virgile ; Pradon comme un soleil en nos ans a paru ; Pelletier écrit mieux qu’Ablancourt ni Patru ; Cotin à ses sermons traînant toute la terre. […] Telles sont ces vers si touchants où Virgile (traduit par Delille) peint la douleur d’Orphée après la mort d’Eurydice : Tendre épouse, c’est toi qu’appelait son amour, Toi qu’il pleurait la nuit, toi qu’il pleurait le jour.
Toutefois il a fréquemment imité Virgile ; témoin ce vers de l’Enéide qu’il a traduit : Una salus victis nullam sperare salutem.
Il se souvient évidemment d’Aristote, quoiqu’il ne le nomme pas mais l’avait-il bien compris lorsqu’il ajoute, plus bas (p. 16, éd. 1604) : « Or imitant ces deux lumières de poésie (Homère et Virgile), fondé et appuyé sur nos vieilles Annales, j’ay basti ma Franciade sans me soucier si cela est vrai ou non, ou si nos roys sont Troyens ou Germains, Scythes ou Arabes : si Francus est venu en France ou non : car il y pouvoit venir : me servant du possible et non de la vérité.
Avouez que ni Cicéron, ni Varron, ni Lucrèce, ni Virgile, ni Horace n’eurent la moindre part aux proscriptions. […] Je ne peux plus lire ni dans mon Virgile, ni dans mon Horace, ni dans mon La Fontaine.
À l’exemple de du Perron et de Bertaut, elle entreprit de rendre en français quelques parties de Virgile. […] Le dix-septième siècle, si poli et si solennel, devait mieux comprendre la littérature latine que la littérature grecque, mieux sentir Virgile qu’Homère, mieux apprécier Cicéron que Démosthène. […] On admira toute l’énergie de Tacite exprimée dans des vers dignes de Virgile, et l’on finit par reconnaître d’un accord unanime que cette pièce était une peinture admirablement Adèle de la cour de Néron. […] Véritable amant de la nature, de la pure et simple nature, il aspire, comme Virgile, au bonheur de passer sa vie dans une champêtre et douce solitude. […] Il a une extrême facilité de versification, il paraît penser et sentir en vers, mais il ne saurait atteindre la hauteur de la grande poésie ; ce poète d’une civilisation si raffinée goûte Horace, Virgile, le Tasse, Racine, mais le naturel sublime d’Homère, de Sophocle, mais la sévère énergie du Dante, mais l’inspiration plus qu’humaine de la Bible, mais les hardiesses du génie de Shakspeare, toutes ces beautés d’un ordre supérieur paraissent dépasser la portée de son goût et de son intelligence.
(On peut y rapporter certains demi-vers de Virgile.)
Scipion, que Cicéron et Virgile appellent des foudres de guerre, y commandaient alors l’armée romaine. […] Ce dernier, mort à la fleur de son âge, est le même dont Virgile fait l’éloge à la fin du sixième livre de l’Énéide. […] Pouvant prétendre à tout, il se contenta, jusqu’à la mort, du simple rang de chevalier romain, il ne cessa d’être le protecteur des sciences et des arts, et l’ami des gens de lettres estimables, particulièrement de Virgile et d’Horace.
Virgile, Én.
Virgile lui-même, quoique très capable de s’élever quand il tend au sublime, doit son plus grand mérite à la beauté et aux grâces, qui font le caractère spécial de ses ouvrages.
Le devoir fait, légers comme de jeunes daims, Nous fuyions à travers les immenses jardins, Éclatant à la fois en cent propos contraires, Moi, d’un pas inégal je suivais mes grands frères ; Et les astres sereins s’allumaient dans les cieux ; Et les mouches volaient dans l’air silencieux ; Et le doux rossignol, chantant dans l’ombre obscure, Enseignait la musique à toute la nature ; Tandis qu’enfant jaseur, aux gestes étourdis, Jetant partout mes yeux ingénus et hardis, D’où jaillissait la joie en vives étincelles, Je portais sous mon bras, noués par trois ficelles, Horace et les festins, Virgile et les forêts, Tout l’Olympe, Thésée, Hercule, et toi, Cérès, La cruelle Junon, Lerne, et l’hydre enflammée, Et le vaste lion de la roche Némée.