/ 230
66. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre III. De la partie oratoire dans les Historiens anciens. Historiens grecs. »

Ils ont donné le nom de Phalange à un corps inébranlable de fantassins ; le guerrier y touche le guerrier, les armes y pressent les armes. […] « Si les Dieux avaient mesuré ta stature à ton ambition, le monde ne te contiendrait pas ; d’une main tu toucherais l’orient, de l’autre l’occident ; et tu voudrais savoir encore où vont s’ensevelir les feux du Dieu puissant qui nous éclaire ». […] Il ne tient qu’à toi de nous avoir pour gardiens de tes limites d’Europe et d’Asie : nous ne sommes séparés des Bactriens que par le Tanaïs ; au-delà, du côté opposé, nous touchons à la Thrace, qui confine, dit-on, à la Macédoine.

67. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre IV. Beautés morales et philosophiques. »

180Ce monarque ambitieux Menaçait la terre entière : Il tombe dans sa carrière, Ce géant sourcilleux ; Ce front qui touchait aux cieux, Est caché dans la poussière. […] C’est l’âme de son beau poème des nuits ; c’est cette touche d’originalité divine qui en a fait un ouvrage à part, qui n’avait point de modèles, et qui ne trouvera point de rivaux : c’est enfin le génie de l’immortalité chrétienne qui inspirait Young, comme c’est le sentiment et le désir de la gloire qui inspire les autres poètes. […] Mais sa douleur nous touche, parce qu’il pleure des êtres vertueux ; et ses espérances nous enflamment, ses idées d’immortalité nous transportent, parce que ses espérances et ses idées sont fondées, comme les nôtres, sur l’évidence de la morale évangélique, et que cette morale et cette évidence-là ne laissent lieu ni au doute, ni au désespoir qui le suit nécessairement.

68. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Chateaubriand, 1768-1848 » pp. 409-427

Maintenant la religion chrétienne, fille aussi des hautes montagnes, a placé des croix sur les monuments des héros de Morven, et touché la harpe de David au bord du même torrent où Ossian fit gémir la sienne. […] L’architecte bâtit, pour ainsi dire, les idées du poëte, et les fait toucher aux sens. […] On m’a montré à Portici un morceau de cendre du Vésuve, friable au toucher, et qui conserve l’empreinte, chaque jour plus effacée, du sein et du bras d’une jeune femme ensevelie sous les ruines de Pompéia : c’est une image assez juste, bien qu’elle ne soit pas encore assez vaine, de la trace que notre mémoire laisse dans le cœur des hommes, cendre et poussière 3.

69. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre V. des topiques ou lieux. — lieux applicables aux parties du sujet  » pp. 64-74

L’objection que se fait le docteur Blair est plus spécieuse ; je l’ai déjà touchée au chapitre précédent. […] Ils se touchent souvent de si près qu’on peut les confondre aisément.

70. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIII. Genre oratoire, ou éloquence. »

C’est ainsi que l’éloquence sacrée touche et enseigne, et qu’elle porte à la fois la conviction dans les cœurs et dans les esprits. […] L’éloquence ne se trouve pas exclusivement dans les discours parlés ou écrits, comme ceux dont nous venons d’étudier les divers caractères ; elle peut exister dans les ouvrages destinés à convaincre les esprits et à toucher les cœurs.

71. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — De Retz. (1614-1679.) » pp. 20-28

Il se passa3 lui-même lorsqu’il revint au Palais-Royal, et il est constant qu’il toucha tout le monde, à la réserve de la reine, qui demeura inflexible. […] On citerait difficilement dans notre littérature un tableau plus finement touché et d’un meilleur comique.

72. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre premier. De la lettre. »

Quant à l’élocution, qui est la pierre de touche du bon épistolaire, il convient d’écrire comme l’on parle, pourvu toutefois que l’on parle bien, car le style de la conversation ordinaire ne peut être tout-à-fait celui d’une lettre. […] Nous devons laisser voir que nous sommes touchés, et moins parler de nous que du donateur.

73. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Musset 1810-1857 » pp. 564-575

Lorsque plus tard, las de souffrir, Pour renaître ou pour en finir, J’ai voulu m’exiler de France ; Lorsque, impatient de marcher, J’ai voulu partir, et chercher Les vestiges d’une espérance… Partout où j’ai voulu dormir, Partout où j’ai voulu mourir4, Partout où j’ai touché la terre, Sur ma route est venu s’asseoir Un malheureux vêtu de noir, Qui me ressemblait comme un frère L’incendie Lorsque le laboureur, regagnant sa chaumière, Trouve le soir son champ rasé par le tonnerre, Il croit d’abord qu’un rêve a fasciné ses yeux, Et, doutant de lui-même, interroge les cieux. […] Sur sa toile, en mourant, Raphaël l’a laissée ; Et, pour que le néant ne touche point à lui, C’est assez d’un enfant sur sa mère endormi1.

74. (1870) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices par Gustave Merlet,... à l'usage de tous les établissements d'instruction. Cours moyens, grammaire et enseignement spécial. Première partie : prose

Autrement, ce n’est plus qu’un effet ambitieux, qui fait plus admirer le poëte qu’il ne touche le lecteur. […] Touchez donc là, monsieur Dimanche. […] Touchez là, monsieur, ma fille n’est pas pour vous230. […] Consolez-vous, monsieur, avec Dieu, et croyez que je suis touché au vif de votre malheur591. […] Il me souvient de David, qui, touché vivement de l’esprit de Dieu, lui adresse cette parole : « O Seigneur !

75. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Celui qui ne sait pas s’arrêter à propos fatigue au lieu de toucher. […] Esther, qui veut toucher Assuérus, étend davantage cette idée. […] Voulez-vous toucher, émouvoir, étonner, troubler, entraîner vos auditeurs ? […] Non, s’écrie la femme, il vous implore, il vous supplie ; mais vous, laissez-vous toucher. […] Lisez la description de la mort d’Hippolyte dans Racine ; on y sent un cœur touché, on est touché soi-même par la force de la peinture.

76. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Or, pour persuader, il faut, suivant les cas, instruire, plaire et toucher. […] Ainsi s’opère graduellement la persuasion, à mesure que les cœurs sont plus fortement touchés. […] Je ne touchais ses mains défaillantes qu’avec respect, et le lit funèbre où il attendait la mort, me semblait une espèce de sanctuaire. […] Or, de ces trois motifs, le sentiment religieux n’est pas ce qui touche le plus un jeune homme : Pacuvius devra donc commencer par celle-ci. […] Dans ceux qui appartiennent au sentiment, l’écrivain veut toucher : son style sera doux, insinuant, vif, animé, pathétique.

77. (1886) Recueil des sujets de composition française donnés à la Sorbonne aux examens du baccalauréat ès lettres (première partie), de 1881 à 1885

Et Juvénal, sans rien masquer de tous les vices, de toutes les plaies, nous montre à nu toutes ces affreuses vérités, nous fait toucher du doigt toutes ces gangrènes, avec des détails si précis, si complets, qu’on l’a accusé, lui aussi, de s’être plu complaisamment à ces peintures. […] D’ailleurs, les oracles le guident, lui prédisent la fin de ses tribulations dès qu’il aura touché terre en Italie, et lui révèlent la gloire de la ville qu’il doit fonder. […] Il faut reconnaître que Camille, dans l’expression de ses sentiments à l’égard de Curiace, nous touche souvent par la grâce et la simplicité de ses aveux : Tout ce que je voyais me semblait Curiace. […] La Bruyère semble l’avoir pensé, puisqu’il a dit : « Le plaisir de la critique nous ôte celui d’être vivement touchés de très belles choses. » Quoi ! […] Boileau ne consentira jamais à continuer de toucher sa pension si Corneille est privé de la sienne.

78. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre V. Du Style en général, et de ses qualités. »

On confond souvent la pureté et la propriété grammaticales : ces deux qualités se touchent en effet de fort près ; il serait possible cependant d’apercevoir entre elles une différence. […] Comme on reconnaît les peintres célèbres à la touche de leurs pinceaux, on distingue aussi les grands écrivains à leur style et à leur manière particulière.

79. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXI. des figures  » pp. 289-300

« Métaphore, allégorie, métonymie, ce sont, dit Montaigne, titres qui touchent le babil de votre chambrière. » Selon Quintilien, en effet, le style figuré, et surtout la partie de ce style qui se rattache à la similitude, nous est si naturel, que les ignorants eux-mêmes en font un fréquent usage sans le savoir : translatio ita est ab ipsa nobis concessa natura, ut indocti quoque ac non sentientes ea frequenter utantur 97 D’où vient donc que le style figuré se présente ainsi tout à la fois comme naturel et comme opposé à la nature ? […] Enfin, à propos de la troisième classe de figures de mots, je demanderai comment on peut donner ce nom à celles où les vocables conservent leur signification essentielle ; s’il n’y a point certaines figures qui portent à la fois sur le sens et sur le signe de l’idée ; si la métaphore, figure de mots, n’affecte pas la pensée, en la rapprochant d’une autre, en la doublant en quelque sorte, tandis que la métonymie et la synecdoque, comme il sera prouvé plus tard, ne sont et ne peuvent être, d’après leur racine même, que des figures de mots ; si l’apostrophe, figure de pensée, n’affecte pas le mot, en modifiant son inflexion ; si l’antithèse n’appartient pas évidemment aux deux classes, puisqu’elle oppose les mots aux mots, aussi bien que les pensées aux pensées ; s’il n’eût pas fallu par conséquent ajouter à cette nomenclature une catégorie de figures mixtes, amphibies, pour ainsi dire, qui touchent à la fois et à la pensée et aux mots, et souvent même au tour de la phrase.

80. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 185-195

Touché par la beauté morale, il défendit les croyances éternelles du genre humain, il eut le cœur religieux, et fut excellent lorsqu’il eut raison avec tout le monde. […] Les fruits, à la discrétion1des promeneurs, ne seraient ni comptés ni cueillis par mon jardinier, et mon avare magnificence n’étalerait point aux yeux des espaliers superbes auxquels à peine on osât toucher.

81. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre VIII. Épître. »

Quant au style de l’épitre, il doit, comme le caméléon, prendre la couleur de chaque objet qu’il touche.

/ 230