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2. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Victor Hugo Né à Besançon en 1802 » pp. 540-556

Les vieilles murailles lui font des signes d’intelligence ; les grottes sont des yeux qui le fixent, toute chose lui est comme un de ces portraits de maître qui, dans les musées, semblent suivre les passants du regard. […] — D’un regard ma mère m’apaisait5. […] Porte ailleurs ton regard sur Dieu seul arrêté ! […] Philtre mystérieux des dons de la nature ; Alambic distillant l’herbe et les fleurs pour nous ; Mamelle appétissante où boit la soif de tous ; Flanc fécond qui, donnant à la ferme ravie Ou la crème ou le lait, nous prodigue sa vie ; La vache, ô doux enfants, qui lui refuserait Un regard, un sourire, et qui ne l’aimerait ? […] Voilà bien le regard des enfants.

3. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

Reste dans tes bosquets, ô violette bien aimée ; heureux qui sait, comme toi, répandre des bienfaits et cacher sa vie aux regards des méchants ! […] Les bonds du coursier qui s’élance au galop sont sous nos regards. […] Tantôt, elle ne paraissait pas s’élever au-dessus de la taille commune ; tantôt son front touchait aux nues et se cachait aux regards des mortels. […] A mes regards un humble cimetière Offre de l’homme éteint la demeure dernière. […] Leur formidable regard darde la flamme dévorante ; leur front menaçant annonce la destruction, et leur noir vêtement paraît tissu des ténèbres de l’abîme.

4. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Buffon, 1707-1788 » pp. 282-302

Dieu de bonté, auteur de tous les êtres, vos regards paternels embrassent tous les objets de la création ; mais l’homme est votre être de choix : vous avez éclairé son âme d’un rayon de votre lumière immortelle ; comblez vos bienfaits en pénétrant son cœur d’un trait de votre amour. […] Il semble qu’en nous élevant avec elles, nous prenons un essor de l’âme plus haut, un regard plus profond, et ce n’est pas en vain que le poëte a dit : Jéhovah de la terre a consacré les cimes. […] S’avançant pas à pas vers un monde enchanté, Voit poindre le jour pur de l’immortalité, Et, dans la douce extase où ce regard la noie, Sur la terre en mourant elle exhale sa joie. […] On y devine quelque chose de doux dans le regard. […] En dépit de quelques erreurs, les hommes lui devront longtemps les doux plaisirs que procurent à une âme jeune les premiers regards jetés sur la nature, et les consolations qu’éprouve une âme fatiguée des orages de la vie en reposant sa vue sur l’immensité des êtres paisiblement soumis à des lois éternelles et nécessaires. »

5. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre IV. Beautés morales et philosophiques. »

« Le monde à mes regards n’offre rien que j’admire. […] » L’estime des mortels flatte peu mon envie : » J’évite leurs regards et leur cache ma vie. […] Sottement abusé, tu les crois tes amis, Ces convives nombreux à tes festins admis : Ce flatteur assidu de tes vagues caprices, Qui, l’encensoir en main, courbé devant tes vices, Caresse tes erreurs, et se croit trop heureux, Quand lu laisses sur lui d’un regard dédaigneux S’échapper, au hasard, la faveur passagère. […] Malheur à tout mortel que votre main soulage : Que vos plus doux regards sont encore rebutants, Et que vous vendez cher vos bienfaits insultants ! […] le sage va nous l’apprendre : Par le sommeil du cœur les yeux appesantis N’ont pour les biens réels, pour le bonheur solide, Qu’une vue incertaine et qu’un regard stupide.

6. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Buffon, 1707-1788 » pp. 175-184

Fier de sa noblesse, jaloux de sa beauté, le cygne semble faire parade de tous ses avantages ; il a l’air de chercher à recueillir des suffrages, à captiver les regards, et il les captive, en effet, soit que, voguant en troupe, on voie de loin, au milieu des grandes eaux, cingler la flotte ailée ; soit que, s’en détachant, et s’approchant du rivage aux signaux qui l’appellent, il vienne se faire admirer de plus près en étalant ses beautés, et développant ses grâces par mille mouvements doux, ondulants et suaves. […] Du riant Eurotas près de quitter la rive, L’âme de ce beau corps à demi fugitive, S’avançant pas à pas vers un monde enchanté, Voit poindre le jour pur de l’immortalité, Et, dans la douce extase où ce regard la noie, Sur la terre en mourant elle exhale sa joie. […] Dans le visage, il va droit an regard, parce que la lumière du sentiment et de la pensée brille dans les yeux.

7. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Mignet Né en 1796 » pp. 261-264

Le riche territoire de Pescia, dans le val de Nievole, entre Lucques, Pistoïa et Florence, arrêta ses regards par la beauté et la variété de ses cultures. […] Ainsi les pays se rapprochent, les esprits s’unissent, les pensées s’échangent, et, vainqueur de la nature, l’homme, reportant ses regards de sa demeure sur lui-même, aspire à découvrir, par l’observation et par l’histoire, les lois mêmes de l’humanité.

8. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

reprit Corinne, l’orage peut briser en un moment les fleurs qui tiennent encore la tête levée. » Elle se tut, et ses pas, en sortant du temple, étaient plus lents et ses regards plus rêveurs. […] Il semble que l’esprit sévère de l’antiquité et la douceur du christianisme soient ainsi rapprochés dans Rome à travers les siècles, et se montrent aux regards comme à la réflexion. […] Enfin, si l’on ramène ses regards au midi, on verra une terre inégale que soulèvent çà et là des racines de murs rasés au niveau du sol. […] Quelque surprise parut dans les regards du comte, et pour toute réponse il leva il mains au ciel, en disant ; « Nolite confidere in principibus et filiis hominum, in quibus non est salus. […] Au premier abord nul trait ne fait saillie et n’arrête le regard.

9. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Saint-Simon 1625-1695 » pp. 144-147

Son effrayante clairvoyance fait tomber tous les masques, perce de ses regards toutes les physionomies, met l’homme à découvert. […] La complaisance lui était naturelle, coulait de3 source ; elle en avait jusque pour sa cour4 Régulièrement laide, les joues pendantes, le front trop avancé, un nez qui ne disait rien, de grosses lèvres mordantes, des cheveux et des sourcils châtain-brun fort bien plantés, des yeux les plus parlants et les plus beaux du monde, peu de dents, et toutes gâtées, dont elle parlait et se moquait5 la première, le plus beau teint du monde, le cou long avec un soupçon de goître6 qui ne lui seyait point mal, un port de tête galant, gracieux, majestueux, et le regard de même, le sourire le plus expressif, une taille longue, ronde, menue, aisée, parfaitement coupée, une marche de déesse sur les nues7 ; elle plaisait au dernier point.

10. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

Tandis que la tribune athénienne, dominant la ville et le golfe d’Egine, ouvre au regard et à l’imagination de vastes perspectives, le forum, enfermé entre le Capitole et le mont Palatin, arrête la vue de l’orateur sur les monuments de la grandeur romaine et concentre sa pensée dans l’enceinte de la cité. […] ces chères paroles, je les ai gardées dans ma mémoire, mais toi tu les as oubliées, et tu veux égorger ton enfant… Allons, mon père, tourne la tête vers moi, donne-moi un regard, un baiser ; j’emporterai au moins cela de toi en descendant dans la tombe, si tu ne veux pas te laisser attendrir. […] De même qu’un artiste exagère les proportions des statues qui doivent orner les fûts des colonnes ou les sommets des édifices, de même il donne à sa voix et à son action une ampleur digne du théâtre qu’il domine du regard et du geste. […] L’avocat s’empare de cette circonstance, et, penché sur la tribune, écrasant son adversaire du regard et du geste, d’une voix rapide et tonnante : « — Que fais-tu là immobile sur ton siége, Brutus ?

11. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

qui peut exprimer tes grandeurs immortelles, Toi qui bien au-dessus des sphères éternelles, Si loin de mes regards, sièges au haut des cieux ? […] Ainsi les pays se rapprochent, les esprits s’unissent, les pensées s’échangent, et, vainqueur de la nature, l’homme, reportant ses regards de sa demeure sur lui-même, aspire à découvrir, par l’observation et par l’histoire, les lois mêmes de l’humanité. […] Et rien, non, rien dans la religion elle-même, n’attire vers Dieu, ne révèle Dieu, comme la foi et la bonne foi de l’enfant, comme son cœur, sa voix et son regard ; ce cœur si innocent et si passionné, qui veut tout avoir parce qu’il se donne tout entier, et tout savoir parce qu’il n’a rien à cacher : cette voix d’une mélodie si candide et si suave, qui parle à l’homme comme il faudrait toujours parler à Dieu ; ce regard serein et doux, naïf et lumineux, qui plonge sans efforts dans les profondeurs du ciel ! […] Ce n’est pas une décadence, gardez-vous de le croire ; après le regard de Dieu sur le monde, rien n’est plus beau que le regard du vieillard sur l’enfant, regard si pur, si tendre, si désintéressé, et qui marque dans notre vie le point même de la perfection et de la plus haute similitude avec Dieu. […] À son premier regard, avant qu’il eût parlé, Une stupeur muette au cœur me prend !

12. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lebrun Né en 1785 » pp. 498-505

Je tressaille en songeant aux paisibles soirées, Sous les regards du maître, au devoir consacrées, Quand, devant le pupitre en silence inclinés, Nous n’entendions parfois, de nous-même étonnés, Que, d’instant en instant, quelques pages froissées ; Ou l’insensible bruit des plumes empressées, Qui, toutes à l’envi courant sur le papier, De leur léger murmure enchantaient l’écolier. […] Mais cette tour de l’aigle, autrefois tant aimée, Où la muse avec moi si souvent enfermée, Loin de tous les regards et loin de tous les bruits, Me livra tant de jours et de fécondes nuits2 ; Oh !

13. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Ce sont des malheureux étouffés au berceau, Qu’un seul de tes regards tirerait du tombeau. […] Vous vous cachez, seigneur, et semblez soupirer ; Tous vos regards sur moi ne tombent qu’avec peine : Avons-nous sans votre ordre abandonné Mycène ? […] Un gros de Sarrasins vient s’offrir à leur vue : Milice du démon, gens hideux et hagards, Engeance qui portait la mort dans ses regards. […] C’est par respect, dit-il : Aux regards d’un valet dois-je exposer mon père ?

14. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

Sans doute que le Dieu qui nous rend l’existence,         À l’heureuse convalescence Pour de nouveaux plaisirs donne de nouveaux sens :         À ses regards impatients Le chaos fuit ; tout naît ; la lumière commence ;         Tout brille des feux du printemps. […] Par son ordre Grammontc le premier dans les flots, S’avance, soutenu des regards du Héros. […] Mais Louis d’un regard sait bientôt la fixer : Le destin à ses yeux n’oserait balancer. […] Le froid serpent caché sous l’herbe, S’éveille, et dresse avec fierté La crête de son front superbe : Son corps, en replis ondoyants, Roule, circule, s’entrelace : Ses yeux pleins d’ardeur et d’audace S’arment de regards foudroyants : Bientôt levant sa tête altière, Vers l’astre qui l’a ranimé, Il s’élance de la poussière, Et fait briller à la lumière Son aiguillon envenimé.

15. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

À peine mon regard voit, entre mille justes,            S’élever deux fronts couronnés. […] son regard attristé Se remplira des pleurs dont ici je t’arrose. […] Mon Louvre est sous le toit, sur ma tête il s’abaisse, De ses premiers regards l’Orient le caresse. […] À mes tintements, les âmes pieuses prononceront le nom de Jésus, de Marie ou de quelque saint bien-aimé ; leurs regards monteront au ciel, ou, dans une église, leur cœur se distillera en amour. […] Le dedans de la grotte est tel, que les regards, Incertains de leur choix, courent de toutes parts.

16. (1839) Manuel pratique de rhétorique

Mais si vous ne jetez plus sur Antioche que des regards de colère, mon peuple ne sera plus mon peuple ; je ne le reverrai plus. […] « Mais si vous ne jetez plus sur-Antioche que des regards de colère, mon peuple ne sera plus mon peuple ; je ne le reverrai plus. » Regards de colère. […] soutiendrez-vous le regard d’Annibal, ce regard redoutable que ne peuvent soutenir les armées entières et qui fait trembler le peuple romain ? […] Mais Sextus vient de me lancer un de ces regards qu’il lançait à tous lorsqu’il menaçait de tout détruire. […] Bossuet, dans l’oraison funèbre du grand Condé, emploie la topographie accompagnée de l’hypotypose : « Arrêtez ici vos regards.

17. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Ponsard 1814-1868 » pp. 583-600

Gardez que votre époux, de son premier regard, Ne vous trouve moins belle au retour qu’au départ1. […] J’ai peur qu’à dire vrai tes regards ne se noient Dans un fond vaporeux dont les lignes ondoient, Et que tous ces grands mots, bonheur, vertu, raison, Dont la demi-lueur flotte sur l’horizon, N’éclairent qu’une vague et fausse perspective Qu’on voit s’évanouir aussitôt qu’on arrive. […] Vous êtes historien et poëte, quand vous faites parler ces trois hommes, qui, à peine vainqueurs de leurs ennemis communs, se sont insupportables l’un à l’autre, et qui, venus en apparence pour se mettre d’accord, ne font que se mesurer du regard pour la lutte à mort à laquelle ils sont préparés.

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