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77. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Il n’est pas de meilleur modèle à suivre que Démosthène. […] Le membre est une proposition qui forme un sens, mais incomplet et dépendant de ce qui précède ou de ce qui suit. […] Exsuperant undas, autre suspension et mouvement admirable, opposé à ce qui suit immédiatement. […] Il était du nombre de ceux qui n’avaient suivi que leur devoir. […] Ajoutez-y le soin de ne pas commencer la phrase qui suit sur le même ton qu’on a fini celle qui précède.

78. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Le théâtre, par exemple, ne fera que suivre et traduire jour par jour le mouvement des idées et des passions populaires. […] Elle consulte en tout la nature, la suit pas à pas, et en est une fidèle expression. […] La veuve de Henri IV l’avait précédé de cinq mois (juillet 1642), et Louis XIII le suivit cinq mois après. […] Et vous qui m’avez connu, vous qui m’avez suivi sans cesse, ô mes amis ! […] Mais il avait donné trop de gages à la Révolution pour que ses conseils fussent écoutés et suivis sans défiance.

79. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre V. Du Style en général, et de ses qualités. »

Selon que notre idée est plus ou moins obscure, L’expression la suit ou moins nette ou plus pure ; Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément. […] S’il faut revenir sans cesse sur ses pas, relire vingt fois ce qu’on a déjà lu, pour parvenir à le comprendre, Mon esprit aussitôt commence à se détendre, Et, de vos vains discours prompt à se détacher, Ne suit point un auteur qu’il faut toujours chercher. […] Cicéron et Quintilien établissent cette même division des styles, mais avec une distinction de leurs qualités respectives, et ces distinctions ont été adoptées et suivies par tous les rhéteurs modernes. […] Tout sera décousu, ses épithètes vagues, l’expression indéterminée, la construction des phrases louche et embarrassée, et nous aurons autant de peine à le suivre qu’à le comprendre.

80. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Montesquieu. (1689-1755.) » pp. 130-139

Il ne se réglait point sur la disposition actuelle des choses, mais sur un certain modèle qu’il avait pris : encore le suivait-il très-mal. […] Il ne partit qu’après avoir assuré la Macédoine contre les peuples barbares qui en étaient voisins et achevé d’accabler les Grecs : il ne se servit de cet accablement que pour l’exécution de son entreprise ; il rendit impuissante la jalousie des Lacédémoniens ; il attaqua les provinces maritimes ; il fit suivre à son armée de terre les côtes de la mer, pour n’être point séparé de sa flotte ; il se servit admirablement bien de la discipline contre le nombre ; il ne manqua point de subsistances, et, s’il est vrai que la victoire lui donna tout, il fit aussi tout pour se procurer la victoire. […] Après la bataille d’Issus, il laisse fuir Darius, et ne s’occupe qu’à affermir et à régler ses conquêtes ; après la bataille d’Arbèles, il le suit de si près, qu’il ne lui laisse aucune retraite dans son empire. […] Alexandre prit des femmes de la nation qu’il avait vaincue1 : il voulut que ceux de sa cour en prissent aussi ; le reste des Macédoniens suivit cet exemple.

81. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — L. Racine. (1692-1763.) » pp. 267-276

Et ne t’afflige pas si les leurs sont si courts : Toute plante en naissant déjà renferme en elle D’enfants qui la suivront une race immortelle2 ; Chacun de ces enfants, dans ma fécondité, Trouve un gage nouveau de sa postérité. »     Ainsi parle la terre ; et, charmé de l’entendre, Quand je vois par ces nœuds que je ne puis comprendre Tant d’êtres différents l’un à l’autre enchaînés, Vers une même fin constamment entraînés, A l’ordre général conspirer tous ensemble, Je reconnais partout la main qui les rassemble, Et d’un dessein si grand j’admire l’unité Non moins que la sagesse et la simplicité. […] L’amitié tendre et vive y fait briller ses feux Qu’en vain veut imiter, dans son zèle perside, La trahison, que suit l’envie au teint livide. […] Impétueux enfants de cette longue chaîne, Le Rhône suit vers nous le penchant qui l’entraîne ; Et son frère emporté par un contraire choix2, Sorti du même sein, va chercher d’autres lois. […] La Harpe cite les dix-huit vers qui suivent parmi les passages les plus beaux du poëme de la Religion : il avait plus d’une fois, dit-il, entendu Voltaire les réciter avec l’accent de l’admiration.

82. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

Mais il avait donné trop de gages à la révolution pour que ses conseils fussent écoulés et suivis sans défiance. […] Un cri général, suivi d’un profond silence, s’élève dans les marais. […] Mais, au lieu d’une narration suivie, il choisit la méthode plus libre des récits détachés. […] Tel est l’objet du morceau qui va suivre. […] Sa vie est un modèle à suivre.

83. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

J’ai si peur que vous ne me souhaitiez la bonne année le premier, que je me dépêche de faire mon compliment ; le voici : bonjour et bon an, Monsieur, et tout ce qui s’en suit. […] L’astre solitaire monta peu à peu dans le ciel : tantôt il suivait paisiblement sa course azurée ; tantôt il reposait sur des groupes de nues, qui ressemblaient à la cime de hautes montagnes couronnées de neige. […] Sans l’unité, l’attention flotte incertaine entre plusieurs personnages, et l’intérêt s’évanouit en se partageant ; unité dans la variété, telle est la règle à suivre. […] Il n’y a pas de règles à donner à ce sujet : le goût et le jugement sont les seuls guides à suivre : mais une fois qu’on a adopté un ton, il faut le soutenir fidèlement jusqu’à la fin. […] Reste à savoir si, quand il s’agit de sa vie ou de celle d’autrui, l’honnête homme se règle sur la mode, et s’il n’y a pas alors plus de vrai courage à la braver qu’à la suivre.

84. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section I. De l’Art d’écrire correctement. — Chapitre I. De la nature des mots. » pp. 11-86

Il est masculin, quand il est suivi de son adjectif : = Il y a des gens bien cruels. […] Il me paraît plus commode de suivre celle de l’abbé d’Olivet, pour démêler ce que les pronoms de chaque espèce ont de particulier. […] La seconde personne de l’impératif est va, qui prend une s, lorsqu’il est suivi de y ; vas-y ; et un t, lorsqu’il est suivi de en ; va-t-en. […] Quand ce verbe n’est pas suivi d’un nom, il prend être : = l’armée est passée : ces fleurs sont passées. […] Voilà pourquoi elles doivent être suivies de quelques mots, qui, en formant le sens entier, leur servent de complément.

85. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Descartes, 1596-1650 » pp. 9-14

Ma première maxime était d’obéir aux lois et aux coutumes de mon pays, retenant1 constamment la religion en laquelle Dieu m’a fait la grâce d’être instruit dès mon enfance, et me gouvernant en toute autre chose suivant les opinions les plus modérées et les plus éloignées de l’excès, qui fussent communément reçues en pratique par les mieux sensés2 de ceux avec lesquels j’aurais à vivre ; car, commençant dès lors à ne compter pour rien les miennes propres, à cause que je voulais les remettre toutes à l’examen, j’étais assuré de ne pouvoir mieux que de suivre celles des mieux sensés. […] On lit dans Boileau (satire IV) : Comme on voit qu’en un bois que cent routes séparent Les voyageurs sans guide assez souvent s’égarent, L’un à droit, l’autre à gauche, et, courant vainement, La même erreur les fait errer diversement : Chacun suit dans le monde une route incertaine, Selon que son erreur le joue et le promène ; Et tel y fait l’habile et nous traite de fous, Qui sous le nom de sage est le plus fou de tous. […] Balzac avait suivi le cardinal de La Valette à Rome.

86. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — De la ponctuation. »

. — La virgule (,) se met après les noms, le adjectifs les verbes qui se suivent. […]   179. — Les deux points (:) se mettent après une phrase finie, mais suivie d’une autre, qui sert à l’étendre ou à l’éclaircir.

87. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Molière 1622-1673. » pp. 27-43

Fils et petit-fils d’un tapissier du roi, élevé au collége de Clermont, puis dirigé vers l’étude du droit, Jean-Baptiste Poquelin suivit son étoile, et, sous le nom de Molière, devint directeur d’une troupe ambulante, sans se laisser tenter par la faveur du prince de Conti, son condisciple, qui lui offrait une charge de cour. […] Lorsque vous peignez des héros, vous faites ce que vous voulez ; ce sont des portraits à plaisir, où l’on ne cherche pas la ressemblance, et vous n’avez qu’à suivre les traits d’une imagination qui se donne l’essor, et qui souvent laisse le vrai pour attraper le merveilleux. […] Mais, sur toute chose, ce qui me plaît en lui, et en quoi il suit mon exemple, c’est qu’il s’attache aveuglément aux opinions de nos anciens, et que jamais il n’a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle, touchant la circulation du sang2, et autres opinions de même farine. […] Aussi nous n’avons part à la gloire de nos ancêtres qu’autant que nous nous efforçons de leur ressembler ; et cet éclat de leurs actions, qu’ils répandent sur nous, nous impose un engagement de leur faire le même honneur, de suivre les pas qu’ils nous tracent, et de ne point dégénérer de leur vertu, si nous voulons être estimés leurs véritables descendants. […] Loué, exalté et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit, avec quelque mérite qu’il a posséder tout celui qu’on peut avoir et qu’il n’aura jamais : occupé et rempli de ces sublimes idées, il se donne à peine le loisir de prononcer quelques oracles ; élevé par son caractère au-dessus des jugements humains, il abandonne aux âmes communes le mérite d’une vie suivie et uniforme, et n’est responsable de ses inconstances qu’à ce cercle d’amis qui les idolâtrent.

88. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Ponsard 1814-1868 » pp. 583-600

Faut-il donc que vos yeux s’usent, toujours baissés, A suivre dans vos doigts le fil que vous tressez ? […] Messieurs, je vous présente un sage Qui suit la raison pure, et méprise l’usage ; Il n’épargne aucun soin pour servir un ami, En lui serrant la main. […] la liberté ne sera pas fondée, Si l’on ne suit ma simple et lumineuse idée. […] Ton esprit ne sait pas planer dans ces hauteurs Où tout scrupule échappe aux vrais législateurs ; Les terrestres liens t’empêchent de m’y suivre ; D’un misérable orgueil ta parole t’enivre ; Des flatteurs empressés te prodiguent l’encens ; L’or, l’amour, les festins ont captivé tes sens, Et la dépouille belge, hélas ! […] Ponsard a suivi fidèlement le récit de Tite-Live, et surtout parce qu’il s’en est heureusement inspiré.

89. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

Les plus misérables poètes de ces premiers temps étaient suivis à presses troupes, et maintenus par la faction du peuple contre l’autorité des magistrats. […] Il suivait en tout les véritables intérêts de sa nation, dont il était autant le père que le roi. […] À peine l’eut-on ouverte, qu’une foule de jeunes volontaires, qui suivait le roi, courut attaquer la contrescarpe et s’y logea. […] Suivons-le promptement : la colère l’emporte. […] Qui des deux dois-je suivre, et duquel m’éloigner ?

90. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IX. de la disposition. — proportions, digressions, transitions, variété  » pp. 118-130

« Dans le discours, dit Pascal, il ne faut point détourner l’esprit d’une chose à une autre, si ce n’est pour le délasser, mais dans le temps où cela est à propos et non autrement ; car qui veut délasser hors de propos, lassc. » Que vos digressions sortent naturellement du fond même de l’écrit et semblent lui être nécessaires ; que jamais elles ne fassent naître dans l’esprit une série d’idées étrangères, à plus forte raison, d’idées contraires au sujet ; enfin qu’elles soient placées au lieu qui leur convient le mieux, qui les appelle en quelque sorte ; qu’elles se rattachent à ce qui précède et ramènent ce qui doit suivre par des transitions faciles et naturelles. […] Le seul moyen d’y parvenir est de disposer si bien sa matière, d’en ordonner si naturellement les parties, qu’elles se suivent l’une l’autre, sans se rattacher par aucun lien artificiel. […] Mais je veux qu’en général ces sentences résument ou concluent ce qui précède, ou encore amènent ce qui suit et le rattachent aux idées antécédentes, de façon que loin d’avoir besoin de transition pour se lier au reste du discours, elles servent elles-mêmes de transition. […] Telles étaient les mœurs du moyen âge, soit ; tel fut même, si l’on veut, à une certaine époque, l’esprit du christianisme mal compris ; mais vouloir réinstaller de telles mœurs et un tel esprit dans l’art contemporain est un anachronisme aussi repoussant que si l’on demandait aux souverains de rétablir les Triboulet et les Langely à titre d’office ; aux évêques, de faire suivre les sermons de Lacordaire des trépignements de la fête des Fous ou du braiment de celle de l’âne ; aux architectes, de dérouler des processions de goules, de dogues, de gnomes, de démons de toute forme autour de nos frises et de nos corniches.

91. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIV. de la fin  » pp. 189-202

Socrate, au contraire, et Platon, philosophes plutôt qu’artistes en cet endroit, proclament la loi que plus tard nos mélodrames du boulevard ont religieusement suivie : récompense pour la vertu, châtiment pour le crime, ut bono bene, malo male sit. […] Telle fut la puissance de parole du prédicateur, que la quète qui suivit son sermon rapporta cent cinquante mille livres en souscriptions. […] Pour y parvenir, il faut d’abord se tracer par la méditation un plan qui embrasse l’ensemble et les détails de l’œuvre, et le suivre fidèlement. […] Que l’élève s’habitue à résumer ainsi les ouvrages didactiques qu’il aura lus, il lui sera plus facile de suivre ensuite pour ses propres écrits, si lui-même s’attache au genre sérieux, les règles de récapitulation, de conclusion, tracées par la raison et les rhéteurs.

92. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre IX. Parallèle des Oraisons funèbres de Condé, par Bossuet et de Turenne, par Fléchier et Mascaron. »

Il s’élance avec lui, il le suit à travers tous les dangers : c’est le vol et la rapidité de l’aigle. […] Nous venons de voir Condé à la tête de ses troupes victorieuses ; suivons-le maintenant, avec Bossuet, dans sa retraite de Chantilly. […] — Il se cache, mais sa réputation le découvre : il marche sans suite et sans équipage ; mais chacun, dans son esprit, le met sur un char de triomphe ; on compte, en le voyant, les ennemis qu’il a vaincus, non les serviteurs qui le suivent : tout seul qu’il est, on se figure autour de lui ses vertus et ses victoires qui l’accompagnent.

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