« Les soixante premières années du dix-neuvième siècle sont plus de la moitié d’un grand siècle. » Ne soyons donc pas, comme le disait Voltaire, « semblables à ces avares qui ne veulent point convenir de leurs richesses, et crient sans cesse que les temps sont bien durs ».
Nous ne sommes, pour ainsi dire, qu’un instant sur la terre : semblables à ces feux errants qu’on voit dans les airs au milieu d’une nuit obscure, nous ne paraissons que pour disparaître en un clin d’œil, et nous replonger pour toujours dans des ténèbres éternelles : le spectacle que nous donnons au monde n’est qu’un éclair qui s’éteint en naissant ; nous le disons tous les jours nous-mêmes. […] L’homme qui ne connaîtrait pas la douleur ne connaîtrait ni l’attendrissement de l’humanité ni la douceur de la commisération231 ; son cœur ne serait ému de rien, il ne serait pas sociable, il serait un monstre parmi ses semblables. […] Chacun voudrait s’en faire un semblable ; la paix régnerait sur la terre ; les hommes ne songeraient plus à se nuire, et il n’y aurait plus de méchants quand nul n’aurait intérêt à l’être. […] Ces compartiments m’ont paru semblables à de grands tapis de verdure, leurs poils à des végétaux d’un ordre particulier, parmi lesquels il y en avait de droits, d’inclinés, de fourchus, de creusés en tuyaux, de l’extrémité desquels sortaient des gouttes de liqueur ; et leurs canaux, ainsi que leurs glandes, me paraissaient remplis d’un fluide brillant. […] Je ne dis point ceci par conjecture : car, un jour, ayant examiné au microscope des fleurs de thym, j’y distinguai, avec la plus grande surprise, de superbes amphores à long col, d’une matière semblable à l’améthyste, du goulot desquelles semblaient sortir des lingots d’or fondu.
Aussi, observe judicieusement le docteur Blair à ce sujet, toute la puissance, tous les trésors du plus grand monarque ne suffiraient pas pour fonder une école d’éloquence semblable à celle que formait naturellement la constitution d’Athènes.
« Je médite aujourd’hui, continue Bossuet, de faire quelque chose de semblable ; et dans cet exercice pacifique, je me propose l’exemple de cette entreprise militaire.
En effet tout ce que je dis à la gloire de la république, à qui le devons-nous, sinon à leurs vertus et à celles de leurs semblables ?
Vois leurs agitations et leurs balancements, semblables à ceux d’un vaisseau tourmenté par la tempête, dans un fluide qui presse et qui bouillonne ; vois, et calcule, si tu peux, ces mouvements.
Suivent deux couplets exactement semblables au premier, avec le même refrain ; puis l’envoi suivant : Envoi.
Les mains d’un artisan71, au labeur obstinées, D’un pénible travail font en plusieurs années Un portrait qui ne peut ressembler qu’un instant ; Mais toi, peintre brillant, d’un art inimitable Tu fais sans nul effort un ouvrage inconstant, Qui ressemble toujours et n’est jamais semblable.
Ce qui fit un héros du prince de Condé J’appelle le principe de ces grands exploits cette ardeur martiale qui ; sans témérité ni emportement, lui faisait tout oser et tout entreprendre ; ce feu qui, dans l’exécution, lui rendait tout possible et tout facile ; cette fermeté d’âme que jamais nul obstacle n’arrêta, que jamais nul péril n’épouvanta, que jamais nulle résistance ne lassa, ni ne rebuta ; cette vigilance que rien ne surprenait ; cette prévoyance à laquelle rien n’échappait ; cette étendue de pénétration avec laquelle, dans les plus hasardeuses occasions, il envisageait d’abord tout ce qui pouvoit ou troubler, ou favoriser l’événement des choses : semblable à un aigle dont la vue perçante fait en un moment la découverte de tout un vaste pays ; cette promptitude à prendre son parti, qu’on n’accusa jamais en lui de précipitation, et qui, sans avoir l’inconvénient de la lenteur des autres, en avait toute la maturité ; cette science qu’il pratiquait si bien, et qui le rendait si habile à profiter des conjonctures, à prévenir les desseins des ennemis presque avant qu’ils fussent conçus, et à ne pas perdre en vaines délibérations ces moments heureux qui décident du sort des armées ; cette activité que rien ne pouvait égaler, et qui, dans un jour de bataille, le partageant, pour ainsi dire, et le multipliant, faisait qu’il se trouvait partout, qu’il suppléait à tout, qu’il ralliait tout, qu’il maintenait tout : soldat et général tout à la fois, et, par sa présence, inspirant à tout le corps d’armée, jusqu’aux plus vils membres qui le composaient, son courage et sa valeur, ce sang-froid qu’il savait si bien conserver dans la chaleur du combat, cette tranquillité dont il n’était jamais plus sûr que quand on en venait aux mains, et dans l’horreur de la mêlée ; cette modération et cette douceur pour les siens, qui redoublaient à mesure que sa fierté pour l’ennemi était émue ; cet inflexible oubli de sa personne, qui n’écouta jamais la remontrance, et auquel constamment déterminé, il se fit toujours un devoir de prodiguer sa vie, et un jeu de braver la mort ; car tout cela est le vif portrait que chacun de vous se fait, au moment que je parle, du prince que nous avons perdu ; et voilà ce qui fait les héros1.
Pour me mettre à l’abri d’un semblable reproche, j’ai consulté sur cette matière les Institutions oratoires à l’usage de ceux qui se destinent au barreau, par M. […] Fallait-il, ou non, que parmi les Grecs quelqu’un réprimât de semblables entreprises ? […] On cherche à appuyer son opinion de comparaisons2 ; on raisonne d’après des cas semblables. […] La source en est dans l’amour de soi-même, qui fait que l’on se considère dans son semblable, dans ses besoins, dans ses passions, dans ses plaisirs, dans ses peines. […] Aussitôt, par un retour sur lui-même, concevant l’idée de ce qu’il éprouverait dans une semblable situation, il se sent pris d’amour ou de haine pour ce qui l’a causée.
Mais je vois qu’il n’a jamais fait de vente semblable : Héjus n’a vendu que les fruits de ses terres : il n’avait aucune dette ; il avait alors beaucoup d’argent, et en a toujours eu. […] A-t-on jamais vu, a-t-on jamais entendu rien de semblable ? […] Quant à la contagion d’une semblable guerre, pourquoi nous l’objectez-vous, plutôt que ceux qui commandaient dans les autres provinces ? […] prouverez-vous que, dans une cause semblable, le droit et la condition des deux peuples furent différents sans aucun intérêt de votre part ? […] Oserez-vous dire quelque chose de semblable par l’organe de vos défenseurs ?
Un semblable discours n’a pas besoin de longues réflexions. […] On reproche à La Fontaine plusieurs sons semblables dans ces deux vers : Un lièvre en son gîte songeait, Car que faire en un gîte à moins que l’on ne songe ?
Veut-on savoir ce qu’il faut penser d’une semblable manière d’écrire ?
Ils vous ont fait penser que vous lui étiez semblables et conformes par votre nature.
Combien de fois, loin des villes, dans le fond d’un vallon solitaire couronné d’une forêt, assis sur le bord d’une prairie agitée des vents, je me suis plu à voir les mélilots dorés, les trèfles empourprés et les vertes graminées former des ondulations semblables à des flots et présenter à mes yeux une mer agitée de fleurs et de verdure !
La Fontaine, inspiré par ce souvenir, et à qui il semble que Gresset ait pris quelquefois sa naïveté et son abandon, s’est peint lui-même dans les vers suivants : Papillon du Parnasse et semblable aux abeilles, A qui le bon Platon compare nos merveilles, Je suis chose légère et vole à tout sujet ; Je vais de fleur en fleur et d’objet en objet.