Au matin de l’éternité3 On se réveille de la vie, Comme d’une nuit sombre ou d’un rêve agité ! […] afin que Dieu, qui dote les familles, Donne à vos fils la force, et la grâce à vos filles ; Afin que votre vigne ait toujours un doux fruit ; Afin qu’un blé plus mûr fasse plier vos granges ; Afin d’être meilleurs, afin de voir les anges Passer dans vos rêves la nuit ! […] vois, la nuit est venue ; Une planète d’or là-bas perce la nue ; La brume3 des coteaux fait trembler le contour ; A peine un char lointain glisse dans l’ombre… Écoute ! […] Prélude du concert de la nuit solennelle ! […] Soleil couchant Le soleil s’est couché ce soir dans les nuées ; Demain viendra l’orage, et le soir, et la nuit ; Puis l’aube, et ses clartés de vapeurs obstruées, Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s’enfuit !
La rivière qui coulait à mes pieds, tour à tour se perdait dans le bois, tour à tour reparaissait brillante des constellations de la nuit, qu’elle répétait dans son sein. […] La grandeur, l’étonnante mélancolie de ce tableau, ne sauraient s’exprimer dans les langues humaines ; les plus belles nuits en Europe ne peuvent en donner une idée. […] Ma harpe, qu’en passant l’oiseau des nuits effleure, Sur tes propres débris te rappelle et te pleure, Et jette aux flots du Tibre un cri de liberté, Hélas ! […] C’est l’heure où la nature, un moment recueillie, Entre la nuit qui tombe et le jour qui s’enfuit, S’élève au créateur du jour et de la nuit, Et semble offrir à Dieu, dans son brillant langage, De la création le magnifique hommage. […] Reine des nuits, l’amant devant toi vient rêver, Le sage réfléchir, le savant observer.
— (Les lèvres des enfants s’ouvrent, comme les roses, Au souffle de la nuit.) — Ses petits bras lassés Avaient dans son panier glissé, les mains ouvertes ; D’herbes et d’églantine elles étaient couvertes. […] Partout la nuit est sombre, et la terre enflammée. […] le peintre et le poëte Laissent, en expirant, d’immortels héritiers ; Jamais l’affreuse nuit ne les prend tout entiers. […] et l’oubli, la nuit et le silence ! […] Tiré de la Nuit d’août.
Ses nuits sont aussi touchantes que ses jours sont beaux ; ses ports sont aussi beaux que ses morceaux d’imagination sont piquants. Également merveilleux, soit que le pinceau captif s’assujettisse à l’imitation d’un modèle, soit que sa muse, dégagée d’entraves, s’abandonne à elle-même ; incompréhensible, soit qu’il emploie pour éclairer ses tableaux l’astre du jour ou celui de la nuit, la lumière naturelle ou les lumières artificielles ; toujours harmonieux, vigoureux et sage, tel que ces grands poëtes, ces hommes rares, en qui le jugement gouverne si parfaitement la verve qu’ils ne sont jamais ni exagérés ni froids. […] Il avait ordonné qu’on tînt sa chaise prête, il monta dedans et partit la nuit même, sans dire adieu à son compagnon de voyage. […] Vous attendez mes papiers, qui ne viennent point ; vous pensez que les souverains veulent être servis à point nommé ; vous voilà étendu sur votre chaise de paille, les bras posés sur vos genoux, votre bonnet de nuit renfoncé sur vos yeux, ou vos cheveux épars et mal retroussés sous un peigne courbé, votre robe de chambre entr’ouverte, et retombant à longs plis de l’un et de l’autre côté : vous êtes tout à fait pittoresque et beau. […] Diderot dit ailleurs de Vernet : « Ce qu’il y a d’étonnant, c’est que l’artiste se rappelle ces effets à deux cents lieues de la nature, et qu’il n’a de modèle présent que dans son imagination ; c’est qu’il peint avec une vitesse incroyable ; c’est qu’il dit : Que la lumière se fasse, et la lumière est faite ; que la nuit succède au jour, et le jour aux ténèbres, et il fait nuit, et il fait jour ; c’est que son imagination, aussi juste que féconde, lui fournit toutes ces vérités ; c’est qu’elles sont telles, que celui qui en fut spectateur froid et tranquille au bord de la mer en est émerveillé sur la toile ; c’est qu’en effet ces compositions prêchent plus fortement la grandeur, la puissance, la majesté de la nature, que la nature même.
On reposait la nuit, on dormait tout le jour. […] Là, depuis trente hivers, un hibou retiré Trouvait contre le jour un refuge assuré… « Suis-moi », lui dit la Nuit. […] La Nuit baisse la vue, et, du haut du clocher, Observe les guerriers, les regarde marcher… « Ils triomphent ! dit-elle, et leur âme abusée Se promet dans mon ombre une victoire aisée : Mais allons : il est temps qu’ils connaissent la Nuit. » A ces mots, regardant le hibou qui la suit, Elle perce les murs de la voûte sacrée : Jusqu’en la sacristie elle s’ouvre une entrée, Et dans le ventre creux du pupitre fatal Va placer de ce pas le sinistre animal. […] Les guerriers à ce coup demeurent confondus ; Ils regagnent la nef, de frayeur éperdus : Sous leurs corps tremblotants leurs genoux s’affaiblissent, D’une subite horreur leurs cheveux se hérissent ; Et bientôt, au travers des ombres de la nuit, Le timide escadron se dissipe et s’enfuit1.
Tout ce qui m’entourait me racontait ma perte ; Quand la nuit dans les airs jeta son crêpe noir, Mon père à ses côtés ne me fit plus asseoir, Et j’attendis en vain à sa place déserte, Une tendre caresse et le baiser du soir. Je voyais l’ombre auguste et chère M’apparaître toutes les nuits ; Inconsolable en mes ennuis Je pleurais tous les jours, même auprès de ma mère. […] Et moi, je vais chercher, pour y passer la nuit, Cette guérite abandonnée. […] Et quand la nuit tombait l’heure de la prière Qui ne s’achevait pas sans laisser quelque espoir. […] Souilles plus étouffés qu’un soupir de la nuit, Qui faisaient, par instants, sous les fermoirs de cuivre, Frissonner vaguement les pages du vieux livre !
Le son d’une grosse cloche, la sonnerie d’une grosse horloge, ont, dans tous les temps, quelque chose de vraiment imposant ; mais leur impression est bien plus profonde, quand ils troublent majestueusement le silence de la nuit. […] voyez l’Éternel Prendre au sein de la nuit un air plus solennel. Aux éclats de la foudre, à la voix des orages, Grondant profondément dans le sein des nuages, Invisible et présent, sans ternir sa splendeur, La nuit majestueuse ajoute à sa grandeur. […] Il est un très grand nombre d’objets sublimes, qui n’ont pas le moindre rapport avec la terreur : la perspective, par exemple, d’une plaine immense, l’aspect du ciel pendant une belle nuit, ou les sentiments moraux enfin, qui excitent en nous une si grande admiration.
Mais tout à coup cet appareil fantastique, ces montagnes surmontées de palmiers, ces orages qui grondaient sur leurs sommets, ce fleuve, ce pont, tout se fondit et disparut à l’arrivée de la nuit, comme les illusions du monde aux approches de la mort. L’astre des nuits se leva sur l’horizon. […] si le jour n’est lui-même qu’une image de la vie, si les heures rapides de l’aube, du matin, du midi et du soir, représentent les âges si fugitifs de l’enfance, de la jeunesse, de la virilité et de la vieillesse, la mort, comme la nuit, doit nous découvrir aussi de nouveaux cieux et de nouveaux mondes1 ! […] Il faisait nuit obscure, et nous nous serions infailliblement égarés si nous n’eussions aperçu une lumière au fond d’un petit vallon : c’était une lampe qui éclairait la chaumière d’un paysan. […] Mais bientôt émues elles-mêmes par ces scènes religieuses de lumière et d’ombre, et surtout par le sentiment du tombeau de Jean-Jacques, elles se mirent à chanter une romance ; leurs voix douces, se mêlant aux chants lointains des rossignols1 me firent sentir que s’il y avait des harmonies entre la lumière de l’astre des nuits et les forêts, il y en avait encore de plus touchantes entre la vie et la mort.
La nuit. […] ma voix s’élève à toi au milieu du silence de la nuit. […] La scène de la nuit n’était qu’une épreuve. […] La nuit est arrivée. […] La nuit est orageuse et sombre.
Pour te louer dans la profonde nuit. […] Il nous le fait garder jour et nuit, et de près : Autrement, serviteur, et mon homme est aux plaids. […] pour cette nuit, il faut que je m’en donne. […] En d’autres termes : « Puissions-nous jouir de l’éternité bienheureuse, qui ne connaît pas l’alternative du jour et de la nuit ! […] Comparez, dans les Guêpes d’Aristophane, v : 86-126, le passage où Xanthias, esclave de Philocléon, expose, lui aussi, la manie de son maître, qui est pris de la folie de juger, envers et contre tous, du soir au matin, nuit et jour.
Monseigneur n’était plus ; on le savait, on le disait, nulle contrainte ne retenait plus à son égard, et ces premiers moments étaient ceux des premiers mouvements peints au naturel et pour lors affranchis de toute politique, quoique avec sagesse, par le trouble, l’agitation, la surprise, la foule, le spectacle confus de cette nuit si rassemblée. […] Madame1, rhabillée en grand habit, arriva hurlante, ne sachant bonnement pourquoi ni l’un ni l’autre, les inonda tous de ses larmes en les embrasant, fit retentir le château d’un renouvellement de cris, et fournit un spectacle bizarre d’une princesse qui se remet en cérémonie, en pleine nuit, pour venir pleurer et crier parmi une foule de femmes en déshabillé de nuit, presque en mascarade. […] Toute leur nuit se passa en larmes et en cris. […] La nuit de monseigneur et madame la duchesse de Bourgogne fut plus tranquille ; ils se couchèrent assez paisiblement. […] Ils voulurent que quelques-unes des dames du palais passassent la nuit dans leur chambre dans des fauteuils.
Etes-vous un homme volable, quand vous renfermez toutes choses, et faites sentinelle nuit et jour ? […] Découragé, vous vous abritez sous un jeune acacia, et vous attendez là, en priant Dieu, le vent du nord que la nuit vous ramène. […] Des religieux desservent cet utile établissement ; à toute heure du jour ou de la nuit, ils sont prêts à porter du secours aux malheureux que la nuit ou la tourmente surprennent en route. […] Quelle nuit ! […] La nuit.
Faites-moi une grâce, donnez-toi temps jusqu’au premier ordinaire pour y songer, et je vous promets de faire merveille ; j’y travaillerai plutôt jour et nuit. […] Cependant le rossignol ne faisait que voltiger nuit et jour dans tous les angles du bosquet, qui retentissait des plus douces chansons. […] Il dort la nuit, et moi j’écarte les méchants. […] Le doux sommeil ne vient plus sur les ailes de la nuit verser ses pavots aux mortels languissants. […] Toute la nuit se passe ainsi.
UNE NUIT DANS LES DÉSERTS DE L’AMÉRIQUE. […] La rivière qui coulait à mes pieds, tour à tour se perdait dans les bois, tour à tour reparaissait toute brillante des constellations de la nuit, qu’elle répétait dans son sein. […] La grandeur, l’étonnante mélancolie de ce tableau, ne sauraient s’exprimer dans des langues humaines ; les plus belles nuits en Europe ne peuvent en donner une idée. […] Il néglige les étoiles, comme détails trop pâles à côté de l’éclat de l’astre des nuits. […] On voit la lune se jouer capricieusement dans les massifs d’arbres, la rivière qui brille, court, se perd dans les bois et va refléter plus loin les constellations de la nuit.
Dérobons à notre vue ce défaut de lumière et cette nuit funeste (phrase mauvaise de tout point : comment dérober à la vue un défaut de lumière et une nuit ?) cette nuit funeste, qui, formée dans la confusion des affaires (une nuit funeste, formée dans la confusion des affaires !)
combien de fois, la nuit, Ou quand j’erre le jour dans la foule et le bruit, Tu m’apparais ! […] Puis j’entre, et c’est d’abord un silence profond, Une nuit calme et noire ; aux poutres du plafond Un rayon de soleil, seul, darde sa lumière, Et tout autour de lui fait danser la poussière5. […] Bientôt, le temps venu de ses fauves amours, Il partit seul, errant et les nuits et les jours ; S’arrêtant pour humer, épuisé de ses courses, La fraîcheur des taillis et la fraîcheur des sources. […] Que la fournaise flambe, et que les lourds marteaux, Nuit et jour, et sans fin, tourmentent les métaux !