« Son dessein ne peut se faire sentir que par la continuité du fil, par la dépendance harmonique des idées, par un développement successif, une gradation soutenue, un mouvement uniforme, que toute interruption détruit ou fait languir. » Ce discours de Buffon est, ce me semble, un admirable commentaire des quarante-cinq premiers vers si vrais et si féconds de la Poétique d’Horace. […] Voilà le précepte qu’Horace a mis en tête de l’Art poétique : Denique sit quodvis simplex duntaxat et unum. […] Comme Protée résiste aux prières des mortels, strophe 1, et le prêtre de Delphes au Dieu qui l’agite, strophe 2, ainsi, quand l’enthousiasme poétique veut s’emparer de moi, je lutte longtemps pour échapper à sa puissance, strophe 3, mais une fois vainqueur, il m’enlève jusqu’au sublime ; Ce n’est plus un mortel, c’est Apollon lui-même Qui parle par ma voix. […] Mais en accordant que Rousseau eût des motifs légitimes pour placer l’ambassadeur en Suisse au rang des dominateurs ou des bienfaiteurs de l’humanité, son ode n’eût rien perdu, ce me semble, de son éblouissante et harmonieuse poésie, et eût gagné comme logique, si son plan eût été à peu près celui-ci : Il est des génies privilégiés qui, une fois dominés par l’enthousiasme poétique, font des miracles, Orphée en est un exemple. […] Au reste, si l’on veut voir l’idée de l’inspiration poétique traitée par un écrivain aussi irréprochable dans la pensée qu’admirable dans la forme, qu’on lise l’ode de Lamartine à l’Enthousiasme ; c’est la 11e méditation.
Boileau 1636-1711 [Notice] On peut diviser sa carrière poétique en trois périodes. […] Il fait la police du Parnasse, et en chasse les intrus. — De 1669 à 1677, il laisse reposer ses armes, et maître du champ de bataille, formule dans l’Art poétique (1674), sous la dictée d’Horace, dont il n’a pas la grâce, ces lois éternelles du goût, qui doivent être la conscience de tout écrivain. […] (Art poétique, chant Ier.) […] (Art poétique, chap. […] Horace, Art poétique, vers 156.
Les orateurs et les poëtes ont précédé, il est vrai, les poétiques et les rhétoriques ; mais ce fait ne prouve pas contre l’utilité de ces dernières. […] Le style, quelque matière que l’on traite d’ailleurs, lettres, récits, dialogues, descriptions, dissertations, résumés, drames, mœurs, passions, polémique, est de son ressort ; elle ne doit pas craindre même d’aborder la poésie, du moins en ne la considérant que sous les faces qui lui sont communes avec la prose, et sans empiéter sur le domaine de la poétique proprement dite. […] Fit fabricando faber, voilà le premier axiome de la rhétorique, comme de la poétique, de la musique, du dessin, de tous les arts. […] On sait combien Horace appuie sur cette idée dans son Art poétique.
Chez les peuples primitifs, le poète était musicien i il préludait sur sa lyre, il s’animait au bruit de l’harmonie, il se donnait le ton et la mesure, il chantait, il composait d’inspiration ; les paroles naissaient en même temps que la musique ; de là une concordance parfaite entre le rythme musical et le rythme poétique. […] Art poétique. […] Art poétique.
La suppression de l’s est une licence poétique. […] On peut encore rapprocher de ces beaux vers la méditation poétique de M. de Lamartine, intitulée l’Immortalité. […] La Harpe lui-même, fort maltraité dans ces pièces, n’a pu s’empêcher de rendre un juste hommage au talent poétique dont elles portent l’empreinte.
Parmi eux, celui qui répète le plus souvent les mêmes rimes, est incontestablement Racine : ce qui ne l’a pas empêché de faire, incontestablement aussi, le plus grand nombre de beaux vers, le plus grand nombre de vers vraiment poétiques. […] A part le premier vers (vers de remplissage, peu poétique, peu harmonieux, peu fait pour plaire à une oreille sévère), Boileau joint admirablement ici l’exemple au précepte. […] J’appelle espèces poétiques : 1°. les substantifs, 2°. les adjectifs, 3°. les verbes. […] Boileau fera, et avec le plus grand succès, d’abord des satires et des épigrammes, puis des épîtres et un art poétique. […] Tous deux ont écrit des satires, des épîtres et un art poétique.
Argument analytique de la Poétique d’Artistote. […] Application des précédentes observations au style poétique.
iv Horace, Art poétique, v. 101-113 etc. […] La Poétique de la Mesnardière, chap. v, mérite aussi d’être comparée avec ce chapitre.
La Bible, au contraire, est tellement vraie, les sentiments en sont si naturels, que trop d’embellissement poétique les défigure, et tombe devant l’auguste simplicité de la version littérale. […] Il est donc probable que nous aurions également la poétique de l’élégie, si Aristote et Horace eussent trouvé le véritable type de ce genre de poésie, dans les ouvrages de leurs contemporains ou de leurs devanciers. […] En vain lui voudrait-on opposer Lebrun, dont les ouvrages sont le combat perpétuel du bon et du mauvais principe poétique. […] Il y a dans toutes ses pièces des traits qui décèlent le grand poète ; des strophes entières qui sont sublimes de pensée ou d’expression ; mais ces beautés mêmes ne font qu’ajouter aux regrets de retrouver dans ses meilleures odes, plus ou moins de traces de ce néologisme poétique, dont il avait contracté l’habitude, et qu’il avait le malheur de regarder comme le premier caractère de son talent, et le mérite principal de ses productions. Ce qui rend ces regrets plus vifs encore, c’est qu’il est impossible de se dissimuler que Lebrun eût pu faire à notre poésie un honneur immortel ; c’est qu’il est pur, naturel, harmonieux sans effort, quand il a voulu l’être ; qu’il eût vraiment fait faire à la langue poétique un pas de plus, et qu’il a le premier essayé de plier au ton didactique sa dédaigneuse inflexibilité.
Platon, qui a répandu sur tout ce qu’il a traité les fleurs de sa brillante imagination, et qui ne concevait rien de beau que les formes intellectuelles, exige, entre autres choses, de l’orateur une diction presque poétique. […] ) Si l’on entend, avec Platon, par diction poétique, l’expression fidèle et l’image sensible de la pensée, présentée pour ainsi dire en relief, il est certain que cette manière d’écrire appartient à l’éloquence, comme à tous les autres genres de poésie ou de littérature. […] Il faut donc nous en tenir à l’idée du philosophe grec ; et, en la renfermant dans ses bornes naturelles, nous verrons que Platon n’a rien dit de trop, et que cette diction presque poétique est le plus ordinairement celle du genre d’éloquence qui nous occupe pour le moment ; et c’est Platon lui-même qui va nous le prouver.
) On peut voir dans la Poétique de La Mesnardière (préface) avec quel mépris un pédant du xvii e siècle traitait le public des théâtres. […] Cette conclusion justifie assez bien l’opinion des éditeurs qui, comme Vettori, ont cru que nous avions là le premier livre d’un grand ouvrage d’Aristote sur la Poétique.
La prose plus souvent vient subir d’autres lois, Et se transforme, et fuit mes poétiques doigts ; De rimes couronnée, et légère, et dansante, En nombres mesurés elle s’agite et chante. […] C’est une poétique périphrase pour exprimer le mot tisane. […] Toute la poétique de l’imitation féconde est contenue dans ces confidences d’un maître qui fut disciple des anciens.
(Düntzer, Défense de la Poétique, note 96.) […] Plutarque, De l’Usage des viandes, II, 5 Hygin, Fables 137, 184. — Voltaire, Lettre à Maffei, en tête de sa Mérope : « Aristote, cet esprit si étendu, si juste et si éclairé dans les choses qui étaient alors à la portée de l’esprit humain, Aristote, dans sa Poétique immortelle, ne balance pas à dire que la reconnaissance de Mérope et de son fils était le moment le plus intéressant de toute la scène grecque.
Les opposants à la nouvelle école poétique qui venait introduire une réforme radicale furent nombreux, bruyants, et parurent un moment se croire sûrs de la victoire. […] Des médiocrités ennuyeuses, des fadaises vieillies, des rapetasseries poétiques dignes de tout le mépris dont les couvraient Malherbe, Racan, Desmarets. […] Mais ils restreignent trop les limites de leur vocabulaire, et ils accoutument notre langue poétique à une délicatesse superbe qui constituera tout à la fois un de ses défauts et une de ses qualités. […] Son œuvre poétique se partage entre les poésies bucoliques et amoureuses qu’il composa dans sa jeunesse, et les poésies sacrées qu’il entreprit en rivalité de Malherbe plus encore que de Desportes. […] Nos vieux auteurs ne lui suffisent pas encore pour suppléer à l’indigence de la langue poétique fixée par Malherbe et par Boileau.
Ce sujet admet donc des passions modérées, qui peuvent produire des plaintes, des chansons, des combats poétiques, des récits intéressants. […] Bref, Théocrite et lui sont les deux modèles que doivent se proposer tous les poètes bucoliques, comme le recommande Boileau dans son Art poétique. […] Il avait un génie aisé et fécond, un caractère doux et simple ; il sentait l’harmonie poétique et trouvait facilement cette douceur dans les mots et le style qui conviennent aux images champêtres. […] Il s’explique par cette position particulière du poète lyrique, qui a fait dire qu’il n’y a pas de poésie plus poétique, en quelque sorte, que l’ode proprement dite. […] Le voilà revenu maintenant à son sujet ; les dix-huit ou vingt vers qu’il a consacrés à cette guerre très poétique, mais étrangère à l’expédition de la Rochelle, sont ici la digression.
Les élèves connaîtront Boileau au sortir de la quatrième et retrouveront en rhétorique son Art poétique. […] Qualités et défauts de la langue poétique, tout venait de lui. […] C’est moins qu’il n’ambitionnait, mais c’est assez pour lui assurer une belle place dans les gloires poétiques de la France. […] Cet érudit toujours enquête de nouveautés et en veine de galanteries poétiques, dont un portrait, gravé en tête du choix de ses poésies publié en 1874 par M. […] Mais de l’un à l’autre la langue poétique a fait un pas : Bertaut est plus voisin de son compatriote Malherbe.