Trop peu des plus vantés ont un style simple, vrai, fidèle à la pensée. […] Suivant la pensée de Ch. […] Quel style que le leur, et quelles pensées ! […] Cependant il n’entrait pas dans la pensée de l’auteur de faire le procès à tous les bons sentiments. […] En général, son style est clair, comme sa pensée bien conçue.
Il faut, au contraire, éviter celles qui sont communes et triviales, celles qui n’éveillent dans l’esprit que des idées vulgaires, sans ajouter aucun intérêt à la pensée. […] Souvent il arrive que l’on se sert de périphrases plus étendues pour donner plus de grâce, plus de couleur à la pensée. […] Il faut admirer aussi la beauté naïve de cette seconde pensée, ore renidenti. […] combien elle donne de poésie à cette pensée, flevit senex ! […] Dès que la reine aperçoit Priam revêtu des armes de sa jeunesse : Quelle funeste pensée, ô malheureux époux !
. — De la Dissertation, ou Pensée à développer La Dissertation consiste à développer une pensée, à l’étendre et à la poursuivre dans toutes ses conséquences. Il y a autant de dissertations possibles qu’il y a de pensées ; le nombre en est infini ; c’est un champ très vaste à parcourir, et qui est plus sérieux que la narration. […] Une pensée n’est pas susceptible de développements infinis ; il faut savoir se borner, il faut mettre un frein à son imagination, et déduire rigoureusement les conséquences des principes que l’on a posés. […] Il faut dire tout ce qu’il y a d’essentiel à la pensée pour la caractériser, pour en faire comprendre la justesse, bien établir ses raisons, prévoir et renverser les objections possibles. […] Je ne veux point vous en parler davantage, ni célébrer, comme vous dites, toutes les pensées qui, me pressent le cœur : je veux me représenter votre courage, et tout ce que vous m’avez dit sur ce sujet, qui fait que je vous admire.
Ô triste pensée ! […] Que les pensées toujours vraies, solides et lumineuses, y soient bien enchaînées, et d’y succèdent avec rapidité. […] Mais quittons ces pensées ; Oronte vous appelle. […] Ses pensées n’ont aucune suite, aucun ordre, aucune liaison marquée. […] Ses pensées, sans avoir un certain degré de force et d’élévation, sont toujours vives et naturelles.
Les événements les plus importants de son existence furent des tendresses dévouées, des regrets fidèles, et des pensées dignes d’être achevées dans le monde des purs esprits. […] Ses pensées sont de la plus pure essence. […] De là cette confusion qui, s’élevant à la présence du désordre, trouble et mêle nos pensées, et les rend comme insaisissables à ses atteintes. […] Didier : Pensées et Lettres. (2 vol. in-12.)
C’est le seul moyen de vaincre cette timidité, qui déconcerte l’orateur et nuit autant à ses pensées qu’à la manière de les exprimer. […] Le style, la composition, enfin tout ce qui compose l’art oratoire, ne peut que fournir à l’orateur les moyens les plus avantageux de développer ses pensées et de disposer les matériaux de son discours ; mais ce n’est pas la rhétorique qui dicte les pensées et fournit les matériaux. […] Une pensée à peu près semblable produit, dans le même historien, un plus heureux effet. […] Il prodigue trop les tournures brillantes, les antithèses et les pensées recherchées. […] Comme son principal mérite est cette verve ardente et impétueuse qu’on retrouve quelquefois dans ses descriptions, et presque toujours dans l’expression de ses pensées, de même aussi son principal défaut est de manquer de modération et dans ses descriptions et dans ses pensées.
Il fut un des plus puissants promoteurs de la pensée humaine. […] En quoi il n’est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ; et ainsi, la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. […] Pour moi, je n’ai jamais présumé que mon esprit fût en rien plus parfait que ceux du commun ; même j’ai souvent souhaité d’avoir la pensée aussi prompte, ou l’imagination aussi nette et distincte, ou la mémoire aussi ample et aussi présente que quelques autres. […] Ceux qui ont le raisonnement le plus fort, et qui digèrent le mieux leurs pensées afin de les rendre claires et intelligibles, peuvent toujours le mieux persuader ce qu’ils proposent, encore qu’ils ne parlassent que bas breton ou qu’ils n’eussent jamais appris de rhétorique ; et ceux qui ont les inventions les plus agréables, ou qui les savent exprimer avec le plus d’ornement et de douceur, ne laisseraient pas d’être les meilleurs poëtes, encore que l’art poétique leur fût inconnu. […] Or, je ne veux point vous conseiller d’employer toutes les forces de votre résolution et constance pour arrêter tout d’un coup l’agitation intérieure que vous sentez ; ce serait peut-être un remède plus fâcheux que la maladie : mais je vous conseille aussi d’attendre que le temps seul vous guérisse, et beaucoup moins d’entretenir ou prolonger votre mal par vos pensées ; je vous prie seulement de tâcher peu à peu de l’adoucir, en ne regardant ce qui vous est arrivé que du biais qui vous le peut faire paraître le plus supportable, et en vous divertissant le plus que vous pourrez par d’autres occupations3.
S’il imite une pensée, il lui donne un tour différent, et le produit sous des expressions nouvelles. […] Massillon a employé la même pensée à la faveur de ce nouveau tour. […] Racine, en donnant un tour différent à cette pensée, l’a revêtue de cette belle image. […] Mais elle est sensible, quant au fonds des pensées, aux yeux de l’homme de lettres et du vrai connaisseur. […] Voici sur ce sujet la pensée de Quintilien.
Ainsi disparaîtra du langage ce vague où l’esprit se perd avant d’avoir pu saisir la pensée de celui qui parle ; les mots n’en imposeront plus, et l’on saura, par exemple, qu’une beauté est sentimentale, quand elle réunit tout ce qui est capable de réveiller en nous le sentiment du beau. […] Loin de nous la pensée de chercher à affaiblir aux yeux de nos lecteurs le mérite du plus grand lyrique de la France163. […] Les pensées les plus sublimes, les plus grandes images, ne sont point inaccessibles au talent du traducteur habile ; ses efforts même peuvent être quelquefois très heureux, et nous en avons vu des exemples. […] Ce que l’on admire principalement dans cette belle production, c’est la grande pensée de la religion, qui domine dans tout l’ouvrage, qui en rattache toutes les parties au but que l’auteur se propose, celui de montrer la main d’un Dieu même conduisant tous ces grands mouvements, et de nous ramener aux éternelles vérités de la foi et de la raison, à travers les ruines même entassées par le génie de l’irréligion et de l’erreur. […] Treneuil me semble avoir contracté cette élévation habituelle de style et de pensée ; et comme Bossuet, dit-on, lisait Homère pour échauffer son imagination, il est probable aussi que M.
C’est ainsi que nos pensées s’embellissent mutuellement ; aucune n’est par elle-même ce qu’elle est avec le secours de celles qui la précèdent et qui la suivent. […] La métaphore s’applique à tous les objets de la pensée, physiques ou moraux, abstraits ou concrets, naturels ou artificiels, réels ou imaginaires. […] L’esprit charmé s’arrête d’abord à la surface ; mais pour peu que l’allégorie ail la justesse et la transparence exigées, il pénètre bientôt plus avant et saisit chaque rapport entre la pensée et l’image. […] La différence, selon eux, c’est que, dans l’allégorie, le double sens, littéral et métaphorique, se poursuit jusqu’au bout ; l’image, quoiqu’elle ne serve réellement qu’à envelopper une pensée, a cependant, en quelque sorte, sa vie propre et indépendante. […] Chacun, à charge de revanche, bien entendu, y fait allusion à une foule de belles pensées et de fines reparties profondément ignorées de tout ce qui vit et se meut en dehors de la coterie.
Quand le discours ne doit pas être long et que l’orateur ne doit développer qu’une seule pensée, il serait ridicule de vouloir à tout prix morceler cette pensée en deux ou trois parties. […] Roscius exprimait par des gestes tout ce que Cicéron exprimait par la parole : l’orateur changeait les mots en conservant la pensée, le comédien changeait les gestes et rendait encore la pensée. […] L’homme digne d’être écouté est celui qui ne se sert de la parole que pour la pensée, et de la pensée que pour la vérité et la vertu. […] » Quelle foule de pensées et d’images ! […] Un jeune homme serait tenté d’ajouter ici quelques pensées.
Tout à l’heure le grand homme avait mis sa haute intelligence, sa puissante volonté au service de la pensée générale, du vœu commun ; maintenant il veut employer la force publique au service de sa propre pensée, de son propre désir ; lui seul sait et veut ce qu’il fait. […] Il n’y avait plus de noblesse de robe ou d’épée qui se crût spécialement destinée à l’action ; plus de gens de lettres ou de philosophes qui se contentassent du domaine de la pensée. […] que d’œuvres commencées Lèguent au lendemain nos mourantes pensées ! […] Et s’y veut contenter de la fausse pensée Qu’ont tous les autres gens, que nous sommes heureux. […] … ……… Dès lors, je n’eus qu’une pensée, Son salut !
Mais je l’ai voulu d’autant mieux que, dans ma pensée, ce livre n’est pas exclusivement destiné aux rhétoriciens et que je ne vois pas pourquoi les étudiants des universités, les jeunes avocats, les hommes du monde n’y pourraient pas trouver plaisir et profit. […] Ensuite, que bien des choses aient été dites, si je les ai pensées également, si surtout elles sont utiles et oubliées, pourquoi ne pas les redire ? […] J’aimerais autant qu’on l’accusât de se servir des mots anciens : comme si les mêmes pensées ne formaient pas un autre corps de discours par une disposition différente, aussi bien que les mêmes mots forment d’autres pensées par les différentes dispositions. » Mais si je n’aspire pas au renom d’inventeur, j’ai voulu, et d’une volonté ardente et profonde, rappeler des doctrines que je crois vraies et saines à tous ceux qui s’occupent des travaux de l’intelligence et surtout aux jeunes gens, et appuyer tous mes préceptes sur la nécessité de fortes et solides études. […] Sans doute, les préceptes formulés dans ce livre et les exercices qu’il recommande sont indispensables à l’écrivain, mais comme préparation ; une fois à l’œuvre, c’est à ce triple amour qu’il doit demander l’inspiration, c’est de lui seul que viennent les grandes pensées et les dignes paroles, c’est lui seul qui donne la solide gloire et les palmes toujours vivantes.
Les pensées que fait naître cette infinie variété de physionomies, de costumes, de poses, ne sont-elles pas plus fertiles en instruction réelle que tous les livres et toutes les leçons possibles ? […] A la veille d’une bataille, Marlborough comme Napoléon, Napoléon comme Souvarow, n’ont qu’une pensée à exprimer à leurs soldats : « Combattez en braves ; triomphez, si vous pouvez ; mourez, s’il le faut. » Voilà le programme solennel, la matière uniforme des trois ordres du jour. […] On comprend que l’éducation, le milieu dans lequel on se meut, les travaux et les habitudes journalières sont autant d’éléments qui modifient à l’infini les mœurs, les pensées, les expressions de chaque individu ; qu’ainsi l’orateur qui s’adresse aux hommes, aussi bien que l’historien, le romancier, le dramatiste, qui les mettent en scène, doivent étudier consciencieusement ces modifications qui leur viendront en aide pour l’invention, et ne jamais les perdre de vue, s’ils veulent conserver à leur pensée et à leur style deux mérites éminents, la vérité et la variété. […] Racine, qui a si admirablement, j’ai presque dit si audacieusement, conservé la couleur locale dans l’Athalie, par exemple, parce que la pensée et le langage bibliques étaient familiers à son parterre, n’a pas osé agir de même avec l’antiquité grecque. […] N’oublions pas que la partie intime de l’homme doit toujours avoir le pas, dans la pensée des écrivains, sur son revêtement extérieur ; l’âme et l’esprit doivent les occuper plus que le corps.
Une fois la pensée mère, celle qui donne l’unité de dessein, bien comprise et bien saisie, il s’agit, disions-nous, de disposer les principales idées dans leurs justes proportions avec cette pensée première, et de grouper ensuite, selon les mêmes rapports, les idées accessoires autour des idées principales, en sorte que chacune d’elles amène la suivante, et que celle-ci se rattache étroitement à la précédente. […] Une fois ce point bien arrêté dans votre pensée, ne permettez jamais au lecteur de le perdre de vue ; ramenez-y jusqu’aux moindres détails, faites-y converger toutes les descriptions de lieu, de temps, de personne. […] Wey, les plans comme les détails se présentent un à un à la pensée, et se traduisent sous la forme la plus naïve, sous une forme toujours la même. […] Los rhéteurs, toujours disposés à multiplier les subdivisions, ont assigné à chaque espèce de description un nom spécial, en les rangeant mal à propos, ce me semble, parmi les figures de pensée. […] Exalté par la passion, le poëte ou l’orateur décrit-il, non plus ce que nous voyons avec lui, mais ce qu’il voit seul dans sa pensée ; reproduit-il, non la réalité des choses, mais les fantômes de l’imagination ; évoque-t-il pour les faire mouvoir, agir, répondre, interroger, les absents, les morts, les êtres inanimés et surnaturels ; c’est la prosopopée.
On y trouve une vigueur extrême de pensée, une beauté simple d’expression, et souvent une manière de relever la phrase qui est tout à fait dans le genre des maîtres. […] Vain par-dessus tout et fort épris de lui, La Rochefoucauld a donné, et c’est là son tort, l’intérêt et la vanité comme les principes de nos sentiments, de nos pensées et de nos actions : on peut voir le Journal des savants, année 1851, p. 714. […] A la place de : pour ce qu’ils ont dit. — Il faut rapprocher de là cette pensée de Fénelon : « Il ne suffit pas d’avoir raison : c’est gâter et déshonorer la raison que de la soutenir d’une manière brusque et hautaine. » 2. […] Tout charme en un enfant dont la langue sans fard, A peine du filet encor débarrassée, Sait d’un air innocent bégayer sa pensée.