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60. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

L’Arabie Qu’on se figure un pays sans verdure et sans eau, un soleil brûlant, un ciel toujours sec, des plaines sablonneuses, des montagnes encore plus arides, sur lesquelles l’œil s’étend et le regard se perd, sans pouvoir s’arrêter sur aucun objet vivant ; une terre morte, et pour ainsi dire écorchée par les vents, laquelle ne présente que des ossements, des cailloux jonchés, des rochers debout ou renversés, ou le voyageur n’a jamais respiré sous l’ombrage, où rien ne l’accompagne, rien ne lui rappelle la nature vivante. […] Je cherchai mes enfants avec des cris funèbres, Pleurant, rampant, hurlant, embrassant les ténèbres, Et les retrouvant tous dans ce cercueil affreux, Immobile et muet, je m’étendis sur eux. […] Mais le poison s’étend et menace sa vue ; Il faut, pour écarter un péril trop certain, Qu’une bouche fidèle aspire le venin.

61. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

. — Sens étendu. […] La Catachrèse imite, étend ou fait abus, Par elle tes mots sont détournés de leurs buts. […] Rapporter toutes ces sortes de sublimes d’actions, ou sublime proprement dit, celui qui est seul du domaine de la Rhétorique, c’est trop étendre les mots. […] La naïveté joint ordinairement l’ingénu au plaisant ; elle provoque le sourire, mais elle s’étend à tout ce qui est simple et vrai en même temps. […] On comprend qu’il serait impossible d’entrer dans un pareil détail s’il s’agissait d’un morceau un peu étendu.

62. (1827) Résumé de rhétorique et d’art oratoire

Néanmoins il ne faudrait pas trop étendre les bornes du cercle où la nature et la raison le renferment nécessairement. […] mais ses fonctions s’étendent encore plus loin ; dans toutes les langues, le verbe n’exerce pas moins qu’un triple ministère. […] C’est une figure dont l’usage est fort étendu, et dont le fondement se trouve établi profondément dans la nature humaine. […] Si nous nous étendons trop, nous courons risque de glacer le lecteur. […] Cicéron s’étend beaucoup sur l’ironie ; les exemples qu’il donne sont généralement froids ; mais ses préceptes sont excellents.

63. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

Or, comme cette idée générale du beau est elle-même quelque chose de vague, il faut savoir parfaitement distinguer ce qui constitue l’espèce de beauté relative à l’objet auquel on l’applique ; nous nous sommes assez étendus sur cet article au commencement de l’ouvrage, pour nous dispenser d’y revenir. […] La nature en Damon succombe au poids de l’âge ; De deux bras vainement sa marche se soulage ; Il sent fléchir sous lui ses genoux affaiblis ; Et bientôt, étendu sur son humble châlis, Ne se déguisant point son atteinte mortelle, Des ministres sacrés fait prévenir le zèle.

64. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Ou, au contraire, par ce besoin de logique absolue qui est un trait de l’esprit français, les questions sociales n’allaient-elles pas se mêler aux questions politiques, les étendre, les compliquer, les obscurcir ? […] Il fallut souffrir qu’Attila soumît toutes les nations du nord : il s’étendit depuis le Danube jusqu’au Rhin, détruisit tous les forts et tous les ouvrages qu’on avait faits sur ces fleuves, et rendit les deux empires tributaires. […] Si ces idées d’empire et de tyrannie les rendent misérables dès leur enfance, que sera-ce quand ils grandiront, et que leurs relations avec les autres hommes commenceront à s’étendre et se multiplier ? […] Le vieillard mort est étendu sur ce lit ; une lumière qui tombe d’une fenêtre n’éclaire que son visage ; le reste est dans l’ombre. […] Les unes les portaient perpendiculairement, les autres horizontalement, et semblaient prendre plaisir à les étendre.

65. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

« C’est d’ici, continua Corinne, que l’on devrait apercevoir Saint-Pierre, et c’est jusques ici que les colonnes qui le précèdent devaient s’étendre : tel était le superbe plan de Michel- Ange. […] On le voyait debout, uniquement attentif à la prière, les bras étendus en forme de croix et les yeux levés vers le ciel. […] Au nord-ouest s’étendait la tribu des Cynosures, par où j’étais entré à Sparte, et où j’ai remarqué le long mur. […] Je ferai une courte prière, et quand j’étendrai les mains, alors… » Il se recueillit, se dit à lui-même quelques mots à voix basse, leva les yeux au ciel, s’agenouilla, posa sa tête sur le billot : l’exécuteur toucha ses cheveux pour les ranger encore sous son bonnet ; le roi crut qu’il allait frapper : « Attendez le signe, lui dit-il. — Je l’attendrai, sire, avec le bon plaisir de Votre Majesté. » Au bout d’un instant, le roi étendit les mains, l’exécuteur frappa, la tête tomba au premier coup : « Voilà la tête d’un traître !  […] Au moment où ils entrèrent en lutte avec les Romains, les Franks étendaient leur empire sur les côtes de la mer du Nord, depuis l’embouchure du Rhin jusqu’à celle de l’Elbe, et sur la rive droite du Rhin jusqu’à l’endroit où le Mein s’y jette.

66. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

N’est-ce point le pauvre Bayard que je vois au pied de cet arbre, étendu sur l’herbe, et percé d’un grand coup ? […] cette intrépide mère se jette sur le tigre, comme un loup sur un agneau, embarrasse sa tête dans sa robe, et le tient étendu à terre, malgré ses griffes qui la déchirent et font ruisseler son sang. […] Une spacieuse caverne s’étend dans le roc sous cette forêt ténébreuse : le lierre suit l’élévation de son portique, le couronne en festons et le tapisse par ses contours tortueux. […] Il y a en effet une haute montagne toute couverte de bois épais : vers le nord, on en voit sortir des eaux fraîches et limpides ; au pied, et sous la continuelle influence de ces eaux, s’étend une plaine fertile. […] Abreuvé d’une main barbare, il a soif encore ; ses membres raidis frémissent à la fois : l’affreuse pâleur s’étend sur eux et l’Agneau s’écrie : Tout est consommé.

67. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bourdaloue 1632-1704 » pp. 89-93

L’hypocrisie Quand je parle de l’hypocrisie, ne pensez pas que je la borne à cette espèce particulière qui consiste dans l’abus de la piété, et qui fait les faux dévots ; je la prends dans un sens plus étendu, et d’autant plus utile à votre instruction que peut-être, malgré vous-mêmes, serez-vous obligés de convenir que c’est un vice qui ne vous est que trop commun ; car j’appelle hypocrite quiconque, sous de spécieuses apparences, a le secret de cacher les désordres d’une vie criminelle.

68. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

La finesse n’est pas seulement un trait d’esprit : elle peut s’étendre sur un long morceau, et même sur tout un ouvrage. […] Le sublime de conception peut s’étendre à toute une œuvre littéraire, à l’invention d’une idée, à la création du plan d’un ouvrage. […] La synecdoque (compréhension) étend ou restreint la signification des mots ; elle met le plus pour le moins, ou le moins pour le plus.

69. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Notions préliminaires. »

Lisez et méditez ses vers : ils vous instruiront mieux que les préceptes les plus étendus. […] ———————————                                           La Mollesse152 oppressée Dans sa bouche à ce mot sent sa langue glacée, Et lasse de parler, succombant sous l’effort, Soupire, étend les bras, ferme l’œil et s’endort.

70. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bossuet 1627-1704 » pp. 65-83

Il s’imagine croître lui-même avec son train qu’il augmente, avec ses appartements qu’il rehausse, avec son domaine qu’il étend. […] Là vous verrez en combien de sortes la maladie se joue de nos corps ; là elle étend, là elle retire ; là elle tourne ; là elle disloque ; là elle relâche, là elle engourdit ; là sur le tout, là sur la moitié ; là elle cloue un corps immobile, là elle le secoue par le tremblement.

71. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Chateaubriand, 1768-1848 » pp. 409-427

Quelquefois de beaux nuages, comme des chars légers, portés sur le vent du soir avec une grâce inimitable, font comprendre l’apparition des habitants de l’Olympe sous le ciel mythologique ; quelquefois l’antique Rome semble avoir étendu dans l’Occident toute la pourpre de ses consuls et de ses Césars, sous les derniers pas du dieu du jour3. […] En vain, dans nos champs cultivés, l’imagination cherche à s’étendre ; elle rencontre de toutes parts les habitations des hommes : mais, dans ces régions sauvages, l’âme se plaît à s’enfoncer dans un océan de forêts, à planer sur le gouffre des cataractes, à méditer au bord des lacs et des fleuves, et, pour ainsi dire, à se trouver seule devant Dieu2.

72. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre premier. Du Goût. »

En nous donnant cette faculté, il a prodigieusement étendu la sphère des jouissances de l’homme ici-bas ; jouissances toujours pures, toujours innocentes !

73. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre VI. » pp. 89-94

Ritter n’hésite pas à considérer comme une interpolation tout le morceau qui s’étend depuis παραπλήσιον jusqu’à la fin du chapitre  on retrouve pourtant quelques idées analogues dans la Rhétorique, III, 16.

74. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Rochefoucauld. (1613-1680.) » pp. 15-19

La bonne grâce et la politesse conviennent à tout le monde ; mais les qualités acquises doivent avoir un certain rapport et une certaine union avec nos propres qualités, qui les étende et les augmente imperceptiblement1.

75. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Courier 1773-1825 » pp. 238-242

Il montait, sa femme après lui, moi, derrière la porte : il ouvrit ; mais avant d’entrer, il posa la lampe, que sa femme vint prendre, puis il entra pieds nus ; et elle, dehors, lui disait à voix basse, masquant avec ses doigts le trop de lumière de la lampe : « Doucement, va doucement. » Quand il fut à l’échelle, il monte, son couteau dans les dents ; et venu à la hauteur du lit, ce pauvre jeune homme étendu, offrant sa gorge découverte, d’une main il prend son couteau, et de l’autre… Ah !

76. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Prosper Mérimée Né en 1803 » pp. 286-290

Il fut cruellement détrompé ; un coup de hallebarde l’étendit par terre baigné dans son sang.

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