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41. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Sainte-Beuve 1804-1870 » pp. 291-295

Les points de vue littéraires Quand vous voulez faire en Suisse l’ascension du Rhigi2 ou de toute autre montagne, un guide vous conduit au meilleur endroit, un peu avant l’aurore, s’y place à côté de vous ; et l’on voit tout à coup le soleil se lever à l’horizon, et sa vive lumière développer elle-même par degrés l’immense paysage, dont le guide alors vous indique les hauts sommets et vous dénombre tous les noms. […] Heureux celui qui d’un cœur humble reconnaît dans la nature un auteur visible, se manifestant par tous les signes ; qui croit l’entendre dans le tonnerre et dans l’orage ; qui le bénit dans la rosée du matin et dans la pluie du printemps ; qui l’admire et l’adore dans la splendeur du soleil, ou dans les magnificences d’une belle nuit !

42. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Sainte-Beuve. Né en 1804. » pp. 566-577

Il n’y en a eu, disait gaiement madame de Sévigné, que pour un déjeuné de soleil . […] O vous qu’un noble orgueil anime, qui avez pris à votre tour possession de la vie et des splendeurs du soleil, qui vous sentez hautement de la race et de l’étoffe de ceux qui ont le droit de se dire : « Et nous aussi, soyons les premiers et excellons !  […] Aulu-Gelle l’emploie le premier dans le sens d’écrivain de valeur et de marque, d’écrivain qui a du bien au soleil et n’est pas confondu dans la foule des prolétaires.

43. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre I. — Défauts et qualités de la phrase »

Tout ce qui l’entoure, le frappe à la fois : il ne peut rien distinguer ; les rayons du soleil blessent ses yeux en l’éclairant. […] Dieu Toute existence émane de l’Être éternel, infini ; et la création tout entière avec ses soleils et ses mondes, chacun desquels enferme en soi des myriades de mondes, n’est que l’auréole de ce grand Être. […] Et pour résumer tous ces préceptes en peu de mots, nous dirons avec Quintilien : il faut que la clarté de l’expression soit telle, que la pensée frappe l’esprit, comme le soleil frappe la vue. […] Qu’elle était touchante la prière de ces hommes qui, sur une planche fragile au milieu de l’Océan, contemplaient un soleil couchant sur les flots !

44. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

« Vous ne savez donc pas, reprit-elle, ce que c’est que la lumière, qui est si belle et si agréable, et le soleil, qui a tant d’éclat et de beauté ? […] Elle semblait vouloir honorer le soleil, en paraissant claire et illuminée par le côté qu’elle tournait vers lui ; tout le reste était obscur et ténébreux, et un petit demi-cercle recevait seulement dans cet endroit-là un ravissant éclat par les rayons du soleil, comme du père de la lumière. […] Souvenez-vous seulement du diamètre de la terre, il est de trois mille lieues ; celui du soleil est cent fois plus grand, il est donc de trois cent mille lieues. […] Les rayons du soleil n’en sont pas moins un grand trésor, quoiqu’ils éclairent tout l’univers. […] Les régions sauvages et inaccessibles du Nord, que le soleil éclaire à peine, ont vu la lumière céleste.

45. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de Montaigne, 1533-1592 » pp. -

Ie me tiens à cheval sans desmonter, et sans m’y ennuyer, huit et dix heures, Vires ultra sortemque senectæ 5 : nulle saison m’est6 ennemie, que7 le chauld aspre d’un soleil poignant8 ; car les ombrelles9, dequoy, depuis les anciens Romains, l’Italie se sert, chargent plus les bras qu’ils ne deschargent la teste. […] I’ay apprins à faire mes journees, à l’espaignole, d’une traicte ; grandes et raisonnables journées : et, aux extremes chaleurs, les passe de nuict, du soleil couchant iusques au levant. […] On dit douleur cuisante et poignante : la chaleur excessive du soleil est l’un et l’autre.

46. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — La Satire Ménippée, 1594 » pp. -

Une cohue de voix discordantes et d’amendements insensés clôt la séance ; mais ce tapage n’empêche pas le gros bon sens populaire d’avoir le dernier mot par la bouche de Trepelu, le vigneron de Suresnes, soutenant avec la logique de Sganarelie que « le roi est le vrai soleil de France, et que le soleil est une belle invention, quoiqu’il gèle parfois sur les vignes. » Éditée pour la première fois en août 1594, trois mois après l’entrée d’Henri IV à Paris, la Ménippée avait circulé sous main avant l’ouverture des portes.

47. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

demain, à son retour Le soleil pour Argos ramènera le jour ; Mais il ne luira plus pour Troie. […] Il était né sous le soleil de la Provence, et issu d’une famille noble. […] C’était notre soleil dans les travaux obscurs Qui nous ont gardés fiers en nous conservant purs. […] Mais, peut-être, ô soleil ! […] qu’un seul jour, éblouissant ma vue, Ce beau soleil me réchauffe le cœur !

48. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Voici sur quel ton Bourdaloue commence la seconde partie de son Oraison funèbre du grand Condé a : « Il n’y a point d’astre qui ne souffre quelque éclipse ; et le plus brillant de tous, qui est le soleil, est celui qui en souffre de plus grandes et de plus sensibles. Mais deux choses en ceci sont bien remarquables : l’une, que le soleil, quoiqu’éclipsé, ne perd rien du fond de ses lumières, et que malgré sa défaillance, il ne laisse pas de conserver la rectitude de son mouvement : l’autre, qu’au moment qu’il s’éclipse, c’est alors que tout l’univers est plus attentif à l’observer et à le contempler, et qu’on en étudie plus curieusement les variations et le système : symbole admirable des états où Dieu a permis que se soit trouvé notre Prince, et où je me suis engagé à vous le représenter. […] Toi, qu’annonce l’aurore, admirable flambeau, Astre toujours le même, astre toujours nouveau, Par quel ordre, ô soleil, viens-tu, du sein de l’onde, Nous rendre les rayons de ta clarté féconde ? […] La terre, le soleil, le temps, tout va périr, Et de l’éternité les portes vont s’ouvrir : Elles s’ouvrent.

49. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre V. » pp. 82-88

Une révolution du soleil.] « De l’aveu des Grecs l’action théâtrale pouvait comprendre une demi- révolution du soleil, c’est-à-dire un jour.

50. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

Le soleil se lève : il serait difficile de s’exprimer d’une manière plus commune, sans doute ; mais cette idée presque triviale va devenir magnifique dans les vers suivants : Voyez-le s’avancer le roi puissant du jour, Sur le trône des airs31. Et dans ces vers de Roucher : L’Orient va rouvrir son palais de vermeil : Il l’ouvre ; et tout armé s’élance le soleil ! […] Dans un autre endroit, que le doux Soleil poudre les cheveux de sa femme, la Terre. Plus loin : Du beau soleil la perruque empourprée Redore de ses rais (rayons) cette basse contrée. […] vous ne me verrez plus Aux rayons du soleil présenter vos calices, Du printemps près de vous épier les prémices, À vos jeunes tribus assigner leurs cantons, Cultiver votre enfance et vous donner vos noms !

51. (1854) Éléments de rhétorique française

Nous plantons un arbre dont le sommet s’élèvera jusqu’au soleil, dont les branches s’étendront au loin, et seront vues à une grande distance. […] C’est ainsi qu’après avoir dit d’abord soleil, à la vue du globe de feu qui éclairait ses yeux et fécondait la terre, il put dire : le soleil être, pour faire comprendre que le soleil n’était pas un rêve de son imagination, mais bien un objet réel de la nature ; ou : le soleil être brillant, pour faire entendre que l’attribut d’éclat appartenait réellement au soleil. Ce n’est pas tout : ayant conscience de son existence dans différents moments successifs, il conçut l’idée du temps, qu’il divisa naturellement en trois parties, le passé, le présent et le futur ; il appliqua cette division au mot qui lui servait à exprimer l’existence en général, et, au lieu de dire vaguement : le soleil être brillant, il dit : le soleil est brillant, ne se bornant plus à affirmer l’existence et l’éclat du soleil, mais montrant que le moment où il parlait était précisément celui où le soleil éclairait l’horizon. Pendant les ténèbres de la nuit, il dit : le soleil était brillant, pour énoncer que son éclat était passé ; ou : le soleil sera brillant, pour exprimer l’espérance d’un nouveau jour. […] La lumière décomposée peint les nuages, et forme ces couleurs brillantes qui précèdent le lever du soleil.

52. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — André de Chénier 1762-1794 » pp. 480-487

Ton corps débile a vu trois retours du soleil, Sans connaître Cérès, ni tes yeux le sommeil ! […] Je ne suis qu’au printemps, je veux voir la moisson ; Et comme le soleil, de saison en saison,  Je veux achever mon année.

53. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre II. Des qualités du style » pp. 79-118

La clarté de l’expression doit être telle que l’idée frappe l’esprit, comme la lumière du soleil frappe les yeux. […] …… à la nef timide…… et le Printemps, par Michaud, dont voici quelques vers : …………………………………………………………………… Le beau soleil de mai, levé sur nos climats, Féconde les sillons, rajeunit les bocages. […] Lorsque mon peuple souffre ou qu’il lui faut des lois J’élève mes regards, votre esprit me visite ; La terre alors chancelle, et le soleil hésite. […] L’astre-roi se couchait calme, à l’abri du vent ; La mer réfléchissait ce globe d’or vivant,         Ce monde, âme et flambeau du nôtre ; Et dans le ciel rougeâtre, et dans les flots vermeils, Comme deux rois amis, on voyait deux soleils         Venir au-devant l’un de l’autre.

54. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Puys les enterrez en veue du soleil la part que vouldrez46 et souvent les arrousez. […] Le vrai courage Assez d’advantages gaignons nous sur nos ennemis, qui sont advantages empruntez, non pas nostres : c’est la qualité d’un portefaix, non de la vertu, d’avoir les bras et les iambes plus roides : c’est une qualité morte et corporelle, que la disposition ; c’est un coup de la fortune, de faire brancher nostre ennemy, et de luy esblouyr les yeulx par la lumière du soleil ; c’est un tour d’art et de science, et qui peult tumber en une personne lasche et de neant, d’estre suffisant à l’escrime. […] Ny ces quatre victoires sœurs, les plus belles que le soleil ayt oncques veu de ses yeulx, de Salamine, de Platee, de Mycale, de Sicile, n’oserent oncques opposer toute leur gloire ensemble à la gloire de la desconfiture du roy Leonidas et des siens au pas des Thermopyles. […] Des unités de temps et de lieu323 La règle de l’unité de jour a son fondement sur ce mot d’Aristote, « que la tragédie doit renfermer la durée de son action dans un tour du soleil, ou tâcher de ne le passer pas de beaucoup ».

55. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — A. Chénier. (1762-1794.) » pp. 304-312

Vos pères m’ont connu : Ils croissaient comme vous ; mes yeux s’ouvraient encore Au soleil, au printemps, aux roses de l’aurore ; J’étais jeune et vaillant. […] Commençons par les dieux : Souverain Jupiter ; Soleil, qui vois, entends, connais tout ; et toi, mer, Fleuves, terre, et noirs dieux de vengeances trop lentes, Salut !

56. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Delille 1738-1813 » pp. 464-472

A la fin de sa carrière, il se vantait d’avoir fait douze chameaux, quatre chiens, trois chevaux, un tigre, deux chats, un échiquier, un tric-trac, un billard, plusieurs hivers, encore plus d’étés, une multitude de printemps, cinquante couchers de soleil, et un si grand nombre d’aurores qu’on ne pouvait les compter. […] Je n’ai jamais vu de plus beaux jours que ceux dont nous jouissons ici ; le soleil y est dans son plus grand éclat ; la chaleur, à midi, est comme celle du mois de mai à Paris, lorsqu’il est beau.

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