/ 271
42. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

Mais son objet principal, celui que l’écrivain doit avoir surtout en vue, est de mettre sa pensée dans tout son jour ; et peu importe alors de quels objets la comparaison est tirée : elle est heureuse, toutes les fois qu’elle est juste, et la propriété est surtout ce que l’on a droit d’exiger ici. […] Le traducteur ne borne point ici son mérite à une fidélité pleine d’élégance et d’harmonie : il ajoute quelquefois à la force de l’expression originale, et tire souvent une image magnifique d’un trait qui n’était qu’indique en passant. […] Nous nous bornerons à un exemple, et nous le tirerons du psaume 2e, aussi important par son objet, qu’admirable par le ton qui y règne d’un bout à l’autre, par la grandeur des images et la richesse des expressions. […] Comme il n’y a point de figure qui caractérise mieux que la prosopopée cet état d’exaltation de l’âme, où tout ce qui lui échappe est nécessairement sublime, il n’en est point qui soit plus familière aux poètes inspirés, qui se place plus naturellement sous leur plume, et dont ils tirent un parti plus brillant.

43. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre premier. De l’invention. »

Ils sont intrinsèques quand ils peuvent fournir des idées tirées du fond même du sujet. […] Le monde idéal appelle les faits possibles ; l’imagination en tire des êtres, à qui elle donne, en suivant les règles de la vraisemblance, tous les traits d’une existence propre. […] Comment voulez-vous que je m’intéresse à un héros qui tire vanité de ses crimes, à l’histoire d’un scélérat qui souille sa vie de forfaits honteux ? […] Les preuves sont de deux sortes : intrinsèques quand elles sont tirées du fond même du sujet, extrinsèques quand elles ne lui appartiennent qu’accessoirement.

44. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre II. — Choix des Pensées »

En voici une tirée de Millevoye :     Sous ce simple monument Repose une fille bien chère ; Elle mourut presque en naissant :            Plaignez sa mère. […] Il écrit à son fils qui lui proposait de quitter l’armée de Condé pour pactiser avec la révolution : « Monsieur mon fils, si les coups de bâton pouvaient s’écrire, vous tiriez ma lettre sur votre dos. […] Henri IV répondit à ceux qui l’exhortaient à traiter avec rigueur quelques places de la Ligue qu’il avait réduites par la force : « La satisfaction qu’on tire de la vengeance ne dure qu’un moment ; mais celle qu’on tire de la clémence est éternelle.

45. (1839) Manuel pratique de rhétorique

2° Développement tiré du tableau de la triste existence que mènent les habitants, depuis qu’ils se sont rendus criminels. […] Il doit par conséquent se tirer de quelque pensée générale dont l’application se fasse naturellement à la proposition. […] Ces moyens, pour être victorieux, doivent être tirés du sujet lui-même ; et ici le sujet est un fait avec ses circonstances. […] L’argumentation logique prouve en posant un principe qui est d’une vérité évidente ou avouée, dont elle tire une conclusion qui est implicitement renfermée dans le principe. […] Pour introduire un mot nouveau, il faut qu’il soit nécessaire, tiré d’une source pure, formé d’une manière analogue au génie de la langue, enfin adopté par l’usage.

46. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VIII. De l’Oraison funèbre. »

Quel exorde l’orateur tire de cette circonstance, et quel dut être, sur son auditoire, l’effet de ces premières paroles ! […] et avec quel génie les grands écrivains ont tiré parti de tout ce que présente d’imposant la pensée de la mort ! […] Quelle conclusion l’orateur tirera-t-il maintenant des vérités établies dans ce discours, sur les faits les plus propres à en inspirer la conviction ?

47. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre V. des topiques ou lieux. — lieux applicables aux parties du sujet  » pp. 64-74

. — lieux applicables aux parties du sujet On conçoit quel parti l’on peut tirer, pour le développement de l’idée, de l’examen de sa nature ou de la définition ; de l’examen du signe qui la représente ou de l’étymologie ; de l’examen des éléments qui la composent ou de l’analyse. […] Les exemples qu’on pourrait tirer de leurs écrits sont innombrables ; et plusieurs, il faut l’avouer aussi, sont dignes du parallèle avec les meilleurs des siècles précédents. […] J’ai cherché à bien m’expliquer au commencement du chapitre précédent : les lieux assurément ne sont pas les idées, et je ne les présente pas comme tels ; mais, s’il m’est permis de revenir, à cause de son exactitude, sur une comparaison tirée d’objets purement matériels, je dirai : Les compartiments d’une boutique ne sont pas non plus les marchandises, et cependant si le marchand est privé de ce secours, si les matériaux de son commerce gisent confusément entassés autour de lui, il perdra un temps précieux avant de mettre la main sur la denrée demandée.

48. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — De Retz. (1614-1679.) » pp. 20-28

Quand il se présente une occasion considérable dans laquelle il n’y a rien à vaincre, parce qu’il n’y a rien à combattre, ce qui est très-rare, elle donne à leur autorité un éclat pur, innocent, non mélangé, qui ne s’établit pas seulement, mais qui leur fait même tirer, dans les suites, du mérite de tout ce qu’ils ne font pas, presque également que1 de tout ce qu’ils font. […] Le cardinal, à qui un jeune conseiller des enquêtes avait dit en raillant qu’il serait assez à propos qu’il allât lui-même dans les rues voir l’état des choses, le cardinal, dis-je, se joignit au gros de la cour, et l’on tira enfin à toute peine cette parole de la bouche de la reine : « Hé bien ! […] Suivant les uns, ce nom venait des marchands d’étoffes, nombreux en ce lieu, qui y tiraient, c’est-à-dire étendaient, déployaient leurs marchandises.

49. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Buffon, 1707-1788 » pp. 175-184

Avoir transformé une herbe stérile en blé est une espèce de création dont cependant il ne doit pas s’enorgueillir, puisque ce n’est qu’à la sueur de son front et par des cultures réitérées qu’il peut tirer du sein de la terre ce pain, souvent si amer, qui fait sa subsistance2. […] Rien ne s’oppose plus à la chaleur que le désir de mettre partout des traits saillants ; rien n’est plus contraire à la lumière qui doit faire un corps et se répandre uniformément dans un écrit, que ces étincelles qu’on ne tire que par force en choquant les mots les uns contre les autres, et qui ne nous éblouissent pendant quelques instants, que pour nous laisser ensuite dans les ténèbres. […] La Bruyère disait : « Les comparaisons tirées d’un fleuve dont le cours, quoique rapide, est égal et uniforme, où d’un embrasement qui, poussé par les vents, s’épand au loin dans une forêt où il consume les chênes et les pins, ne leur fournissent aucune idée de l’éloquence ; montrez-leur un feu grégeois qui les surprenne, ou un éclair qui les éblouisse, ils vous quittent du bon et du beau.  » (Caractères, chap.

50. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Mais quoiqu’elle fût dans le sujet, il n’a pas été bien facile à celui-ci de l’y voir et de l’en tirer. […] Voilà une pensée naturelle, tirée du fond de la chose, qui n’a absolument rien d’étranger au sujet, et qui paraît n’avoir rien coûté à l’orateur. […] Voici une période de cette espèce, tirée de la réponse de Buffon, au discours de La Condamine, le jour de sa réception à l’Académie française. […] Si cette vérité pouvait être contestée, il serait, assurément, bien facile de citer en preuves une infinité d’exemples tirés de nos meilleurs écrivains. […] On ne doit jamais tirer la métaphore d’aucun objet bas et dégoûtant.

51. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre III. — Ornements du Style, qui consistent dans les Mots ou Figures »

2° Les métaphores sont défectueuses, quand elles sont tirées de sujets bas, ou que la pensée est triviale, telle est celle-ci dépensera de au sujet du déluge ; de ce châtiment immense dont Dieu punit la perversité des hommes : Dieu lava bien la tête à son image. […] Nous compléterons ce que nous avons à, dire sur cette figure par l’indication de quelques exemples qui tirent tout leur mérite de l’hyperbole. […] Le duc descendant le Rhône, apprit que les séditieux, au mépris de l’amnistie qu’ils venaient de recevoir de la clémence du roi, avaient tiré sur ses troupes. […] Les écrivains tirent un admirable parti de cette figure, qui nous représente leurs pensées sous différentes formes. […] Concession La Concession consiste à accorder quelque chose à son adversaire, pour en tirer ensuite avantage contre lui.

52. (1854) Éléments de rhétorique française

d’Hamilton, qui se trouva près de l’endroit où il allait, lui dit : « Monsieur, venez par ici : on tirera du côté où vous allez. […] L’ensemble se nomme syllogisme, mot tiré du grec qui signifie proposition déduite. […] Cette figure est connue sous le nom d’hyperbole, mot tiré du grec qui signifie exagération. […] En voici un exemple, tiré de Mithridate : Ah ! […] Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez.

53. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

7° L'induction est un argument par lequel l'orateur tire de l'énumération des parties une conclusion générale ou principale. […] 7° Les circonstances sont les arguments que l'on tire de ce qui accompagne un fait ; du lieu, des motifs, etc. […] Boileau a dit : Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez. […] Les métaphores sont encore défectueuses quand elles sont tirées de sujets bas ou qu'elles emploient des expressions trop communes. […] Qu'est-ce que la définition oratoire, et quel est l'objet des arguments qu'on en tire ?

54. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Bruyère. (1646-1696.) » pp. 91-100

Il avait cependant été attaché à la cour ; mais chargé d’enseigner l’histoire au petit-fils du grand Condé, qui tira trop peu de fruit des leçons d’un tel maître, il ne profita de sa situation auprès du prince, qu’il ne quitta plus, que comme d’un poste favorable d’observation, pour étudier et peindre les sentiments et les passions des hommes, surtout leurs prétentions et leurs travers. […] Helleu, dans l’édition citée, page 90, rapproche judicieusement ce célèbre passage de quelques lignes tirées de la Politique selon les Ecritures de Bossuet (livre III) : « Dieu a choisi David, et l’a tiré d’après les brebis pour paître Jacob son serviteur, et Israël son héritage.

55. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Regnard. (1655-1709.) » pp. 242-253

) Il faut vous le payer… Songe par quel moyen Tu pourras me tirer de ce triste entretien. […] Ou, comme on l’écrit plus souvent, drap d’usseau : cette espèce de drap, dont on se servait surtout pour les livrées, tirait son nom d’un village du Languedoc, près de Carcassonne, où elle était manufacturée. […] On appelle réjouissance, la carte que celui qui donne tire après la sienne, et sur laquelle tous les coupeurs et autres peuvent mettre de l’argent.

56. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Descartes, 1596-1650 » pp. 11-20

Outre que les fables font imaginer plusieurs événements comme possibles qui ne le sont point, et que même les histoires les plus fidèles, si elles ne changent ni n’augmentent la valeur des choses pour les rendre plus dignes d’être lues, au moins en omettent-elles presque toujours les plus basses et moins illustres circonstances, d’où vient que le reste ne paraît pas tel qu’il est, et que ceux qui règlent leurs mœurs par les exemples qu’ils en tirent sont sujets à tomber dans les extravagances des paladins de nos romans et à concevoir des desseins qui passent leurs forces. […] C’est pourquoi, sitôt que l’âge me permit de sortir de la sujétion de mes précepteurs, je quittai entièrement l’étude des lettres ; et, me résolvant de ne chercher plus d’autre science que celle qui se pourrait trouver en moi-même, ou bien dans le grand livre du monde, j’employai le reste de ma jeunesse à voyager, à voir des cours et des armées, à fréquenter des gens des diverses humeurs et conditions, à recueillir diverses expériences, à m’éprouver moi-même dans les rencontres que la fortune me proposait, et partout à faire telle réflexion sur les choses qui se présentaient que j’en pusse tirer quelque profit. Car il me semblait que je pourrais rencontrer beaucoup plus de vérité dans les raisonnements que chacun fait touchant les affaires qui lui importent, et dont l’événement le doit punir bientôt après s’il a mal jugé, que dans ceux que fait un homme de lettres dans son cabinet touchant des spéculations qui ne produisent aucun effet, et qui ne lui sont d’autre conséquence, sinon que peut-être il en tirera d’autant plus de vanité qu’elles seront plus éloignées du sens commun, à cause qu’il aura dû employer d’autant plus d’esprit et d’artifice à tâcher de les rendre vraisemblables.

57. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre I. Des Poésies fugitives. »

Ainsi l’auteur qui a dit : Maison à louer, laquelle a deux portes, trois fenêtres, du logement pour quatre maîtres, même pour cinq en un besoin, deux caves, un grenier à foin ; maison que le propriétaire avec sa baguette d’enchanteur, peut transporter, au gré du locataire, dans quelque quartier qu’il lui plaira ; maison qui porte un écriteau tiré de Barème et de l’algèbre, et dont le nom, aussi bien que celui de l’enchanteur, se lit dans le calendrier  : cet auteur, dis-je, a proposé une énigme, dont le mot est une voiture, nommée fiacre. […] On voit que cette épigramme tire toute sa beauté de la finesse de la pensée, qui laisse quelque chose à deviner. […] En voici une autre dans le genre familier, et dont le sujet est tiré de la mythologie : elle est pleine d’esprit et de sel. […] Elle doit principalement tirer son mérite de la naïveté et de la simplicité.

/ 271