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18. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Notions préliminaires » pp. 2-15

Son domaine s’étend à tous les genres en prose ou en vers, soit qu’il s’agisse de composer, soit qu’il s’agisse d’apprécier des ouvrages d’esprit. […] Elle a donc pour objet de distinguer, dans chaque composition soit en prose, soit en vers, ce qui est beau et ce qui est fautif ou défectueux. […] Les œuvres littéraires se divisent naturellement en deux grands genres, d’après les formes que peut revêtir la pensée humaine : la prose et les vers. La prose est le discours qui n’est assujéti à aucune forme régulière, mais qui est seulement soumis aux règles de la grammaire et à ce qu’il y a de plus général dans les préceptes littéraires ; en un mot, c’est le langage libre et usuel.

19. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

C’est une opinion assez généralement reçue parmi les gens de lettres, que la prose de M. de La Harpe est infiniment supérieure à ses vers, c’est-à-dire, qu’elle offre au premier coup d’œil des disparates moins frappantes peut-être, et que sa médiocrité est plus constamment soutenue. […] Il fit donc de l’ellipse la figure dominante dans son style ; et c’est à son emploi, aussi sage qu’heureux, qu’il fut redevable de ses principales beautés de diction ; c’est ainsi qu’il posa la borne qui sépare à jamais la prose de la poésie. […] Il partit donc d’un principe tout opposé à celui qui avait si bien dirigé Racine : il établit, comme maxime fondamentale, que des vers, pour être bons, doivent avoir la correction grammaticale et la simplicité élégante d’une bonne prose. Pour donner cependant à cette prose correcte et élégante un certain vernis poétique, il fallut bien recourir à l’usage des figures ; et l’antithèse dans les choses et dans les mots devint le cachet particulier du style de Voltaire. […] Veut-on voir maintenant un morceau qui avait rebuté les traducteurs, même en prose, de Milton : c’est celui où le Péché (dont M.

20. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Il est naturel de commencer par les ouvrages en prose. […] Nous devons, avant tout, nous demander ce que c’est que la poésie, et en quoi elle diffère de la prose. […] Nous pouvons croire aisément que les premiers peuples ne s’exprimèrent d’abord que dans la prose la plus humble et la plus pauvre. […] Elle ne diffère donc que par la forme, et non par son but et par sa nature, des traités en prose de morale, de philosophie et de critique. […] Il a intitulé ses satires Sermones [Discours], et semble avoir voulu ne les écrire qu’en prose cadencée.

21. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre VII. Vers, stances, classification des poèmes. »

Nous savons déjà que ce style diffère de la prose dans sa constitution grammaticale69 : il en diffère aussi par le choix des pensées et des expressions. […] D’un autre côté, il y a des mots qui paraissent uniquement consacrés aux vers, sans pouvoir être reçus dans la prose. […] Nous les signalons seulement ici pour montrer qu’ils contribuent, avec les inversions, les épithètes nombreuses et autres figures, à distinguer la poésie de la simple prose.

22. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre II. » pp. 75-76

Joint à λόγος, il est naturel qu’il désigne la prose, comme dans la Rhétorique, III, 2, ou λόγος tout seul est aussi opposé, dans le sens de prose, à μέτρον.

23. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XVI. Genre du roman. »

De plus, chez une nation si heureusement née pour les arts, la fiction appelait naturellement les vers ; et l’on ne serait pas descendu de ces belles fables, si bien chantées par les poètes, à des récits en prose qui n’auraient renfermé que des mensonges vulgaires. […] C’est le premier roman où l’on trouve un récit d’aventures supposées, mais vraisemblables, écrites en prose avec art, pour le plaisir et l’instruction du lecteur Daphnis et Chloé, par Longus, est un roman pastoral dont on a trop vanté la naïveté, parce qu’on l’a jugé d’après le vieux style d’Amyot qui l’a traduit. […] Le conte en prose n’est au fond qu’une variété du roman ; pourtant il conserve toujours un ton plus léger, plus vif, une allure plus libre et plus capricieuse.

24. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVIII. des qualites essentielles du style. — harmonie  » pp. 240-256

La prose, moins exigeante, ne doit pourtant pas en abuser. […] Denys d’Halicarnasse, qui s’en est spécialement occupé, distingue dans l’harmonie oratoire, comme dans la musique, la mélodie, le nombre, la variété, la convenance ; il calcule la portée de la voix, les intervalles, les chutes, la mesure composée d’un certain nombre de pieds, formés eux-mêmes d’un certain nombre de syllabes longues ou brèves, et présentant chacun leur caractère spécial, si bien que tout l’effet est manqué, même en prose, si vous mettez un dactyle au lieu d’un spondée, et un trochée au lieu d’un ïambe, etc. […] Assurément les deux rhéteurs latins ne négligent pas l’harmonie ; l’un, dans le Traité de l’orateur, l’autre, au livre IX des Institutions, dissertent longuement aussi sur la valeur des pieds, dans la poésie comme dans la prose, sur l’arrangement des syllabes, sur le pouvoir d’une longue ou d’une brève mise en sa place, sur le charme des ïambes, des pæons, des crétiques, habilement distribués. […] « Dans toutes les langues, dit Turgot80, la prose est susceptible d’une harmonie qui, sans être aussi marquée, aussi mélodieuse que celle des vers, est cependant très-sensible pour toute oreille un peu délicate.

25. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

Le rythme est ce qui distingue le vers de la prose. […] le rhythme poétique serait brisé et je n’aurais plus qu’un rhythme irrégulier, tel qu’il se rencontre quelquefois dans la prose. […] Sans parler de l’élision grammaticale, dont les règles sont applicables aux vers aussi bien qu’à la prose, il n’y a en poésie qu’une seule élision, c’est celle de l’e muet devant une voyelle. […] Quoiqu’il ne soit point interdit dans la prose, il y fait presque toujours un mauvais effet. […] J’abandonne l’étude de tous ces genres aux élèves qui ont des dispositions naturelles à la poésie, recommandant à ceux qui n’ont pas reçu le feu sacré de s’occuper de prose.

26. (1873) Principes de rhétorique française

La rhétorique est donc aussi l’art d’écrire, puisque le discours est la forme littéraire la plus achevée et la plus riche ; le discours comporte tous les sujets, tous les tons, tous les styles ; il est la forme suprême de la prose, comme le drame est la forme suprême de la poésie. […] 3° Une classification raisonnée des formes de style et la détermination précise des caractères qui distinguent la prose de la poésie. […] Les poëtes savent très-bien qu’il faut placer le mot qui doit faire impression à la rime et à la césure ; en prose c’est le commencement ou la lin des propositions, ce sont les repos indiqués par la coupe des phrases qui doivent être soigneusement occupés comme des postes d’élite.

27. (1892) La composition française aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne, d’après les programmes de 1891, aux examens de l’enseignement secondaire des jeunes filles et aux concours d’admission aux écoles spéciales pp. -503

J’aime bien mieux sa prose que ses vers. […] Principaux genres en prose et en vers. […] Montesquieu, Buffon, Rousseau n’ont écrit qu’en prose. […] La prose y convenait mieux que la poésie. […] Il rend à la prose l’éloquence, mais il y fait entrer la déclamation.

28. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Joubert, 1754-1824 » pp. 388-398

Maillet-Lacoste, vrai métromane en prose, et l’homme du monde le plus capable de bien écrire, si, ne voulant pas écrire trop bien, il pouvait quelquefois s’occuper d’autre chose que de ce qu’il écrit ; M. […] Écrivain en prose, M. de Chateaubriand ne ressemble point aux autres prosateurs ; par la puissance de sa pensée et de ses mots, sa prose est de la musique et des vers.

29. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

On remarquera facilement que les notes du recueil de poésie sont plus nombreuses et plus développées que les notes du recueil de prose. […] École de Ronsard L’antiquité avait déjà pénétré de toutes parts dans la prose par les travaux des érudits et la plume des écrivains. […] De Garnier à Rapin, de Rapin à Du Perron, qui n’avait, en vers et en prose, chanté sa gloire et pleuré sa mort ? […] La prose narrative et descriptive de ses Bergeries (1rejournée, 1565 ; 2e journée, 1571) est un fond sur lequel se détachent, au milieu de séries de sonnets, des chants, des odes, des prières, des stances imitées des Écritures, comme en écriront Desportes et Malherbe, plus tard J. […] La prose de ses Mémoires y eût suffi ; mais l’accent de la colère vibre mieux dans le vers.

30. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

L’inversion, qui est un des privilèges et une des beautés de la poésie, ne s’emploie guère en prose que dans le style soutenu. […] Cette figure, rare en prose, se rencontre assez souvent en poésie. […] Il y a des métaphores permises, belles même en poésie, qui en prose paraîtraient absurdes ou peu naturelles. […] L’hiatus est banni de notre poésie ; et on ne le permet dans la prose que lorsqu’il n’est pas sensiblement désagréable. […] Elles contribuent à donner de l’élégance, de la grâce et de la richesse au style, et sont plus fréquemment employées dans la poésie que dans la prose.

31. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — CHAPITRE PREMIER. Du genre léger on des poésies fugitives » pp. 75-95

Voici deux épigraphes en prose, qu’on lit en tête de l’excellente histoire universelle de l’Église, de Rohrbacher : Ἀρχή πάντων ἐστιν η καθολικὴ καὶ ἁγία Ἐκκλησία. […] L’énigme peut être en prose ; mais elle est presque toujours en vers. […] En voici une autre en prose : Ma première se sert de ma seconde pour manger mon tout.

32. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre IV. Continuation du même sujet. Historiens latins. »

Mais où ce grand homme s’est vraiment surpassé lui-même, c’est dans le personnage héroïque du vieil Horace défendant son fils ; et pour cela il a suffi au poète de mettre en beaux vers la prose magnifique de Tite-Live. […] Cet écrivain, dont la diction est habituellement faible et médiocre, et qui imitait Virgile, dit La Harpe, comme Duché et Lafosse ont depuis imité Racine, doit ses plus beaux vers à la prose de Tite-Live, dont il emprunte souvent les expressions heureuses et les tours hardis. […] Les amateurs en vont juger ; et, pour les mettre à portée de le faire avec moins de difficulté et plus de fruit, nous comparerons exactement la prose de l’historien et les vers du poète, en accompagnant l’un et l’autre texte de quelques observations. […] Quelle différence entre des vers qui se traînent sans force et sans vigueur, et la prose que l’on va lire !

33. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IV. Genre dramatique. »

La forme rythmique est plus littéraire ; la tragédie en prose n’aurait pas produit ces beaux morceaux, ces passages immortels des auteurs que chacun a retenus. […] Ce drame se rapproche de la comédie par le ton simple du langage, il admet la prose aussi bien que les vers, et il mêle quelquefois le rire aux larmes qu’il fait répandre. […] La comédie s’écrit en vers et en prose ; sous l’une ou l’autre forme, c’est toujours le ton de la conversation ; mais il est certain que les vers ont sur la prose l’avantage de l’élégance et de la rapidité20.

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