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29. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Pascal, 1623-1662 » pp. 56-71

Mais il faut relever le courage de ces gens timides qui n’osent rien inventer en physique, et confondre l’insolence de ces téméraires qui produisent des nouveautés en théologie. […] Il en est de même de tout ce que les animaux produisent par ce mouvement occulte. […] Il n’en est pas de même de l’homme, qui n’est produit que pour l’infinité. […] Ce verbe, rejeté à la fin de la phrase, produit un effet grandiose. […] Celles qui sont simples par l’expression portent leur semence avec elles ; celles qui sont doubles par la richesse et la pompe charment l’esprit, mais ne produisent rien. » 4.

30. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Mignet. Né en 1796. » pp. 504-512

Alors même qu’il ne réussit pas à produire l’évidence, il nous dégoûte des récits superficiels. […] N’est-ce pas d’ailleurs grâce à cette culture non interrompue que la France a occupé un si haut rang parmi les États1, a entraîné les autres nations à la suite de ses idées ou de ses entreprises, a produit sans relâche comme sans fatigue tant de brillants génies qui, après lui avoir donné la gloire élevée des lettres et les beaux plaisirs des arts, lui ont encore procuré le solide avantage des lois ? […] Ce siècle, dont le début a été si éclatant, qui a déjà vu tant de grandeurs mortelles passer devant lui, qui a produit la plus vaste des révolutions et le plus merveilleux des hommes, ouvre à l’intelligence humaine une carrière sans bornes. […] Nous lisons dans le Siècle de Louis XIV, de Voltaire : « La nation française est de toutes les nations celle qui a produit le plus d’ouvrages excellents.

31. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre premier. de la rhétorique en général  » pp. 13-23

Jusqu’après la guerre du Péloponèse, la Grèce ne connut et n’employa guère que la parole pour produire et répandre au dehors les productions de l’intelligence. […] Ce sont les ailes dont les écrits des hommes volent au ciel. » Et, pour passer du xvie  siècle au xixe , car j’aime à montrer les préceptes réellement utiles et solides maintenus à travers les âges, en dépit des changements d’idées et des caprices de la mode : « Je voudrais, dit le héros d’un roman moderne, m’exprimer de prime abord, sans fatigue, sans effort, comme l’eau murmure et comme le rossignol chante. » Et le raisonneur du livre lui répond avec un grand sens : « Le murmure de l’eau est produit par un travail, et le chant du rossignol est un art. […] Le maître n’enseignera jamais tout ce que l’art peut produire. […] Le précepte corrige plutôt qu’il ne produit ; la pratique crée en même temps qu’elle améliore.

32. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIII. Genre oratoire, ou éloquence. »

Il faut observer que l’éloquence peut exister indépendamment de la parole ; il suffit de l’émotion pour en produire l’effet : ainsi, il y a l’éloquence du regard, l’éloquence du geste, l’éloquence des larmes, et même l’éloquence du silence. […] L’émotion du cœur qui produit l’éloquence est le résultat d’une passion ; mais nous n’admettons comme bonnes et légitimes que les passions qui ont une noble aspiration vers le bien ; celles qui conduisent au mal peuvent avoir aussi une éloquence à elles ; mais cette éloquence, loin de pouvoir être proposée pour modèle, doit être combattue, comme tout ce qui a un principe vicieux et funeste. […] Cette éloquence est la plus dangereuse et la moins pure ; elle peut avoir de beaux élans d’inspiration, mais elle produit rarement des œuvres durables et dignes d’être conservées. […] Au lieu de se renfermer dans les bornes étroites et monotones de l’éloge, les concurrents académiques prennent un vol plus élevé ; ils ne s’évertuent plus, comme Thomas dans ses Éloges, à balancer harmonieusement des périodes, à courir après les effets du style ; plusieurs ont produit d’excellents morceaux de critique, des dissertations aussi solidement pensées que bien écrites32.

33. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre premier. Objet du genre judiciaire. »

De là, ces moyens de l’éloquence populaire, si souvent et si heureusement employés par ce grand orateur dans des circonstances purement judiciaires ; de là, ces moyens pathétiques, que nous renverrions avec raison au théâtre, où ils nous sembleraient à leur place naturelle ; ressources que les anciens avocats ont prodiguées, au point qu’elles ne produisaient plus aucun effet, ce qui arrive nécessairement à tous les grands moyens, quand ils sont trop multipliés. […] Il n’y a pas de comparaison à faire entre l’impression que produit sur nous un orateur sec, obscur et froid, et celle qui résulte de la même cause présentée avec la clarté, l’élégance et l’énergie convenables. […] Nous ne saurions donc recommander trop scrupuleusement aux jeunes gens qui se destinent à la carrière du barreau, de se mettre de bonne heure en garde contre un défaut que rien ne rachète auprès d’un auditeur fatigué par un torrent de paroles inutiles, qui ne lui apprennent rien, qui lassent sa patience, lui font perdre de vue l’objet intéressant de la cause, et détruisent nécessairement tout l’effet que l’on se proposerait de produire.

34. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre II. »

Cette poésie antique était la plus vraie et la plus complète ; c’était un cri d’amour et de reconnaissance envers Dieu, un transport d’admiration pour des vertus héroïques ou des actions sublimes ; elle fut le plus ancien de tous les arts, le produit de l’imagination et de l’inspiration réunies. […] Il passe du ciel à la terre, il parcourt la nature entière ; dans la fougue de ses pensées, il ne saisit que les plus remarquables ; il peut se passer de transitions, et laisser dans sa marche un désordre apparent qui produit plus d’effet que l’ordre lui-même. […] Quand le poète a épuisé tous les côtés saillants de son sujet, il l’abandonne pour ne pas affaiblir l’impression qu’il a produite : l’inspiration dure peu, surtout quand elle est forte ; elle s’épuise par elle-même.

35. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

La figure produit son effet et nous voilà tout entier à ce grand spectacle. […] Il faut encore et surtout, faire sentir sa pensée, ses intentions et produire l’effet qu’il produirait, s’il débitait lui-même ses ouvrages. […] Notre poésie rejette les enjambements, à moins qu’ils ne produisent une beauté, comme nous l’avons vu en parlant de la césure. […] Nul effet poétique, nulle grâce n’est dans cette césure produite forcément par l’enjambement. […] L’hiatus est produit par la rencontre de deux voyelles dont l’une ne peut s’élider.

36. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

Historien, il a laissé deux monuments : Charles XII, récit achevé qui allie l’art de conter simplement à la sûreté d’une critique consciencieuse ; et le Siècle de Louis XIV, qui nous montre l’ami des arts, du luxe et de la civilisation, l’admirateur d’un souverain dont la gloire était contestée par ses contemporains, l’écrivain inimitable qui aurait produit un chef-d’œuvre, si le plan de son livre n’était défectueux, et si l’on ne surprenait pas dans quelques-uns de ses jugements la partialité d’un scepticisme frondeur. […] Le goût Le sens, le don de discerner nos aliments, a produit dans toutes les langues connues la métaphore qui exprime par le mot goût le sentiment des beautés et des défauts de tous les arts. […] Envoyez-moi donc, mon cher ami, quelque chose d’aussi bien travaillé que vous imaginez noblement ; ne dédaignez point tout à la fois d’être possesseur de la mine et ouvrier de l’or qu’elle produit. […] Avouez que le badinage de Marot n’a pas produit la Saint-Barthélemy, et que la tragédie du Cid ne causa pas les troubles de la Fronde. […] Il n’y a qu’à lire ses Remarques sur le Cid ; la jalousie du cardinal de Richelieu a produit au moins ce bon effet.

37. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre II. division de la rhétorique. — de l’invention  » pp. 24-37

On sera surpris des résultats que produira, proportionnellement à l’âge de l’élève, cette méthode suivie avec persévérance et discernement. […] « Connaître, a dit madame de Staël, sert beaucoup pour inventer. » Et Buffon : « L’esprit humain ne produit qu’après avoir été fécondé par l’expérience et la méditation ; ses connaissances sont les germes de ses productions. » Une nouvelle science acquise est une somme de pensées ajoutées à celles que l’on possédait déjà. […] Puis, quand vous l’avez dégagé de tout ce qui n’est pas lui, attachez-vous, obstinez-vous à sa contemplation, de façon que rien ne vous en puisse distraire, qu’il absorbe toutes vos facultés, qu’il devienne une de ces pensées dominantes, produites parfois en nous, soit par une passion, soit par un événement qui met en jeu notre existence ou nos plus chers intérêts : on ne sait pas assez ce que peut cette habitude de s’identifier avec un sujet. […] Il est des hommes qui pourraient produire d’excellentes choses, et qui, dans la crainte de mal faire, finissent par ne rien faire du tout.

38. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IX. de la disposition. — proportions, digressions, transitions, variété  » pp. 118-130

Le peintre repousse sa lumière par des ombres vigoureuses ; mais c’est du même soleil ou du même flambeau que proviennent les ombres et les lumières ; pour les unir, il cherche à imiter cette transition d’une teinte à l’autre que l’air ambiant produit dans la nature, et si ses couleurs crient, si ses jours papillotent, c’est qu’il a violé ou ignoré les principes de son art. […] Partant du principe que le sublime sur le sublime produit malaisément un contraste, et qu’on a besoin de se reposer de tout, même du beau, il voulut qu’on s’en reposât dans le grotesque et dans le laid. […] Ce qui le frappe plus vivement, lui, depuis longtemps familier avec sa matière, ne produira peut-être pas une impression pareille sur les auditeurs ou les lecteurs qui y sont étrangers. […] L’abbé Maury, dans son Essai sur l’éloquence de la chaire, fait assez bien ressortir la diversité d’action produite sur notre âme, d’un côté par un trait brusque et inattendu qui la surprend et la frappe, et de l’autre, par un coup non moins décisif, mais préparé de longue main, qui lui laisse une profonde et durable impression.

39. (1873) Principes de rhétorique française

L’éloquence est née bien longtemps avant les règles de la rhétorique, comme les langues se sont formées bien avant la grammaire : ce n’est pas l’art qui produit l’éloquence, a dit Cicéron, c’est l’éloquence qui produit l’art. […] — Une conviction profonde, une passion ardente produit les élans de l’éloquence, en dehors et au-dessus des leçons des rhéteurs. […] Les objets inanimés eux-mêmes peuvent être invoqués en témoignage et produire un effet puissant. […] Les mœurs, les arguments et les passions doivent concourir pour produire la persuasion. […] Éviter les épithètes sans  sauf  pour produire  un effet d’accumulation.

40. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

L'effet est la suite nécessaire de la cause, ou des causes qui l'on produit. […] Le style est pittoresque quand il peint un site ou une attitude avec des couleurs variées et qui produisent un grand effet. […] « Mais l'esprit humain produira peu s'il n'a pas été fécondé par l'étude, l'expérience ou la méditation. […] La nouvelle littérature a produit beaucoup de hors-d'œuvre. […] Sans copier servilement ces beautés dans nos poëtes célèbres, on peut chercher à produire le même effet.

41. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Introduction »

Nous ne conseillons pas, certes, de copier ou d’imiter servilement ces auteurs; mais, de même que les jeunes artistes prennent pour modèles les meilleures œuvres des grands peintres ou des grands musiciens, afin de se fortifier dans leur art, et de produire ensuite quelque composition de leur goût ou de leur fantaisie, de même les jeunes gens, après avoir analysé, admiré les modèles que nous leur offrons, se ressentiront d’une certaine influence favorable, sous l’inspiration de laquelle ils pourront à leur tour émettre leurs pensées avec le même succès, nous l’espérons, que leurs maîtres. À notre époque, c’est aux jeunes gens des deux sexes qu’il appartient d’être l’ornement de la société ; qu’il nous soit permis de leur demander si, après avoir interprété la veille avec succès les œuvres musicales des plus habiles compositeurs, ils écrivaient le lendemain un simple billet, ou une lettre d’un style banal ou équivoque sans élégance aucune, qu’il nous soit permis fie leur demander, dis-je, quel effet ils penseraient produire sur leurs lecteurs ? […] Si nous sommes en possession d’un art aussi utile, c’est par suite d’une circonstance extraordinaire qui se produisit sur le littoral de la Phénicie : l’enlèvement de la belle Europe par Jupiter.

42. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — CHAPITRE PREMIER. Du genre léger on des poésies fugitives » pp. 75-95

Ces pièces sont plutôt destinées à amuser et à plaire un moment qu’à produire de grands effets. […] Elles ont reçu le nom de fugitives, sans doute parce que, à cause de leur peu d’étendue, elles semblent s’échapper avec la même facilité et de la plume qui les produit et des mains qui les recueillent. […] Il y a nécessairement deux parties dans l’épigramme : l’une qui est l’exposition du sujet, de la chose qui a produit ou occasionné la pensée ; et l’autre qui est la pensée même, ce qu’on appelle la pointe, c’est-à-dire ce qui pique le lecteur, ce qui l’intéresse. […] Trop obscure, l’énigme produit la fatigue et le dégoût, parce qu’elle met l’esprit à la torture et rend ses efforts inutiles ; telle est celle qu’on a faite sur le mot jasmin.

43. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Introduction » pp. -

En effet, nous allons voir que le vieux français, ou langue romane, dérive directement du latin, qu’au xe  siècle il eut déjà son existence indépendante, qu’au xiie et au xiiie il produisit sa littérature, et qu’au xive il disparut insensiblement pour céder la place au Français moderne qui s’organisa au xve  siècle, s’enrichit au xvie , et atteignit sa perfection dans les deux âges suivants. […] Épuisé, le chêne antique peut à peine produire des rejetons malingres, qui s’étiolent sous un ciel ingrat, et l’ironie s’acharnera contre ces pousses maladroitement attardées en plein hiver. […] Chaque événement se produit à l’heure marquée par une logique providentielle. […] Ce fut alors qu’enfermées jusque-là dans l’ombre des cloîtres, les sciences devinrent séculières, et se produisirent au grand jour, grâce à l’initiative libérale du souverain qui les encourageait à se répandre. […] Mais les conséquences de cette double révolution n’apparaissent pas tout d’abord ; et la première impression que produise en nous le spectacle de cette époque est le sentiment d’une anarchie qui déconcerte l’analyse.

44. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre III. Du genre épique » pp. 207-250

L’influence de ce poème sur la vertu résulte de l’impression que fait chacune de ses parties considérée séparément, et de celle qui est produite par l’ensemble. […] L’intervention des dieux du paganisme, qui produit un bel effet dans les poèmes d’Homère et de Virgile, serait absurde dans les épopées modernes, c’est-à-dire dans celles dont l’histoire des peuples chrétiens a fourni ou peut fournir le sujet. […] Quelquefois, il produit alors un bon effet, comme on peut le voir dans l’allégorie des Prières qui s’efforcent d’apaiser le courroux d’Achille. […] Que produira l’auteur après tous ces grands cris ? […] Cependant elle ne produira ces heureux effets qu’autant que le poète se montrera plein de foi dans la divinité qu’il implore.

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