Virgile, qui l’avait pris pour modèle, est aussi admirable sous ce rapport. […] Massillon nous a laissé de beaux modèles de ce genre de péroraison. […] L’éloge que Racine fit du grand Corneille est un modèle du genre. […] puissent ces grands modèles revivre en vous par l’imitation plus encore que par le nom ! puissiez-vous devenir vous-même le modèle des rois vos successeurs !
Nous allons maintenant suivre un moment ses progrès chez les peuples où elle a brillé avec le plus d’éclat, et qui nous offrent les modèles où nous pouvons l’étudier avec le plus de fruit. […] Dédaignant l’affectation et le style fleuri des rhéteurs de son temps, il choisit Périclès pour le modèle de son éloquence, et son caractère distinctif est la force et la véhémence.
La lecture des grands modèles est autant au-dessus de l’étude des règles, que le talent de créer des beautés de génie est supérieur à l’art d’éviter les fautes de goût. Voilà pourquoi nous avons multiplié les citations, et prouvé partout, par l’exemple des grands maîtres, la solidité des principes que nous avions établis ; voilà pourquoi nous n’avons dissimulé ni les défauts ni les endroits faibles de ceux que nous proposons d’ailleurs comme des modèles.
Si le premier, en faisant de lui, dans le sermon, le modèle par excellence, le juge avec un peu de faveur, le second, en revanche, est exagéré dans quelques-unes de ses censures. […] « Louis IX, dit l’auteur de l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, chap. 58, paraissait un prince destiné à réformer l’Europe, si elle avait pu l’être ; à rendre la France triomphante et policée, et à être en tout le modèle des hommes.
Quelques productions irrégulières et informes ont enlevé les suffrages ; elles ne plaisent point par la violation des principes, mais en dépit de cette violation ; et c’est, au contraire, le triomphe de la nature et du goût, que quelques beautés conformes à cet invariable modèle, répandues dans un ouvrage bizarrement mélangé, suffisent à son succès, et soient plus fortes que l’alliage qui les altère. […] Ce qu’il prescrit il le fait, et si quelque chose pouvait nous rappeler au respect des lois du beau, à l’amour et à l’étude des modèles, ce serait cette critique qui semble se monter au ton des grands écrivains qu’elle juge, et prendre les formes de leur talent pour en mieux faire sentir le charme.
Quelques productions irrégulières et informes ont enlevé les suffrages ; elles ne plaisent point par la violation des principes, mais en dépit de cette violation ; et c’est, au contraire, le triomphe de la nature et du goût, que quelques beautés conformes à cet invariable modèle, répandues dans un ouvrage bizarrement mélangé, suffisent à son succès, et soient plus fortes que l’alliage qui les altère. […] Mais c’est dans notre temps surtout, dans l’horizon de Paris, sa vie d’affaires et de plaisirs, sa banque, son commerce, sa littérature, c’est autour de vous, c’est aujourd’hui, c’est hier que vous avez saisi vos modèles et reçu vos inspirations. […] Ce qu’il prescrit il le fait, et si quelque chose pouvait nous rappeler au respect des lois du beau, à l’amour et à l’étude des modèles, ce serait cette critique qui semble se monter au ton des grands écrivains qu’elle juge, et prendre les formes de leur talent pour en mieux faire sentir le charme.
Un des meilleurs modèles que puissent se proposer ceux qui veulent s’adonner à ce genre d’histoire, est l’abbé Fleuri, auteur de l’Histoire ecclésiastique, écrivain aussi sage et circonspect que savant et judicieux. […] Ce discours qui, selon Voltaire, n’a eu ni modèles, ni imitateurs, est un des plus beaux morceaux d’éloquence qui soient sortis de la main des hommes, et en même temps celui qui nous apprend le mieux l’usage que nous devons faire de l’histoire. […] Les réflexions y sont sensées, les portraits d’un coloris vigoureux ; et peu s’en faut que le style n’ait l’énergie et la précision de celui de Salluste, que Saint-Réal paraît avoir pris pour modèle. Sarasin, dans son Histoire du siège de Dunkerque, et dans celle de la conspiration de Walstein : deux vrais modèles ; la seconde surtout pour la noblesse, la simplicité et la rapidité du style. […] Le président Hénault offre dans son Abrégé chronologique de l’histoire de France, le plus parfait modèle qu’on puisse choisir pour ces sortes d’ouvrages : c’est le chef-d’œuvre des abrégés.
Addison nous offre de grands exemples d’un goût délicat ; Dean Swift, s’il avait écrit sur la critique, eût été peut-être un modèle de pureté. […] C’est dans ce sens que l’on dit que la cour est le modèle des belles manières, et l’Écriture sainte l’étendard des vérités théologiques. […] Addison est tout à fait un écrivain de ce genre, et c’est le meilleur modèle que l’on puisse en citer ; un autre modèle encore, c’est Fénelon, l’auteur des Aventures de Télémaque. […] Dean Swift, un de nos écrivains les plus corrects, faisait gloire de ne se servir que de mots originairement anglais, et sa diction doit être regardée comme un modèle de pureté et de précision relativement au choix des mots, modèle dont il semble que nous nous écartions tous les jours davantage. […] Son style a tout à la fois de grandes beautés et de grands défauts ; il ne saurait être un excellent modèle à suivre.
Ce grand orateur n’est cependant point exempt de défauts ; et il est d’autant plus nécessaire de les indiquer, qu’il offre, dans tout le reste, un modèle parfait, qui entraînerait aisément les jeunes gens dans une imitation fautive. […] Cette décadence était trop sensible et trop déplorable en même temps, pour ne pas exciter le zèle de ceux qui, fidèles encore aux bons principes, et admirateurs constants des grands modèles, ne pouvaient voir sans douleur les progrès effrayants du mauvais goût, et l’entier oubli des règles tracées par la nature.
) Et quand Ovide, d’après toutes les cosmogonies existantes, nous dira que cet être, quel qu’il fût, fit l’homme à l’image des dieux, Finxit in effigiem moderantûm cuncta Deorum, il s’ensuit que la copie d’un modèle qui n’existe que dans le vague, et qui est tout ce que l’on veut qu’il soit, ne peut être que quelque chose de fort imparfait, et qui laisse toujours beaucoup à désirer. […] Or ce charme, le plus puissant, le plus sûr de tous, qui le possède à un plus haut degré que la Bible, qui seule nous offre le modèle de tous les genres de beautés poétiques, morales, sentimentales et philosophiques ?
Polybe et Bossuet nous en offrent de beaux modèles : le premier donne pour centre à son Histoire générale l’agrandissement de la puissance romaine ; le second, dans son Histoire universelle, montre partout le doigt de la Providence dirigeant les évènements humains d’après ses desseins éternels : on croit sentir en le lisant qu’il a vu dans les cieux les secrets qu’il révèle à la terre. La pensée religieuse donne une magnifique unité à cet ouvrage, qui, comme l’a dit Voltaire, n’a eu ni modèle ni imitateurs, et dont le style n’a trouvé que des admirateurs.
Sa vie tout entière fut dévouée à la vérité ; mais son principal titre à la reconnaissance de l’avenir est le Discours de la Méthode, où il porta la prose française à sa perfection : c’est un modèle de netteté, de justesse et d’exactitude. […] Que si mon ouvrage m’ayant assez plu, je vous en fais voir ici le modèle, ce n’est pas, pour cela, que je veuille conseiller à personne de l’imiter.
Modèle d’analyse. […] Les Romains, qui ont imité les Grecs, ont trouvé chez eux et les règles et les modèles de l’éloquence. […] Pour y réussir, il n’y a pas d’autres moyens que de s’y préparer par l’analyse de quelques discours choisis pour modèles. […] Pourra-t-on, je ne dis pas sous vos yeux, mais lorsque vos armes protègent ce tribunal, repousser, bannir, rejeter loin de Rome ce modèle de magnanimité ? […] — Citez un modèle de prosopopée ?
Ma muse en l’attaquant, charitable et discrète, Sait de l’homme d’honneur distinguer le poëte1 Qu’on vante en lui la foi, l’honneur, la probité ; Qu’on prise sa candeur et sa civilité ; Qu’il soit doux, complaisant, officieux, sincère : On le veut, j’y souscris, et suis prêt à me taire2 Mais que pour un modèle on montre ses écrits, Qu’il soit le mieux renté de tous les beaux esprits, Comme roi des auteurs qu’on l’élève à l’empire, Ma bile alors s’échauffe, et je brûle d’écrire ; Et, s’il ne m’est permis de le dire au papier, J’irai creuser la terre, et, comme ce barbier, Faire dire aux roseaux, par un nouvel organe : « Midas, le roi Midas, a des oreilles d’âne3 ». […] Cette pièce est de 1667 : Boileau y atteignit la perfection de la satire ; car elle sera toujours regardée comme un modèle où l’élégance et le bon ton s’allient à une plaisanterie ingénieuse et piquante. […] De là ce poëme héroï-comique, modèle dans son genre, demeuré sans égal parmi nous et presque sans rival chez les étrangers : on ne saurait lui comparer, par exemple, celui de Pope, la Boucle de cheveux enlevée, si vanté par les Anglais.
Dans la description de la mort de César, véritable modèle d’épisode, le poète, au moment où il semble avoir tout à fait abandonné ses cultivateurs, revient à eux par une tournure naturelle, en profitant, pour terminer sa digression, de quelque circonstance liée aux travaux des champs : Scilicet et tempus… Nous citerons seulement, comme exemple de description : l’Orage, par Saint-Lambert ; et comme modèle d’épisode, la destruction de l’armée de Cambyse dans les sables de la Libye, par Delille. […] Albert de Haller, né en 1708, à Berne, et mort en 1777 dans la même ville, a laissé de nombreux écrits en prose et en vers, et en particulier un poème célèbre, les Alpes, composition descriptive pleine de sentiment et de goût, riche en image et en poésie, et qui, avec le Printemps, de Kleist, a servi de modèle au genre. — Ewald Christian de Kleist, né en 1715, à Zœblin, en Poméranie, et mort en 1759 sur le champ de bataille de Kunnersdorf, s’est immortalisé par ses poésies lyriques et pastorales, et surtout par le poème qui a pour titre le Printemps, où l’on trouve une peinture fidèle et animée des beautés de la nature. […] La Fontaine peut servir de modèle en ce genre. […] Le conte est le récit d’une action fabuleuse, d’aventures imaginaires et merveilleuses, ou l’exposé d’un événement plaisant vrai ou supposé, dont le modèle est pris dans la vie commune, et que l’on fait dans le but d’amuser et en même temps d’instruire.
que la plus indispensable des dispositions dans un traducteur, est cette espèce d’analogie naturelle qui le rapproche, à son insu, du modèle qu’il se propose d’imiter, qui établit d’avance entre eux un rapport de goût et de sentiments, sans lequel le traducteur, quel que soit d’ailleurs son talent, restera toujours infiniment au-dessous de son auteur. […] Soyons donc moins surpris que M. de La Harpe soit resté quelquefois si loin de son modèle, et gardons-nous surtout de juger à la rigueur ce qui ne peut être considéré que comme un simple essai, où l’on rencontre néanmoins de beaux vers, des morceaux assez heureux, et des corrections même qui décèlent partout le grand sens et le goût exquis du traducteur, Le Tasse, il est vrai, reste encore à traduire : Exoriare aliquis ! […] C’est lui surtout qu’il prend pour modèle ; c’est sur ses ailes qu’il s’élève à la majesté d’un style qui égale quelquefois le sublime de la pensée. […] Ce n’est point assez, pour se placer au rang des modèles, d’ouvrir une route nouvelle ; il faut voir où cette route peut conduire les imitateurs tentés de la suivre : il ne suffit pas de créer un nouveau genre, il faut examiner si ce genre nouveau est une richesse littéraire de plus : c’est peu enfin d’introduire dans le style, des formes qu’il ne connaissait pas, et dont Fénelon, Voltaire, Buffon et Rousseau n’ont pas eu besoin pour assurer à notre langue l’empire qu’elle exercera à jamais sur toutes les langues modernes ; sans quoi l’on appauvrit la langue, au lieu de l’enrichir.