Il résulte de la définition même de la métaphore qu’elle doit être vraie, c’est-à-dire fondée sur une ressemblance réelle et non point équivoque ou supposée ; lumineuse, en sorte que cette vérité et cette justesse de rapports frappent l’esprit à l’instant, et n’y laissent jamais la moindre ambiguïté ; noble, qu’on ne la tire point d’objets bas, dégoûtants, inconvenants, de façon à déparer le discours qu’elle doit orner ; naturelle, qu’elle ne soit ni péniblement recherchée, ni multipliée sans mesure et sans besoin ; préparée, quand le terme substitué n’a pas une analogie assez sensible avec celui qu’on rejette, qu’il soit amené par d’autres qui ménagent la transition entre l’expression propre et l’expression figurée ; soutenue enfin, c’est-à-dire que, si la métaphore se prolonge, elle soit toujours d’accord avec elle-même et que ses termes ne semblent pas s’exclure mutuellement. « Il faut, dit Quintilien, avoir soin d’être conséquent, et ne pas faire comme beaucoup de gens qui, après avoir commencé par une tempête, finissent par un incendie ou une ruine ; ce qui est extrêmement vicieux102. » Condillac explique ce que c’est qu’une métaphore préparée, en citant madame de Sévigné : « Vous êtes bonne quand vous dites que vous avez peur des beaux esprits. […] si vous saviez combien ils sont empêchés de leur personne, et combien ils sont petits de près, vous les remettriez bientôt à hauteur d’appui. » Voilà, ajoute-t-il, ce que j’appelle une figure préparée. […] Le commun des hommes nage entre les deux extrémités. » Le mot nager vient mal après ces deux classes d’esprits : cette figure avait besoin d’être préparée. […] Lemaire songeait aux nymphes d’Ovide quand il préparait les cent cinquante volumes de sa Collection des classiques latins, uniformes par le caractère et le format, variés par les commentaires confiés à diverses mains.
Je me tins sur mes gardes, et me préparai à mesurer tous mes mots. […] Je remercierai mon neveu don Fernand de m’avoir donné un si joli garçon : c’est un vrai présent qu’il m’a fait. » J’avais été, dans l’après-dînée, chercher mes hardes et mon cheval à l’hôtellerie où j’étais logé ; après quoi j’étais revenu souper à l’archevêché, où l’on m’avait préparé une chambre fort propre et un lit de duvet. […] La plupart des auditeurs, quand il la prononça, comme s’ils eussent été aussi gagés pour l’examiner, se disaient tout bas les uns aux autres : « Voilà un sermon qui sent l’apoplexie. » — « Allons, monsieur l’arbitre des homélies, me dis-je alors à moi-même, préparez-vous à faire votre office.
Mais, sans parler des divines consolations que Dieu prépare ici-bas même à ceux qui l’aiment ; sans parler de cette paix intérieure, fruit de la bonne conscience, qu’on peut appeler en même temps et un avant-goût, et le gage de la félicité qui est reservée dans le ciel aux âmes fidèles ; sans vous dire, avec l’apôtre, que tout ce qu’on peut souffrir sur la terre n’est pas digne d’être comparé avec la récompense qui vous attend : si vous étiez de bonne foi, et que vous voulussiez nous exposer ici naïvement tous les désagréments qui accompagnent la vie du siècle, que ne diriez-vous pas, et que ne dit-on pas tous les jours là-dessus, dans le siècle » ? […] Massillon, qui a si bien connu et si heureusement employé toutes les ressources de l’éloquence, a surtout connu ce grand art de s’entretenir avec ses auditeurs, de descendre, pour ainsi dire, de la chaire, pour se mêler avec eux, afin de pénétrer plus avant dans leur âme, et d’y surprendre les réponses qu’ils préparent, les objections qu’ils voudraient faire. […] Allons donc à l’économie des moments, et hâtons-nous d’arriver à l’éloquence elle-même : nous n’avons fait jusqu’ici que préparer les sentiers qui y conduisent.
C’est par là, en effet, qu’elle montre les fautes suivies de leurs inévitables châtiments, les desseins longuement préparés et sagement accomplis, couronnés de succès infaillibles ; c’est par là qu’elle élève l’âme au récit des choses mémorables, qu’elle fait servir les grands hommes à en former d’autres, qu’elle communique aux générations vivantes l’expérience acquise aux dépens des générations éteintes, qu’elle expose dans ce qui arrive la part de la fortune et celle de l’homme, c’est-à-dire l’action des lois générales et les limites des volontés particulières ; en un mot, monsieur, c’est par là que, devenue, comme vous le désirez, une science avec une méhode exacte et un but moral, elle peut avoir la haute ambition d’expliquer la conduite des peuples et d’éclairer la marche du genre humain1. […] Les bienfaits du travail, les heureux fruits de l’économie, la salutaire habitude d’une réflexion sage qui précède et dirige toujours la conduite, le désir louable de faire du bien aux hommes, et par là de se préparer la plus douce des satisfactions et la plus utile des récompenses, le contentement de soi et la bonne opinion des autres : voilà ce que chacun peut puiser dans cette lecture. […] Honorons les hommes supérieurs, et proposons-les en imitation ; car c’est en préparer de semblables, et jamais le monde n’en a eu un besoin plus grand.
Tous les préliminaires indiqués pour l’invention du sujet, observation, connaissances, méditation, exercices, préparent également à l’invention des développements. […] La théorie des topiques consiste en trois points : Études générales pour préparer aux spécialités ; Lieux externes, comprenant tout ce qui, en dehors du sujet, peut cependant s’y rapporter : témoignages, autorités, pièces et ouvrages sur la matière à traiter. […] Presque tous les sujets sont susceptibles de passion, mais il faut savoir préparer la passion, ne pas en abuser et l’éviter là où elle serait déplacée. […] La métaphore, pour être bonne, doit être vraie, lumineuse, noble, naturelle, préparée, soutenue.
N’en doutez pas, c’est la fête, la grande fête qui se prépare, et qui commencera lorsque le monde aura été purifié. […] J’ai vu tendre aux enfants une gorge assurée, À la sanglante mort qu’ils voyaient préparée, Et tomber sous le coup d’un trépas glorieux Ces fruits à peine éclos, déjà mûrs pour les cieux… 1. […] Le reste leur sera donné comme aux oiseaux du ciel, qui trouvent chaque jour la pâture de chaque jour, que leur a préparée le Père céleste. […] Que de fois n’a-t-il pas dit : « Tout se prépare pour un changement de scène, et pour moi, je crois toucher à la catastrophe de ce drame terrible. » Lire une excellente étude de M.
Quel que soit l’objet du discours, celui qui parle doit commencer par une espèce d’introduction, qui prépare l’esprit des auditeurs : il établit ensuite l’état de la question, expose celui des faits, et les appuie de preuves propres à fortifier l’opinion qu’il a de la bonté de sa cause, et à détruire les raisons de son adversaire. […] C’est par gradations qu’il faut préparer l’auditeur à ces secousses violentes, à ces grands mouvements toujours sans effet quand ils sont prodigués. […] Quand l’exorde a suffisamment préparé l’auditoire à ce qui doit être le sujet du discours, il faut lui indiquer positivement ce dont il est question, et lui faire l’exposé des faits sur lesquels il va avoir à prononcer : c’est l’objet de la Narration.
Que dès les premiers vers l’action préparée Sans peine du sujet aplanisse rentrée. […] L’art du dénoûment consiste à le préparer sans l’annoncer. Le préparer, c’est disposer l’action de manière que ce qui le précède le produise naturellement et sans effort. […] En troisième lieu, le nœud doit être commencé dans le premier acte, et le dénoûment préparé, sans cependant que cette préparation soit trop sensible. […] Les coups de théâtre ou surprises sont des événements imprévus, quoique préparés par l’auteur, qui arrivent subitement dans une pièce.
Dans ce cas, l’exorde produit ordinairement plus d’effet, parce qu’il ne paraît point étudié et préparé à l’avance. […] Pour réussir dans le prône, le prédicateur préparera avec soin tout ce qu’il doit dire. […] et que ces faveurs temporelles soient pour nous un gage de celles que vous nous préparez dans l’éternité ! […] Nous oublions, comme lui, l’Europe qui nous écoute ; nous oublions la postérité dont l’opinion déjà se prépare. […] Ils sont d’une lenteur capable de refroidir et d’impatienter l’auditoire le mieux préparé.
Enfin, ce n’est point ici l’effet toujours incertain et variable d’une lecture particulière où chacun a tout le loisir de lutter contre sa conscience, et de se préparer des défenses et des refuges. […] Il se prépare , etc., suspension. […] Le dénouement se prépare lorsque le prince est comparé à un Machabée, et qu’on le voit forcer le premier les hauteurs inaccessibles. […] 3° Quand l’accent ne sert qu’à varier l’harmonie et à préparer la chute d’une période, il est plus difficile d’en déterminer la place. On peut dire en général qu’il convient dans le cours d’une phrase d’en charger les expressions les plus remarquables, et à la fin de le placer assez avant pour laisser à la voix le temps d’aller en diminuant et de préparer le repos.
Les petits genres, les pièces de cour deviendront de plus en plus à la mode ; la ballade préparera les voies au sonnet. […] Le goût des modèles anciens, les traductions qui se multiplient, la vogue de la mythologie et la fureur de l’érudition sont déjà des symptômes précurseurs de la crise qui se prépare. […] Outre que le moyen âge a son originalité rare, il a fait ce qu’il a pu pour préparer le réveil des esprits. […] Un siècle qui nous offre de pareils noms a préparé d’avance l’heure privilégiée où le génie français, fidèle à sa nature, formé par la religion, la philosophie et l’antiquité, conservant de ses agitations civiles une émotion sans trouble, et fort de sa foi politique, aura cette heureuse proportion, ce parfait équilibre de hardiesse et de prudence, d’imagination et de raison, qui est le caractère éminent d’une grande époque littéraire.
Pour y réussir, il n’y a pas d’autres moyens que de s’y préparer par l’analyse de quelques discours choisis pour modèles. […] Il doit être propre au sujet, puisqu’il est fait pour y préparer. […] Trop court, il ne préparerait pas assez ; trop long, il fatiguerait l’attention au lieu de la faire naître. […] Le but de la narration est de préparer la preuve ; c’est pour cela qu’elle doit contenir le germe de tous les moyens qui seront développés dans la suite. […] Il se prépare contre le prince quelque chose de plus formidable qu’à Rocroy ; et pour éprouver sa vertu, la guerre va épuiser toutes ses inventions et tous ses efforts.
Moyens de se préparer à la composition. Il y a plusieurs moyens de se préparer à la composition. […] Surtout, j’ai une extrême satisfaction à lire avec une personne d’esprit ; car, de cette sorte, on réfléchit à tout moment sur ce qu’on lit, et des réflexions que l’on fait, il se forme une conversation la plus agréable du monde et la plus utile. » Si l’esprit des jeunes gens a été bien préparé par les moyens que nous venons d’indiquer, ils acquerront promptement le sentiment du beau et du bon, qui est le but de tous les arts ; et ils aimeront la littérature, les bonnes lettres, comme disaient les anciens, les belles-lettres, comme disent les modernes.
Jacqueau prépare l’auditoire. […] Ils préparent la moralité : car la fable est imaginée pour opposer à la folie de l’ambition le bonheur des joies simples que l’on goûte au foyer.
s’ils sont méchants, combien font-ils souffrir les hommes et quels tourments leur sont préparés dans le noir Tartare ! […] Ils forment le corps d’armée ; tout le reste ne fait que préparer ou achever la victoire, le corps d’armée la décide. […] Et quels coups, ô mon Dieu, ne prépariez-vous pas à sa constance ! […] Voilà des images qui ne sont ni préparées ni soutenues. […] Les figures ont besoin d’être soigneusement préparées.
On conçoit d’abord que tous les préliminaires indiqués pour l’invention du sujet, observation, connaissances, méditation, préparent également à celle des développements. […] Ajoutez que les anciens demandaient aussi à l’orateur de meubler sa mémoire d’un recueil de pensées, de réflexions, de sentences, qu’il pût appliquer à propos aux sujets à traiter, pour les embellir et leur donner de la force ; de se faire, en quelque sorte, une provision d’exordes et de péroraisons ; d’avoir même des discours entiers faits d’avance et préparés pour l’occasion, sauf à laisser en blanc, pour ainsi dire, les noms et les circonstances. […] En trois points : Etudes générales pour préparer aux spécialités ; Lieux externes ; Lieux internes.