Il est assez vrai que tout homme passionné ou vivement ému est éloquent sur l’objet qui le touche, lorsque l’objet est simple et n’a rien de litigieux. […] Qu’on ne dise donc plus que les grands objets manquent à l’éloquence ; mais bien plutôt que l’éloquence manque le plus souvent aux grands objets qui la demandent, qui l’appellent, qui l’invoquent de toutes parts. […] Cependant on ne le dit point : et la raison en est qu’on sait bien quel est l’objet de la géométrie et qu’il consiste en preuves, et quel est l’objet de la médecine, et qu’il consiste en la guérison ; maison ne sait pas en quoi consiste l’agrément qui est l’objet de la poésie. […] Remarquons ici qu’un auteur qui s’est fait un genre de style peut rarement le changer quand il change d’objet. […] Non, puisqu’elle consiste à donner aux objets qu’on représente de la vie et de la douceur.
Quel objet se présente à mes yeux ! […] Les objets présentés à notre âme, lui paraissent-ils agréables ou utiles ? Notre volonté se porte vers ces objets, les poursuit, les aime, et s’y attache : de là l’amour. Ces objets lui paraissent-ils désagréables ou pernicieux ? […] Ces mouvements que notre âme éprouve à la vue des objets, sont indifférents par eux-mêmes, quelque doux, quelque impétueux qu’on les suppose.
Cicéron, en adoptant la distinction que nous venons d’établir, assigne à chacun des trois genres son caractère et son objet, et fait de l’utilité la base du genre purement délibératif : in deliberationibus utilitas . […] Les grands objets dont s’occupe cette espèce d’éloquence, sont encore une raison de plus pour n’en jamais perdre de vue l’utilité. […] Elle ne peut avoir que deux objets : ou il s’agit de conduire les hommes par le devoir, et c’est alors dans les principes du juste et de l’injuste qu’elle puise ses forces et ses moyens : ou il s’agit de les déterminer par leur intérêt, et c’est leur passion qu’il faut émouvoir.
Le poème didactique est donc celui qui a pour objet d’enseigner une science ou une partie de science, sans donner à son instruction une forme allégorique, sans la couvrir du voile de la fiction. […] On a voulu distinguer les poèmes didactiques d’après la nature de l’objet dont ils s’occupaient. […] Quel que soit l’objet que se propose le poète ou son héros, comme la fin de l’entreprise, les obstacles qui se trouvent à ses desseins fournissent une autre sorte d’intérêt qui pique notre curiosité. […] Le récit épique parcourt alors les temps, les lieux, comme il lui plaît ; il peint, à son gré, les objets de toute espèce, qu’ils soient horribles, hideux, dégoûtants même. […] Palissot feint qu’il a reçu de Merlin une lorgnette au moyen de laquelle il voit les objets, et les hommes surtout, tels qu’ils sont.
Ceux à qui la nature a donné le moins d’intelligence, doivent être les premiers objets de ses soins et de ses travaux. […] Son objet est de faire connaître les beautés et les défauts d’un ou de plusieurs ouvrages, et de rendre raison du jugement qu’il en porte. […] Ceux qui méritent d’être particulièrement distingués, soit pour l’importance et la multitude des objets qu’ils embrassent, soit pour la manière dont ces objets y sont présentés, sont le Traité des études par Rollin ; les Réflexions sur la poésie et la peinture, par l’abbé du Bos ; la Manière de bien penser dans les ouvrages d’esprit (en dialogues), par le P.
Dans un bon ouvrage, les endroits où règne l’éloquence proprement dite, sont comme ces objets que la nature seule a produits avec toute la beauté dont ils étaient susceptibles. Les endroits (et c’est assurément le plus grand nombre) où règne cette éloquence acquise par l’étude, sont comme ces objets, dont la beauté naturelle a eu besoin d’être relevée par des ornements artificiels. […] L’objet de cette étude pour l’Orateur, est une connaissance profonde des règles qui concernent le plan, l’ordonnance, l’économie et le style du discours ; règles que j’exposerai dans la suite, en parlant du discours oratoire en général et de ses différentes espèces. […] Grâces à vos exemples Ils n’ont devant les yeux que des objets d’horreur, De mépris d’eux et de leurs temples, D’avarice qui va jusques à la fureur. […] Le genre simple présente les objets sans les revêtir d’aucun ornement recherché.
Je laisse aux personnes judicieuses à remarquer l’importance de cet abus qui pervertit l’ordre des sciences avec tant d’injustice ; et je crois qu’il y en aura peu qui ne souhaitent que cette liberté 3 s’applique à d’autres objets, puisque les inventions nouvelles sont infailliblement des erreurs dans les matières1 que l’on profane impunément, et qu’elles sont absolument nécessaires pour la perfection de tant d’autres sujets incomparablement plus bas, que toutefois on n’oserait toucher. […] La nature les instruit à mesure que la nécessité les presse ; mais cette science fragile se perd avec les besoins qu’ils en ont : comme ils la reçoivent sans étude, ils n’ont pas le bonheur de la conserver ; et toutes les fois qu’elle leur est donnée, elle leur est nouvelle, puisque la nature n’ayant pour objet que de maintenir les animaux dans un ordre de perfection bornée, elle leur inspire cette science nécessaire, toujours égale, de peur qu’ils ne tombent dans le dépérissement, et ne permet pas qu’ils y ajoutent, de peur qu’ils ne passent les limites qu’elle leur a prescrites3. […] Mais, pour lui présenter un autre prodige aussi étonnant, qu’il recherche dans ce qu’il connaît les choses les plus délicates ; qu’un ciron lui offre dans la petitesse de son corps des parties incomparablement plus petites, des jambes avec des jointures, des veines dans ces jambes, du sang dans ces veines, des humeurs dans ce sang, des gouttes dans ces humeurs, des vapeurs dans ces gouttes ; que, divisant encore ces dernières choses, il épuise ses forces en ces conceptions, et que le dernier objet où il peut arriver soit maintenant celui de notre discours ; il pensera peut-être que c’est là l’extrême petitesse de la nature. […] Il est trop grand, Madame, pour avoir d’autre objet que Votre Majesté même. […] Quand l’image masque l’objet et que l’on fait de l’ombre un corps ; quand l’expression plaît tellement qu’on ne tend plus à passer outre pour pénétrer jusqu’au sens ; quand la figure absorbe l’attention tout entière, on est arrêté en chemin, et la route est prise pour le gite, parce qu’un mauvais guide nous conduit. » 3.
Objet de l’Éloquence de la chaire. […] Quel plus grand objet s’est jamais offert au génie de l’homme ; quelle carrière plus noble s’est jamais ouverte devant l’orateur ! […] Comme celle du barreau, elle peut, à la vérité, employer une action variée et véhémente, pleine de chaleur, d’enthousiasme et de sensibilité ; mais il est indigne d’elle et de la majesté de son objet, d’opposer le vice au vice, les passions aux passions ; de faire agir en sa faveur la vanité, l’orgueil, l’ambition, l’envie, la colère ou la vengeance.
Là, vous serez l’objet de mes tendres sollicitudes. […] Quel objet se présente à mes yeux ? […] Quel objet se présente à mes yeux ? […] Il a donc un triple objet. […] Le premier avait pour objet la louange ou le blâme ; par le second, l’orateur conseillait ou dissuadait ; le troisième comprenait l’accusation et la défense devant les tribunaux.
Le modèle que je leur en ai offert, devrait sans cloute suffire pour cet objet. […] Il expose ensuite ses moyens ou preuves, les développe, et finit par prendre des conclusions, dans lesquelles il spécifie l’objet de sa demande. […] On sent que ces éloges doivent varier suivant le rang, les titres, les dignités, les ouvrages de la personne qui en est l’objet. […] Ses objets sont sans doute moins importants que des traités entre des couronnes. […] Le préjugé, la passion, l’ignorance font envisager les objets sous des faces bien opposées.
Le jour, tombant d’en haut à travers un voile de feuillage, répand dans la profondeur des bois une demi-lumière changeante et mobile, qui donne aux objets une grandeur fantastique. […] Une vapeur particulière, répandue dans les lointains, arrondit les objets et dissimule ce qu’ils pourraient avoir de dur ou de heurté dans leurs formes. […] C’est ainsi, mon très-cher ami, que nous sommes avertis à chaque pas de notre néant ; l’homme cherche au dehors des raisons pour s’en convaincre, il va sur les ruines des empires, il oublie qu’il est lui-même une ruine encore plus chancelante, et qu’il sera tombé avant ces débris1 Ce qui achève de rendre notre vie le songe d’une ombre 2, c’est que nous ne pouvons pas même espérer de vivre longtemps dans le souvenir de nos amis, puisque leur cœur, où s’est gravée notre image, est comme l’objet dont il retient les traits, une argile sujette à se dissoudre. […] Les scènes humaines jetées dans un coin n’ont d’autre objet que de relever et de faire paraître davantage les scènes de la nature par l’harmonie ou par le contraste. […] M. de Chateaubriand peint les objets comme il les voit, et il les voit comme il les aime.
En outre, quelle que soit notre nature, il arrive, par intervalles, que l’action de nos facultés est spontanément provoquée, soit par un sentiment, un intérêt, un souvenir, soit par la présence d’un objet extérieur destiné à mettre en jeu ces facultés. […] La rhétorique est utile, parce que, le sens intellectuel, auquel elle s’adresse, ayant pour objet les idées et leur expression, c’est-à-dire la perception et l’appréciation de certains rapports, de la même manière que le sens physique perçoit et apprécie des rapports d’un autre ordre, il est évident que si l’observation et l’exercice contribuent à perfectionner celui-ci, ils contribueront également à perfectionner celui-là. […] Et c’est pour cela, et aussi parce que ces trois objets, pour être traités à fond, demanderaient un autre livre tout entier, qu’il n’en est pas question dans celui-ci, et que cet ouvrage est plutôt l’art d’écrire que l’art de parler. Il suit de ce que je viens de dire, que la rhétorique embrasse aujourd’hui un plus vaste objet qu’autrefois ; on ne lui demande plus seulement les règles nécessaires pour discuter les questions politiques, administratives et judiciaires, mais les préceptes de l’art d’écrire appliqués à tous les sujets.
La seule chose à observer, c’est le mettre dans ce qu’on va dire une gradation descendante, en commençant toujours par les objets qui intéressent le plus les personnes à qui l’on écrit. […] Si la lettre est accompagnée d’une fleur ou d’un présent, il fait une comparaison, forme un souhait en rapport avec l’objet offert. […] Si elles ne sont pas intimement liées, si elles n’offrent pas de circonstances exceptionnelles, il n’y a qu’un parti à prendre, c’est d’être simple et court dans l’expression des vœux, et de faire, si l’on peut, une lettre d’une autre espèce en mêlant ou des nouvelles ou quelques autres objets qui puissent la transformer. […] En ceci, la position des correspondants non moins que l’importance de l’objet demandé devra inspirer le ton et les développements convenables.
Le style C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet, qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé, et ne sait par où commencer à écrire : il aperçoit à la fois un grand nombre d’idées, et, comme il ne les a ni comparées ni subordonnées, rien ne le détermine à préférer les unes aux autres ; il demeure donc dans la perplexité ; mais, lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, il s’apercevra aisément de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit, il sera pressé de la faire éclore, il n’aura même que du plaisir à écrire ; les idées se succéderont aisément, et le style sera naturel et facile1 ; la chaleur naître de ce plaisir, se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression ; tout s’animera de plus en plus ; le ton s’élèvera, les objets prendront de la couleur, et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce que l’on dit à ce que l’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux. […] Ce sont des pensées qui ne brillent que par l’opposition1 ; l’on ne présente qu’un côté de l’objet, on met dans l’ombre toutes les autres faces ; et ordinairement ce côté qu’on choisit est une pointe, un angle sur lequel on fait jouer l’esprit avec d’autant plus de facilité, qu’on l’éloigne davantage des grandes faces sous lesquelles le bon sens a coutume de considérer les choses. […] Aussi, plus on mettra de cet esprit mince et brillant dans un écrit, moins il aura de nerf, de lumière, de chaleur et de style ; à moins que cet esprit ne soit lui-même le fond du sujet, et que l’écrivain n’ait pas eu d’autre objet que la plaisanterie ; alors l’art de dire de petites choses devient peut-être plus difficile que l’art d’en dire de grandes.
Quelle est la source de tant de prodiges, dont le simple récit fait encore, après tant de siècles, l’objet de notre admiration » ? […] Leur objet était d’éteindre la croyance, de faire prendre un autre cours aux esprits sur les institutions religieuses et civiles ; et la révolution s’est, pour ainsi dire, opérée ; les prosélytes se sont multipliés ; leurs maximes se sont répandues ; les royaumes ont senti chanceler leurs antiques fondements ; et les nations, étonnées de trouver leurs principes anéantis, se sont demandé par quelle fatalité elles étaient devenues si différentes d’elles-mêmes. […] « En réunissant toutes ces productions, continuait l’éloquent magistrat, on en peut former un corps de doctrine corrompue, dont l’assemblage prouve invinciblement que l’objet qu’on s’est proposé n’est pas seulement de détruire la religion chrétienne.
C’est l’objet des notices qui accompagnent ici chaque nom d’auteur. […] Quant aux notes, elles ont eu principalement pour objet d’épargner la peine d’autrui, sans faire valoir la nôtre. […] L’esprit de ce livre est contenu dans la page que voici, et que j’emprunte à un de nos maîtres préférés : « Les leçons de littérature, pour être utiles et remplir leur véritable objet, doivent se composer en grande partie de lectures, d’extraits abondants, faits avec choix… L’accent qui insiste, qui souligne, pour ainsi dire, en lisant ; quelques remarques courantes et comme marginales, qui se glissent dans la lecture et s’en distinguent par un autre ton ; quelques rapprochements indiqués comme du doigt suffiront pour mettre l’auditeur à même de bien saisir la veine principale, et de se former une impression.