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73. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Notions préliminaires » pp. 2-15

La mémoire est la faculté que possède l’âme de conserver les impressions et les images des objets dont nos sensations nous ont donné la notion, et de rappeler à volonté ces impressions et ces images, en l’absence même des objets qui les ont produites. […] Dans les compositions littéraires, elle rappelle les modèles en même temps que les règles, et présente aux facultés dont nous avons parlé plus haut les matériaux dont elles ont besoin.

74. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre II. De l’exercice du style ou de la composition » pp. 225-318

L’orateur ne cherchera jamais à intéresser uniquement l’imagination, mais il se rappellera que non seulement la description doit être un moyen de sa cause, mais que chaque trait qu’il y emploie doit servir à fortifier ce moyen. […] C’est ainsi que Le Tasse, voulant décrire le tourment de la soif qui torture les Croisés pendant une affreuse sécheresse, a soin de rappeler le souvenir des ruisseaux et des claires fontaines dont ils ont quitté les bords délicieux. […] Mais veut-on faire abhorrer la guerre, tout change de face : on en rappelle les maux affreux et les innombrables désastres. […] Ces qualités se font remarquer dans le récit de la bataille de Fribourg, et dans le passage de l’Oraison funèbre de Louis XIV où Massillon rappelle la mort de plusieurs membres de la famille royale. […] Il est bon de rappeler la date de la lettre reçue, et de suivre l’ordre qui s’y trouve : c’est le moyen d’être exact et de ne rien omettre d’important.

75. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — La Fontaine 1622-1695 » pp. 339-378

Ce détail rappelle ce trait de La Bruyère, dans le portrait de l’amateur des oiseaux, Diphile : « Il perche, il mue, il pond, il couve. » 3. […] Dans le commandement je serai bien novice ; Mais je ne serai point dur, insolent, ni fier, Et me rappellerai ce que j’étais hier. […] Si je me rappelle bien, cher ami, nous nous sommes embrassés la dernière fois sans pleurer, et c’était mieux comme cela ; mais, la première fois que nous nous embrasserons, nous laisserons nature faire à sa guise. […] Ces vers rappellent le quatrain que Maucroix, l’ami de La Fontaine, fit à l’âge de quatre-vingts ans : Chaque jour est un bien que du ciel je reçoi, Je jouis aujourd’hui de celui qu’il me donne ; Il n’appartient pas plus aux jeunes gens qu’à moi, Et celui de demain n’appartient à personne. […] On n’entend dans les funérailles que des paroles d’étonnement de ce que ce mortel est mort ; chacun rappelle en son souvenir depuis quel temps il lui a parlé, et de quoi le défunt l’a entretenu, et tout d’un coup il est mort… Voilà, dit-on, ce que c’est que l’homme, et celui qui le dit, c’est un homme, et cet homme ne s’applique rien ; il dissipe ses noires idées, et je puis dire que les mortels n’ont pas moins de soin d’ensevelir les pensées de la mort que d’enterrer les morts eux-mêmes. » 1.

76. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VIII. de la disposition. — unité, enchainement des idées  » pp. 98-117

Je ne puis que le rappeler. […] Dans l’éloquence rappelez-vous le Discours de Cicéron pour Milon ; dans la philosophie, l’Essai de Locke sur l’entendement humain. […] Ces transports déréglés, vagabonde manie, Sont l’accès de la fièvre, et non pas du génie ; D’Ormuzd et d’Ariman ce sont les noirs combats, Où partout confondus, la vie et le trépas, Les ténébres, le jour, la forme et la matière Luttent sans être unis ; mais l’esprit de lumière Fait naitre en ce chaos la concorde et le jour, D’éléments divisés il reconnait l’amour, Les rappelle, et partout, en d’heureux intervalles, Sépare et met en paix les semences rivales. » On ne pouvait exprimer dans un langage plus poétique les avantages de la disposition.

77. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VIII. De l’Oraison funèbre. »

Bossuet est si pénétré de la perte qu’il déplore, elle le convainc si pleinement de la fragilité des grandeurs humaines, qu’il se reproche et voudrait s’interdire jusqu’aux expressions qui en rappellent l’idée. […] « Il faut donc penser qu’outre le rapport que nous avons, du côté du corps, avec la nature changeante et mortelle, nous avons d’un autre côté un rapport intime avec Dieu, parce que Dieu même a mis quelque chose en nous qui peut confesser la vérité de son être, en adorer la perfection, en admirer la plénitude ; quelque chose qui peut se soumettre à sa toute-puissance, s’abandonner à sa haute et incompréhensible sagesse, se confier en sa bonté, craindre sa justice, espérer en son éternité. — Il faut, par la suite du même raisonnement, que ce qui porte en nous sa marque divine, ce qui est capable de s’unir à Dieu y soit aussi rappelé.

78. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Montesquieu 1666-1755 » pp. 148-157

On y sent une méditation intense qui rappelle Tacite. […] Il n’y eut donc plus de liberté dans les festins, de confiance dans les parentés3, de fidélité dans les esclaves : la dissimulation et la tristesse4 du prince se communiquant partout, l’amitié fut regardée comme un écueil, l’ingénuité comme une imprudence, la vertu comme une affectation qui pouvait rappeler dans l’esprit des peuples le bonheur des temps précédents.

79. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Musset 1810-1857 » pp. 564-575

Vif, net, ferme, sobre et léger, son vers porte, avec une aisance supérieure, un bon sens spirituel, dont l’ironie et la finesse rappellent Marot, Régnier et La Fontaine. […] Ce sentiment rappelle ce vers de Virgile :   Non illum pietas, nec Apollinis infuta texit.

80. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Ses disciples, Crevier et Lebeau, le continuent et le rappellent sinon par la grace, au moins par l’honnêteté des sentiments. […] Bornons-nous ici à rappeler les faits principaux de la vie de Voltaire, et, puisque son nom appartient aussi à l’histoire de la poésie du dix-huitième siècle, ne jugeons pour le moment que le prosateur. […] Quand la loi arbitraire qui l’éloignait de Paris eut été rappelée, il partit de Ferney le 3 avril 1778. […] Quels temps croiriez-vous, monsieur, que je me rappelle le plus souvent et le plus volontiers dans mes rêves ? […] Elle voulut en savoir la raison. « C’est, madame, qu’à votre exclamation j’ai bien jugé que vous vous rappeliez subitement cette partie de votre leçon ; mais vous auriez pu l’appliquer plus heureusement.

81. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Je connais mes fureurs, je les rappelle toutes. […] Mais au moment même où ceux-ci sont persuadés, ils se rappellent malheureusement que celui qui leur donne des préceptes si sages, est bien loin de les mettre en pratique ; et de là, ils croient pouvoir conclure qu’il regarde, lui-même, ces préceptes comme vains et frivoles. […] Rappelons encore ici ce précepte si vrai et si connu, que, pour être éloquent, il faut sentir vivement, avoir une âme toute de feu : sans cela on ne pourra jamais enflammer l’âme des autres. […] Massillon, dans son Oraison funèbre de Louis XIV, rappelle le souvenir de la perte, que ce monarque avait faite de plusieurs princes et princesses de sa maison. […] Le consul Marcellus73 avait pris le parti de Pompée74 contre César75, qui étant devenu vainqueur, l’exila de Rome, et le rappela ensuite à la prière du sénat.

82. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre IV. Continuation du même sujet. Historiens latins. »

Attendris malgré eux du spectacle de ce départ, ou plutôt de cette fuite douloureuse, les soldats courent, les uns au-devant d’Agrippine, pour lui fermer le passage, et la conjurer de rester au milieu d’eux ; les autres, auprès de Germanicus, pour l’engager, par leurs instances, à rappeler son épouse. […] Mânes de Drusus, mon père, dont tout rappelle ici la mémoire, n’employez, pour laver cet affront, que ces mêmes soldats, déjà pénétrés de repentir, et enflammés de l’amour de la gloire. […] Le premier devoir de l’amitié n’est pas de répandre des larmes stériles sur le cercueil d’un ami, mais de se rappeler, mais d’exécuter ses dernières volontés.

83. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Avis du libraire sur cette nouvelle édition » pp. -

Avis du libraire sur cette nouvelle édition Cet Ouvrage est assez avantageusement connu, pour qu’on puisse se rappeler que l’ancien Gouvernement l’adopta en 1784, pour l’instruction des Cadets Gentilshommes de l’École Royale Militaire, du nombre desquels était Sa Majesté l’Empereur et Roi, à qui l’auteur enseignait, dans cette maison, la Langue et la Littérature française.

84. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Notes. Pour l’intelligence des exemples cités dans ce troisième volume. — V — article » p. 425

Rappelé en Allemagne, il remporta plusieurs grands avantages sur les ennemis.

85. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre premier. Du genre lyrique » pp. 114-160

Par conséquent, loin de chercher à flatter les inclinations vicieuses de notre nature déchue, le poète lyrique vraiment digne de ce nom se rappellera que ces accents, quelle que soit la puissance de leur harmonie, ne seront que des sons funestes, s’ils ne présentent pas à notre âme, créée pour la vertu, des exemples et des leçons salutaires. […] Le sentiment, dans l’ode, est tellement vif que tout en rappelle l’objet à l’esprit qui est dominé par l’enthousiasme, et que pour lui tout semble s’y rapporter. […] La douleur, dit Lowth, est ingénieuse à se tourmenter ; elle se plaît à revenir souvent sur la peinture de ses maux, à les exagérer, à décrire toutes les circonstances qui ont accompagné la perte qu’elle déplore, et à s’attacher fortement aux idées qui la lui rappellent. […] Peut-on rien ajouter à la beauté du tableau où le poète représente cette magicienne ayant recours aux secrets de son art pour rappeler Ulysse ?

86. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre II. division de la rhétorique. — de l’invention  » pp. 24-37

C’est principalement la mémoire qui conserve et retrouve les idées ; l’homme invente peu, il se rappelle ; le jugement est plus utile pour les comparer, les choisir, les coordonner ; l’imagination, pour les manifester, les embellir, les vivifier5. […] Remarquez que je ne considère point ici la nature et l’origine des idées, je les constate comme existant, et je dis que, quelque opinion que l’on se forme de leur origine et de leur nature, il n’en est pas moins vrai qu’une fois que l’intelligence pense aux idées (notez l’expression, et distinguez-la de celle-ci, pense ses idées), elle ne peut que se les rappeler, les juger, les combiner, et que, sous ce rapport, les résultats de l’activité intellectuelle sont toujours des faits de mémoire, des faits de jugement, ou des faits d’imagination.

87. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XI. du corps de l’ouvrage. — narration, description  » pp. 146-160

Rappelons ici ce qui a été dit précédemment. […] On se rappelle les vers de Boileau : S’il rencontre un palais, il m’en dépeint la face, Il me promène après de terrasse en terrasse ;… Il compte des plafonds les ronds et les ovales ; Ce ne sont que festons, ce ne sont qu’astragales, … Je saute vingt feuillets pour en trouver la fin.

88. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XV. de l’élocution  » pp. 203-216

A ceux qui la pousseraient trop loin, il faudrait rappeler le mot du fabuliste : Ne forçons point notre talent, Nous ne ferions rien avec grâce. […] « La poésie, l’histoire et la philosophie, dit Buffon, que je ne puis rappeler assez, ont toutes le même objet, et un très-grand objet, l’homme et la nature.

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